La terre est bleue comme une orange

Non pas que nous soyons fans de surréalisme, mais ce poème de Paul Eluard nous plaît... et puis, aujourd'hui encore, nous avons trouvé que fouler la terre indonésienne, ça peut être surréaliste ! Dans un décor pathétique, sale et triste, nous sommes allés au zoo... Java ayant été le territoire des rhinocéros à une corne, des tigres, des boeufs sauvages, des cerfs nains, des écureuils volants, des gibbons, des pythons, des paons et des crocodiles de mer, que l'on peut observer à présent dans ses nombreuses réserves naturelles, nous voulions au moins les croiser sur leur terre... sans parler des orangs outans, des dragons de komodo... Les enfants ont apprécié à divers degrés, quant à nous, il est dommage d'achever ainsi notre séjour indonésien... A la veille du départ, nous regrettons de n'avoir pas passé une semaine de plus sur Bali, et une de moins sur Java... Nous sommes allés trop vite... Et puis, à force de chercher les chemins en dehors des sentiers battus, on se confronte aussi aux limites de la communication (personne ne parle anglais dans les villages...), des transports et modes de déplacement (difficile d'obtenir des infos pour trouver sa route en dehors des circuits touristiques convenus), du climat (la chaleur harassante et l'humidité permanente sont usantes...).

 

Java la musulmane, l'île fertile aux 100 millions d'âmes, perle de la ceinture de feu et patrie de l'un des plus vieux êtres humains dont on ait trouvé les restes, est un monde à elle toute seule. Son histoire et sa culture sont merveilleuses, ses danses, son théâtre, les marionnettes du wayang kulit, la musique du gamelan, les batiks, ses temples et ses palais... superbes.

 

Bali l'hindoue, sa rumeur de prières et ses effluves d'encens, ses temples grandioses et ses côtes découpées, ses volcans aussi... restent un enchantement.

 

Et pour les indonésiens... nous reviendrons ! Un pays constitué de 17 000 îles, ce n'est pas le moindre des surréalismes, et composer des modes de vie harmonieux avec un tel patrimoine naturel et culturel... force l'admiration et l'humilité !

 

Nous partons demain... De Jarkata à Hanoï (Viêt Nam), nous aurons une escale d'une vingtaine d'heures à Kuala Lumpur (Malaisie). Cela fait partie des impondérables, alors autant profiter de cette étape non choisie pour partir à la découverte de cette grande ville, dont tout le monde s'accorde à dire qu'elle est fabuleuse. 20 heures, ça nous laissera peut-être à peine le temps de flâner dans son quartier chinois, de découvrir ses musées de l'art islamique et du tissu, d'avoir un panorama général en prenant le sky train, ce métro aérien typiquement asiatique, et peut être de prendre un peu de hauteur en grimpant soit dans les tours jumelles Petronas (452 m), soit dans la Menara, également appelée Tour KL (421 m). Mais voilà que je me prends à rêver... que je regrette déjà le trop court séjour dans cette ville qui ne nous attirait pourtant pas, au départ...

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Paysages urbains

Hier, nous avons visité la magnifique Mosquée Istiqlal, soit de l'Indépendance. C'est la plus grande mosquée du pays, et de toute l’Asie du Sud-Est. 3 ème mosquée la plus grande au monde, après celles de la Mecque et de Medin. Son architecte, F. Silaban, est célèbre en Indonésie. Le projet de sa construction a été lancé par le Président Sukarno le 24 août 1961. La mosquée fut inaugurée par le Président Suharto le 22 février 1978. Elle a été construite sur les ruines d’une ancienne forteresse hollandaise. La salle des prières s’élève sur cinq étages, rappelant les 5 prières quotidiennes. Son parc est de 10 ha et la mosquée elle même de 4 ha. 200 000 personnes peuvent venir y prier ! Sa grande coupole mesure 45 mètres de diamètre, symbolisant l'année de l'indépendance, et 61 mètres de haut, pour l'année de la première pierre. Les dimensions du minaret correspondent au nombre de mots du Coran et au nombre de sourates. Durant le mois du ramadhan, elle est ouverte 24h/24, le reste de l'année, de 4h à 22h. Architecte protestant, construction allemande, dessins japonais, arabes, Indonésiens. Monument ouvert à toute religion, et construit face à la cathédrale.

 

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Jakarta Kota, du théâtre d'ombres aux coolies des docks du port de Jakarta

Le Wayang Museum

 

Une merveille que ce musée de la marionnette ! Complétant admirablement celui de Jogyakarta, il présente une impressionnante collection de wayang kulit, ces marionnettes en cuir de buffle, ainsi que de wayang golek, marionnettes en bois sculptées en ronde-bosse. Sans compter les spécimens de différents pays au monde, dont... un Guignol, offert par Danielle Mitterrand en 1975 au Président Indonésien.

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De retour à Batavia (ancien nom de Jakarta)

Cette fois, on connaît le chemin. On ne se laissera plus surprendre par la longueur de la route, la chaleur de l'air à la descente du train, la densité de la circulation, l'agressivité des odeurs, la présence, partout et toujours, du chant du muezzin, qui invite à la prière... On retrouve avec plaisir les petits vendeurs et restos ambulants, qui font leur vaisselle dans une bassine sur un bout de trottoir, et nous éclaboussent quand on passe... L'interdiction des durians dans les chambres d'hôtel et autres lieux fermés, odeur oblige... Les sourires se dessinent sur tous les visages en nous voyant, et des mains se tendent en direction des joues des enfants, de leurs cheveux clairs, de leurs épaules... On nous arrête au passage, le temps d'un selfie ! Ils s'y prêtent avec le sourire, et malgré l'ennui... A Brindas, on a décidé de faire pareil ! Pour se venger... On se prendra en photo avec tous les étrangers !

 

On change d'hôtel et de quartier, histoire de transformer nos derniers jours dans cette inhumaine capitale en un séjour réjouissant, à taille plus humaine... On choisit un hôtel de backpackers, auberge de jeunesse à la mode japonaise, comme on en trouve désormais dans toute l'Asie : le concept de capsule hôtel. Il s'agit de capsules de 2 mètres sur un pour une hauteur d'1m25 environ, généralement en plastique ou en fibre de verre, disposées par 2 le long d'un couloir, ou d'un dortoir. Un couloir pour les hommes, un autre pour les femmes... L'espace étant optimisé, les bagages sont disposés dans des casiers... Bon, sur ce coup là, on n'est qu'à moitié routards, et on préfère occuper 2 des rares chambres "privées"... l'expérience est rigolote, mais pas avec des enfants... On arrive pile le jour anniversaire de Jakarta. Chic ! On espérait bien profiter des événements culturels et artistiques mis en place pour l'occasion ! Mais le programme des festivités est rédigé en indonésien, et se confond avec celui des rejouissances liées au ramadhan... Demain, puisque la fête de la musique française a eu lieu en ce premier jour d'été, on visitera la vieille ville des Indes Néerlandaises, le coeur vibrant de Jakarta, le quartier Kota de Old Batavia, à l'embouchure de la rivière Ciliwung. Son musée des marionnettes, son port sur la mer de Java...

 

Et puis, on a besoin de temps (et d'une bonne connexion internet) pour préparer la suite. 24h d'escale en Malaisie, et 15 jours au Viêt Nam. On a réservé un hôtel à Kuala Lumpur, mais on hésite encore sur l'itinéraire et le rythme au Viêt Nam. 2 semaines seront assurément trop courtes ! On doit organiser notre croisière en jonque sur la baie d'Halong, et une autre dans le delta du Mékong... C'est un peu la rançon de notre voyage, surtout en arrivant en haute saison touristique : pleinement profiter du présent tout en se projetant à minima... Toujours un peu plus loin... On comptait aussi rallier à pied la haute route himalayenne de Katmandou à Lassah, mais elle a été rendue impraticable par le terrible tremblement de terre d'avril 2015... et puis, les autorités chinoises ne semblent en ce moment délivrer de visas pour le Tibet qu'au compte goutte... On verra bien.

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Entre le jazz et la java...

Quand le jazz est 

Quand le jazz est là 

La java s'en 

La java s'en va 

Il y a de l'orage dans l'air 

Il y a de l'eau dans le 

Gaz entre le jazz et la java 

 

Chaque jour un peu plus y a le jazz qui s'installe 

Alors la rage au coeur la java fait la malle 

Ses p'tit's fesses en bataille sous sa jupe fendue 

Elle écrase sa gauloise et s'en va dans la rue 

 

Quand le jazz est 

Quand le jazz est là 

La java s'en 

La java s'en va 

Il y a de l'orage dans l'air 

Il y a de l'eau dans le 

Gaz entre le jazz et la java 

 

Quand j'écoute béat un solo de batterie 

V'là la java qui râle au nom de la patrie 

Mais quand je crie bravo à l'accordéoniste 

C'est le jazz qui m'engueule me traitant de raciste

Quand le jazz est 

Quand le jazz est là 

La java s'en 

La java s'en va 

Il y a de l'orage dans l'air 

Il y a de l'eau dans le 

Gaz entre le jazz et la java 

 

Pour moi jazz et java c'est du pareil au même 

J'me soûle à la Bastille et m'noircis à Harlem 

Pour moi jazz et java dans le fond c'est tout comme 

Quand le jazz dit: Go man , la java dit: Go home. 

 

Quand le jazz est 

Quand le jazz est là 

La java s'en 

La java s'en va 

Il y a de l'orage dans l'air 

Il y a de l'eau dans le 

Gaz entre le jazz et la java 

 

Jazz et java copains ça doit pouvoir se faire 

Pour qu'il en soit ainsi, tiens, je partage en frère 

Je donne au jazz mes pieds pour marquer son tempo 

Et je donne à la java mes mains pour le bas de son dos.

 

Ah, Nougaro ! Jazz à Vienne va s'ouvrir,  Jazz à Jakarta a eu lieu en mars...

 

Et nous avons assisté aujourd'hui à un sublime concert de jazz indonésien au café du Jardin Botanique, qui nous a consolés de notre déception de ne pas voir de rafflesia, la plus grosse fleur du monde, qui peut peser jusqu'à 10 kg et mesurer jusqu'à un mètre de diamètre. Mais on ne peut prévoir ni sa floraison, ni son emplacement (elle ne possède ni tige, ni feuilles, ni racines, mais parasite les autres plantes), et nous n'aurons pas eu la chance d'admirer ses 5 pétales rouges orangés !  

 

La journée étant placée sous le signe de la musique, nous visitons la dernière fabrique artisanale de gongs pour les gamelans. L'angkot (minibus pour liliputiens) nous dépose devant sa porte, après avoir zigzagué dans les rues bondées et très populaires  d'un quartier surpeuplé. Une sorte d'atelier sombre et bas, une antre, une grotte où un feu d'enfer brûle sans fin, terrible brasier autour duquel 6 hommes s'escriment. Le premier à alimenter le feu et le soufflet de la forge, ainsi qu'à tourner et retourner, armé d'une pince, un disque de cuivre encore à peine cintré à notre arrivée. Le second à estimer la température et la couleur du métal mis à rougir dans de grandes gerbes d'étincelles, pour aussitôt l'ôter du feu, et le présenter aux 4 autres hommes. Commence alors un ballet hallucinant et cadencé de coups de marteaux, chacun son tour au millimètre et à la seconde près, abattant sa masse d'au moins 10 kilos (on a soupesé...) sur le métal chauffé à blanc, amolli et sonore. Quelques centimètres trop loin ou trop près et le lourd instrument risque de retomber sur des orteils nus, un bras, un torse. Chaleur infernale de cette forge (près de 60 degrés), bruit assourdissant des coups de masse et du rugissement du feu, visages émaciés ruisselants, suspension du bras quelques secondes, puis le mouvement s'amorce vers le bas, qui bat le cuivre pendant qu'il est encore chaud.... Quelques minutes à peine avant que le disque métallique ne s'assombrisse, et ne soit renvoyé rougir dans le brasier, donnant aux forçats du marteau quelques instants de répit... A deux pas, juste derrière, à peine protégés de la fournaise, deux autres hommes liment le gong de cuivre, désormais formé. Le pied droit cale l'objet, le pied gauche lui imprime un mouvement de rotation, tandis que les 2 mains manient le ciseau à bois (à métal ? ) qui peu à peu, fait disparaître les traces de masse, les impacts de coups... jusqu'à obtenir une surface parfaitement lisse. Les enfants ramassent la limaille... Là aussi, les hommes se prêtent volontiers à la démonstration... conscients que leur art si difficile est voué à la disparition, tous les gongs étant désormais produits en usine. Ensuite, ce sont les virtuoses du bois que nous admirons en train de sculpter les supports des gongs, et faire naître dans des poutres brutes, aux ciseaux et à la gouge, des têtes de dragons, des fleurs de lotus, des arabesques... qui seront ensuite peintes de rouge et d'or. 

 

Nous n'avions jamais pensé que les si beaux sons produits par les gamelans avaient d'abord pris naissance dans l'enfer d'une forge... Mineurs, forgerons, artistes... Merci...

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Bogor, héritière des Indes Néerlandaises : grandeur et décadence

On a fui... 

 

1h30 d'un train type TER nous a permis d'arriver à Bogor, ville de 700 000 habitants située à 60 km au sud de Jakarta et à 290 m d’altitude, au pied du mont Salak. Elle est célèbre pour ses pluies et son jardin botanique... ainsi que pour la densité extrême de sa circulation automobile ! Au XVIII ème siècle, Batavia, capitale des Indes néerlandaises, est une ville à l’image d’Amsterdam avec ses canaux et ses maisons à pignon. Mais cette architecture se révèle totalement inadaptée à la vie sous les tropiques. Les canaux, avec leurs eaux stagnantes, provoquent la multiplication des moustiques, vecteurs de maladies mortelles. L’insalubrité favorise aussi la propagation d’épidémies. Beaucoup ont alors préféré abandonner la cité mortifère pour chercher refuge sur les hauteurs, sur les pentes des volcans, ou d’autres lieux au climat plus proche de celui de la mère-patrie, bénéficiant d’une saine situation dominante : pluie, douceur de l’air et charme de la nature.

 

Et c'est vrai que le premier contact avec le coeur de la ville fait froid dans le dos. Grandeur et décadence... Les rats fuient sous nos pas le long de la rivière encaissée aux rives de laquelle s'accrochent les maisons de tôle, de parpaings et de cartons des bidonvilles, les ordures s'entassent partout,comme nous ne l'avions plus vu depuis l'Amérique latine... Et l'offre d'hébergement oscille entre chambres bon marché franchement insalubres et glauques, et anciens palaces décatis ahurissants... Il y a l'espace,  les volumes,  le reste du luxe d'antan,  les superbes carrelages au sol et vitraux aux plafonds, les moulures et les lustres à pendeloques hollandais, les faiences et les porcelaines... mais aussi l'absence d'entretien, la moisissure, l'humidité, les blattes sous le lit, les taches sur les murs, le plafond qui s'émiette. Ce soir, nous sommes seuls dans notre immense palais d'antan, les voix des enfants résonnent dans les couloirs vides, autour de la piscine blême, rebondissent sur des nappes qui furent blanches... Les enfants sont aux anges, ravis de leur vie de sultans, le luxe c'est les petits savons dans la salle de bain, ils ne perçoivent pas notre malaise, ni le pathétique de ces lieux qui furent rutilants...

 

En 1745, le gouverneur général des Indes néerlandaises, le baron Gustaaf Willem Van Inhoff, part en escapade en pleine forêt à la recherche de vestiges archéologiques des mythiques princes sundanais du royaume de Pajajaran. Il parvint à un endroit très apaisant, à 60 km au sud de la capitale, en pays Sunda (Java ouest), sur les pentes du volcan Gunung Pangrango. C’est le coup de foudre et persuadé qu’il se trouve dans le berceau même de la ville mythique, il décide de s’y installer. Une nouvelle cité est née : Buitenzorg, ce qui signifie en néerlandais « Sans souci » ou plutôt « Hors du souci ». Il fait construire en pleine nature un palais de 10 000 m² pour y accueillir l’ensemble du corps administratif en charge de la gestion des Indes néerlandaises. Peu à peu, la forêt est domestiquée à la hollandaise, manière de reconstituer un univers familier, aux confins maritimes de la nation. Un jardin d’abord modeste apparut aux alentours, refuge doté de fortifications naturelles. Ce qui n’était au départ qu’un passe-temps horticole, devint en quelques années une entreprise industrielle. L’histoire du jardin botanique de Buitenzorg débute le 18 mai 1817 sous l’impulsion du directeur de l’agriculture, des arts et des sciences, Casper Georg Carl Reinwardt (1773-1854). Ce botaniste de renom est parvenu à faire du jardin un grand laboratoire naturel afin de permettre l’introduction, l’expansion et l’exploitation de plantes tropicales utiles, dans les trois grands domaines de l’alimentation, de la médecine et de la productivité.

 

Après l’indépendance de l’Indonésie, la ville de Buitenzorg a changé de nom : elle s’appelle désormais Bogor. Son jardin, l’un des plus beaux d’Asie du Sud-Est, est connu dans le monde entier par les botanistes. Il n’y a pas eu, depuis le départ des Néerlandais, de changement fondamental dans l’orientation de l’Institut et son école d’agriculture est parvenue à préserver sa renommée. C’est toujours un lieu de loisirs, de promenade, de méditation et l’intérêt des indonésiens ne fléchit pas : on vient en foule le dimanche pour pique-niquer en famille, admirer les beaux fruits et s’enivrer des bois odorants et des essences aromatiques. Ce grand parc de 87 ha abrite plus de 15 000 espèces d’arbres et plus de 5 000 variétés d’orchidées. Restée fidèle à sa vocation, Bogor compte aujourd’hui pas moins de 17 instituts de recherche botanique. Istana Bogor, le Palais présidentiel, était la résidence des gouverneurs généraux hollandais. Il renferme aujourd’hui les collections d’art de Sukarno qui aimait beaucoup s’y reposer. Certains vous diront qu’on aperçoit parfois le fantôme de l’ancien président se promenant dans sa Rolls ! Le musée zoologique ne semble pas avoir bougé depuis le départ des Hollandais en 1949. Les collections sont composées d’animaux empaillés et d’un squelette gigantesque d’une baleine qui s’est échouée sur les côtes javanaises. Le cimetière hindou du conseiller du prince sundanais du Pajajaran est un lieu de pèlerinage et de prière. On n’a jamais retrouvé son corps et il n’a jamais été enterré. Au milieu de rochers sur un talus, vous pourrez également admirer une statue hindoue de la vache Nandi probablement vieille de 600 ans. 

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Loin du brouhaha de la capitale... le Krakatau

On rêvait de réaliser l'ascension de ce volcan dont la puissance fait frissonner... Finalement, trop difficile d'accès, trop cher... Explications.

 

Situé à 40 km au large de Java dans le détroit de Sunda (qui sépare Java de Sumatra), le Krakatau (les Anglais l'appellent Krakatoa, mais il s'agit d'une erreur linguistique) est l'un des volcans les plus actifs au monde. Son éruption, le 27 août 1883, fut la plus violente des temps modernes (environ 13 000 fois la puissance de la bombe atomique qui ravagea Hiroshima). Elle provoqua un gigantesque cataclysme : les cendres furent projetées à plus de 80 km de hauteur, une puissance telle qu'elles se déposèrent jusqu'à Singapour et que le détroit fut plongé dans l'obscurité pendant presque deux jours. En tout, 20 km 3 de roches furent expulsées des entrailles de la terre. L'explosion fut ressentie jusqu'à Perth (Australie) et Rodrigues près de l'île Maurice : soit à une distance de presque 5 000 km ! Les cendres rejetées dans l'atmosphère la troublèrent tant que, pendant trois ans, les couchers de soleil furent les plus spectaculaires que l'on ait connus sur la planète. Aux Etats-Unis, des pompiers furent appelés par des habitants, qui croyaient que ce n'était pas le soleil qui se couchait, mais un immense incendie qui embrasait la région... Les tsunamis qui déferlèrent sur les côtes environnantes rasèrent près de 200 villages. Les vagues atteignaient 30 mètres de haut (on dit que l'onde de choc fit sept fois le tour du globe !), et plus de 36 000 personnes périrent sous les vagues (certains experts parlent de plus de 120 000 morts). La température de la Terre baissa de 1,2°C pendant les cinq années qui suivirent. Après l'explosion, le Krakatau, totalement pulvérisé, devint un volcan sous-marin. En 1927, un second volcan émergea, baptisé Anak Krakatau ( « le fils du Krakatau »). C'est celui que l'on visite aujourd'hui. Il mesure presque 350 m et n'arrête pas de grandir. Sa dernière phase éruptive remonte à 1994, mais il cracha des nuages de fumée aussi en mai 2009. Lors de la visite, on grimpe jusqu'à un point de vue situé à environ 200 m d'altitude. On peut aussi passer la nuit près de la plage où l'on accoste. Les excursions partent de Carita. On termine la journée par une séance snorkeling sur l'île voisine de Rakata, où se dresse, majestueux mais tronqué, le « vieux » Krakatau. En descendant sur la petite plage, on peut découvrir des komodos d'environ un mètre de long. L'île abrite en effet une centaine d'individus.

 

Bon, c'était juste pour le rêve... finalement, nous prendrons demain la direction de Bogor. Aujourd'hui, retour sur nos pas dans ce musée d'une incroyable richesse et qui nous a passionnés, dans le quartier des ministères... Et puis, nous voulions aussi grimper dans la tour du Monas, le monument "nasional" emblématique, pour y admirer la ville d'en haut, mais la queue nous a découragés...

 

La grande nouvelle de la journée : Arthur a encore perdu une dent !!

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Jakarta

Jakarta est une ville étouffante, anarchique, difficile à apprécier d'emblée, et dont le patrimoine culturel et architectural est disseminé... on s'y déplace difficilement, les bouchons et la pollution sont terribles, les kilomètres de bidonvilles qu'on traverse pour accéder à son coeur sont effrayants, mais pourtant elle contient des trésors... L'écrasante touffeur a aujourd'hui cédé la place à une pluie continue qui fait ressortir les rats et les blattes, les odeurs nauséabondes de pourriture et de détritus en décomposition, et la sensation de grouillement... En même temps, il fait presque frais, la température descend en dessous de 30 degrés, et nous sommes bien décidés à tenter d'apprivoiser la gigantesque ville, pour en percevoir la pulsation... Nous n'allons quand même pas nous laisser décourager par la désorganisation d'une mégapole en plein changement ! Ça nous rappelle Mexico... On va visiter un peu, tenter une expédition de quelques jours au volcan Krakatau, puis y revenir quelques jours encore, avant de nous envoler pour Hanoï, dimanche prochain, via Kuala Lumpur...

 

Petite présentation. Capitale de la quatrième nation du monde par sa population, Jakarta compte à elle seule plus de 10 millions d’habitants, 30 millions si l’on compte JaBoTaBek, sa grande banlieue. Les Indonésiens la surnomment « le gros durian », en référence à ce fruit roi en Asie, mais ô combien étranger pour le palais, et les narines des Occidentaux. Jakarta – l’une des mégapoles les plus polluées du monde, bruyante, épuisante, pauvre, salissante, étouffante – n’a à priori rien pour attirer. On n’y trouve pas de merveille architecturale comme le Grand Palais à Bangkok, de culture urbaine fascinante comme à Singapour, de marques historiques fortes comme à Pékin. Jakarta, c’est simplement une immense ville d'un pays en voie de développement. L’extrême richesse côtoie ici la pauvreté, la modernité des gratte-ciel nargue les manutentionnaires qui se rompent l’échine dans le port de Sunda Kelapa, et le luxe insolent des grands hôtels s’accommode de la saleté des égouts et des quartiers de tôle ondulée insalubres. Pourvue de fabuleux quartiers résidentiels, Jakarta fascine par ses contrastes. Nombreux sont encore les enfants qui dorment dans la rue et qui, tout petits déjà, mendient quelques piécettes. A deux pas, les malls, les centres commerciaux, remplis de boutiques de luxe et de mode, ont poussé comme des champignons. Avec la crise monétaire apparue vers la fin de 1997 et qui a entraîné la chute de la monnaie, Jakarta est devenue le laboratoire des causes perdues et des angoisses à venir ; elle contient en son sein tous les charmes et tous les maléfices d’une immense poudrière. D’ailleurs, il est impossible de connaître le nombre d’habitants de la mégalopole ; officiellement, il y en aurait 10 millions, chiffre qui pourrait monter jusqu’à 14 ou 15 millions dans la journée, où affluent tous les bras à la recherche de travail. Car Jakarta est un aimant pour des millions d’Indonésiens sans travail, souvent sans qualification, qui espèrent dans la grande ville la promesse de lendemains meilleurs… La ville s’étire sur plus de 20 km du nord au sud. C’est avant tout dans la capitale que l’on trouve du travail, où se décident les futures modes, où l’on côtoie les gens du pouvoir. Jakarta constitue un superlatif en tout : ville la plus riche, la plus polluée, la plus peuplée, la plus chère, la plus pauvre. Toutes les ethnies sont représentées, et même s’il est rare de croiser un Papou sur la Jalan Thamrin, le brassage des cultures du monde entier (américaine, européenne et asiatique) forme un ballet continu. 

 

A l’heure actuelle, Jakarta est la capitale administrative, politique et économique du pays. Elle fait partie d’une énorme conurbation : la JaBoTaBek (Jakarta, Bogor, Tangeran, Bekasi). Mais le gouvernement doit faire face aux revendications des autres îles qui trouvent que trop de leurs richesses sont drainées vers la capitale. Un nouveau statut d’autonomie politique et économique permet désormais de rééquilibrer la donne.

 

Bon, voilà pour un rapide tour d'horizon, je vous fais grâce des aspects historiques, pourtant riches et passionnants, de la ville. Pour nous, c'est la première fois en Indonésie que nous ressentons les limites de l'accueil, et pestons contre le conducteur de tuk tuk qui nous réclame 6 fois le prix de la course, le gérant de l'hôtel qui nous indique une laverie à 2 km en omettant de nous montrer la machine à laver qui trône dans le couloir, à la disposition des clients, la blanchisseuse qui nous dit que notre linge sera propre le lendemain, mais qui est "very sorry" quand on arrive, car elle vient juste de le donner (heureusement qu'on ne quitte pas la ville aujourd'hui !), le gardien du musée qui nous dit qu'il ferme à 16h, et, quand nous arrivons à 14h, nous trouvons porte close... tous ces petits détails qui, en s'accumulant un jour de chaleur et de fatigue, donneraient presque envie de fuir !! Heureusement qu'on a appris à ne pas en rester au premier regard posé sur un lieu, à persévérer, persuadés qu'il y a dans cette ville des trésors insoupçonnés, des Indonésiens qui ne demandent qu'à être rencontrés, des lieux palpitants à découvrir...

 

Et d'ailleurs, la fabuleuse visite du musée national nous plaît tellement, où les enfants s'emploient à dessiner les objets de leur choix au gré des salles d'etnografi, d'arkeologi, de tekstil, de keramik, de teknologi, d'ekonomi et d'organisasi sosial, que nous y retournerons demain... Impossible de se représenter la multitude d'ethnies  (plusieurs dizaines sur chacune des 17 000 îles...), de langues, de croyances, de conceptions cosmogoniques du monde, de pratiques culturelles, cultuelles et religieuses... Autrefois siège de la Société hollandaise des arts des Indes néerlandaises (la Bataviaasche Genootschap), le musée a été aménagé dans les années 1860. La diversité culturelle indonésienne et l'histoire dont il témoigne en fait l'un des plus riches de l'Asie du Sud-Est. Des sculptures hindoues de pierres et de bronze, ainsi que des objets en or massif sont exposés dans « La chambre des Trésors ». Diverses collections de vestiges anthropologiques, des ossements du pithécanthrope (« l’homme de Java ») aux fabuleux tambours dông-sôn du Vietnam ; des céramiques chinoises de la dynastie Han ; des maquettes des habitations traditionnelles indonésiennes ; des instruments de musique et des pièces d’art et d’artisanat javanais ; des statues bouddhiques... Une visite époustouflante, qui vaut bien le Louvre...

 

Bon, et puis, on est samedi, et ici le week end  (c'est à dire les vendredi et samedi), les Jakartanais se rendent en foule dans les malls et centres commerciaux ultras modernes, seuls lieux climatisés qui soient à la fois temple de la consommation, lieux de loisirs (cinemas, restaurants...) et de rencontre... dérive de tout pays en voie de développement. 

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Petite histoire de la kretek

La kretek est une cigarette au clou de girofle. Le clou de girofle vient des Moluques. La petite histoire raconte que M. Nitisemito, un habitant de Kudus, eut l’idée de rouler sa cigarette avec du tabac et un clou de girofle écrasé pour apaiser son asthme. Le clou de girofle est anesthésiant. Il eut tôt fait de promouvoir sa compagnie, Bal Tiga, par une promotion plutôt amusante. Il donnait des cadeaux à ceux qui lui rendaient les paquets vides et il fit de la propagande dans tout Java en louant un camion transportant un orchestre. Kudus devint vite la capitale de la kretek. Les fabriques se multiplièrent pour atteindre le chiffre de 200. A présent, il ne reste plus qu’une cinquantaine de manufactures dont la deuxième d’Indonésie, la société chinoise Djarum dont on voit la publicité à la télévision. Il y a deux sortes de kretek : les manuelles et les industrielles. Les manuelles sont roulées à la main sur des machines en bois et ressemblent à des pétards. Ce travail est effectué par deux femmes, l’une roulant la cigarette tandis que l’autre coupe les extrémités. Les ouvrières les plus adroites arrivent à rouler 7 000 à 8 000 cigarettes par jour. Les industrielles sont roulées par des machines. Le tabac et le papier employés demeurent très forts en goudron et en nicotine. Le filtre a un petit goût sucré fort agréable, parait-il. C’est un goût naturel. La kretek représente beaucoup pour les Indonésiens. C’est à la fois un moyen d’échange et un geste de convivialité. Les plus grandes marques sont : Bentoel, Gudang Garam et Djarum. 

 

Bon, mais arrivés à Semarang en fin d'après midi, nous repartons demain à 6 heures, et ne pourrons donc pas visiter les fabriques de cette spécialité locale, dont nous avons vu des cartons entiers voyager sur le ferry entre Jepara et Karimunjawa, entre les sacs de riz, les ballots d'oignons, les cages de canaris et perroquets, les bidons d'essence, les moteurs de scooter et les bennes de gravats, les cagettes de poussins et les sachets de chips de crevettes... Nous ne pourrons pas non plus visiter le temple Sam Po Kong, temple chinois dedié à un ennuque misulman, ni contempler, dans le port, les magifiques "pinisi", ces bateaux bugis, goélettes aux vieux gréements qui ont l'air de sortir tout droit d'un roman de Joseph Conrad... Il parait que choisir, c'est renoncer ?

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Sur la mer qui fait le gros dos...

Ça avait pourtant bien commencé... 7 heures du matin, le ciel est cendré. Le gris s'est installé, barbouillant l'azur, écrasant même les nuages, colorant le ciel à la mine de plomb, faisant ressortir le vert pâle et lumineux de l'eau. C'est sauvage et splendide,  ce ciel plus sombre que l'eau, j'adore. Pleins d'allant, on embarque sur le Salomé, raffiot craquant et grinçant à la peinture défraîchie, au moteur éructant. Salomé, du nom d'une célèbre chanson indonésienne... Pas d'intérieur, une bâche tendue sur le pont pour l'ombre, et Cap'tain Aladin qui scrute l'horizon, une kretek au coin des lèvres, ces cigarettes indonésiennes au clou de girofle, la barre de direction manoeuvrée avec le pied, son corps sec et musclé taillé dans du bronze comme un Rodin illuminant le noir du ciel. Il y a aussi le photographe, qui complète l'équipage et joue avec les enfants, et Mesia, une étudiante danoise qui fait les 2 jours de snorkelling avec nous. Le groupe d'adolescents indonésiens de la veille ne nous a pas rejoints. Nous avons la mer pour nous, et la journée qui étire ses promesses.

 

On voit venir le grain. Le vert de l'eau s'éclaircit encore, diaphane. Le plomb du ciel s'obscurcit encore, jusqu’à devenir noir. Où se découpent de gros nuages aux formes de chou fleur. Là bas, sur cette petite île que nous longeons, le ciel a déjà commencé à fondre et à se liquéfier, et son eau à se déverser, en longs traits blancs et verticaux. On rassemble les sacs sous le pont, à côté du moteur crachotant, là où il fait chaud, là où l'odeur de gazole est le plus insupportable. On arrime les sandales, le pique nique et le matériel de snorkelling... et on regarde venir.

 

Ça commence par un formidable coup de vent. Qui mélange le ciel et la mer, soulève l'eau en gerbes, en trombes, en paquets. À la première embardée, on se dit que ça va tenir. La proue du bateau se soulève, tutoie les nuages un instant, comme en suspension, puis retombe violemment, creusant son sillon dans les flots en furie, faisant naître des bouquets d'écume qui déferlent sur le pont, des étincelles d'eau grise qui s'immiscent partout. Nous sommes dégoulinants, et l'eau parait froide et cinglante, avec la violence du vent. Pas moyen de se protéger un peu. Les gilets de sauvetage sont vaguement efficaces contre la morsure cinglante de la pluie horizontale, pas contre le froid et le vent. Aucune trêve : sitôt claqué sur le dos rond de la mer, le fond du bateau repart à l'assaut des cimes. Ça ne semble jamais devoir s'arrêter. Arthur devient gris, vert, vert de gris... puis s'endort, roulé en boule, au milieu du rugissement des éléments. Aladin ne quitte pas des yeux l'avant de son bateau, fait ronfler le moteur, écoute crier et craquer l'ossature de la vieille carcasse, et sourit. La pluie ruisselle sur son beau visage d'acier. Il a ôté son t-shirt, l'a essoré, et attaché comme un étendard sur un mât de bambou, où il claque au vent avant que la pluie ne le rabatte et l'entortille, le vrille. On ne voit pas à 50 mètres. Tout s'est fondu dans le gris. Le bateau souffre tellement que des images d'apocalypse me traversent. Les enfants font le dos rond et attendent que ça passe, confiants. Il a dû en voir d'autres en mer de Java, ce raffiot ! Et puis, il s'appelle Salomé... Et avec Aladin à la barre...

 

Le temps s'étire. La tempête ne se calme pas. Une tempête de folie, des creux de plus d'un mètre,  peut-être un mètre cinquante. On grimpe sur le dos de la vague, et on retombe au fond. Avec violence. Avec fracas. On ne sait plus exactement où est le haut et où est le bas. Le tumulte du vieux moteur qui lutte, conjugué à celui des éléments déchaînés, est si puissant qu'on ne reconnaît plus les battements de nos coeurs. Un quart d'heure passe. Un autre. Et puis, à l'ouest, une éclaircie, comme une trouée de lumière dans le gris du ciel. Qui fait renaître l'espoir. Mais il faudra encore plus d'une heure, avant qu'on réalise qu'on est sorti de l'oeil du cyclone... que le gris s'est aplati, aplani, a déroulé son long tapis houleux plus calmement, et que le fracas assourdissant qui emplissait nos oreilles s'est aussi apaisé. Aladin sourit toujours : il coupe le moteur, lance l'ancre, sort les masques, tubas et palmes de leur caisse. Ici, le fond est beau, malgré les débris et coraux morts lors du dernier tsunami... on peut plonger.

 

Le récif est sombre, agité, l'eau est trouble de tant de larmes non salées déversées en si peu de temps, mais les poissons se comptent par milliers, de couleurs étonnantes, qui viennent nager avec nous... Les enfants s'émerveillent, et nous aussi. Le temps d'une plongée, puis d'une grillade de poissons sur une plage de sable blanc, et nous reprenons la mer... et une nouvelle tempête. Cette fois, la tête enfoncée dans les épaules, on sait ce que c'est.... On sait ce que le Salomé a dans le ventre, et le capitaine aussi ! Moins d'une heure plus tard, on plonge de nouveau, sous un ciel sombre et chargé, mais sans vent ni creux de vagues. Pour un paysage marin de toute beauté.

 

On quitte Karimunjawa ce matin, le coeur moins gros que la mer de Java... 5 heures de ferry jusqu'à Jepara, où se fabriquent les meubles si prisés en Europe, puis autant de bus jusqu'à Semarang, grosse ville portuaire, que nous découvrons inondée... En 1816, la ville a vu passer Arthur Rimbaud qui, après s’être engagé dans l’armée hollandaise, déserta au bout de quelques jours, et repartit en Europe sur un navire écossais.

 

Demain, on ralliera Jakarta, la mégapole tentaculaire, bruyante, polluée, gigantesque... pour organiser notre prochaine expédition. 6h30 de train... et encore un réveil à l'aube ! Les enfants supportent avec le sourire nos heures de bus, bateau, train... Pourvu qu'il ne pleuve pas ! Même pas peur... 

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Java du diable

Troisième jour dans l'archipel de Karimun Jawa. La pluie d'hier nous avait fait perdre quelques degrés salvateurs pour passer une bonne nuit... mais elle nous aura malicieusement accompagnés dans nos déplacements aujourd'hui ! Nous sommes repartis pour une journée de navigation entre les îles sur le "Salomé", un petit "caboteur". La première traversée se fait avec une grosse mer. Java se déchaîne et Samuel et Arthur, transformés en petits barreurs, ont vite fait de se mettre à l'abri. La pluie nous bat de côté avec un vent violent et on en vient à apprécier les paquets de mer qui s'invitent à bord car ils nous réchauffent en nous mouillant ! Le relief de l'eau se creuse bien suffisemment pour faire sauter notre bateau dans tous les sens. Le capitaine donne la barre à son second et se plante droit comme un I à l'avant du bateau, les mains sur les yeux pour scruter l'horizon à la recherche d'une île et à l'affut des grosses vagues.  Arthur devient tout gris et les autres tiennent bon.

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Sur les traces de Corto Maltèse

Ah, la mer de Java ! Ses évocations de langueur et de mystère, ses épopées sur la route de la soie, ses vieux gréements et ses pirates, et bien sûr, les aventures du marin Corto Maltèse...  Nous découvrons aussi un peuple métissé de pêcheurs dont la grâce nous éblouit, une culture spécifique, et des paysage à faire pâlir d'envie la plus belle des îles de la Polynésie française. Pas le temps de conter par le menu ce que nous vivons ici (pour ça, s'en référer à l'article d'Arthur), mais le parfum de l'archipel nous enivre déjà... Les 5 heures de traversée des 80 km qui séparent Jepara de Karimunjawa furent épiques (surtout après une nuit blanche en minibus), une vraie tranche de vie partagée sur ce raffiot avec les familles indonésiennes qui rentrent chez elles, colonisant le moindre espace, étalant tapis et nattes au sol pour s'y étendre, sortant de quoi cuisiner, faisant des allers retours dans la salle de prière... Nous aussi avons loué une natte pour nous étendre entre deux rangées de sièges, histoire de dormir quelques heures... A l'arrivée, l'émerveillement d'une ambiance rurale et authentique, malgré quelques routards croisés... d'où, sans doute, le développement de l'électricité,  et même d'internet ! Le soir, les petits stands de rue installés sur le terrain de foot, qui présentent des poissons et crustacés de toutes couleurs et de toutes les formes, et nous les grillent au feu de bois en moins de deux... Et puis, aujourd'hui, une journée snorkelling sous un ciel où soleil et nuages jouent à cache cache, jusqu’à ce que l'eau devienne progressivement très chaude, peut être 35 degrés, et qu'un grain énorme vienne agiter la mer opale, noircir le ciel, fouetter l'eau violemment à sa surface... une démonstration grandiose de la puissance des éléments, le plaisir fou de se laisser grêler le visage par l'eau douce et froide tandis que le corps reste au chaud dans l'eau salée, la fureur du ciel creusant la peau de la mer, les enfants courant dans le sable en criant de joie, parlant aux éclairs et au tonnerre... Une demi heure plus tard, nous grimpions de nouveau sur notre bateau pour rallier le spot de plongée suivant, sous un ciel rincé, limpide, et découvrions des jardins coralliens de toute beauté, des récifs hallucinants de vie dense et colorée...

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Karimunjawa

Il nous reste 2 semaines entières en Indonésie, et nous hésitions sur la direction à prendre... L'île de Sumatra nous aurait bien tentés, mais c'est la 6 ème plus grande île au monde, le point le plus critique au monde pour l'activité sismique et volcanique, et, si ses paysages de volcans, de jungles et de côtes ont l'air superbes, les distances et conditions de trajets nous ont un peu découragés... Et puis, reprendre un vol interne... Tant pis pour les derniers orangs outans en liberté au monde, ce sera pour une autre fois. Sulawesi nous tentait bien aussi, les Célèbes, Lombok, Bornéo...  le choix est large en Indonésie ! Mais finalement, nous avons décidé de rester sur Java, la perle de la ceinture de feu, et de nous rendre, hors des sentiers battus, sur un tout petit archipel un peu méconnu, très largement oublié du tourisme, et apparemment magnifique : les Karimunjawa.

 

L'archipel des Karimunjawa, situé à environ 80 kilomètres au nord-ouest de Jepara, est formé de 27 îles rocheuses dans la mer de Java. Sa population est d'environ 8 000 habitants. Administrativement, l'archipel fait partie du kabupaten de Jepara, dans la province indonésienne de Java central. Les Karimunjawa ne doivent pas être confondues avec l'île et le Kabupaten de Karimun dans les îles Riau. Seules les îles de Karimunjawa proprement dites, Kemujan, Menjangan, Parang, Nyamuk, Tambagan, Genting et Menyawakan sont habitées. La population est constituée de Javanais, de Madurais et de Bugis.

 

On pense que ces îles étaient à l'origine inhabitées. Elles servaient de base à des pirates. Au début du XIXème  siècle, Thomas Stamford Raffles lieutenant-gouverneur de Java (1811-14) y établit une colonie pénitentiaire. Celle-ci sera abandonnée par les Hollandais lorsqu'ils récupèrent Java après la fin des guerres napoléoniennes. Les détenus sont restés. Les plantations de noix de coco qu'ils avaient créées sont devenues une importante source de revenu pour l'archipel, à côté de la pêche.

 

Le Parc national marin de Karimunjawa couvre 22 des 27 îles et une superficie de 1 100 km². Il abrite notamment une forêt de mangrove. Des tortues viennent y déposer leurs œufs.

 

Alors voilà,  nous y partons quelques jours. 5 heures de bus cette nuit pour Jepara, sur la côte nord, puis 5 heures de bateau demain matin. Et sur place, l'électricité seulement quelques heures par jour...

 

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Petits plaisirs

Varier les moyens de transport...

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Petite chronique des scènes de rue javanaises

Musique : voici quelques images du gamelan, l'ensemble instrumental traditionnel que nous avons eu le plaisir d'entendre à plusieurs reprises. Ses décorations de bois sculpté sont rouge et or, et ses cuivres sont rutilants. Nous avons admiré la dextérité des hommes pour les astiquer...

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Borobudur, ou le chemin vers le nirvana

Le temple bouddhiste de Borobudur, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco depuis 1991, est l’un des plus impressionnants d’Asie, avec l’Angkor Wat du Cambodge et le Bagan de Birmanie. Il se situe à 42 km au nord-ouest de Yogyakarta. La dynastie Saïlandra édifia le sanctuaire de Borobudur entre 750 et 850. Ce chef-d'œuvre de l'architecture bouddhique fut englouti sous la végétation et les cendres volcaniques après le départ des souverains vers Java-Est au X ème siècle. Le site ne fut redécouvert qu'en 1815. Les Hollandais se lancèrent seuls dans sa restauration, mais le sauvetage du temple prit une dimension internationale en 1968, grâce notamment à l'aide de l'Unesco. Les travaux furent terminés en 1983. Le temple fut démonté pierre par pierre, les pierres traitées et remontées une à une. A l'origine, il abritait 502 statues du Bouddha : 43 ont disparu, et au moins 300 sont endommagées (décapitées). Perché sur une haute colline au milieu d'un parc, l'énorme édifice en pierres volcaniques noires (123m de côté sur 43m de haut) est en effet un seul et immense stûpa, formé de plus petits stûpas (sortes de cloches renfermant des statues du Bouddha assises ou bodhisattvas) carrées et symétriques, formé de quatre étages carrés et de trois étages ronds : les sept paliers pour atteindre le nirvana. Quatre escaliers, orientés selon les quatre points cardinaux, montent directement au sommet – mais il vaut mieux faire le tour de chaque palier (par la gauche bien sûr, selon les principes bouddhiques, en commençant par l'entrée est), pour y admirer les sculptures narrant la vie et les leçons du Bouddha. Les trois dernières terrasses circulaires accueillent 72 stûpas (32, 24 puis 16). Le temple tout entier contient environ 1 460 bas-reliefs narratifs et 1 212 bas-reliefs décoratifs. Au rez-de-chaussée, les bas-reliefs illustrent les vicissitudes d'une vie de péché : personnages grotesques, perdus et damnés (une grande partie de ces bas-reliefs n'est plus visible, car recouverte de pierres servant de renfort pour les fondations du temple). A chaque étage suivant, on admire les illustrations des principales étapes de la vie du Bouddha. Progressive ascension vers le nirvana, les trois derniers étages sont occupés par des stûpas. Celle du sommet, parfaite, est le symbole du nirvana. Au premier cercle du Borobudur, à droite de l'escalier qui fait face à l'entrée, une foule d'Indonésiens se pressent autour de la première stûpa. Selon les croyances locales, si un homme parvient à toucher l'annulaire de la statue du bouddha dans le stûpa (sa cheville pour une femme), il ou elle verra son vœu exaucé. Une fois par an (la date est fixée selon le calendrier bouddhiste), une grande cérémonie réunit des centaines de bouddhistes indonésiens, généralement d'origine chinoise. Ils commencent la procession par une visite aux deux autres temples bouddhistes, à quelques centaines de mètres : le temple de Mendut, symbole de l'apprentissage, et celui de Pawon, l'abandon des désirs. Ils se dirigent ensuite vers le Borobudur. Le tremblement de terre de mai 2006 n'a pas vraiment causé de dégâts au site. Le 22 mai, date anniversaire de la naissance du Bouddha, est aussi l'occasion d'un pèlerinage international. A ma question concernant la présence du Dalaï Lama, notre guide a répondu que cela n'était pas politiquement envisageable : l'Indonésie est trop proche de la Chine...

 

Nous avons pu apprécier ce chef d'oeuvre émouvant, bâti en presque 100 ans il y a 13 siècles, dans de bonnes conditions : un chauffeur à la journée, le calme du ramadan, et une pluie torrentielle qui a fait déserter le site à tous, alors que le soleil est vite revenu... nous étions donc peu nombreux à suivre le chemin de l'éveil bouddhique sur les marches du temple aujourd'hui, accompagnés d'un guide francophone, qui nous a lu les bas reliefs comme un livre, passionnant... Le prince Sidharta, né de parents hindouistes, a tout abandonné pour se faire moine, avant d'atteindre l'illumination et de devenir le Bouddha, fondant ainsi de nouveaux préceptes. La culture javanaise aujourd'hui reste très métissée, et notre chauffeur nous questionne sur la radicalisation de l'islam en France... Que répondre ? 

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Kraton, le Palais du Sultan

 

Le Kraton est un gigantesque complexe, protégé de remparts épais mais pas très hauts, où vivent plus de 20 000 personnes. Il est constitué d’une part du palais du sultan, mais aussi de musées, de mosquées, d’écoles, de bâtiments universitaires, d’échoppes en tout genre, de fabriques de batik et d'ateliers de marionnettes en peau de buffle.

 

 

 

Le palais du sultan Sri Sultan Hamengkubuwono Ier, construit en 1728, est connu sous le nom de Kraton Ngayogyakarto. Dans les musées, on admire des pusakas (objets sacrés de la famille royale), des gamelans (orchestres traditionnels, composés de gongs, cuivres et percussions), du mobilier, des portraits peints par Raden Saléh, des photos et des effets personnels du sultan Hamengkubuwono IX. Le groupe des bâtiments centraux, le Probogyekso, est le domaine privé du sultan. Les pavillons « Sitingil » et « pakalaran », achevés en 1756, et situés devant l’Alun-Alun Lor sont occupés par l’université. Deux grandes arches, Dono Pertpo et Kemangangan mènent vers une cour centrale intérieure tandis que la grande salle de réception (Bangsal Kencana ou Pavillon doré aux quatre piliers de tecks sculptés) domine l’ensemble par sa beauté. A partir des années 1920, les sultans ont eu recours à des pièces de décoration de style européen, des meubles surtout ainsi que des lustres et de la vaisselle tant hollandaise que française ou italienne. Un petit kiosque à musique européen est éclairé par des vitraux en forme d’instruments de musique. Miroirs et chandeliers français, marbre de Carrare, bronzes italiens et verres vénitiens semblent sortis du décor d’un film où règnent le silence et l’absence. Des gardes en uniforme traditionnel et munis d’un kriss veillent au bon fonctionnement et à la protection du palais. Des spectacles de danses et des concerts de gamelan très réputés sont régulièrement organisés au palais. Comme le sultan et sa famille y vivent, seule une petite partie du Kraton est ouverte au public. Nous faisons la visite en français, et la magnificence décadente des lieux nous rappelle Topkapi, le palais du sultan d'Istambul...

 

 

 

Le sultanat est héréditaire. L'actuel sultan, roi musulman ouvert au métissage et autres influences eligieuses, est le 10ème du nom, et le premier à être monogame. Il a essentiellement un pouvoir symbolique, mais il se trouve qu'actuellement, il est également élu au parlement...

 

 

 

Situé à l’ouest du Kraton, Taman Sari, le Château d'Eau ou Jardin des Parfums, nous permet d’entrevoir ce que fut la magnificence du Kraton au XVIIIème siècle. Cette magnifique retraite a été conçue par un architecte portugais de Batavia entre 1758 et 1765. La légende raconte que le Sultan l’aurait fait exécuter pour qu’il ne révèle pas la fonction secrète de ce lieu : un lieu de rencontre pour ses jeux amoureux. Ces bains, d’une grande sophistication, comprenaient des jeux d’eau et un système de canalisations complexe. On peut encore voir les deux bassins principaux, celui des femmes et celui du sultan. Ce dernier, après avoir choisi sa partenaire, l’honorait dans une pièce prévue à cet effet (certaines pièces étaient chauffées par le sol). Des salons accueillaient les danseurs accompagnés au gamelan. Ce palais aquatique était même doté d’une mosquée souterraine.

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Prambanan, grandeur et magnificence

 Située à 17 km au nord-est de Yogya, sur la route menant à Solo, la plaine de Prambanan rassemble le plus grand nombre de temples hindous de Java. Elle a d'ailleurs été classée patrimoine de l'Humanité par l'Unesco en 1981. Ces temples furent construits à la même époque que Borobudur, entre le VIIIème et le Xème siècle. A cette époque, la dynastie bouddhiste de Sailendra régnait au sud, alors que la dynastie hindoue de Sanjaya, du royaume de Mataram régnait au nord. Hélas, le séisme de 2006 a bien endommagé certaines structures. Des consolidations ont été effectuées par des équipes japonaises, mais certains temples ont été fermés au public dans l'attente de leur réhabilitation.

 

La légende de Rara Jonggrang

 

Rara Jonggrang était la plus belle princesse au monde, fille du roi de Boko. Lors d’une guerre entre ce grand roi et son rival, le prince de Bondowoso, l’homme est tué au combat du bout de l’épée de ce prince. Tragédie : Bondowoso tombe fou amoureux de la princesse, mais comment pourrait-elle accepter ce Rodrigue ? Elle lui pose donc un défi impossible : le prince doit construire mille temples, contenant mille statues, entre le coucher et le lever du soleil. A minuit, les travaux avancent prestement. Si rapidement que la princesse s’affole, constatant que son prétendant pourrait bien réussir ce défi. La jeune femme désespérée fait chanter les coqs du village, allume des feux sur la colline imitant le lever du soleil, et informe le prince Bondowoso que le jour se lève et qu’il a donc échoué à sa tâche. Il avait déjà construit 1 000 temples, et seulement 999 statues. Furieux, il lance une malédiction, et la belle se transforme en statue de pierre : la millième. On dit qu’aujourd’hui, la statue du temple de Shiva est la malheureuse Rara Jonggrang ; et que si un couple d’amoureux se rend ensemble devant cette statue, leur amour ne pourra y résister et qu’ils se sépareront avant de pouvoir se marier. Si Java ne compte aujourd’hui qu’une poignée d’hindous, les croyances locales, elles, restent fortes et empruntent à toutes les religions. D’ailleurs, on en voit la trace sur cette statue elle-même ; si Rara Jonggrang maudit tous les couples, par une étrange contradiction elle porte bonheur aux célibataires auxquels elle apportera l’amour. Lorsque vous regardez cette statue, vous remarquerez que son nez a quasiment disparu : les célibataires qui viennent l’implorer en arrachent souvent une minuscule miette de pierre afin que la bénédiction reste avec eux…

 

La plaine de Prambanan compte au moins 240 temples... La plupart sont néanmoins détruits ou impossibles d'accès. Aujourd'hui, on visite les huit temples principaux de la cour centrale, restaurés par les Hollandais après leur « découverte » en 1813. Certains sont cependant fermés au public depuis le séisme de 2006 (le Candi Shiva Mahadeva notamment). Les temples de Prambanan auraient été édifiés pour commémorer le pouvoir de la dynastie hindoue, entre le VIIIème et le Xème siècle, période de leur apogée en Indonésie. Le site est plat, dénué de toute végétation, et c’est justement cette platitude qui met en relief la magnifique architecture du Candi Prambanan, qui comprend trois édifices principaux. Le plus grand de tous, le candi Shiva Mahadeva est également appelé candi Rara Jonggrang (vierge gracile). Il est consacré à Shiva ; celui du sud, à Brahma ; celui du nord, à Vishnu. Autour, près de deux cent vingt-quatre temples s’alignent sur quatre rangées. La plupart d’entre eux ne sont cependant plus que des tas de pierre, rappel de la grandeur passée du site où, selon la légende, un millier de temples avaient été érigés. Une explosion du volcan Merapi tout proche aurait été responsable de la destruction d’une grande partie du site, destruction ensuite accélérée par les multiples pillages de la part des chercheurs d’antiquités et des locaux, qui ont utilisé ces matériaux pour construire leurs propres maisons. Le temple de Shiva était destiné à abriter la sépulture d’un roi. Haut de plus de cinquante mètres, c’est le plus grand du pays. Comme à Borobudur, des galeries accessibles à pied permettent de défiler devant des bas-reliefs des temples de Vishnu et de Brahma. Le premier raconte l'histoire de Krishna et abrite une statue de Vishnu à l'intérieur (Vishnu, aussi appelé Hari, est un dieu chargé de préserver l'ordre du monde) ; le second évoque les scènes finales du Ramayana et abrite une statue de Brahma, le dieu créateur de l'univers. A noter que Vishnu, Brahma et Shiva forment ce que l'on appelle la « trimurti » ou trinité hindoue : Brahma est le créateur, Vishnu le protecteur, Shiva le destructeur.

 

Bouddha ou Shiva ?

 

On a toujours tendance à considérer Prambanan comme un complexe de temples shivaïques en opposition au Borobudur, représentant de l'architecture d'inspiration bouddhique. En fait Prambanan renferme un certain nombre de temples bouddhiques importants, tels que Candi Sewu, Plaosan, Sjiwan et Candi Sari. L'édifice principal du Candi Sewu est antérieur à Candi Rara Janggrang.

 

Ramayana Ballet

 

Un superbe spectacle de 2 heures en plein air, au pied des temples illuminés, sous les étoiles et le vol des chauve-souris.... La même émotion qu'aux nuits de Fourvière ou à Jazz à Vienne, dans un autre décor historique de toute beauté... 200 danseurs sur scène et une chorégraphie au son du Gamelan, l'orchestre traditionnel, pour narrer l'histoire du Ramayana (pour faire simple, les aventures de Sita et Rama). Chaque mois, à la pleine lune, l'histoire est dansée en 4 épisodes de 2 heures chacun, soit 4 nuits d'affilée... Des costumes somptueux, un décor superbe, et malgré une histoire dure à suivre, une bien belle soirée pour cette danse encore différente de celles découvertes à Ubud...

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Un ramadhan javanais

On avait pourtant bien demandé, si aujourd'hui, premier jour du ramadhan, il y avait quelque manifestation particulière... Mais les indonésiens, quand ils ne comprennent pas une question, ne le disent jamais, pas plus qu'ils ne répondent non... Avec un grand sourire, c'est toujours la même réponse : "yes ma'ame !" Bon, cet événement religieux correspondant avec le premier jour des grandes vacances scolaires, nous avions déjà eu un mal fou à trouver un hôtel, car Jogya est prise d'assaut par tous les vacanciers... Qu'à cela ne tienne, nous dirigeons nos pas, ce matin, vers Kraton, le quartier où se trouve le palais du sultan. On s'aperçoit bien vite qu'on a du mal à s'orienter dans cette ville foisonnante, trépidante, où personne ne semble marcher plus de quelques centaines de mètres : même pour les courtes distances, tout le monde se déplace en cyclopousse. Tous les indonésiens ne parlent pas anglais, et les renseignements qu'on nous donne sont systématiquement contradictoires. Bref, nous parvenons tout de même, à pied et sous une chaleur harassante, jusqu'au palais... fermé, pour cause de ramadan. Il faudra revenir... L'atmosphère du quartier que nous arpentons est étrange, surréaliste. Un quartier hindou peuplé de musulmans, un quartier touristique sans touristes, où tout semble en suspend, et où nos codes occidentaux ne nous permettent pas de palper ceux d'ici. Bien souvent, nous ne savons pas si un bâtiment, civil ou religieux, est privé ou public... avons la sensation de pénétrer chez des particuliers en entrant dans un temple, une cour ou un jardin... et de fait, l'urbanisation est très différente de la nôtre, les espaces semblent s'interpénétrer... Des hommes boivent le thé en fumant et jouant aux échecs, les poules montent sur les motos ou les étendages, l'ambiance est nonchalante. Nous mangeons une soupe de riz et viande de buffle en buvant du thé au gingembre et à la fleur d'hibiscus.

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Tout Java défile à la vitre du train...

La pulsation du train déroule son rythme régulier sous nos pieds, nous prenons le pouls de Java. Les rails traversent des rizières, des champs de canne à sucre, de maïs, d'oignons, de pommes de terre, de tabac, de choux... L'étagement parfait des terrasses, l'alignement irréprochable des plants aux différents verts, la régularité des canaux d'irrigation... une symphonie, belle et harmonieuse. Après les hautes cimes des volcans de la ceinture de feu, toujours crachotant, toussotant, éructant, après la côte belle et sauvage longeant l'océan Indien, nous traversons la Java rurale et paysanne. Les petites parcelles arrangées en amphithéâtres où s'échinent des paysans aux chapeaux pointus sous un soleil de plomb laissent place aux hectares réguliers et plats, que longent à perte de vue des haies de cocotiers, bananiers ou papayers. Nous traversons de petits villages, de gros bourgs et d'énormes villes (Surabaya) vrombissantes, grouillantes, surpeuplées. Chaque fois, des essaims de mobylettes et scooters se pressent et s'agglutinent devant la barrière qui protège le passage de la voie ferrée, prêts à démarrer en trombe dès qu'elle se lèvera.

 

On joue au Uno, au Dobble, au Casino Pirate, au sudoku, aux devinettes, aux charades, aux rébus, à "devine à quoi je pense ?", au bras de fer chinois, on termine la lecture du Livre de la Jungle et on entame celle de Pinocchio...

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Jogyakarta

 

Ngayogyakarta Hadiningrat est le nom officiel de Yogyakarta en javanais. C’est, avec Bali, le « clou » du voyage pour la plupart des visiteurs. Tout y est raffiné : la majesté des volcans, la noblesse des personnages, la délicatesse des gestes et des postures. La nonchalance ou l'insouciance apparente des habitants tranchent avec la mélancolie ou l'affliction sundanaise. Yogyakarta est sans conteste le meilleur endroit où séjourner pour visiter les environs, notamment les temples de Borobudur et de Prambanan (patrimoine de l'Humanité), qui dressent leur architecture millénaire et imposent la finesse de leurs sculptures. L’histoire a vu tous les drames épiques et historiques se jouer ici...

 

Yogya (on prononce Jogya), comme on l’appelle familièrement, jouit d’une réputation glorieuse et prestigieuse. Coincé entre le redoutable mont Merapi et l’océan Indien, antre de Loro Kidul, la Reine des mers du Sud, c'est le centre culturel le plus actif d’Indonésie, une ville culturelle et estudiantine. Mais Malioboro est envahi d'angkots et autres engins motorisés polluants ; les embouteillages encombrent le centre-ville. Ce gros bourg compte plus de 500 000 habitants. Mais son charme réside ailleurs et comme pour toutes les villes indonésiennes, il faut du temps avant de vraiment se sentir un peu chez soi. En fait, la ville a gardé des dimensions humaines et elle possède le parfum suranné des anciennes capitales un peu endormies, qui semblent sommeiller, mais qui bouillonnent et rêvent de reconquérir leur gloire passée. La culture javanaise a acquis ici ses lettres de noblesse et le raffinement a tellement imprégné l’atmosphère de la ville que les Indonésiens comme les étrangers lui vouent une solide passion. Il y règne une ambiance très particulière.

 

Histoire

  

A son effondrement, l’empire de Mataram se scinda en deux sultanats : celui de Surakarta (Solo) et celui de Yogyakarta. Depuis cette époque, le sultanat incarne la résistance à l’envahisseur, hollandais principalement. C’est à Yogyakarta, qui fut la première capitale de la République en devenir, que la résistance indonésienne essaya, mais en vain, de négocier l’indépendance. En 1948, les Hollandais passaient à l’offensive, bombardant la ville et lâchant des paras. Yogyakarta allait tomber avec les principaux leaders. Certains s’enfuirent et poursuivirent la lutte dans le maquis. La victoire militaire était au bout du fusil pour les Pays-Bas, mais il fallut des pressions politiques pour qu’en décembre 1949, les Hollandais acceptent finalement de reconnaître la nouvelle République. S’ils ne l’avaient pas fait, les Américains auraient coupé le robinet du plan Marshall qui finançait la reconstruction des Pays-Bas ravagés par la guerre. A l’Indépendance, le sultan de Solo, qui avait collaboré avec l’ancienne puissance coloniale, fut destitué. Celui de Yogya, le sultan Hamengkubuwono IX, ancien étudiant à Leiden aux Pays-Bas, avait, quant à lui, pris parti pour l’indépendance. Allié fidèle de la résistance (il avait dirigé les opérations avec Sukarno), il entra dans le gouvernement de la République en 1946. Aujourd’hui encore, le sultan reste très respecté, et a un très grand rôle moral. Il tire ses revenus du tourisme (visite du palais), et de sa florissante marque de cigarettes « Kraton »  ! Après le tsunami qui a frappé l’Indonésie en décembre 2004, le sultan a prévenu les habitants d’un risque de fort orage qui pourrait détruire Yogyakarta. De nombreux habitants, paniqués, ont fui sur les hauteurs et lorsque l’orage n’est pas arrivé, ces mêmes personnes ont remercié le sultan qui, en avertissant du danger, avait en fait réussi à contrer les forces maléfiques qui avaient ordonné la destruction de la ville… Le 27 mai 2006, un séisme de 6,2 sur l'échelle de Richter a causé de nombreux dégâts : pas moins de 200 000 maisons endommagées (le quartier de Prariwotaman a été l'un des plus touchés), 6 000 morts et 40 000 blessés. Les ruines de Prambanan et le Taman Sari ont aussi beaucoup souffert. Les volcans, actifs autour de la ville, laissent craindre une éruption importante à venir très prochainement. Le mont Kelud, en février 2014, est venu rappeler à son bon souvenir. 200 000 personnes vivant dans un rayon de 10 km autour du volcan ont été affectées par les retombées de l'éruption.

 

La ville aujourd'hui

  

On se promène dans une ville grouillante de monde, mais en même temps, le silence des becaks et la nonchalance des habitants donnent un air enchanteur aux rues et aux venelles. On ressent parfois dans la ville une impression curieuse de solitude alors qu’elle se situe dans l’une des régions les plus peuplées du monde. Yogya est aussi une ville universitaire avec plus de 40 académies qui attirent les étudiants de tout l’archipel vers l’université Gajah Mada. Yogyakarta est la capitale touristique, artisanale et artistique de Java. Ses nombreuses écoles accueillent les étrangers qui veulent s’initier aux techniques artisanales et musicales (gamelan) de l’île. Les festivals et spectacles qui s’y déroulent à longueur d’année, rendent sa vie nocturne particulièrement animée.

 

Yogyakarta ne fait pas partie de la région de Java-Central : il s'agit en fait d'une région autonome (Daerah Istimewa Yogyakarta), l'une des deux seules d'Indonésie avec Aceh. Ce statut particulier remonte au sultanat de Hamengkubuwono, au pouvoir depuis 1749. L'actuel sultan de Yogya est aussi le gouverneur de cette région autonome : autant dire que son aura est immense auprès du peuple.

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Le Bromo en robe de brume

Nous venons de réaliser l'ascension de deux volcans distants de 450 km en deux nuits consécutives.... Après le merveilleux et terrifiant Kawah Ijen, dont nous avons appris qu'il est le seul au monde, avec un volcan islandais, à posséder cette particularité des flammes bleues (photos ajoutées à l'article !), nous sommes partis à l'assaut des flancs du mont Bromo, cette nuit... Des jeeps, taxis, train, cyclopousses (ici, on dit becak) et treks plus loin, nous avons quitté la pointe de l'extrême est de Java, et épuisé notre crédit d'heures de sommeil de retard !!

 

Le voyage en train a relevé de l'épopée : 6 heures à travers rizières et plantations dans un wagon climatisé (pourtant un "economic train")... mais rempli d'une vingtaine de petits indonésiens de 4 à 6 ans environ, surexcités et bruyants, ne tenant pas en place, courant, crapahutant, et venant réclamer à corps et à cri des photos avec nous... Et dire que nous avions compté sur ce voyage pour récupérer quelques heures de sommeil ! Nous débarquons de nuit à Propolinggo, une grosse ville de 30 000 habitants, qui n'a d'autre intérêt touristique que d'être le "camp de base" pour l'ascension du mont Bromo. Il nous faut 3 cyclopousses pour rejoindre l'hôtel, où nous apprécions aussi la clim ! Les enfants sont ravis de ce trajet sur la banquette avant d'un vélo, agréable moyen d'appréhender l'ambiance de la ville... Les rues sont animées et encombrées, les mosquées,  nombreuses, se distinguent, toutes illuminées et aux abords bourdonnants de vie, et la fête du ramadan lundi, qui coïncide avec les vacances scolaires d'été, semble se préparer...

 

Allez, on n'est pas sûr que ce soit raisonnable, c'est même certainement très sport, mais on décide de tenter l'ascension cette nuit même,  histoire de ne pas traîner trop longtemps dans cette ville qui n'a rien d'excitant... Les enfants sont d'accord. Encore un volcan...

 

Et quel volcan ! Le Bromo, haut de 2 393 m, est un site fort spectaculaire, formé en fait de trois volcans. Son cirque mythique de 11 km de diamètre contient en son centre une mer de sable lunaire surplombée par une muraille verticale de plus de 200 m de haut. Trois îlots surgissent de cette mer de sable : Widodaren, « la mariée », Batok, « la tasse » et Bromo, « le feu ». Au loin, plus au sud, on aperçoit le mont Semaru : la montagne la plus haute avec 3 676 m, et le volcan le plus actif (il crache de la fumée toutes les 20 min environ). L’immense cratère abrite aussi des lacs. Quand les nuages couvrent le fond du cratère, les volcans semblent être en suspension dans de la ouate. Le Bromo fume, mais il ne crache pas. Selon la légende, le Bromo aurait été creusé par un géant avec une coquille de noix de coco pour gagner le cœur d’une belle que le roi son père lui avait promise s’il réussissait cet exploit en l’espace d’une nuit. Comme le titan semblait devoir mener son affaire de main de maître et finir le trou avant l’aube, le bon roi ordonna de nourrir les coqs en pleine nuit. Les coqs chantèrent et le géant, qui se crut en retard, accéléra le mouvement et périt d’un infarctus.

 

Le Bromo est le lieu d’une fête, la fête du Kasada. On peut ainsi remarquer à quel point le mont est vénéré : juste à son pied, on aperçoit un temple hindou, celui des populations locales, les Tenggerese, parmi ces rares Javanais (on parle tout de même de 600 000 individus) qui partagent la religion hindouiste des Balinais. Ces descendants de l'époque Majapahit sont affublés de ponchos, une image qui évoque les Andes en Amérique du sud. A minuit, les pèlerins montent sur le Bromo et procèdent à des offrandes qui garantiront la réalisation de leurs vœux. On jette des poulets et des chèvres dans le cratère, ce qui est spectaculaire, mais pas autant que la célérité des membres du service de nettoyage qui attrapent les offrandes au vol pour les mettre dans leur sac et les revendre au marché. D’ailleurs, même hors de cette période spéciale, de petits vendeurs de bouquets de fleurs nous en proposent pour quelques roupies, histoire de les offrir à la bouche béante du cratère... Pour cela, il va falloir escalader les 246 marches qui y mènent… 

 

De nouveau, je ne résiste pas au plaisir de vous donner le lien du blog d'Eve, dont j'adore le récit !

http://www.empreintedasie.com/carnet-de-voyage/volcan-bromo-java/

 

Pour nous, après un lever de soleil particulièrement doux et coloré sur la grande plaine noyée de brume, nous rejoignons le village de Cemoro Lawang et traversons la mer de sable pour gravir le cratère Tengger. Les enfants grelottent de 4h30 à 6h, malgré les thés au gingembre brûlants... mais apprécient. Il faut dire que nous avons la chance de ne nous trouver qu'avec une poignée de guetteurs d'aurore au view point, sachant qu'en haute saison, des centaines de trekkeurs jouent du coude pour prendre LA photo de leurs vacances... Parmi eux, nous faisons la rencontre d'une famille thaïlandaise, en vacances à Java, dont la fille étudie en France, et qui se propose de nous recevoir chez elle, à l'automne, quand nous y serons... Une rencontre toute simple, qui noue peut-être le début de beaux échanges ? Pour accéder au cratère, nous traversons cette immense étendue de sable, plate et désertique, creusée de quelques dépressions et canyons, dans laquelle les enfants s'en donnent à coeur joie. Le galop des chevaux et le vrombissement des jeeps et motos proposés aux touristes donnent au lieu une étrange ambiance,  mi Paris-Dakar, mi pèlerinage, dans un décor lunaire d'Atlas marocain... Etrangement, l'accès au cratère Tengger lui même se fait par un escalier très raide, sorte d'échelle de meunier partagée par une rampe, dont un côté est réservé pour l'ascension et l'autre,  pour la descente. Sur la crête, le spectacle est époustouflant : immensité de la bouche éructant des fumerolles de soufre, beauté de ses parois striées, et paysage alentour grandiose... Nous restons plus d'une heure au sommet, contemplatifs, les enfants jouent à laisser leurs empreinets sur le sable vierge... et ils sont, encore une fois, photographiés des dizaines de fois ! L'occasion de beaux portaits...

 

Ces instants avec le gunung Bromo resteront des temps forts de notre séjour javanais !

 

Demain, 9 heures de train, nous traversons une partie de l'île pour rallier la belle ville de Jogyakarta...

 

 

 

 

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Trekking au Kawah Ijen

Le rayon jaune des phares troue la nuit. Il éclaire une route cahoteuse, les lianes des bas côté, parfois le gros oeil rond d'une moto roulant à vive allure en sens inverse. Il est 3 heures 10. A l'arrière de notre jeep d'un autre âge, Arthur s'est tout de suite rendormi, Salomé cherche un repos agité, tandis que Samuel veille, attentif et vigilant, le nez collé contre la vitre. On nous avait bien dit qu'il risquait de faire froid, mais quand même, il était difficile de l'imaginer dans la fournaise de la journée. La fraîcheur nous saisit pourtant dès que nous humons la nuit, faisant ressortir toutes les odeurs de la terre. Sans doute pas plus de 20 degrés... pas moins non plus ! La lune nous accueille avec un mince croissant doré, couché sur le dos, comme dans l'hémisphère sud. Son ventre rond se laisse admirer, fermant le cercle parfait de l'astre par un trait d'obscurité. La nuit nous appartient... Au fur et à mesure que l'asphalte défile sous nos pneus, les pulls deviennent nécessaires, nous prenons de l'altitude. Le jour commence à poindre, éclaircissant le ciel à l'est, décrochant progressivement les étoiles, ainsi que les derniers cerfs-volants illuminés, qui flottaient hier par dizaines dans le ciel de notre village, alors que nous observions les étoiles avant d'entamer notre courte nuit. L'odeur de soufre se précise, insiste, s'invite jusqu'au creux du ventre, qui est resté vide. Je vérifie les sacs du regard : de l'eau, des biscuits secs, des bananes, les vestes North Face, les lampes frontales. Rien ne manque. Les enfants dorment. A t on bien fait de les embarquer dans pareille aventure ? Ne seraient ils pas mieux au lit ? C'est long, c'est haut, il fait froid, il fera chaud, c'est dangereux aussi, il y a les vapeurs toxiques, et puis le choc des conditions de travail des mineurs que nous allons voir, on a beau le savoir, en avoir parlé...  Une bicoque, deux hommes emmitouflés, cagoulés : l'entrée dans le parc du volcan. Billets en poche, notre droit d'entrée sur le ventre du gunung Ijen, notre sésame, sacs sur le dos, nous quittons la jeep, qui nous apparaît soudain presque douillette. La lueur du jour grandissante chasse devant elle l'obscurité, mais les frontales sont encore nécessaires. Il y a une foule de véhicules en tout genre sur le parking. Nous achetons des masques de protection contre les émanations toxiques, croisons des silhouettes fantômes dont seuls, les yeux dépassent, entre bonnet et masque à gaz. Le froid est saisissant mais l'excitation monte, les enfants sont d'attaque, nous allons escalader un volcan. Est-ce que ce sera comme les fumerolles de Masaya, au Nicaragua ? Comme les geysers d'El Tatio, en Bolivie ? Comme l'ascension du Chimborazo, en Equateur ? Comme les mines d'argent de Potosi, au Pérou ? Comme les immenses cratères sulfureux de Rotorua, en Nouvelle-Zélande ? Nous ne le savons pas encore, nous nous en doutons, cela ne ressemble à rien de ce que nous avons déjà vu. 3 kilomètres seulement nous séparent de la bouche de soufre du volcan, et de son lac émeraude, le plus acide au monde. Une distance que nous mettrons une heure à parcourir, beaucoup de dénivelé, et la beauté époustouflante d'un lever de soleil sur les flancs des volcans alentours, dessinant ombres et lumières en dentelle, avec délicatesse... Sur notre route ascendante, nous croisons progressivement des hordes de trekkeurs descendants... Ceux qui ont vraiment fait nuit blanche, et qui auront eu le privilège d'assister au mariage du gaz soufré et de l'air, sous sa forme bleue évanescente et volatile... Peu à peu, des dizaines de groupes plus ou moins bruyants nous sollicitent pour une photo, et les enfants sont le centre d'une admiration exprimée avec insistance et force exclamations : pouce levé, regard attendri, "very strong" ! Pourtant, l'ascension en elle même n'est pas très physique, ni très longue, ni très haute. Un seul couple d'européens, croisé à mi parcours, nous conseille de redescendre, cet endroit est dangereux pour les enfants... oui oui... Le travail des mineurs n'est pas mécanisé, et nous croisons des porteurs tirant ou poussant de petites charrettes cahotantes, chargées de touristes "fatigués"... ici, pas de chevaux ou d'ânes non plus, c'est à dos et à bras d'hommes que tout se passe... Nous apprivoiserons le volcan depuis son sommet, amorçant à peine la descente dans le cratère. Les vapeurs de soufre cachent le lac émeraude, à peine devine t on sa présence quelques secondes, entre deux geysers...

 

Voici le récit que fait Eve (www.empreintedasie.com) de son ascension de nuit. Je le lui emprunte. Notre propre ascension nous a permis de saluer le jour à flanc de volcan, alors que la leur a commencé à minuit...

 

A la nuit noire nous amorçons notre plongée vers le « cratère vert ». Ou plutôt nous commençons notre ascension du volcan. Mais le gunung Ijen se laisse plus aisément courir les flancs.

 

Après quelques kilomètres de montée nous sommes aux bords de la marmite. Nous entamons une descente glissante à la lumière de nos torches, le plus précautionneusement du monde, pour nous approcher de la gueule brûlante.

Nous voilà dans le royaume du soufre sous toutes ses formes. Le voilà gaz ; Pak Im n’a de cesse de siffler pour chasser la colonne de fumée toxique et irritante – chargée de dioxyde de soufre – qui s’échappe en continu et cherche à nous envelopper. Le volcan a allumé plusieurs foyers de flammes bleues qui résultent de la combustion du soufre qui entre en contact avec l’air libre. Spectacle étrange et fascinant que ces feux follets irréels qui dansent et luisent dans la nuit. Pak Im ne tient pas à ce que nous nous éternisions au fond du cratère. Nous remontons lentement derrière notre porteur de flambeau pour aller prolonger la magie un peu plus haut ; nous quittons alors les masques à gaz et attendons de cueillir le jour. Les flammes bleues s’éteignent peu à peu tandis que se révèlent les contours du cratère et le turquoise de son lac au taux d’acidité le plus élevé au monde, cocktail d’acide chlorhydrique et sulfurique.

 

Et le soufre est liquide.. Tout en bas nous l’avons vu couler en une grosse goutte dégoulinant doucement, tirée par la gravité. La procession des travailleurs a commencé dans cette mine à ciel ouvert qui ne connaît pas l’industrialisation. Un saut dans un autre monde.

 

Les ramasseurs récoltent le soufre refroidi et cristallisé : le voilà devenu solide. Brisé en gros blocs il vient remplir les paniers de leur palanche. Ballet de l’or jaune. Et ballet des braves. Car du courage il en faut pour affronter quotidiennement le Ijen et ses émanations. Des dangers, il en recèle le sacripant. Notamment sous les eaux couleur de pierre précieuse de son lac en apparence paisible. Il peut arriver qu’une grosse bulle se forme et éclate libérant des vapeurs mortelles. Comme en 1976… 49 mineurs sont morts ainsi ; 25 en 1989 ; d’autres encore en 1997… Alors il faut guetter les signes : quand les eaux bouillonnent c’est que la décoction mortifère est en préparation sous le miroir diamantin. Mais ces hommes n’ont peur de rien nous dit Pak Im. Ou si, ils ont peur de la faim.

 

Les palanches chargées, c’est de 60 à 120 kilos qui viennent peser sur le dos d’hommes qui font à peine le poids d’un seul de leurs paniers. 400 mètres pour remonter jusqu’aux bords du cratère. Puis 2 000 mètres de dénivelé pour atteindre la baraque de pesée où ils pourront décharger leurs épaules de leur trop lourd fardeau.

 

Avant c’étaient 17 kilomètres qu’il fallait parcourir. Aujourd’hui les mineurs compensent le trajet plus court en montant 2 ou 3 fois dans la même journée débiter du soufre. Pak Im se souvient qu’à ses débuts le kilo récolté était payé 50 roupies contre 700 aujourd’hui… Quelques centimes d’euros… Un salaire qui vaut qu’on prenne tous les risques. Et la liste des prétendants est longue ! Ce salaire dérisoire est en effet bien supérieur à celui des paysans du plateau…

 

Nous finissons par lentement redescendre, doublés par des porteurs trottant et grimaçants. Des singes font frémir les arbres, nous les voyons sauter de l'un à l'autre. Seules créatures sauvages visibles. Les plus anciens ramasseurs se souviennent des autres, des panthères notamment, qui peuplaient leurs nuits, allumaient de leurs yeux une lueur jaune dans les fourrés et une terreur au creux du ventre.

 

Nous retrouvons la chaleur d’ Ibu Im, de sa cuisine et de son thé au gingembre. Le soufre, lui, continue sa course. Il prendra dans quelques usines d’autres formes encore : il sera cosmétique, médicament, bout d’allumettes, poudre à canon, blanchisseur de sucre…

 

Au moment du départ nous emportons un petit bout de cet or couleur soleil donné par Pak Im ; mais nous emportons surtout le regard lumineux de Pak, le rire de Ibu, la douceur des gens d’ici… c’est ça notre vrai petit bout de soleil.

 

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Les yeux plus gros que le monde

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En dansant la javanaise....

En traversant la moitié de Bali en direction de Java, on a encore passé un fuseau horaire, perdant une heure : plus que 5 heures de décalage avec la France... mais ce n'est pas le seul décalage ! On venait juste de commencer à appréhender un peu Ubud et sa vie foisonnante, à retenir quelques mots de balinais, à apprivoiser les différences les plus patentes entre hindouisme et bouddhisme, à reconnaître les plats sur la carte du restaurant, à différencier les styles de danse, à savoir faire les offrandes correctement chaque matin... et voilà qu'on a changé d'univers ! On a longé des kilomètres de temples, d'ateliers d'artisans, sculpteurs sur bois ou pierre, peintres de batik, tresseurs de bambou et roseau... On a croisé des milliers de deux roues agités, vrombissants et audacieux... On a suivi les courbes gracieuses de l'île, longé les rouleaux géants de l'océan Indien, admiré les montagnes verdoyantes, couvertes d'une jungle luxuriante, traversé des rivières vertes ou marrons, des kilomètres de rizières étagées, dessinant des amphithéâtres bordés de cocotiers, papayers et bananiers... vu les paysans courbés dans les rizières, chapeautés pointu, portant sur l'épaule des paniers ronds d'osier plein de riz vert ou jaune, en balancier... croisé des macaques rieurs dans les arbres et sur le bord des routes, des rats géants dans les venelles, des échassiers dans les rizières, des chauve-souris entre les arbres, des blattes sur les trottoirs défoncés, des crabes sur les plages, des geckos sur les murs, les plafonds, les toits... Voilà longtemps qu'on n'avait pas pris de bus défoncé, sur une route cabossée, par 45°, porte ouverte, sans amortisseurs, et entassés plus nombreux que de raison, sans comprendre la langue... On adore ! Les offrandes aux dieux de la route ont remplacé le "dios es amor" latino, mais on voit bien l'idée... chacun ses protecteurs ! Et puis, peu à peu, les coupoles rondes et colorées des moquées ont remplacé les profils effilés des temples hindouistes, les épaules des femmes, malgré la canicule, se sont ouvertes, et  leurs cheveux aussi... A Gilimanuk, le bus nous largue sous une chaleur à peine supportable, et nous nous dirigeons vers le port, où le ballet des ferries rythme le temps qui passe. Ils sont gros, ils sont rouillés, ils sont bruyants, nous attirons les regards, comme dans le bus, pas un seul touriste, et plus personne qui sache quelques mots d'anglais ici... Java nous tend les bras, Bali nous fait signe de la main, les deux îles ne sont qu'à quelques encablures l'une de l'autre, nous traversons.

 

A quelques kilomètres du centre de Banyuwangi, nous avons retenu 2 chambres dans un petit homestay en bord de chemin non goudronné. Les coqs y chantent à toute heure, le muezzin aussi, et nous avons fait l'expérience d'un petit boui boui local fort bien achalandé, très épicé, et dont très peu de plats nous sont reconnaissables ! Les enfants tordent le nez... Petit cours de cuisine locale : le bakmie goreng ou mie goreng est un plat à base des nouilles frites, les bakso, des boulettes de viandes, le soto ayam, de la soupe de poissons, le mie ayam, des nouilles au poulet. La plupart de ces plats sont servis avec des sauces très piquantes et sucrées. On trouve aussi des sate, des brochettes de toutes sortes mais généralement à la viande, du lontong, une boulette de riz de forme cylindrique enveloppée dans une feuille de bananier. Partout on trouve des krupuk, des beignets croquants de crevettes ou de poissons, des gorengan, qui sont aussi des beignets, mais cette fois, de légumes. Les végétariens ne sont pas oubliés. Le lotek, ou le gado-gado sont des salades très copieuses et savoureuses. La première est composée d'épinards et d'haricots, de chou, recouvert de sauce de lentilles et la seconde est à base de pomme de terre, de salade, de tomates, de concombres et de tofu frit. Côté douceurs, le dadar gulung est une crêpe sucrée fourrée à la noix de coco, le klepon, une petite boulette de farine de riz très sucrée, de couleur verte ou le rujak, salade aux mille fruits arrosée de sirop. Les boissons sont chaudes, comme le bajigur, eau de gingembre, sucre de palme, lait de coco, ou le wedang ronde, froides comme l'es teler, du lait, de l'avocat et du fruit du Jacquier en morceaux, de la noix de coco rapée et de la glace pilée ou l'es dawet, vert.

 

Mais la motivation est grande : c'est d'ici qu'on part pour l'ascension de l'Ijen, un volcan de 2400 mètres qui nous fait rêver depuis des mois... Cratère turquoise et carrière de soufre au sommet, la grimpette peut se faire de nuit (départ à minuit), pour pouvoir observer les flammes bleues que dégage l'activité volcanique, ou plus tard, à 5 heures, pour ne rien manquer du spectacle du lever du soleil depuis le sommet, ou encore plus tard, à 7 heures, avec les mineurs qui partent travailler... Il nous faudra bien la journée de demain pour nous reposer et nous décider !

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Bali, harmonieuse et raffinée

Nous ne cessons de découvrir que la taille de l'île de Bali nous permet de l'explorer depuis son centre, en rayonnant depuis Ubud. Les distances permettent de penser des excursions à la journée, riches et variées, et les bus locaux n'étant pas exactement pensés pour le tourisme, le moyen le plus souple et judicieux reste encore l'emploi d'un guide chauffeur à la journée. Nous avons donc renouvelé l'expérience. Cela nous permet aussi de vérifier à quel point la langue anglaise est adaptée aux sonorités et usages balinais : lettres remplacées par d'autres, tournures de phrases modifiées, quant à la prononciation...

 

Pura Taman Ayun, ou l'esthétisme religieux 

 

Ce temple hindou est le deuxième plus grand temple balinais après celui de Besakih. Edifié en 1740, il est l’œuvre de Cokorda Munggu, roi de Mwengi le plus célèbre, qui déplaça le siège du royaume de Kapal à Mengwi. Le grand monarque fit construire un autre palais, Puri Gedé Mengwi à peu de distance de Pura Taman Ayun. Le temple est entouré de douves. Parmi les rangées d’autels où viennent séjourner les dieux en visite lors des cérémonies (palinggih), le paibon, orienté vers l’est, représente l’autel royal. La grandeur des pavillons, leur insertion dans le grand agencement des douves et des terrasses, l’emplacement et la hauteur des meru, font du Taman Ayun un des plus beaux temples balinais, et le seul temple traversé par de l'eau. 

 

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Ici, partout...

Ici aussi, nous partageons notre chambre avec les geckos (on dit margouillats en polynésien, et on adore) et les blattes...

Ici encore, les coqs, quand ils ne sont pas élevés pour le combat, vadrouillent dans les rizières, sous les bananiers, entre les bambous et les papyrus...

Ici, les hommes laissent pousser les ongles de leurs pouces trèèèèès longs..

Ici comme ailleurs, la mendicité s'affiche dans la rue, aux alentours des boutiques et restos pour touristes...

Ici, comme nulle part ailleurs, l'harmonie fait oublier le désordre et le chaos.

Ici, les pratiques zen, boudhistes, hinduistes, ayurvédiques, tantriques, maoïstes... se melting potent...

Ici, la danse est un art de vivre, le raffinement une philosophie, et la culture, un défi...

Ici, les papilles s'exercent à des saveurs aigres-douces, sublimes...

Ici, on tient à six sur un scooter, et on s'assoit en tailleur sur les chaises...

Ici, on passe des heures à préparer des offrandes aux divinités et aux esprits, et on vit dans les effluves de l'encens...

Ici, on parle plusieurs langues locales, et plusieurs autres pour le commerce...

Ici aussi, le vent caresse la peau, le soleil brûle, la pluie abreuve la terre....

Ici, les enfants ont aussi adoré la visite du très beau musée d'Agung Raï...

Ici...

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Danse !

Voici, pêle-mêle, des photos des 3 spectacles de danse que nous sommes allés voir, 3 soirs de suite : danse kecak, legong, barong. Un régal.

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Luxe, calme et volupté

En Amérique latine, nous avons fait connaissance avec des cultures centenaires ; ici, nous découvrons des cultures millénaires...

 

Hier soir, nous avons assisté à un spectacle étrange, très loin de ce que connaissent nos yeux et nos oreilles. Plus d'une centaine d'artistes sur scène, en plein air, dans la cour d'un temple. Aucun instrumentiste, mais un choeur d'hommes de plus de 100 voix, et au moins 50 voix féminines, pour accompagner des danseurs aux fabuleux costumes colorés, rutilants et raffinés. La gestuelle des mains et des pieds, du cou, le regard dans les visages extrêmement maquillés, au point que la distinction des genres tend à s'estomper, est impressionnante. Passée la première surprise, les enfants ont aimé... presqu'aimé. Les voix, en des rythmes sourds et lancinants, forment de lentes mélopées dont le tempo s'accélère soudain, évoquant la transe... Et puis, le spectacle s'est achevé par la danse du feu : un homme marche pieds nus sur le feu de bourre de noix de coco allumé devant nous, dispersant les flammes, éparpillant les braises, yeux fermés, au son guttural des voix des chanteurs...

 

Aujourd'hui, nous avons pris un chauffeur à la journée, qui nous a accompagnés pour visiter 6 lieux différents en voiture. Il est très agréable de sortir d'Ubud et de sillonner un peu les routes du coeur de l'île. D'autant qu'aujourd'hui, selon le calendrier hindou et bouddhiste, est jour de crémation, et que les cérémonies sont nombreuses...

 

Goa Gajah : elephant cave temple, vieux de plus de 500 ans.

 

Penjeng : yeh pulu temple, dont une frise de bas reliefs de pierre a plus de 1 000 ans...

 

Gunung Kawi : rocky temple. Nous assistons à notre première cérémonie religieuse. Pagodes funéraires royales vieilles de plus d'un millénaire, dans une jungle luxuriante de toute beauté, que traverse une rivière magnifique, et qui se prolonge dans de superbes rizières étagées...

 

Tampaksiring : the holly spring water. Une immense enceinte composée d'innombrables temples hindous, dédiés chacun à un dieu différent. Au centre, les bassins sacrés datent de 902, où une déesse trouva l'élixir de vie... Des milliers de pèlerins s'y pressent, pour un bain purificateur où se mêlent solennité et jeux joyeux... Toutes les générations viennent partager ce moment, dans les effluves de l'encens et des montagnes d'offrandes, pétales de fleurs colorés sur de petits plateaux de bambou ou de feuilles de bananier tressées. Le tout donne un tableau extrêmement vivant, d'une intensité certaine, qui me rappelle à la fois la ferveur de l'église de San Juan de Chamula dans le Chiapas mexicain, et les mosquées du Caire, de Jérusalem, de Palestine ou de Turquie, car à l'entrée chacun doit se couvrir jambes et épaules d'un sarong, et les pèlerins se baignent habillés... Un grand moment, bien que les enfants regrettent de ne pouvoir se baigner aussi, ne comprenant pas que le bain rituel et purificateur ne s'adresse pas aux touristes mécréants que nous sommes...

 

Penelokan : viewing of mount Batur and lake Batur. Hélas, une violente pluie d'orage nous a bouché l'horizon au moment même où nous arrivions dans le petit village de Penelokan, avec, pour unique objectif, d'admirer la vue sur le volcan Batur, qui culmine à 1 700 mètres d'altitude, et le lac du même nom... Ce lieu restera pour nous enveloppé de mystère !

 

Tegallalang : rice terrace view. Très touristiques, ces rizières en terrasse sont splendides. L'accès se fait par une succession de boutiques d'artisanat, et l'on parle toutes les langues sur ces terrasses verdoyantes... La dense pluie tropicale qui nous arrose, transformant les étroits petits chemins en véritables coulées de boue, nous donne l'occasion d'une rencontre comme on les aime : alors qu'on s'abrite sous des bananiers, une famille de vendeurs de noix de coco et de cartes postales nous invite à les rejoindre sous le toit de tôle de leur petite cabane, où nous attendons que le plus gros de l'orage passe. C'est l'occasion d'échanges laborieux mais chaleureux, et finalement, quand nous repartons, ils nous rattrapent pour se prendre en photo avec les enfants...

 

Ce soir, nous terminons la journée par un spectacle de danse legong dans le Palace d'Ubud, en plein air. Un lieu superbe pour quelques heures de pure magie. Cette fois, un orchestre nombreux d'instruments que nous ne connaissons pas, uniquement des percussions : sortes de gongs, de xylophones et de métalophones frappés par de petits marteaux de corne... Et des danses de toute beauté, des costumes somptueux, des mouvements dont nous n'imaginions même pas notre corps capable... Un régal de grâce et de beauté raffinée.

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Ubud

Un temple, deux temples, trois temples...

 

Une galerie d'art, deux galeries d'art, trois galeries d'art...

 

La forêt des singes, où nous croisons des macaques par centaines... très touristique, cette superbe forêt où l'on rencontre des banyans millénaires dont les épaisses lianes touchent terre, ainsi qu'un temple et des monuments funéraires, des lieux de crémation et un cimetière, une splendide rivière et des sculptures parfaitement intégrées à une nature vierge et sauvage, reste attractive pour sa population de macaques. De belles rencontres, dont les enfants se souviendront longtemps... et  nous aussi !

 

Un repas pris dans un warung, petit restaurant local fixe ou ambulant, savoureux.

 

Un temple, deux temples...

 

Le palace, ancien palais de la famille royale...

 

Le musée des beaux arts, ou Puri Lukisam Museum, réclamé par les enfants entre tous, et qui nous permet de nous initier aux différents courants de la peinture balinaise depuis l'entre deux guerres...

 

Une belle balade à travers les rizières, dans la douceur de paysages superbes, le jour déclinant...

 

Nous rêvions d'assister ce soir à l'un des nombreux spectacles de danse legong et de barog, mais la fatigue est encore trop présente...

 

Dans les rues d'Ubud la culturelle, on entend parler français, et toutes les autres langues du monde, et on croise de petites agences touristiques proposant de multiples services à tous les coins de rue : location de scooters, guide pour l'ascension du mont Batur, location de vélos, voiture avec chauffeur à la journée, laverie automatique... On boit de la Bitang, la bière blonde locale, une Pilsener agréable quoique sans caractère, on admire les tas de durian, ce fruit asiatique si étrange aux papilles et aux narines des occidentaux, hérissé de gros piquants, et dont il fut dépasser l'odeur nauséabonde pour oser goûter la chair... On est millionnaire et on s'emmêle les pinceaux avec tant de zéros  (un million de roupies équivaut à environ 90 euros)... On marche sur les pas de Margaret Mead, qui a étudié les coutumes locales, et en particulier les transes, à la croisée de l'anthropologie et de la psychanalyse... On peut se faire masser, prendre des cours de danse, de yoga, de batik, de peinture, de dessin, de fabrication de bijoux en argent, de marionnettes traditionnelles en peau de buffle pour le petit théâtre d'ombre, de sculpture sur bois, de cuisine, de tressage, de langue...

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De l'Océanie à l'Asie

Et voilà,  nous avons changé de continent, pour découvrir notre dernier pays de l'hémisphère sud... Nous n'avons plus que 6 heures de plus qu'en France, soit 2 heures de moins qu'en Australie. Le voyage a été éprouvant : 3 heures de démarches à l'aéroport, plus une heure de retard d'avion, 6 heures de vol dans un avion low cost (une vraie différence de qualité, et à l'aterrissage, le personnel passe dans les rangs pour demander des pourboires...) et à l'arrivée, en pleine nuit, cueillis par une chaleur étouffante, nous cherchons vainement le taxi sensé venir nous emmener à l'hôtel réservé... Denpasar, la capitale de Bali, n'est pas une ville où nous avons envie de nous attarder, et nous avons préféré réserver un hôtel au centre de l'île, dans la plus artistique et bohème petite ville d'Ubud, à une heure de route. Ne trouvant pas nos noms parmi la forêt de panneaux portant pourtant des noms occidentaux, nous avons recours aux services d'un taxi dit officiel, nous frayant un chemin parmi les centaines de sollicitations insistantes... Une soixantaine de kilomètres à zigzaguer entre les scooters et autres deux roues (ah oui ! Ici aussi on roule à gauche...) qui semblent avoir une notion toute personnelle du code de la route, un premier contrôle policier... Les premières bouffées balinaises respirées dans la nuit nous immergent dans la végétation tropicale que nous connaissons déjà, l'air est vibrant et les moustiques nombreux, la densité de population n'a plus rien à voir avec le bush australien... c'est sûr, nous sommes en Asie !

 

Nous nous éveillons ce matin dans un paradis tropical doux et raffiné, lotus dans les bassins, fleurs de tiaré et loupiotes par centaines au pied des statues, rizières sous la fenêtre en bambou de notre chambre, chant des grillons, grenouilles et oiseaux, odeur d'encens flottant dans l'air... Notre petit "losmen" est celui d'un artiste peintre, dont les toiles décorent toutes les chambres, et dont l'atelier jouxte le jardin luxuriant, sur lequel donne la terrasse de bambou de notre "familiar room"... Nous nous immergeons dans cette petite ville colorée et vibrillonnante avec un plaisir immense, mais aussi l'impression aiguë de ne rien comprendre aux spectacles auxquels nous assistons : les nombreuses religions locales imprègnent la vie quotidienne dans tous ses actes, le panthéon balinais compte des divinités par milliers, les temples, autels et sculptures se succèdent le long des ruelles sans que nous parvenions à en saisir l'essence, ou l'essentiel... Grande expérience de lâcher prise, que cette promenade où la sensorialité est particulièrement sollicitée, où nous découvrons avec bonheur le sens de l'esthétisme indonésien, le raffinement architectural, goûtons à des plats exquis dont nous n'identifions pas tous les ingrédients... Et puis, nous avons beau répéter chaque jour, nous ne parvenons pas à retenir les quelques mots qui nous permettraient de rencontrer les gens dans leur langue, au moins pour le geste... le balinais n'est pas plus facile que l'indonesien !

 

De retour au losmen en milieu d'après midi, les enfants partent à la recherche de fleurs et petits cailloux qu'ils disposent sur des feuilles de bananier, autant d'offrandes qu'ils se font à eux mêmes ! A Brindas c'était du Land Art, en Amérique latine pour la Pachamama, ici pour les dieux... Ils se régalent à créer ces éphémères tableaus vivants, et participent ainsi à une culture à laquelle ils s'adaptent rapidement ! 

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Selamat Datang di Indonesia ! Bienvenue en Indonésie !

Sumatra, Java, Bali, Komodo… Qui n’a pas rêvé à la simple évocation de ces destinations, d’aventures, de lieux magiques et fascinants, d’animaux sauvages à contempler, orangs-outans, dragons, tigres, de partager l’espace d’un moment la culture d'ethnies si éloignées de la nôtre. Ces lieux qui stimulent notre imagination et qui une fois sur place n’en finissent plus de nous émerveiller sont biens réels, mais il vous faudra emprunter des chemins de traverses. De paysages grandioses, montagnes embrumées, jungles luxuriantes, plages immenses, en melting-pot culturel et religieux, islam, hindouisme, bouddhisme, animisme… L’archipel se révèle multiple, divers et mystérieux. L’Indonésie est composée de 17 000 îles, parfois immenses et très peuplées comme Java, souvent minuscules, oubliées et désertes. Seules 6 000 d’entre-elles sont habitées. Et puis la mer, ou plutôt les mers, omniprésentes. D’un bout à l’autre, ce ne sont pas moins de 5 000 km qu’il vous faudra parcourir et trois fuseaux horaires à digérer, de la pointe ouest de Sumatra au fin fond de la Papouasie, l’autre extrémité de l’archipel. 

 

 

Passer d’une île à l’autre, c’est parfois avoir l’impression de changer de pays ; traverser le petit détroit séparant Banyuwangi de Gilimanuk, c’est changer de monde.

 

 

Le quatrième nation la plus peuplée au monde avec 253 millions d'habitants, est un vieux pays riche d’une histoire mouvementée. Tour à tour, les conquérants, migrants et religieux ont laissé des traces importantes en plus de celles des natifs installés là depuis la nuit des temps. Les volcans, les mers et les éléments ont façonnés la géographie de l’archipel. Aujourd’hui, ce sont les pelleteuses, et les plantations de palmiers qui changent les paysages. Les gratte-ciel, les centres commerciaux et les grands axes autoroutiers participent eux aussi à la mutation du pays. Mais si l’Indonésie est un pays avec une grande histoire, il est également une nation jeune, riche, démocratiquement neuve. La grande majorité de sa population n’a pas vingt ans et elle a soif de changement. Lors des dernières élections présidentielles, le peuple a élu un Président réformateur et moderne, ambitieux et ouvert sur le monde. Un sérieux espoir pour le pays d'en finir avec la corruption. Cette victoire a donné des idées à d’autres populations, limitrophes de la région. L’archipel est pour beaucoup le nouveau « far-east », et les grandes multinationales, comme à l’époque de la ruée vers l’or, se précipitent avec gourmandise sur ce nouveau marché. Le tourisme se développe à forte allure, parfois malheureusement au détriment de l’écologie comme c’est le cas à Bali, mais souvent pour le bien et le développement d’espaces jusqu’alors difficilement accessibles. On pense aux îles de la Sonde, à Sulewesi, à Flores. Certains crient au loup et y voient la fin d’une virginité jusqu’ici préservée. D'autres au contraire, espèrent la possibilité de se rendre plus facilement à la découverte de merveilles cachées et de permettre à certaines peuplades de gagner un peu de confort. Il y a tant à voir et à partager dans cet immense pays qu’il faudrait plus d’un voyage pour en faire le tour. Avec une langue dont les rudiments sont faciles à apprendre, et une population extrêmement ouverte et accueillante, l’expérience indonésienne hors des sentiers battus peut avoir un goût et une couleur uniques.

 

 

Des sites extraordinaires

 

L’immense archipel abrite certaines des curiosités naturelles les plus remarquables de la planète : des animaux rares comme le tigre de Sumatra, les orangs-outans ou le surprenant dragon de Komodo, des plantes comme la rafflesia d’un mètre de diamètre, et surtout les paysages fantastiques créés par ces chaînes de volcans (un demi-millier d'entre eux sont encore en activité dans le pays). 

 

 

Une vraie richesse culturelle… 

 

Qui n’a pas en tête une image de festival coloré de Bali ? Qui n’a pas soupiré devant la beauté des batiks extraordinaires que l’on ne trouve nulle part ailleurs ? Qui n’a pas rêvé devant la richesse de l’art traditionnel, les démons épouvantables, la délicatesse des sculptures, la splendeur des bois travaillés, les masques étonnants, etc. de l’île des dieux.

 

 

... Et religieuse

 

 Car l’Indonésie, c’est tout cela : un mélange de cultures musulmane, hindoue, chrétienne, confucianiste, bouddhiste, animiste, un patchwork unique qui fait de ce pays l’un des plus fascinants au monde. A voir : les sites architecturaux d’origine religieuse : temple bouddhiste de Borobudur, hindouistes à Tanah Lot ou Prambanan, grande mosquée de Jakarta... Une diversité fascinante L’Indonésie, pays aux mille visages et aux mille identités : de Java la surpeuplée, centre économique de la quatrième nation la plus importante au monde, à Kalimantan la sauvage, couverte de l’une des plus grandes forêts tropicales de la planète. Quel contraste, entre le pieux Timor, où l’Eglise chrétienne tient une place primordiale dans la société, Sulawesi où les coutumes d’origine animiste tiennent encore un grand rôle, le conservatisme musulman du Nord Sumatra ou l’hindouisme exubérant de Bali ! 

 

 

Une mer omniprésente

 

 Elle est partout, repère identitaire commun à travers tout l’immense archipel. Et partout, elle est bleu turquoise. Elle sera le prétexte à des sorties en bateau, à une première expérience de plongée sous-marine ou plus simplement à du snorkling. Ces fonds sont parmi les plus beaux et les plus poissonneux au monde. Et pour les plus sportifs, amateurs de surfs, elle offre des spots incroyables, comme par exemple les vagues des iles Mentawai. 

 

 

Des parcs naturels sauvages

 

 Si Java est l’une des zones les plus densément peuplées au monde, cette île a préservé quelques parcs naturels d’une grande beauté. Qu’en est-il alors de ces îles à la très faible densité d’habitants, comme, par exemple, les petites îles de la Sonde ? Ces longs périples à la recherche d’une expérience naturelle unique compteront parmi les expériences les plus inoubliables. Escalade d’un volcan, observation des rares orangs-outans dans leur habitat naturel, treks dans la jungle ou plongées sous-marines extraordinaires ; le choix est immense. 

 

 

De superbes couchers de soleil 

 

Où peut-on admirer de plus beaux couchers de soleil que sous les Tropiques ? Rares sont les lieux susceptibles de rivaliser avec l’Indonésie. A Jakarta, l’heure du coucher de soleil est toujours magique, scandée par les appels à la prière qui viennent de la mosquée. Le ciel s’embrase de rose orangé, formant des dessins surréalistes contre les gratte-ciel du centre financier. A Bali, le spectacle est si formidable qu’il est impardonnable d’en rater un seul ; et sur la longue plage de Kuta, vers 18h, on traîne et rêve en solo, ou l’on en profite pour rencontrer ces voyageurs du monde entier venus poser là, quelques jours, semaines ou mois, leurs valises chargées de rêves et souvenirs. 

 

 

Une cuisine de rues délicieuse

 

En dehors de Bali et des grandes villes, trouver un bon restaurant n’est pas si évident. Mais, bien manger en Indonésie est loin d'être compliqué. Les warungs, ces petites baraques faites de bric et de broc, disséminées à travers tout le pays, sont une excellente alternative pour déguster à moindre frais des spécialités régionales. Certains d’entres eux sont parfois collés aux grands marchés de la ville. Achetez vos produits frais, apportez les à cuisiner et en quelques minutes, vous voilà attablés à savourer votre plat accompagné de riz ou de légumes en sauce. 

 

 

Une aventure de tous les instants 

 

Sur la feuille de route des backpackers internationaux qui arpentent les routes d’Asie du Sud-Est, l’Indonésie occupe une place à part ; ce sera l’escale de la détente à Bali avec tout son confort, ou bien l’aventure, la vraie, loin des clichés et de la foule qui se presse en Thaïlande ou au Vietnam. Découvrir les profondeurs de Sulawesi ou les milliers d’îles de l’extrême est de l’archipel, ce sera parfois mettre les pieds là où personne n’est venu avant – du moins, ce sera l’impression que cela donnera.

 

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