Quelque part sur la route

En transit, en transhumance, en escale, exil, exode... Après quelques heures de baignade en mer d'Orient hier, nous avons embarqué dans un bus pour Hô Chi Minh Ville, perspective de 24h de route vers le sud... Demain, le 12, nous devons quitter la terre vietnamienne, faute de visa, et renoncer à la découverte du delta du Mékong, pourtant tant attendue... C'est cette compagnie de transport, à Ninh Binh, qui a décalé nos prévisions en nous débarquant une première fois... Et aujourd'hui, après moult arrêts, à 4 heures du matin, juste au moment où la télé locale rediffuse le match de foot et où nous apprenons que la France vient de s'incliner contre le Portugal, le bus nous débarque à Nha Trang, ville intermédiaire, quelque part entre Hoï An et Saïgon... Nous devons changer de véhicule, mais le suivant n'arrivera que dans quelques heures... et nous espérons y avoir des places ! 

 

Bien, quelques heures plus tard, je reprends... pas moyen d'obtenir des places dans le bus, alors que nous étions sensés être conduits jusqu'à Saïgon... Prochain départ à 21h, après notre nuit presque blanche, avec une arrivée aléatoire vers 7h30 du matin, et nous devons prendre un autre bus à 8h, 10h de route encore, pour passer la frontière du Cambodge, et aller jusqu'à Phnom Penh... Dernier recours : le train. Avec beaucoup de chance, nous trouvons 5 places dans le train de 6h55... ouf ! J'écris donc en regardant défiler les rizières et plantations d'arbres à fruit du dragon... Le wagon est climatisé, nos 9h de route sont donc protégées des 45 degrés ambiants, qui nous assaillent et nous collent à la peau dès le matin, ralentissant nos gestes et conditionnant nos journées...

 

Nous quitterons demain le Viêt Nam avec une drôle d'impression. Ce pays est pudique, et ne se livre pas si facilement. Sentiment d'avoir raté sa rencontre, d'être passés à côté de ce que nous pouvions nous offrir mutuellement. D'être restés sur des malentendus. Une faim encore grande me tenaille, de découvrir d'autres visages de ce beau pays, la certitude de n'en avoir goûté que ce qui se laisse saisir d'emblée, loin des chemin de traverse. L'insatisfaction de n'avoir eu avec les vietnamiens que des rapports superficiels régis par des relations marchandes, et de n'avoir pu aller au delà... La fatigue de journées de transport, de villes grouillantes, vibrantes, frémissantes, d'une chaleur torride, d'une pollution dense.... L'intuition que le régime politique draconien auquel sont soumis les vietnamiens, la politique des deux enfants maximum, les horreurs des guerres successives, l'absence de nuances d'un parti devenu totalitaire... ne suffisent pas à expliquer cette impossibilité de se rencontrer, je veux dire de se rencontrer vraiment, d'échanger, de partager, sans que des enjeux économiques ne viennent entraver le lien, le pervertir... sans que l'on soit suspicieux, ou méfiant, sans que la confiance puisse s'établir d'abord...

 

De Saigon, nous ne connaitrons presque rien... Moi qui rêvais de l'ambiance des écrits de Marguerite Duras, des grands espaces ouverts par le delta, de cette terre d'eau et de boue...

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Les îles Câm Kim et Duy Vinh

À Hoï An, la rivière Sông Thu Bon se jette dans la mer d'Orient. Elle se divise en nombreux bras et ramifications qui dessinent un chapelet d'îles et d'îlots plus ou moins inextricables, de sorte qu'on ne sait jamais si on se trouve au bord de la mer ou de la rivière, sur une île ou sur le continent... La végétation est très verte, le paysage rural de toute beauté, et arpenter en vélo deux de ces îles nous a permis de vivre de biens beaux moments. Pascal est un français marié à une vietnamienne, Thu, et leur agence de voyage propose une journée originale à la rencontre des villageois et de leur mode de vie, artisanat, habitat, gastronomie... Sur Duy Vinh vivent les parents de Thu, qui nous accueillent chez eux pour le déjeuner, et dont nous visitons la maison de bois, construite de façon traditionnelle, avec l'autel des ancêtres au centre, et 3 portes d'entrée : à gauche celle des femmes, à droite celle des hommes, et au centre, celle des ancêtres. Les croyances et superstitions imposent le recours au sorcier pour organiser les événements importants de la vie, déterminer la date d'un mariage par exemple, selon le calendrier lunaire bien entendu, et font généralement aussi bon ménage avec le bouddhisme qu'avec le catholicisme et l'animisme. L'agréable promenade en vélo, entre rizières, carrelets suspendus des pêcheurs, maisons typiques, temples familiaux où sèche le jonc au soleil, bassins d'élevage des crevettes, champs où s'ébattent les troupeaux de buffles d'eau... s'interrompt le temps de visites de familles, qui nous expliquent, démonstration à l'appui, leurs activités ancestrales : tissage de nattes de jonc, distillerie d'alcool de riz, fabrication de bateaux paniers de bambou, ainsi que de bateaux traditionnels en bois...

 

Une journée toute en douceur sous la chaleur harassante, dans la poésie de paysages superbes, la joie de rencontres authentiques et le repos d'un Viêt Nam du terroir.

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Hoï An

Son nom, qui vient du chinois, signifie « se réunir dans la paix (le calme, la sécurité) ». La cité portuaire au charme fou, classée au patrimoine mondial de l’humanité par l'UNESCO, est un petit bijou d'architecture, et il se dégage de ses vieilles rues métissées une atmosphère active et follement agréable. Il fait bon y flâner le long de la rivière, se baigner sur l'une de ses deux belles plages, déambuler dans son marché, découvrir ses temples et pagodes aux influences chinoises et japonaises, visiter ses galeries d'art, admirer un spectacle de marionnettes sur l'eau... Son Water Puppets Theater, tout aussi poétique que celui qui nous avait déjà émerveillés à Hanoï, nous a séduits... Pourtant, durant la folie meurtrière de la guerre du Viêt Nam, Hoï An a été victime d'énormes largages de défoliants sur les forêts de palmiers d'eau, et ces épandages d'agent orange ont fait des milliers de victimes, contaminé l'eau des rivières, asséché la forêt...

 

Demain, nous partons à l'aube en vélo, à la découverte de la vie rurale des alentours. Au programme : traversée de villages d'artisans et de pêcheurs, immersion dans les paysages fluviaux et maritimes...

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Fondation Lê Ba Dang, à la recherche de la beauté... éperdument

Quelle belle découverte que celle de la fondation d'art consacrée à l'œuvre de Lê Ba Dang ! Celui-ci est né en 1921 dans la province de Quang Tri, et mort l'année dernière à Paris. En 1940, avec 19 750 autres Vietnamiens, l'artiste a fait partie des linh tho (« travailleurs soldats»), ouvriers « indigènes » réquisitionnés par l'État français au début de la Seconde Guerre Mondiale. En 1948, après maintes tribulations, Lê Ba Dang sort diplômé de l'école des Beaux-arts de Toulouse. Sa première exposition personnelle à Paris, en 1950, est remarquée et saluée par la presse française. En 1985, il crée sa série Espaces, un concept artistique qui recourt à la sculpture, au collage et à la peinture pour élaborer un OANI (Objet artistique Non Identifié). Ce travail lui vaut la consécration aux Etats-Unis et au Japon. « Je suis un homme qui vit du rêve de son paradis perdu. Toute mon œuvre d'artiste n'est que le reflet de cet amour à mille facettes. C'est dans mon pays d'enfance que j'ai appris à découvrir et à aimer l'éternelle jeunesse du monde. Ce que je traduis dans mon langage de plasticien, c'est le cycle éternel de la lumière et de la vie, dans les choses, autour des choses, au-dessus des choses, au-delà des choses, au-delà du graphisme ». Lê Ba Dang. Nous ne connaissions ni l'homme,  ni l'artiste, mais désormais pour nous, il est de ceux qui transfigurent le monde...

 

Et puis, pour le plaisir, et parce que la beauté que nous croisons chaque jour depuis plus de 8 mois ne se laisse jamais saisir totalement, un poème d'Yves Bonnefoy, L'heure présente,  2011.

 

Ne suis-je la beauté 

Que parce que je flatte votre rêve?

Je suis tapie, effrayée, je suis prête à griffer

Ou à faire la morte si je sens  

Que ma cause est perdue dans vos regards

Demandez-moi d'être plus que le monde.

Pansez-moi de vos vœux, de vos souvenirs."

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Hué, cité impériale

Inspirée de la Cité Interdite de Pékin et des plans de Vauban (!), nous avons mis nos pas aujourd'hui dans ceux de plusieurs dynasties d'empereurs vietnamiens et chinois, visitant la Citadelle de Hué et ses époustouflantes Cités Impériale et Interdite. Héritage indivisible de l'humanité et patrimoine mondial reconnu par l'UNESCO, la Citadelle de Hué est un haut lieu de culture, dont le sol est très émouvant à fouler. Carrée et fortifiée, elle se situe dans une boucle de la rivière Huong, également nommée rivière des parfums en raison des effluves d'encens qui y flottaient les jours de fête en l'honneur de l'Empereur. Elle a été construite entre 1805 et 1824. Pour accéder au Palais de l'Harmonie Suprême, coeur de la Cité Interdite, il faut passer les portes de l'Humanité et de la Morale, ainsi que les tertres de la Paix et de la Paix Eternelle, puis passer entre le Dragon Bleu et le Tigre Blanc... Dans les cours successives, après les douves où nagent les lotus roses et les nénuphars blancs, les stèles de pierres gravées, sur lesquelles s'alignait le strict ordonnancement des mandarins et des eunuques les jours de cérémonie... Les palais sont de marbre, de bois précieux, de laque, de tuiles vernissées, de bronze et d'or, de soie et de santal... Les membres de la famille impériale faisaient vivre des dizaines de villages alentours, qui pour leur fabrique de tuiles, qui pour la briquetterie, le granit, le grès, le sable, la chaux, la chasse, la pêche, la cuisine du caïman, la culture du litchie, la sculpture du bois... plus de 15 000 personnes ont ainsi participé à l'édification de ces hauts lieux du pouvoir, puis à leur fonctionnement... et même si pénétrer dans la Cité Interdite était alors passible de mort, les hommes et femmes qui participèrent à son élaboration ne furent ni tués, comme les ouvriers et artisans du Taj Mahal, ni rendus aveugles pour ne pas être en mesure de révéler à quiconque où se trouvaient les tombeaux de la Vallée des Rois d'Egypte... La citadelle concentrait les administrations royales comme le Conseil des Sages, le Censorat, l'Académie Impériale, le Collège des Fils de l'Etat. En son centre, la Cité Impériale comptait plus de 100 palais, dont chacun était doté d'une architecture originale et dévolu à un usage particulier. Enfin, son cœur était constitué de la Cité pourpre Interdite, dont le Palais de l'Harmonie Suprême recevait les cérémonies et réunions importantes. Elle était consacrée à l'Empereur et à sa famille, à son harem et à son personnel, composé d'eunuques, et comportait un théâtre et une bibliothèque royale. L'ensemble, malgré une destruction partielle dûe aux guerres (2ème GM, offensive du Têt...), a été restauré, et donne une bonne idée du déploiement de luxe et de magnificence de la Cour, en même temps que de la rigidité des étiquettes protocolaires...

 

Nous n'avons, hélas, pas le temps de visiter les tombeaux royaux et les 9 urnes dynastiques...

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Epique épopée ou : un folle équipée en moto à travers les rizières

N'ayant pas eu de place dans le bus mardi soir, nous avons donc  bénéficié d'un jour de plus à Ninh Binh... Nous avons donc choisi cette belle journée orageuse pour louer des scooters, afin d'aller visiter temples, pagodes et rizières... Après quelques kilomètres compliqués en pleine jungle urbaine, à se frayer un chemin parmi les voitures, vélos, pousse-pousse, deux-roues, charrettes à buffle... zigzaguant en tous sens dans une effroyable pollution et sous une pluie diluvienne, nous voici embarqués sur des chemins plus bucoliques, en bord de rivière, au pied des pains de sucre karstiques, au cœur des cultures de lotus et de riz, où s'ébattent troupeaux de canards et d'oies, et où les buffles pataugent nonchalamment, de l'eau jusqu'au ventre... Encore des visites de temples superbes, dont nous commençons à comprendre l'architecture et l'organisation...

 

Et puis, finalement, nous avons eu une place dans le bus de nuit, et sommes arrivés ce matin à 6h à Hué, bien épuisés malgré les couchettes... Située au bord de la mer de Chine Méridionale, cette ville mériterait largement qu'on y passe une semaine, mais alors, nous devrons être au Cambodge... C'est un peu la course, et nous devrons repartir dès demain après-midi pour Hoï An, à quelques 4h de bus... sans avoir eu le temps de prendre véritablement le pouls de cette superbe ville impériale et artistique, traversée par la majestueuse Rivière des Parfums... Les cartes indiquent la Mer de Chine, mais, il y a 2 mois, les chinois ont encore intercepté un bateau vietnamien apparemment sur leurs eaux territoriales, dont ils ont tué les pêcheurs... et, vu les tensions actuelles entre les deux pays, les vietnamiens préfèrent parler de Mer d'Orient...

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Binh Minh, la baie d'Halong terrestre

La vie continue... tout doucement, au fil de l'eau, au son du doux clapotis de la rivière  sur la coque de roseau tressé du sampan, nous avons navigué de longues heures entre les pains de sucre plantés dans les rizières, vertes encore en cette saison, et les fleurs de lotus roses... Heureux d'être là, et tristes aussi, en ce jour particulier... Peut-être simplement heureux d'être.

 

A Trang An, notre embarcation était conduite par un vietnamien peu causant (car non anglophone), mais dont l'agilité à ramer avec les pieds était tout à fait spectaculaire ! Avec des centaines d'autres sampans identiques, emplis de vietnamiens en vacances venus admirer les paysages sublimes de rochers karstiques dans lesquels a été tourné le dernier film de King Kong, insolite procession au charme fou, nous avons sillonné la belle rivière verte, visité les temples et pagodes qui la bordent, et traversé des grottes superbes, aux plafonds bas et aux stalactites majestueuses...

 

Quelques kilomètres plus loin, à Tam Coc, une autre promenade en sampan au milieu des rizières, des barques-échoppes flottantes, des buffles qui travaillent dans les champs, avec un rameur (toujours avec les pieds !) francophone qui a cueilli aux enfants des bouquets de fleurs de  lotus roses, nous a appris à en manger les graines.... et nous a informés des derniers résultats de la coupe de l'UEFA !

 

Ce soir, nous devions prendre un bus de nuit pour Hue... Après 3 heures d'attente, 2 bus pleins dans lesquels nous n'avons pas de place, et le 3ème n'arrivant pas, à près de 22h, les gérants de l'agence nous proposent de nous raccompagner à l'hôtel... Promis, demain, on aura des places ! A voir...

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Le ventre de Hanoï

Dernier jour au coeur des ruelles vibrantes de cette capitale étonnante,  et que nous aimons, malgré le bruit, la poussière,  la chaleur et la circulation... Nous visitons le marché Dong Xuan, le ventre de Hanoï. Ce sont des halles couvertes qui se divisent par allées sur 3 étages, celles des poissons, des épices, des boutons, de la quincaillerie, des chapeaux, des sandales, des soies vendues au mètre, des colifichets, des éventails... On s'y bouscule, au coude à coude entre 2 rangées où s'empilent les cartons du sol au plafond, un plateau chargé de bols de riz et de soupe de vermicelles et de champignons posé en équilibre sur des montagnes de chaussettes... Les vietnamiens mangent du chien, du chat, du singe, du serpent, des algues et des herbes...

 

Et puis, nous nous laissons griser par le vertige de se perdre dans le lacis de ruelles du vieux quartier plusieurs fois centenaire et des 36 Rues, avec son organisation par corporations. Coeur économique de l'antique cité, les 36 rues dessinent une feuille dont chaque nervure concentre, aujourd'hui encore, une activité économique, la boutique donnant sur la rue, l'habitation sur l'arrière cour. C'est ainsi que l'on déambule dans la rue des éventails,  celle de l'argent, celle des bols en faïence bleue, des paniers, de la soie, des pinceaux, des nattes en jonc, des cloisons en bambou, du cuir, des pipes à eau, du bétel, du chanvre, du papier, des peignes, des coffres, des stores, des chapeaux, du charbon, des herbes médicinales chinoises, des ferblantiers, du bambou, des tissus, de la saumure, du sucre, du poulet, des patates douces, du sel... Les façades sont décrépies, le gouvernement en a néanmoins restauré certaines, des temples et pagodes ouvrent leur architecture tarabiscotée entre 2 échoppes, d'où s'échappe un lourd parfum d'encens...

 

Ce soir, nous expérimentons les bus vietnamiens. Non pas les transports publics, réputés peu fiables quant aux horaires et itinéraires, lents et dangereux, mais les "open buses" qui relient Hanoï à Saïgon par la route mandarine, sur plus de 1 700 km, soit 24h de trajet. Le concept, c'est qu'une fois le billet acheté, on peut choisir d'effectuer la route par tronçons, aux dates choisies, et ainsi descendre ou monter par sauts de puce... et ce soir, nous quittons Hanoï pour rallier Ninh Binh, la "baie d'Halong terrestre". 2h de route seulement, de 19 à 21h. La surprise, c'est le bus lui-même : fréquenté aussi bien par les vietnamiens, en vacances d'été, que par les voyageurs étrangers, il se compose de 2 allées, séparant 3 rangées de lits superposés. Les enfants sont ravis, et comparent avec nos nombreux trajets de nuit en Amérique latine.... ils sont déçus de devoir descendre après seulement 2h, alors qu'ils s'installaient pour la nuit ! Pas de panique, nous reprendrons la route demain ou après demain, après avoir exploré les beautés promises de Nimh Binh...

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La baie d'Halong, paysage de la mer de Chine au Viêt Nam,          un inoubliable moment de pure magie

La baie d'Halong, classée au patrimoine mondial de l’humanité par l'UNESCO, se mérite. Elle se fait désirer... Mythique paysage nimbé de mystère et de poésie, elle ne se laisse pas approcher si facilement... 2 chemins s'offrent au visiteur désireux d'explorer ses rochers karstiques, émergeant d'une mer de jade. Celui qui passe par Ha Long, le plus emprunté, le plus touristique, celui que nous voulions éviter... Et celui qui part de Cat Ba pour explorer la baie de Lan Ha, petite soeur d'Halong, moins connue et tout aussi jolie. C'est donc la route que nous choisissons... Depuis Hanoï, 2h30 de voiture pour Haïphong, la 3ème ville du pays. Puis 1h d'hydroglisseur jusqu'à l'île de Cat Ba, que nous mettons plus de 40 minutes à traverser en bus. Enfin, 20 minutes de cannot pour rejoindre la jonque, notre habitation pour une journée et une nuit d'exception. La pluie qui menace décide finalement de nous épargner. Nous sommes en été, la chaleur est lourde, nous privant de la brume habituellement présente dans la baie, et qui lui confère son romantisme et sa langueur... Le ciel reflète ses lourds nuages noirs dans la mer, une houle puissante nous berce, tandis que notre beau bateau entame sa danse au milieu d'un paysage sauvage de toute beauté. La légende raconte que les impressionnants pains de sucre seraient nés des battements de queue du dragon vivant dans la baie... Et cette terre se prête particulièrement aux légendes. 

 

Outre quelques heures d'une navigation qui invite à la contemplation, nous avons la chance de pouvoir faire du kayac entre les pains de sucre, de nous y baigner... Noc, notre guide francophone, n'est pas avare de commentaires passionnants sur son pays, et nous apprend la gastronomie, la vie des pêcheurs, la religion animiste, les rapports de l'homme et de la femme et leurs places respectives dans la société, le poids de l'histoire et les contraintes du régime communiste... Et puis, nous entrons dans des fermes de fruits de mer, et traversons des villages entiers, flottant dans la baie au pied des pains de sucre, au coeur de ce paysage à la beauté époustouflante... Petites maisons de bois et de bambou posées sur des flotteurs, entourées de casiers pour l'élevage des crustacés, et d'un bateau plus ou moins gros, aussi indispensable dans la baie que le sont les motos sur terre... Pas d'eau douce, l'électricité quelques heures par jour au prix de l'effroyable ronflement d'un groupe électrogène dont l'écho se répercute sur les formations rocheuses... D'ailleurs, dans la baie, les sons nous frappent tout particulièrement : comme un silence d'abord intense, dont on s'aperçoit vite qu'il est troublé, habité de petits riens. Les cris des insectes et des singes sur les pains de sucre, le chant des oiseaux, le bruit plus ou moins amorti des rames ou des moteurs, et puis les voix qui résonnent, faussant la notion de distance, se repercutant sur le dos des rochers, s'estompant dès que nous les contournons. 

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Bousculés par le temps

Nous nous en doutions en préparant ce tour du monde, mais aujourd'hui nous en avons la certitude, car nous l'éprouvons tous les jours : la notion de durée est essentielle dans notre démarche de voyage. On ne vit plus du tout les choses de la même façon qu'il y a quelques mois... nous apprenons à voyager, à nous laisser guider par le chemin, éblouir ou émouvoir par les rencontres, à accueillir l'inopiné, à cueillir le sel du jour... Les enfants en particulier évoluent dans cette aventure, se forgeant un voyage sur mesure, qui leur est propre... Et puis, une année entière, ça permet de vivre les choses bien différemment, inscrire la continuité au coeur même de la discontinuité inhérente au nomadisme et au changement, se recentrer sur l'essence de nos vies, le coeur de nos relations, oser quitter ce qui donne sens à nos quotidiens en France, la famille, la maison, les amis, le travail...

 

Mais en ce moment, rendre compte au jour le jour de ce qui fait nos vies ici me semble plus compliqué. Plus les journées sont denses, plus difficile m'apparaît la tâche d'en dire quelque chose par écrit, et en images... Sans doute parce que le Viêt Nam nous échappe, dans sa grande complexité et ses infinies nuances... Mais c'est aussi pour ce qui échappe que j'aime voyager. Je me rends compte alors que j'aurais envie d'être exhaustive, de ne rien perdre ou laisser filer, de multiplier les explications plutôt que de parler de ce qui m'habite, de multiplier les photos, avec le risque de chercher à illustrer... Sans doute aussi pour retenir encore un peu la petite lumière de la vie de mon grand père, en train de s'éteindre... 

 

Alors, je pourrais vous raconter les 5 heures passionnantes passées à s'étourdir de lumière et de couleurs dans le magnifique musée d'ethnographie d'Hanoï, les 53 ethnies minoritaires du pays, leurs rites religieux, matrimoniaux, funéraires, leurs coutumes, croyances, pratiques animistes, traditions, leur habitat, leur artisanat, leurs instruments de musique, leurs techniques agricoles, la riziculture inondée et la riziculture par brûlis, le tissage, la poterie, l'orfèvrerie, la céramique, l'estampe, la laque, le batik, la soie... Je pourrais aussi tenter de restituer l'ambiance si particulière de la ville avec des photos, prises en si grand nombre, à chaque instant de la journée... Ou encore partager les questions des enfants, leurs expressions, leurs fous rires... Mais ce soir, je me sens bousculée par le temps.

 

Demain, à l'aube, nous partons pour 2 jours attendus comme un temps fort du voyage : une croisière en jonque sur la baie d'Halong. Cette huitième merveille du monde, paysage maritime unique au monde, merveilleux et poétique, ayant donné lieu à des légendes mystérieuses, et dont je rêve depuis l'enfance, comme l'île de Pâques, le Macchu Pichu ou le Taj Mahal... malgré le développement d'un tourisme de masse, d'une urbanisation anarchique, d'une pollution galopante... Alors bien sûr, en mer de Chine, ou plutôt en mer d'Orient, dans la baie d'Halong, le temps va suspendre son vol...

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Le temple de la littérature, berceau de Confucius

Entre modernisme et tradition, le Viêt Nam décline ses millénaires de cultures superposées, où la Chine joue une grande part.

 

Hier matin, nous avons visité le temple de la littérature, Van Mieu, un endroit fascinant et émouvant. Il a été restauré, et les bâtiments du fond ont été reconstruits selon les méthodes traditionnelles. Dédié à Confucius, ce temple fut construit en 1070 suivant les plans de la pagode littéraire de Kien Fou, village d'origine du vieux sage. Il accueillit en 1075, sous l'impulsion de Ly Nhan Tông, le Collège des enfants de la nation, Quôc Tu Giam, instruisant la future élite du royaume. Il fut rénové par les Nguyên, au début du XIX ème siècle. Les Français le rebaptisèrent le temple des Corbeaux, ces oiseaux y ayant élu domicile. L'enceinte (350 m sur 70 m) est divisée en cinq cours. Les portes et allées centrales étaient réservées au roi, les latérales aux mandarins. On entre dans le temple par une porte principale, supportée par deux colonnes carrées qui délimitent également de chaque côté deux portes dites latérales. Dans une optique confucéenne, l'usage des portes latérales était le symbole de l'humilité et de la patience, qualités indispensables à tout candidat. Le premier jardin s'ouvre sur une allée centrale qui passe entre deux étangs rectangulaires. On passe alors la porte du Grand Milieu, Dai Trung, pour accéder au second jardin, semblable au premier. Deux étangs sont séparés par une allée centrale qui mène au pavillon de la Pléiade, Khuê Van Cac. Son imposant portail est soutenu cette fois par quatre colonnes de marbre décorées de dragons. Il s'agit d'une véritable petite pagode sur pilotis décorés de soleils et de formes géométriques qui rappellent la géomancie, une discipline qui faisait également partie des examens littéraires. D'un des étages de cette petite pagode, on lisait à haute voix, à la fin des examens, les œuvres des candidats. L'endroit servait aussi aux réunions des poètes. Il a été restauré en 1802. La troisième cour est le cœur du temple : de chaque côté d'un bassin de forme carrée, le puits de la Lumière céleste, Thien Quang Tinh, sont alignées deux rangées de 41 stèles chacune (à l'origine il y en avait 117). Elles sont dédiées à des lauréats ayant passé leur doctorat entre 1498 et 1787. Pendant ces quatre siècles, près de 1 000 candidats furent reçus. Outre les concours pour les doctorats ès lettres, ce temple fut le théâtre de 124 concours extraordinaires destinés à l'obtention de titres de noblesse ou de postes administratifs. Les stèles sont soutenues par une tortue, symbole de patience, d'humilité et de longévité – qualités que les candidats souhaitaient à leurs écrits. Parmi les lauréats dont les stèles se trouvent dans le palais de la Littérature, certains portent des noms connus : The Vinh, mathématicien du XV ème siècle, lauréat à 23 ans ; Nguyên Duy Tai, reçu en 1598, avant de devenir un grand diplomate vietnamien ; ou encore Bat Tu qui, au XVII ème siècle, instaura les premières réformes sociales dans le pays. En passant la dernière porte, on arrive dans l'enceinte du temple. Celui-ci, bâti sur 40 piliers, abrite la tablette de Confucius, encadrée de grues et de tortues, symboles de longévité. Dans la cinquième cour se trouve le collège. Le 19 mai 2003, le président de la République, Trân Duc Luong, a inauguré quatre statues en bronze des rois Ly Thanh Tông (XI ème siècle), Ly Nhân Tông (XI ème -XII ème siècle), Lê Thanh Tông (XV ème siècle) et du mandarin Chu Van An (1292-1370), qui avaient contribué à la fondation, en 1070, puis à l'épanouissement du premier collège du pays (Quôc Tu Giam). Les statues ont été moulées par les artisans du village traditionnel du travail du bronze de Ngu Xa (Hanoi). Aujourd'hui encore, les visiteurs viennent y faire des offrandes... Quant aux enfants, ils ont trouvé, au coeur des bambous, banians et lotus, des tipaniers et bégonias, avec les fleurs desquels ils ont rempli le chapeau pointu d'Arthur ! 

 

Nous avons consacré notre après midi à la visite de la citadelle impériale de Thang Long, devenue, le 31 juillet 2010, le 900 ème site à être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Dans le district de Ba Dinh, la citadelle occupe une zone délimitée à l’ouest par la rue Hoàng Diêu, par la rue Nguyên Tri Phuong à l’est, par le club de l’Armée au sud, et par la rue Phan Dinh Phung au nord. Cela fait longtemps que les empereurs ne règnent plus derrière les tentures de la cité interdite. Les changements de régime ne l’ont pourtant pas détournée de sa vocation initiale, sanctuaire du pouvoir, vouée au secret, et inaccessible au commun des mortels. Ce n’est que tout récemment qu’elle s’est découverte au public, suscitant une intense curiosité parmi la population de Hanoi. Auparavant, seules les familles des militaires – certes, nombreuses – avaient leurs accès en ces lieux. Ce qu’on en savait, c’était par ouï-dire, et cela approfondissait le secret. En 2000, le ministère de la Défense a officiellement remis la rue Nguyên Tri Phuong au comité populaire de la ville de Hanoi, qui l’a ouverte à la circulation. La citadelle a ouvert ses portes le 2 octobre 2004, dans le cadre des célébrations marquant le 50 e anniversaire de la libération de la capitale (10 octobre). Pendant quelques jours, des milliers de visiteurs se sont succédé, peut-être dans l’espoir de participer au mystère avant qu’il ne se soit totalement dissipé, avant que la citadelle ne devienne un site touristique parmi d’autres. Le site mérite qu'on lui accorde du temps. Au cœur de la ville, en semaine, lorsque les visiteurs sont rares, il offre un havre de paix propice à la méditation. Des jardins de bonsais contribuent à l'attrait du lieu. À l’origine la citadelle a été construite en 1010 lors du transfert de la capitale de Hoa Lu à Thang Long par le roi Ly Thai Tô. Elle a ensuite connu plusieurs agrandissements successifs. C’est un emboîtement de trois cités distinctes : au centre, la cité pourpre (Dragon-Phénix, Long Phuong), résidence royale sous les dynasties des Ly et des Trân. Deuxième emboîtement, la cité impériale puis la citadelle, élément le plus extérieur (La Thanh ou Dai La Thanh). En 1805, la dynastie des Nguyên (qui a sa capitale à Huê) fait agrandir la citadelle et transformer la cité interdite en résidence pour les mandarins en poste dans le Nord. Pendant la période coloniale, les Français détruisent la citadelle, dont il ne subsiste aujourd’hui que quelques ouvrages, et transforment la zone en quartiers militaires. Quatre ouvrages ont été préservés : il s’agit, sur un axe central sud-nord, de la porte Doan Môn (Porte Sud), du palais Kinh Thiên, du pavillon des Concubines (Hâu Lâu) et de la porte Nord (Bac Môn ou Cua Bac). La porte Doan Môn était l’entrée protocolaire de la cité interdite, au sud de celle-ci. Elle présente des parties originales du XV e siècle et des parties restaurées au XIX e siècle. Construite dans le style chinois, en brique, elle est surmontée d’un pavillon à deux niveaux. En 2012, des fouilles conduites au nord de la porte Doan Môn ont révélé la présence d'un ancien ouvrage hydraulique en brique remontant à la dynastie des Ly (XI ème siècle), situé à 4,2 m au dessous du sol et d'une dimension très importante. De nombreuses hypothèses ont été formulées sur son utilisation, notamment celle d'une irrigation à caractère symbolique pour apporter l’eau qui est un des éléments importants du Feng Shui, prodiguant longévité et prospérité à la cour impériale et au pays. Le palais Kinh Thiên remontait au début du XV e siècle. Il a été détruit par les Français en 1886 ; ils y ont installé le quartier général de leurs forces d’artillerie. Aujourd’hui ne subsistent que des vestiges : escaliers et dragons en pierre sculptée. Le palais se situe au cœur de la cité interdite et était utilisé à l’occasion du sacre des rois. À partir des vestiges, il faut l’imaginer, construit sur une plate-forme surélevée, entouré d’une véranda et accessible par de grands escaliers latéraux. La double toiture était soutenue par des piliers en bois. Les dragons de pierre portent la marque du style en vigueur sous la dynastie des Lê. Le pavillon des Concubines est une construction de brique surmontée d’une structure à plusieurs toits. Destiné aux femmes de la cour, il a été bâti au XIX e siècle et reconstruit pendant la période coloniale. Quant à la porte Nord (Bac Môn) , reconstruite en 1805, elle est aussi construite en brique, mais les angles sont renforcés en pierre. On y observe des motifs figurant une fleur de lotus. Les stèles sont gravées de trois caractères signifiant « porte principale du Nord » (Chinh Bac Môn). Les traces de boulets de canon constituent la preuve, disent les guides vietnamiens, de l’agression française contre le Tonkin. Une plaque de pierre gravée en français indique : « 25 avril 1882, bombardement de la citadelle par les canonnières Surprise et Fanfare ». Lorsque la citadelle s’est ouverte au public, plusieurs expositions ont été organisées. L’une d’elles était consacrée à l’histoire de Thang Long et présentait des documents ainsi que des objets archéologiques des dynasties Ly (1009-1225), Trân (1226-1400) et Lê (1428-1527 et 1592-1789) retrouvés sur les sites de Doan Môn, Hâu Lâu et Cua Bac. Mais l’histoire de la citadelle est aussi contemporaine. Une autre exposition s’intitulait « La maison D67 et la grande victoire du Printemps 1975 ». La maison D67, située derrière le palais Kinh Thiên, abritait le bureau des généraux Vo Nguyên Giap et Van Tiên Dung ainsi que la salle de réunion du bureau politique et du comité central du Parti pour l’armée pendant les dernières années de la guerre américaine. Les visiteurs ont ainsi eu l’occasion de descendre dans l’abri souterrain prévu en cas de bombardements.

 

Notre impression générale est la déception : les français ont détruit un patrimoine architectural millénaire, l'aspect militaire du lieu domine, et l'extraordinaire chantier archéologique ouvert en 2012, s'il a permis de mettre au jour des strates allant du VIII au XI ème siècle, n'a pas encore livré tous ses secrets...

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Du Tonkin à la Cochinchine (selon la terminologie coloniale...) et du delta du Fleuve Rouge à celui du Mékong, le banian

Le banian, « un Hercule végétal » selon Paul Claudel. On trouve cet arbre à l’entrée de chaque village, dans la cour des pagodes ou même dans les villes, au détour d’une rue où il ne s’est pas laissé abattre et où il a imposé sa présence au tracé des nouvelles constructions. Dans l’entrelacs de ses racines niche un petit autel dédié au génie de l’arbre. 

 

« Honoré de l'humble tribu, il est, à la porte des villages, le patriarche revêtu d'un feuillage ténébreux. On a, à son pied, installé un fourneau d'offrandes, et dans son cœur même et l'écartement de ses branches, un autel, une poupée de pierre. Lui, témoin de tout le lieu, possesseur du sol qu'il enserre du peuple de ses racines, demeure, et, où que son ombre se tourne, soit qu'il reste seul avec les enfants, soit qu'à l'heure où tout le village se réunit sous l'avancement tortueux de ses bois les rayons roses de la lune passant au travers des ouvertures de sa voûte illuminent d'un dos d'or le conciliabule, le colosse, selon la seconde à ses siècles ajoutée, persévère dans l'effort imperceptible. » (Paul Claudel, Connaissance de l'Est ).

 

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Premières impressions de Hanoï, "à l'intérieur de la boucle du fleuve"

Hanoï est la capitale du Viêt Nam. Jusqu'au XIII ème siecle, elle s'est appelée le Village du Nombril du Dragon. Fébrile,  trépidante,  dynamique et active, elle se présente comme une capitale culturelle aux mille visages, et dont le nom a changé de nombreuses fois au cours des siècles. Au coeur de la région que les français appelaient le Tonkin, large région montagneuse du nord où vivent encore de très nombreuses ethnies, à environ 400 km de la frontière chinoise, ce creuset palpite d'un mille feuille historique impressionnant, qui inscrit son histoire le long du Fleuve Rouge. 

 

Il est 22 heures et il fait enfin "frais", la température vient de descendre à 34 degrés... Mais ici le chant du muezzin ne retentit plus à toute heure du jour et de la nuit, on peut se mettre en short et montrer ses bras, et les vietnamiennes ne s'en privent pas...

 

Ce qui marque ici avant tout, ce sont les couleurs, et les odeurs. Partout des fruits, portés par les vendeurs ambulants sur les palanches, ces plateaux d'osier tressé reliés par un bâton en équilibre sur les épaules, ou sur les vélos aménagés. Et puis l'encens, qui brûle partout, à l'entrée des échoppes, sur les autels aux ancêtres, au coeur des noeuds de racines de banians... La densité de la circulation est hallucinante, la foule compacte. Y compris dans "le vieux quartier", ce centre historique au dédale de ruelles tortueuses.... L'urbanisation étant contrainte par une densité importante, les immeubles ne dépassent guère plus de 5 à 6 mètres de large, mais s'élèvent tout en hauteur, donnant un air particulier et vertigineux aux rues, et contraignant le visiteur à grimper de nombreuses marches jusqu'aux étages, et à vivre dans des pièces sans fenêtres... Les couleurs, se sont celles de la soie : vives et fraîches, lumineuses, éclatantes, mates ou moirées, unies ou imprimées, elles habillent la ville de douceur.

 

Et puis, nous avons découvert l'affection des vietnamiens pour les enfants, qui semble sans limite et se manifeste par un besoin irrépressible de contact physique : caresse des épaules, main dans les cheveux, joues pincées, baisers reçus... Pour l'instant, ils supportent, mais c'est envahissant... "they are so cute !"... Bon, mais dans la rue, on peut aussi goûter des boulettes de riz gluant frites et sucrées comme des friandises, observer les grenouilles, crevettes ou poissons vivants qu'on veut manger au déjeuner, choisir son tissu, son modèle, et se faire tailler un vêtement sur mesure, acheter de faux dollars en papier, de faux iphones, de fausses voitures.... et les brûler en offrande aux ancêtres, grimper sur la banquette rouge d'un cyclopousse pour une promenade romantique au coeur de la vieille ville coloniale, prendre des cours de gastronomie locale sur un bout de trottoir, ou de calligraphie vietnamienne, ou de taï chi, manger du chien, se faire masser, jouer au mah jong avec les locaux en buvant du thé...

 

PS : nous avons rajouté des photos sur les articles des enfants "zoo" et "un zoo superbe " (Jakarta), ainsi que sur "la Java du diable" (Karimunjawa).

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Chúng tôi sẽ sớm công bố một bài báo

Traduction : on va bientôt publier un article 

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Goooooood morning Vietnam

Et voilà ! Nous revoici dans l'hémisphère nord ! Pas bien frais sans doute, les yeux mâchés, la mine fripée, le sourire de traviole... mais heureux d'accomplir le rêve de fouler la terre vietnamienne...

 

Finalement, en escale à Kuala Lumpur, pas moyen de rien visiter d'autre que.... les rues autour de notre hôtel ! On est dans le quartier indien, on aperçoit les tours Pétronas de loin, jaillissant du bouquet de gratte-ciel, après avoir survolé les hectares de plantations de palmiers (pour l'huile de palme)... Le brassage dans les rues n'a rien à voir avec celui de Jakarta, les odeurs des petits restaus de trottoir non plus, et nous découvrons avec effarement des malls hypermodernes...

 

Heureusement, Stéphane nous attend à l'hôtel. On a rencontré ce sympathique suisse à Jogyakarta il y a 2 semaines, puis il s'est envolé pour Katmandou, et nous voilà de nouveau réunis, le temps d'une soirée, avec Miaki, son amie japonaise, autour de nouilles chinoises, dans une rue malaise... Promis, on se reverra en Europe ! Avec eux, pas le temps de continuer la lecture du "tour du monde en 80 jours", de Jules Vernes, d'autant que dans notre auberge de jeunesse, le match France-Irlande est retransmis, qui se joue dans le tout nouveau stade de Décine... Nous sommes un peu en apesanteur, toujours en surréalisme...

 

Et puis, ce matin, de nouveau des heures de formalités, encore 3h30 de vol, et nous foulons le sol de ce pays si beau, cette terre qui attise fantasmes et convoitises ! Son histoire douloureuse, sa culture à la fois connue et méconnue de la France, la richesse de ses peuples et paysages... nous attendent...

 

Après 49 770 km parcourus et un retour dans l'hémisphère nord, nous ne cessons d'apprendre à voyager, à aiguiser notre regard, à affûter nos sensations, à attiser notre désir...

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