Jakarta

Jakarta est une ville étouffante, anarchique, difficile à apprécier d'emblée, et dont le patrimoine culturel et architectural est disseminé... on s'y déplace difficilement, les bouchons et la pollution sont terribles, les kilomètres de bidonvilles qu'on traverse pour accéder à son coeur sont effrayants, mais pourtant elle contient des trésors... L'écrasante touffeur a aujourd'hui cédé la place à une pluie continue qui fait ressortir les rats et les blattes, les odeurs nauséabondes de pourriture et de détritus en décomposition, et la sensation de grouillement... En même temps, il fait presque frais, la température descend en dessous de 30 degrés, et nous sommes bien décidés à tenter d'apprivoiser la gigantesque ville, pour en percevoir la pulsation... Nous n'allons quand même pas nous laisser décourager par la désorganisation d'une mégapole en plein changement ! Ça nous rappelle Mexico... On va visiter un peu, tenter une expédition de quelques jours au volcan Krakatau, puis y revenir quelques jours encore, avant de nous envoler pour Hanoï, dimanche prochain, via Kuala Lumpur...

 

Petite présentation. Capitale de la quatrième nation du monde par sa population, Jakarta compte à elle seule plus de 10 millions d’habitants, 30 millions si l’on compte JaBoTaBek, sa grande banlieue. Les Indonésiens la surnomment « le gros durian », en référence à ce fruit roi en Asie, mais ô combien étranger pour le palais, et les narines des Occidentaux. Jakarta – l’une des mégapoles les plus polluées du monde, bruyante, épuisante, pauvre, salissante, étouffante – n’a à priori rien pour attirer. On n’y trouve pas de merveille architecturale comme le Grand Palais à Bangkok, de culture urbaine fascinante comme à Singapour, de marques historiques fortes comme à Pékin. Jakarta, c’est simplement une immense ville d'un pays en voie de développement. L’extrême richesse côtoie ici la pauvreté, la modernité des gratte-ciel nargue les manutentionnaires qui se rompent l’échine dans le port de Sunda Kelapa, et le luxe insolent des grands hôtels s’accommode de la saleté des égouts et des quartiers de tôle ondulée insalubres. Pourvue de fabuleux quartiers résidentiels, Jakarta fascine par ses contrastes. Nombreux sont encore les enfants qui dorment dans la rue et qui, tout petits déjà, mendient quelques piécettes. A deux pas, les malls, les centres commerciaux, remplis de boutiques de luxe et de mode, ont poussé comme des champignons. Avec la crise monétaire apparue vers la fin de 1997 et qui a entraîné la chute de la monnaie, Jakarta est devenue le laboratoire des causes perdues et des angoisses à venir ; elle contient en son sein tous les charmes et tous les maléfices d’une immense poudrière. D’ailleurs, il est impossible de connaître le nombre d’habitants de la mégalopole ; officiellement, il y en aurait 10 millions, chiffre qui pourrait monter jusqu’à 14 ou 15 millions dans la journée, où affluent tous les bras à la recherche de travail. Car Jakarta est un aimant pour des millions d’Indonésiens sans travail, souvent sans qualification, qui espèrent dans la grande ville la promesse de lendemains meilleurs… La ville s’étire sur plus de 20 km du nord au sud. C’est avant tout dans la capitale que l’on trouve du travail, où se décident les futures modes, où l’on côtoie les gens du pouvoir. Jakarta constitue un superlatif en tout : ville la plus riche, la plus polluée, la plus peuplée, la plus chère, la plus pauvre. Toutes les ethnies sont représentées, et même s’il est rare de croiser un Papou sur la Jalan Thamrin, le brassage des cultures du monde entier (américaine, européenne et asiatique) forme un ballet continu. 

 

A l’heure actuelle, Jakarta est la capitale administrative, politique et économique du pays. Elle fait partie d’une énorme conurbation : la JaBoTaBek (Jakarta, Bogor, Tangeran, Bekasi). Mais le gouvernement doit faire face aux revendications des autres îles qui trouvent que trop de leurs richesses sont drainées vers la capitale. Un nouveau statut d’autonomie politique et économique permet désormais de rééquilibrer la donne.

 

Bon, voilà pour un rapide tour d'horizon, je vous fais grâce des aspects historiques, pourtant riches et passionnants, de la ville. Pour nous, c'est la première fois en Indonésie que nous ressentons les limites de l'accueil, et pestons contre le conducteur de tuk tuk qui nous réclame 6 fois le prix de la course, le gérant de l'hôtel qui nous indique une laverie à 2 km en omettant de nous montrer la machine à laver qui trône dans le couloir, à la disposition des clients, la blanchisseuse qui nous dit que notre linge sera propre le lendemain, mais qui est "very sorry" quand on arrive, car elle vient juste de le donner (heureusement qu'on ne quitte pas la ville aujourd'hui !), le gardien du musée qui nous dit qu'il ferme à 16h, et, quand nous arrivons à 14h, nous trouvons porte close... tous ces petits détails qui, en s'accumulant un jour de chaleur et de fatigue, donneraient presque envie de fuir !! Heureusement qu'on a appris à ne pas en rester au premier regard posé sur un lieu, à persévérer, persuadés qu'il y a dans cette ville des trésors insoupçonnés, des Indonésiens qui ne demandent qu'à être rencontrés, des lieux palpitants à découvrir...

 

Et d'ailleurs, la fabuleuse visite du musée national nous plaît tellement, où les enfants s'emploient à dessiner les objets de leur choix au gré des salles d'etnografi, d'arkeologi, de tekstil, de keramik, de teknologi, d'ekonomi et d'organisasi sosial, que nous y retournerons demain... Impossible de se représenter la multitude d'ethnies  (plusieurs dizaines sur chacune des 17 000 îles...), de langues, de croyances, de conceptions cosmogoniques du monde, de pratiques culturelles, cultuelles et religieuses... Autrefois siège de la Société hollandaise des arts des Indes néerlandaises (la Bataviaasche Genootschap), le musée a été aménagé dans les années 1860. La diversité culturelle indonésienne et l'histoire dont il témoigne en fait l'un des plus riches de l'Asie du Sud-Est. Des sculptures hindoues de pierres et de bronze, ainsi que des objets en or massif sont exposés dans « La chambre des Trésors ». Diverses collections de vestiges anthropologiques, des ossements du pithécanthrope (« l’homme de Java ») aux fabuleux tambours dông-sôn du Vietnam ; des céramiques chinoises de la dynastie Han ; des maquettes des habitations traditionnelles indonésiennes ; des instruments de musique et des pièces d’art et d’artisanat javanais ; des statues bouddhiques... Une visite époustouflante, qui vaut bien le Louvre...

 

Bon, et puis, on est samedi, et ici le week end  (c'est à dire les vendredi et samedi), les Jakartanais se rendent en foule dans les malls et centres commerciaux ultras modernes, seuls lieux climatisés qui soient à la fois temple de la consommation, lieux de loisirs (cinemas, restaurants...) et de rencontre... dérive de tout pays en voie de développement. 

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Commentaires: 3
  • #1

    vio (dimanche, 19 juin 2016 11:07)

    Hello les aventuriers!
    Quel contraste une fois encore entre les étendues peu construites et les grandes villes avec leur densité de béton au mètre carré plutôt..élevé! Apparemment il va falloir trier dans vos destinations et vous armer une fois encore de patience pdt les trajets.. vous redécouvrez même la joie des bouchons...
    En même tps je vois que les enfants profitent de chaque instant, cahier à la main, pour croquer leur ressenti sur tout ce qu'ils croisent, alors je ne doute pas que ce tps des trajets dans jakarta sera utilisé à bon escient entre le sommeil, les dessins, l'écriture, ou tout simplement l'observation de cette mégapole grouillante..
    Le musée national a l'air génial, ça me fait penser qu'ici il y a une expo spéciale au quai branly pour fêter ses 10 ans d'ouverture. Il faudra que je soumette au maire de romagne l'idée de faire un musée sur la commune pcq ça manque vraiment!
    une volée de bisous jusqu'à vous

  • #2

    jade picard (dimanche, 19 juin 2016 15:33)

    Coucou . Je suis bien contente car il ne me reste que deux jours de cours ( il y a le brevet des 3eme le jeudi et vendredi et ma mère m'as permis de rester à la maison mercredi ) . Et jeudi j'inviterais mes deux meilleures amies à dormir pour fêter les vacances . Vacances qui commencent mal avec plus de pluie que de soleil . Mais ça n’empêche pas de passer des bons moments comme hier ou j'ai fait du canyoning avec mon groupe d'escalade . Je me réjouis toujours autant de vos récits de votre merveilleuse aventure . Gros bisous .

  • #3

    Mamou (dimanche, 19 juin 2016 16:11)

    Changement complet du mode de vie. Vous devez vous accoutumer à leurs traditions, être patient.

    Salomé a dû bien dessiner, on verra peut-être son cahier au retour à Brindas.

    Bisous bruyants à tous