Photos pascuanes

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Rapa Nui

Vendredi 1er avril

 

Je reprends le carnet de voyage rédigé au jour le jour depuis notre arrivée, le 27 mars, dimanche de Pâques, sur l'île de Pâques... Ce bout émergeant de rocher, point culminant d'une Cordillère sous marine, le plus éloigné au monde de tout continent, n'a pas de connexion internet suffisante pour nous permettre d'accéder au blog... mais ce soir, amertume et déception : je ne retrouve plus les lignes rédigées quotidiennement, il semble que nous ayons perdu tout le texte qui essayait de rendre compte de cet extraordinaire que nous vivons ici, à la rencontre des rapanui et de leur culture...

 

Samedi 2 avril

 

Iorana (salut en rapa nui)

 

L'océan Pacifique est partout, puissant. Les émotions éprouvées ici, sur cette île aux paysages restés sauvages, sont très intenses. Régulièrement, les larmes nous montent aux yeux, devant un site plusieurs fois centenaire où les moais, ces géants de pierre, sentinelles indéfectibles d'une culture encore incomprise, semblent avoir figé le temps... moais debout, moais couchés, moais penchés, le nez dans l'herbe, les lobes des oreilles courts ou allongés, de buste ou de pied, le visage affiné ou encore grossier, érigés ou non encore extirpés de leur lit de pierre, dressés sur leurs autels cérémoniels (ahus) ou abandonnés sur le chemin entre carrière et destination finale, avec ou sans chapeau... tout un peuple sculpté de pierre volcanique et de tuf rouge qui vient parler aux pascuans de leurs ancêtres, sans toutefois révéler encore tous leurs secrets... Il n'est pas un sentier de l'île qui ne découvre les beautés mystérieuses d'un passé turbulent et parfois douloureux, mais riche d'une culture unique, bien que métissée (la Polynésie n'est pas loin...)

 

Nous campons. Directement au bord de l'océan et de ses rouleaux qui viennent se fracasser bruyamment en gerbes d'écume impressionnantes, un grand pré accueille les dizaines de petites tentes igloos des routards du monde entier. On y parle toutes les langues, avec une prépondérance du français. L'ambiance est très sympa, et même communautaire : échanges en tous genre (expériences, adresses, bons plans, nourriture, location de matériel en commun, mutualisation...). A notre arrivée, nos enfants sont les seuls : les voyageurs en partance nous offrent nourriture, masques et tubas, tente... Puis arrivent d'autres familles françaises : les polynésiens ou métropolitains expatriés à Tahiti profitent des vacances de Pâques pour voyager dans "le triangle" : île de Pâques, Hawaï, Nouvelle Zélande. C'est ainsi que nous sympatisons avec Audrey et Thomas, et leurs 2 filles, Zoé et Margot. Les enfants ne se quittent plus, et ils nous ont très spontanément proposé de nous héberger à Morea, l'une des îles que nous avions le projet de visiter, où leur maison se trouve devant le lagon, où il est possible de nager avec des raies et des requins... Les enfants devraient même pouvoir y être scolarisés un jour ou deux...

 

Dimanche 3 avril

 

Sur l'île,  goyaves, bananes, eucalyptus, hibiscus, palmiers et avocatiers... une flore somme toute assez pauvre : la terre est de roche volcanique, l'eau est salée,  le vent violent et permanent... plus de 3 000 chevaux sauvages tendent à envahir l'île, restée vierge et authentique. Leurs carcasses blanchissent au soleil au pied des moais... Pas de réseau routier (une seule route, asphaltée depuis 1996 seulement, sinon, des pistes défoncés, poussiéreuses par temps sec, boueuses par temps humide), pas d'eau potable en dehors de Hanga Roa (seule ville de l'île, qui compte environ 5 600 habitants), peu de commerces, tout arrive du continent par bateau ou avion, quant aux connexions wifi, elles sont plus qu'aléatoires... L'aéroport a cependant longtemps été un habitué du Concorde...

 

Ce matin, une randonnée à cheval inoubliable au sommet du volcan Terevaka, point culminant de l'île,  avec ses 507 mètres d'altitude. 3 heures de chevauchée dans un paysage sauvage et sublime, sorte de steppe très douce entourée partout du bleu profond de l'océan. Ondulations des herbes, ondulations de l'eau, ondulations du ciel...

 

Jeudi soir, spectacle de musique, chants et danses traditionnels : une culture très nouvelle pour nous, métissée de rapa nui, de maori et de tahitien ! Un mélange de rites tribaux et guerriers, de vahinées... ondulantes... un culte du corps bien différent des dernières danses appréciées, en Bolivie...

 

Mardi et mercredi, nous avons loué une voiture pour explorer l'île dans ses moindes recoins, nous arrêtant tous les 100 mètres pour découvrir un site archéologique, admizrer un point de vue sur le Pacifique... jeudi, lever avant 7h pour aller voir le soleil se lever à l'est, sur le site des 15 moais alignés, et le soir, pique nique sur le site des 7 moais à l'ouest, afin de voir le soleil plonger dans l'océan entre eux... des moments puissants.

 

Visite du musée anthropologique de Hanga Roa : l'explication de sa situation géographique exceptionnelle, de sa composition géologique (point culminant d'une Cordillère sous marine) et de son histoire mouvementée, l'unique moai féminin, le seul oeil de corail et d'obsidienne d'un moai trouvé au pied d'un ahu, ses statues rapa nui, ses tablettes rongo rongo, cette écriture hiéroglyphique non encore déchiffrée sur laquelle nombre d'archéologues se sont cassé les dents... la présence des travaux et recherches d'Alfred Métraux... les représentations des pétroglyphes et peintures rupestres désormais englouties dans les nombreuses grottes des falaises, ou tellement érodés qu'ils sont à peine discernables...

 

Le site sacré d'Orongo et la compétition de l'homme-oiseau 

La carrière de moais 

 

Tous les jours, nous nous sommes baignés avec des tortues de mer, venues manger des algues dans nos mains. Joie et émotion ! Les enfants nous tannent pour que nous achetions une go pro, ou un appareil photo qui puisse aller sous l'eau...

 

Entrainement quotidien des pirogues polynésiennes, uniques en leur genre, avec 6 rameurs et un unique balancier à droite, dont l'équipe rapa nui s'enorgueillit de plusieurs titres mondiaux. Spot de surf et de plongée, visibilité à 40 mètres, clarté des fonds sous marins, coraux stupéfiants... Artisanat de coquillages.

 

Mais à côté de ces aspects merveilleux, nous nous questionnons aussi sur l'isolement insulaire. Ici, tout le monde se connaît, et la terre la plus proche est à 3 700 km... Comment vivre une vie entière dans cet entre soi endogamique ? Comment construire une ouverture aux autres dans un si petit univers, un rapport à la différence ?

 

Lundi 4 avril

 

Ce soir nous prenons l'avion à 23h, et, après 6h de vol, atterrissons à Papeete à minuit !!! Nous aurons alors 12h de décalage horaire avec la France...

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Pâques... sur l'île de Pâques

6 heures de vol et 2 fuseaux horaire en moins, nous découvrirons demain la mystérieuse île perdue au milieu du Pacifique... un rêve...

Nous allons avoir une semaine entière pour la découvrir,  l'explorer, l'arpenter, sonder ses mystérieux et troublants Moai... 

Une semaine de camping pour nous imprégner de cette culture métissée.

En voici une rapide présentation.

 

Destination mythique pour tout voyageur, l’île de Pâques fascine par ses Moais, géants de basalte dressés vers le ciel, sa riche histoire et sa culture millénaire, son isolement dramatique au milieu de l’océan Pacifique… et plus encore. Rapa Nui est une vraie légende flottant sur les ondes. Pourtant, bien peu sauraient dire de prime abord où elle se situe exactement… et encore moins pourraient affirmer que cette île est chilienne ! Aujourd’hui beaucoup plus accessible (un vol par jour depuis Santiago), l’île de Pâques attire chaque année davantage de touristes, ce qui la rend peut-être moins mystérieuse… Toutefois, on en repart bien souvent enchanté : rencontre de la Polynésie tropicale et du Chili latino-américain, c’est une destination atypique, qui mérite au moins quatre jours pour en découvrir les principaux sites. L’île de Pâques (Rapa Nui) appartient géographiquement à la Polynésie, soit le triangleimaginaire regroupant les îles situées entre la Nouvelle-Zélande, Hawaï et Rapa Nui. Rappelons que l’Océanie est divisée en trois zones principales : la Mélanésie (ainsi nommée à cause de la peau foncée de ses habitants), la Micronésie (en raison de la petitesse de ses îles) et la Polynésie (qui signifie : beaucoup d’îles). Rapa Nui est l’endroit le plus isolé du monde puisque l’île polynésienne la plus proche est celle de Pitcairn, située à 1 900 km, et que la côte chilienne est, elle, à près de 3 700 km ! Une situation qui évoluera inexorablement dans les siècles et millénaires à venir, puisque le mouvement tectonique de la microplaque de Pâques la rapproche de l’Amérique du Sud à raison de 6,5 cm par an. Cet isolement a souvent accrédité la thèse que l’île était le centre et même « le nombril du monde » (ou plutôt de leur monde connu, c’est-à-dire de la Polynésie), au point que les Pascuans l’auraient nommée « Te Pito o Te Henua ». Les Pascuans l’appellent également « Rapa Nui » (la grande Rapa) du fait de sa ressemblance avec Rapa, une île de la Polynésie française, mais aussi parce que cette dernière est située plus ou moins à la même latitude (27°). Il est vrai que cette île présente la caractéristique d’être quasiment un triangle isocèle. Cette forme est due à son origine volcanique et à la présence de trois volcans marquant chacun de ses angles : le Rano Kau au sud (vieux d’environ 1,5 million d’années), le Poiké à l’est (3 millions d’années) et le Maunga Terevaka qui culmine à près de 510 m (plus récent, environ 370 000 ans). Mais ces volcans ne sont pas les seuls de l’île, qui en comporte près de 70, tous éteints. Cette origine volcanique pourrait expliquer la rareté des arbres et des paysages, qui ressemblent parfois aux terres irlandaises, mais nous verrons plus loin qu’il n’en est rien. En réalité, certains voyageurs avertis pourraient surprendre quelques similitudes entre Rapa Nui et les Açores (les calderas de Corvo ou de Faial, par exemple), îles portugaises d’origine volcanique également… La côte de l’île est rocheuse et sans baie abritée. Il existe seulement deux plages : Anakena et Ovahe, situées sur la côte nord de l’île, ainsi qu’une petite plage bien rafraîchissante dans le village même d’Hanga Roa, sur la route du cimetière et du musée. Trois îlots, Motu Iti, Motu Nui et Motu Kao, se situent non loin de la pointe sud de l’île : c’est ici que se célébrait le culte de l’homme-oiseau. La cérémonie religieuse avait lieu tous les ans à Orongo entre les chefs des différentes tribus. Le premier qui ramenait un œuf de manutara de l’îlot Motu Nui, était sacré chef dirigeant de l’île pendant une année entière.

 

Le cérémonial de l'homme-oiseau 

 

Il concerne sans doute la fête religieuse la plus importante de l’île, aux XVIII e et XIX e siècles (pas auparavant). Les Pascuans choisirent le site d’Orongo parce qu’il faisait face aux îlots de Motu Iti, Motu Kao et surtout Motu Nui où venaient pondre les oiseaux de mer, dont la mouette pascuane, la manutara sacrée. Chaque année, devant le roi et les principaux prêtres de l’île, les mata-toa, chefs de guerre, briguaient le titre d’homme-oiseau. La cérémonie commençait d’abord au flanc du Rano-Kau, à Mataveri, où les pèlerins dressaient des tentes et répétaient leurs danses rituelles. Puis, en juillet, ces pèlerins, coiffés de diadèmes de plumes, montaient à Orongo accompagnés de leurs serviteurs, les hopu, qui étaient chargés d’aller chercher un œuf de manutara sur Motu-Nui. En général, les premiers œufs étaient pondus un mois plus tard. Aussi le serviteur, quand il s’élançait de la falaise vers les flots, emportait dans ses dériveurs en balsa quelques victuailles. La traversée était très périlleuse du fait de courants extrêmement forts et de la présence de nombreux requins. Les hopu attendaient alors patiemment, observant le manège des manutara luttant contre la faim sur leur îlot désert. Le premier à trouver un œuf de manutara (souvent en septembre) grimpait alors sur le rocher Tangi te Manu ( « le cri de l’oiseau ») et criait à son chef de se raser la tête. Le hopu trempait ensuite l’œuf dans la mer et l’attachait à son front, puis regagnait l’île. Il était en général accompagné de tous les autres hopu bredouilles car le pouvoir sacré de l’œuf était censé les protéger du danger des requins. Arrivé à Orongo, le hopu tendait l’œuf à son chef, complètement rasé, le visage couvert de peintures rouges et noires et un oiseau en bois accroché dans le dos. Le chef brandissait l’œuf d’une main aussitôt recouverte de tapa rouge et prenait la tête d’une procession venue pour son avènement et qu’il conduisait à Mataveri. Là, un cérémonial fait de danses et de banquets parfois cannibales fêtait ce nouvel homme-oiseau, véritable représentant du pouvoir divin sur l’île. Ensuite, pendant un an, l’homme-oiseau devenait le personnage le plus important de l’île, avec le roi, mais il était entouré de nombreux tabous. Il se retirait dans une hutte près du Rano-Kau ou d’Anakena, il n’avait pas le droit de se baigner dans la mer, ni de se laver les cheveux et les ongles, toute relation sexuelle lui était interdite, les aliments lui étaient préparés par un serviteur spécial et il n’avait pas le droit de les toucher de la main qui avait brandi l’œuf. Le hopu qui avait trouvé l’œuf était également entouré de certains tabous. Les recherches n’ont pas réussi à prouver tous les pouvoirs qui étaient attribués à l’homme-oiseau mais la convoitise que suscitait ce titre laisse à supposer que lui et son clan bénéficiaient de nombreux avantages. L’homme-oiseau jouissait d’une aura religieuse et faisait en quelque sorte partie des « élus », assurant un lien entre le divin et les hommes. Il est probable que ce titre lui conférait une autorité politique dont il pouvait se prévaloir toute sa vie. Se créait ainsi une véritable élite d’hommes-oiseaux et quand l’un d’entre eux venait à mourir, tous ses « confrères » se rendaient à son enterrement. On attachait alors à chaque doigt de pied du mort un poulet que seuls les autres hommes-oiseaux étaient autorisés à détacher à la fin de la cérémonie funéraire. Ils les donnaient ensuite aux fils du défunt pour lesquels les poulets devenaient également tabous. Ce culte de l’homme-oiseau a pris fin sous l’influence des missionnaires. Sur le site, les groupes de rochers de Mata Ngarau portent plus d’une centaine de pétroglyphes représentant le dieu Make Make et de nombreux hommes oiseaux tenant l’œuf sacré à la main, témoins de la vitalité du mysticisme de l’île.

 

Les neru

 

On connaît peu le destin de ces filles de chef, si truculent selon nos codes et notre morale actuels. Au cours de leur puberté, vers l’âge de 12 ans environ, elles devaient suivre un véritable rite d’initiation. On les enfermait ensemble dans une caverne, dans la zone du volcan Poike, pendant six lunes (environ 5 mois et demi !). Elles devaient rester entièrement nues, afin que leur peau blanchisse : symbole d’aristocratie. Leurs cheveux devaient être très longs (la tête étant le siège du mana), les ongles également, et elles devaient être vierges. Dans leur antre, on les initiait aux prières pour le dieu Make Make ; de premiers grands tatouages étaient aussi pratiqués sur leur corps à peine nubile. Evidemment, on les nourrissait tout au long de leur sombre séjour. Toutes ces cérémonies n’étaient pas fortuites. Depuis leur plus tendre enfance, en fait, on leur étirait les lèvres du sexe à la main, par massage. Les filles de chef devaient en effet procurer du plaisir, selon la tradition, tant pour elles-mêmes que pour leur futur partenaire. Les six lunes passées, ces gentes demoiselles sortaient de la caverne, à moitié aveuglées par la semi-obscurité. On les portait dans des sortes de palanquins ou filanzanes jusqu’au lieu de cérémonie à Orongo, tandis que le vainqueur était consacré. Ensuite, elles prenaient place, les jambes écartées et légèrement surélevées, sur le rocher qui existe encore de nos jours (site des pétroglyphes, et notamment celui des deux mains, là où précisément elles prenaient appui). Un prêtre se tenait au-dessous d’elles, et mesurait la longueur des lèvres (qui atteignaient 7 à 8 cm environ). Celle qui possédait lakomari (la vulve) la plus longue était jugée la plus belle, et choisie pour être la femme de l’homme-oiseau. Aussitôt, elle était déflorée en public, dans un recueillement on imagine respectable. Point d’attouchements privés par la suite, puisqu’on la séparait de nouveau de son mari pendant cinq nouveaux mois, avant de pouvoir enfin le retrouver, une bonne fois pour toute. La dernière femme qui a subi cette pratique, coutumière jusqu’à l’évangélisation de l’île en 1868, est morte en 1946.

 

Moai

 

Ce sont eux qui ont fait de l’île une terre de légende. Pourquoi un tel gigantisme sur une petite île dépourvue de tout ? Qu’essayent de nous dire ces blocs de basalte qui ont l’air si humain et qui semblent disserter entre eux sur des mystères qui nous échappent ? Ces statues, dont on a eu du mal à trouver la signification (les explications oscillant entre divinités ou monuments funéraires), sembleraient, comme dans les îles Marquises, représenter des chefs ou des prêtres dont les esprits seraient passés au rang de divinités. Mais le bloc de pierre en soi n’était pas une divinité, il fallait l’intervention d’un prêtre pour que son esprit apparaisse. Au temps de leur splendeur, les statues étaient peintes en rouge et blanc, à la manière des tatouages, symbole de pouvoir (le roi avait le plus grand), qu’arboraient les Pascuans. De plus, de leurs yeux en corail et obsidienne se diffusait leur énergie, leur mana, qu’elles transmettaient aux grands chefs. Enfin, certaines d’entre elles étaient coiffées d’un pukao, un couvre-chef circulaire rouge figurant le chignon des grands chefs. Les moai reposent en général sur un Ahu, mais certaines statues disséminées sur l’île étaient posées à même le sol et des recherches ont pu prouver que ce n’était pas parce qu’elles avaient été abandonnées en cours de route. 272 Ahu et plus de 1000 moai sont présents sur l’île. Même si certaines d’entre elles ont des traits plus fins, du fait d’une plus grande dextérité du sculpteur, ces statues montrent toutes une finition exemplaire. Alfred Métraux note qu’elles sont douces au toucher, témoignage d’un ponçage appliqué. C’est la matière dans laquelle elles ont été fabriquées, le tuf volcanique, qui a permis ce travail, avec, en contrepartie, une grande fragilité, ce qui rend leur transport périlleux.

 

 

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Différents visages de la capitale chilienne...

Et voilà, notre séjour sur le continent s'achève...

Journées riches et tranquilles, jamais ressemblantes.

 

Hier, visite du centre historique, la Place d'Armes et ses caricaturistes, la cathédrale et sa messe du vendredi saint, la police montée et la camionnette proposant aux chiliens détenant une arme illégalement de pouvoir la rendre anonymement, le Palais de la Moneda et son centre culturel, la statue de Salvador Allende, le Marché Central et ses dégustations de poissons et fruits de mer.....

 

Aujourd'hui, rencontre de Frédéric, Mousse et Veronica, amis de Matthias et Laurence, qui nous avaient proposé de nous héberger... Au couvent los Dominicos et son village artisanal, nous avons refait le monde, histoire d'affûter un peu notre regard sur le Chili et les chiliens... Un grand merci les amis, notre rencontre est de celles qui comptent ! Et puis, ils nous ont délesté de nos kilos en trop !! L'artisanat bolivien, les coquillages péruviens, les livres équatoriens, et les pierres de 8 pays différents... arriveront en France avant nous. Et j'aime savoir que nous reverrons, sans savoir en quelle année ni sur quel continent !

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Prohibido no tocar

Quel bonheur que cette interdiction de ne pas toucher, dans ce musée très pédagogique qui ressemble à s'y méprendre à la cité des sciences de la Vilette ! Des expériences scientifiques et thématiques faciles, ludiques ou spectaculaires, pour les enfants de 2 à 99 ans, on a apprécié...

 

Aujourd’hui,  les enfants nous ont suppliés de ne pas sortir, tant pis pour le musée d'archéologie pré-colombienne (sans doute moins ludique, mais on y explique aussi la culture de l'île de Pâques), pour le centre ville (on ira demain, c'est férié pour le vendredi saint et tous les musées seront fermés) la maison de Pablo Neruda (bon, on connait déjà), les différents quartiers, avec leurs identités bien spécifiques... Il faut dire aussi que nous avons voulu profiter jusqu'à la dernière minute de Pia et Rodrigo, partis aujourd'hui dans le sud pour le week end pascal,  en nous laissant leur maison... Encore une séparation émouvante, avec la promesse de se revoir très vite, ici, en Europe ou ailleurs... Nous restons avec Catalina, cette dame qu'ils emploient et qui loge chez eux, comme c'est ici coutume chez les familles dont le niveau de vie le permet... Nos discussions très riches nous ouvrent davantage sur le Chili et sa compréhension, ce pays d'apparence socialement bien plus développé que ceux que nous avons traversés jusqu'à présent, mais qui reste écartelé en d'énormes contrastes... Alors qu'une loi qui autoriserait l'IVG se discute pour la première fois ces jours ci au Parlement, les divorces ne sont légaux que depuis 5 ans, les étudiants sont restés 8 ans en grève pour obtenir la gratuité des études, santé, éducation et justice se privatisent, et le modèle nord américain fait force de modèle et de loi, avec une tendance à la libéralisation forcenée... Il faut dire que les chiliens tentent de construire la pérennité de leurs institutions dans un pays traumatisé par plus de 3 décennies de dictature, (aujourd'hui encore, c'est le fils de Pinochet qui finance tous les partis de l'échiquier politique), et que certains restent très déstabilisés par l'effondrement de l'autoritarisme, et les possibles que cela ouvre...

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Santiago

Après 8 heures de bus hier, les dernières sur le continent, à descendre l'épine dorsale de la panaméricaine, nous voici dans la capitale chilienne. Le changement est grand, les 6 millions d'habitants du pied de la Cordillère vivent au milieu des grands immeubles et de la pollution, et nous avons passé presque 45 minutes dans le métro pour rejoindre la maison de Pia et Rodrigo, à plus de 21 heures. Émotion de rencontrer leurs enfants et de leur présenter les nôtres ! Mathias a 12 ans, et Nicolas, 5. Pia et Rodrigo sont tous les 2 professeurs, chercheurs et enseignants, elle de psychologie clinique à l'université catholique, lui de physique fondamentale à l'université du Chili. Leur accueil chaleureux est précieux ! Une ponctuation follement agréable dans le voyage, un séjour "comme à la maison" et des échanges circonstanciés sur le pays...

 

Hier c'était l'équinoxe de printemps et le début de la semaine sainte, l'une des périodes les plus festives sur ce continent à forte prégnance catholique. Le vendredi saint est un jour férié... A Cuzco c'est la fête du Senor de los temblores, le grand Christ en bois noir porté en procession par des dizaines de milliers de fidèles, sur un chemin semé de véritables tableaux éphémères de pétales de fleurs... et partout ailleurs, dans les villes et les villages d'Amérique Latine, Pâques se prépare et se célèbre avec forces manifestations syncrétiques. 

 

Aujourd'hui ici, ce sont les travailleurs qui manifestent, en bloquant tout le centre ville... Nous allons donc adapter nos visites...

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le nectar des dieux

Vignes, cognassiers, grenadiers, poivriers, oliviers, lauriers roses, romarin... la végétation presque provençale de cette vallée idyllique est un doux repos pour les yeux, après l'aridité traversée ces dernières semaines... A Brindas, violettes, primevères, jonquilles, et bientôt cognassiers du Japon, glycine et lilas annoncent le printemps, et cette douceur nous manque, nous qui avons abruptement changé de climat, passant du très froid au très chaud sans intermédiaire... les préparatifs de la terre pour l'été, le gonflement de la sève dans les bourgeons, la neige des fleurs de cerisier...

 

Natation, vélo pour explorer les sentiers de la vallée, tout, ici, invite à prendre son temps, et à savourer.

 

Hier, émouvante rencontre de la vie et de l'œuvre de Gabriela Mistral, enfant du pays et prix Nobel de littérature en 1945.

 

Aujourd'hui, visite d'une distillerie artisanale de Pisco.

 

Et surtout, nous avons eu la chance de vivre l'incroyable rencontre avec l'infiniment grand, de celles qui remettent l'homme à sa juste place... Pas très facile de comprendre, d'imaginer, de se représenter... les ordres de grandeur astronomiques, mais la vue des constellations est tout simplement bouleversante, alors que dire des nébuleuses, des planètes, de la lune et du soleil ? Les incas n'auraient certainement pas boudé leur plaisir, à voir leurs dieux de si près... Hier soir, la lune nous a révélé son ventre rond, et ce matin, les éruptions solaires, sur la circonférence du disque rouge, nous ont laissés abasurdis.

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Itinérance, quand tu nous tiens !

Après cette pause sédentaire dans le rythme choisi de notre voyage, nous reprenons la route demain... pour la vallée de l'Elqui. A Vicuna (1h de route seulement), nous serons aux premières loges pour visiter l'observatoire astronomique dont nous rêvons depuis San Pedro... Le ciel ici, du fait de la grande sécheresse et de l'absence de pollution lumineuse, est parmi les plus purs du monde, et de nombreux observatoires ont fleuri : depuis les installations scientifiques internationales (les plus grands télescopes au monde se trouvent ici, et c'est également ici qu'ont été faites un certain nombre des découvertes astronomiques des dernières décennies) jusqu'aux télescopes touristiques, qui se sont multipliés... Nous tâcherons de trouver un intermédiaire (la visite d'une grande station internationale doit se réserver 6 mois à l'avance...), qui nous permette d'admirer le merveilleux spectacle du ciel, d'une façon suffisamment pédagogique pour que les enfants en profitent... Et puis, à Vicuna, se trouve également, transformée en musée, la maison dans laquelle Gabrielle Mistral est née et a vécu... Enfin, il est possible d'y visiter une distillerie de pisco, ce nectar dont péruviens et chiliens se disputent la paternité... Autant de raisons de visiter cette belle vallée verdoyante, au milieu des vignes !

 

Car ici, nous sommes toujours dans l'aridité semi-désertique de la cordillère. Hier, en allant à la Punta de Choros, dans l'immensité des dunes hérissées de cactus et des plaines aux lits de rivières asséchés, nous avons vu des guanacos (variété de lamas, de la famille des camélidés, tout comme les vigognes et alpagas), de petits renards gris semblables à des fennecs, et il parait que les pumas, si difficiles à observer, y vivent nombreux...

 

En plus des tsunamis, anciens ou récents, dont les cicatrices sont visibles partout, les Chiliens doivent vivre avec des tremblements de terre constants... Ici, on différencie les "terremoto", degrés les plus forts sur l'échelle de Richter, des "temblores", littéralement "tremblements", et il n'est pas rare d'être accueilli par des paroles rassurantes du genre "ne vous inquiétez pas si vous sentez la terre trembler..." D'ailleurs, c'est à San Pedro qu'une forte secousse nous a réveillés, en pleine nuit... Les enfants, qui auraient aimé ressentir les manifestations de la puissance tellurique, regrettent d'avoir bien dormi cette nuit-là !

 

Aujourd'hui, promenade au jardin japonais de cette ville coloniale qui compte 30 (!) églises, et visite de son musée archéologique, où nous faisons connaissance avec notre premier Moai.

 

Et puis, allez donc jeter un œil à la rubrique "itinéraire" de notre blog : un nouveau logiciel nous permet de vous dire qu'à 4,5 mois de voyage, nous avons parcouru plus de 23 000 km !

 

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Punta de Choros

Punta de Choros... Coquimbo... réserve nationale de pingouins de Humbold... L'année dernière, un tsunami a gonflé ses vagues de 15 mètres, et l'océan est entré dans les terres jusqu'à 800 mètres... Aujourd'hui, de nouveau de petites cabanes de taule poussent au milieu du désert, sur la côte, et malgré la migration en ville (on est à 100 km de la Serena), les anciens restent au village, qu'ils maintiennent vivant... dans la réserve, tenue par la CONAF, les colonies d'oiseaux marins sont impressionnantes, les phoques, loutres et lions de mer, les pingouins se comptent par milliers, sans compter les dauphins à nez de bouteille, que nous avons eu la chance de voir nager tout autour de notre bateau...

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Photos del valle de la luna, valle de la muerte

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La Serena

Nous voilà de nouveau au bord de l'océan Pacifique, après 15 heures de traversée du désert le plus aride au monde... Au Chili les routes sont goudronnées, on attache sa ceinture dans les bus qui partent à l'heure, on traverse des kilomètres d'éoliennes et de panneaux solaires plantés au milieu de nulle part, et on va même pouvoir boire l'eau du robinet, pour la première fois depuis 4 mois ! On est arrivés ce matin dans le petit appartement loué pour quelques jours (gracias Airbnb), Consuelo et Raul sont adorables, et nous ça nous fait un bien fou de ne plus être à l'hôtel,  et d'avoir des activités aussi simples que celle de remplir un frigo... Du coup, soirée crêpes aujourd'hui, avec, pour la première fois depuis Noël, une bonne bouteille de vin chilien... Et puis, la connexion internet est excellente, nous avons donc pu mettre en ligne quelques vidéos, et publier des photos de nos derniers jours en Bolivie...

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Vallée de la lune

Le désert d'Atacama est le plus aride au monde, et en certains endroits, les scientifiques ont établi qu'il n'a jamais plu... En moyenne, 2 millimètres de précipitations annuelles... Et, à quelques centaines de kilomètres au sud, un phénomène étrange se produit : tous les 4 ans, le désert fleurit... les graines gardent leur pouvoir de germination jusqu'à être fécondées par la pluie, ouvrant le sable de fleurs éphémères... Nous avons loupé cet extraordinaire moment, qui a eu lieu en octobre, particulièrement intense cette année, parait-il... Ici, chose rarissime, il a plu il y a 4 jours, faisant ressortir les cristaux de sel blanc qui saupoudrent le désert comme le ferait du givre. Nous avons passé quelques heures dans cette étrange vallée de la lune, toute de dunes de sable ocre et de synclinaux de roche jaune, sensation d'être ailleurs, expérience unique, surtout au coucher du soleil... En 1999, le blanc ne recouvrait pas tout comme il le fait aujourd'hui... mais ce paysage lunaire est vivant, et se sculpte quotidiennement, témoignage d'un temps où l'actuel Chili était sous les eaux tumultueuses de l'océan Pacifique...

 

Demain soir, nous prendrons un bus de nuit (15 heures ! un record...) pour la Serena, ville côtière dans laquelle nous avons loué un appartement pour 5 jours. Finalement, tant pis pour la visite de Calama et de la mine de cuivre de Chuquiquamata, tant pis aussi pour les villages fantômes de l'exploitation du salpêtre vers Antofagasta... Nous nous acheminons tout doucement vers Santiago, où Pia et Rodrigo nous attendent, que nous n'avons pas revus depuis... 17 ans...

 

Au fait ! Le chant du désert, c'est Claude Nougaro...

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Le chant du désert

   

Dans le désert du papier blanc
Mes vieux chameaux de mots naviguent
Croisant parfois les ossements
D'un poème mort de fatigue

J'ai soif

Bédouin brûlé par l'aveuglant
Néon d'un néant, sèche douche
Je marche, marche, m'ensablant
Un bâillon d'encre sur la bouche

J'ai soif

Il est des bouches oasis
Tout enchantées de phrases fraîches
La mienne suce le supplice
D'une langue qui se dessèche

Pourquoi me suis je, ah là là
Aventuré parmi ces dunes ?
Croyais je y rencontrer Allah,
Son burnous en bure de lune ?

Il m'aurait dit : " Ta soif me plaît
Voici ma gourde d'eau mentale "
Alors j'eusse bu les couplets
D'une chanson fondamentale

Une chanson à l'infini
D'un souffle neuf brisant ces noces

 

Qui nous font naître dans un nid
Halluciné de becs féroces

Une chanson puisée ailleurs
Qu'à la litanie de nos plaintes
Mêlée aux hymnes fossoyeurs
Dans le poumon des guerres saintes

Une chanson calmant la soif
De nos soifs enfin inondées
Oui qu'une pluie enfin nous coiffe
D'une chevelure d'idées

Idées dictées pour en sortir
De nos mariages et leurs divorces,
De nos bourreaux et leurs martyrs,
De nos contrats et leurs entorses

De nos salam, salamalecs
Au sommet sec de nos puissances
Quand nos enfants claquent du bec
Dans la patrie de l'innocence

J'ai soif, soif

Et me voici là devant vous
Frères humains, but de ma course
Les doigts tendus comme des trous
Vers la lumière d'une source
J'ai soif
Source, chant source
Jaillis, jaillis, jaillis...

 

 

C'est pas de nous ! Il faut trouver l'auteur sans aller sur internet...

 

Nous, on n'avait pas autant de choses à dire, si ce n'est qu'on a plein de photos à mettre en ligne mais qu'au milieu du désert, on n'y arrive pas ! La connexion internet est super lente.

Aujourd'hui on a réussi à trouver des VTT à la taille des enfants et du coup on a pédalé un bon moment tout au long de l'oasis de San Pedro. Tout le monde était ravi autant des paysages que de faire du vélo. Bon, on a bu 4 litres d'eau en 1h 30. Il fallait bien ça.

Dès qu'on a une connexion correcte, on inonde le blog de photos.

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