Photos du Sud Lipez, lagunes, désert de Siloli, geysers Sol de Manana...

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Photos du salar d'Uyuni

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Photos du cimetière de trains d'Uyuni

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Désert d'Uyuni et Sud Lipez

Pour la première fois depuis sa création (et son déplacement en Amérique du Sud en 2009), le Dakar est passé par la Bolivie en 2014. Cette incursion dans l'Altiplano traverse les superbes paysages du Salar et du sud Lipez avec bivouac géant à Uyuni. Pour fêter le passage du Dakar, la petite ville de 16 000 habitants a été littéralement prise d'assaut par plus de 300 000 fans boliviens enthousiastes et passionnés de sports mécaniques, venus des quatre coins du pays. Le Président Evo Morales présent à l'arrivée de la caravane, a salué « une journée où la Bolivie était au centre du monde ». Et pour cause, le pays a même financé le passage du Dakar dans le pays en misant sur cette compétition pour faire connaître au monde entier les beautés du Salar et du Lipez.
La plus grande réserve de lithium au monde
Le plus grand désert de sel du monde  présente des visages inoubliables : 10 000 km2 de sel à 3 646 m d’altitude, des îles d’un kilomètre de long, peuplées d’une faune de l’extrême.
Sous le Salar se trouve un trésor unique au monde : le plus gros gisement de lithium connu à l'heure actuelle. On estime qu'environ 100 millions de tonnes de lithium sont amassées sous la croûte de sel, diluées dans la saumure, soit entre 50 à 70 % des réserves mondiales. Un nouvel eldorado pour ce pays, l'un des plus pauvres du continent. Ce métal mou, doté d'un fort potentiel énergétique, sert à la fabrication des batteries de portables et des voitures électriques. Le marché explose et la tonne de lithium se négocie actuellement à 7000 US $. Ce trésor attire l’appétit de plusieurs investisseurs dont le français Bolloré, mais le gouvernement bolivien veut garder la main sur la transformation de ce précieux minerai. Contrairement aux autres ressources du pays vendues aux étrangers par le passé, le président Morales veut « des partenaires et pas de nouveaux patrons » pour l'exploiter. Créée en partenariat avec des Japonais, une usine pilote existe près d'Uyuni depuis 2011 et devrait produire malgré les retards 50 000 tonnes de lithium par an courant 2015.
Un périple de 3 jours inoubliables
Impossible de découvrir ces paysages sans passer par un tour opérateur… le salar et le désert sont parsemés des tombes des touristes qui s’y sont perdus… Nous partons dans une jeep avec un chauffeur-guide-cuisinier, et Juan Luis, un trentenaire globe trotter mexicain vivant à Toronto et parlant (entre autres) le français vient compléter notre équipée. Dans ce paysage somptueux, nous sommes seuls au monde. A chaque halte, chaque étape, chaque hébergement… notre  guide gare la jeep à côté de quelques dizaines d’autres… qui libèrent leur sizaine de touristes de toutes nationalités… Moyenne d’âge : entre 25 et 30 ans. Ambiance sportive ou festive, c'est selon. Et nos enfants sont les seuls de moins d’un mètre 20, qui suscitent systématiquement admiration et intérêt, et doivent désormais se retrouver en photo sur les réseaux sociaux du monde entier, et tout particulièrement de la Corée…
1er jour : visite de l’incroyable cimetière de trains d’Uyuni, puis visite de son salar et des îles Pescado ou Incahuasi… quand la saison le permet. Pour nous, les pluies ayant été abondantes ces derniers temps, l’accès aux îles était impossible, mais en revanche, nous avons eu le bonheur de pouvoir observer le salar couvert d’eau, reflétant le ciel en un miroir parfait… Arrivée à San Juan vers 19h30, et nuit dans un hébergement tout de sel construit. A San Juan, on cultive le quinoa real, une plante qui ressemble à une céréale, très nourrissante et plus protéique que le lait. C’est une plante halophyte, qui s’accommode bien du sel, d’où son importance dans la région. 
2e jour : départ à 7 heures pour arriver à la Laguna Colorada en milieu d’après-midi. L’entrée dans le sud Lípez constitue une apothéose. Après 10 minutes de trajet, l’alignement de volcans qui entoure le sud Lípez offre ses couleurs gris, argent, blanc et rouge, dans un panorama splendide. Le début du parcours passe par le désert de sel de Chiguana. Ce dernier a donné son nom à la caserne située parallèlement à une improbable voie ferrée qui mène à Ollagüe, là même où, dans un volcan, se trouve la mine la plus haute du monde… Justement, c’est la fumée du volcan que l’on aperçoit au lointain à partir de la vallée de lave fossilisée qui ressemble à la planète Mars. La demi-heure suivante vous amène à la première lagune, Cañapa, d’une couleur bleue éclatante et habitée par des flamants andins. La lagune est entourée de la montagne Cañapa et du cerro Corina (volcans en extinction ou endormis). Les 2 heures suivantes de trajet sont entrecoupées d’autres lagunes, très belles également, Honda et Hedionda, aux couleurs verdâtres. La lagune Hedionda est le spot des flamants roses. Suit une immense esplanade désertique d’une trentaine de kilomètres de long, entourée de montagnes aux teintes rouge et marron. Parmi elles, la montagne cerro Agua de Perdiz présente des tons bleus et verts au creux de sa formation rocheuse. Son nom signifie « montagne eau de perdrix », ce qui est aussi surréaliste que le décor. Tout d’un coup, du fond de l’horizon, surgit une montagne conique et, dans son creux, la Laguna colorada ! Il est midi passé, les couleurs sont éclatantes de beauté, nulle part ailleurs dans le monde, vous ne verrez une chose pareille ! Montez encore un peu plus haut avec votre Jeep pour avoir une perspective en contre-plongée de cette merveille de la nature où nidifie l’espèce de flamants roses James, la plus rare au monde… Ils sont nommés ainsi en l’honneur de l’expédition James de 1886, la toute première à identifier ces oiseaux et à cartographier la région (bien que, comme vous le voyiez sur les cartes au 1/50 000e, il reste encore des montagnes non cartographiées…). D’autres espèces partagent le site : les flamants andins, les flamants chiliens, des canards, des oiseaux. Le spectacle de la nature s’étale devant vous. Le bonheur malgré les conditions climatiques qui sont, finalement, le prix à payer pour avoir ce privilège. Traversée du désert de pierres et de sable de Siloli, où a été tourné le dernier James Bond.
3e jour : lever tôt à 4 heures. Après une heure de route dans un froid polaire (températures très largement négatives, ressenties plus froides encore à cause d'un vent violent) et sous un ciel très pur constellé de myriades d’étoiles,à un peu plus de 5 000 mètres d’altitude, on découvre les geysers Sol de Mañana. Ces geysers et cratères, très dangereux de par leur intense activité, offrent un spectacle lunaire de toute beauté. Nous regardons le soleil se lever à travers les vapeurs de souffre qui jaillissent bruyamment du ventre de la terre, découpant nos silhouètes d’ombres sur les premières lueurs de l'aube, écoutant les gargouillis et bulles de lave éclater à nos pieds en des matières telluriques ocres, rouges, jaunes, brunes.... Les enfants, gelés, acceptent courageusement de nous suivre entre les cratères éruptifs aux odeurs nauséabondes mais sont frigorifiés, et retournent vite se mettre à l’abri dans la jeep. Une heure plus tard environ, se découvre la splendide Laguna Challviri, où l'on se baigne à côté des flamants roses. Nous avons perdu quelques centaines de mètres d’altitude, il ne fait plus que zéro degré, il faut une certaine motivation pour se déshabiller, mais les eaux, chauffées à plus de 35° par l’activité volcanique, sont follement agréables, et se baigner ainsi à la hauteur du Mont Blanc, à 6h30 du matin, par ce froid et dans ce cadre, est une expérience unique.
Ensuite, nous avons encore le temps d’admirer la Laguna Blanca, au pied du volcan Licancabur, à la croisée de la Bolivie, de l’Argentine et du Chili, avant le passage de frontière le plus surréaliste qu'on ait jamais vécu. La jeep nous conduit à une cabane d’adobe posée au milieu de nulle part, où seul, le drapeau bolivien atteste de la présence de la migration. Un tampon de sortie du territoire, quelques photos sous le panneau “Chili”, et nous déchargeons nos sacs au milieu du désert pour grimper dans le mini bus qui nous amène à San Pedro de Atacama. 50 minutes plus tard, 1 900 mètres plus bas et 35° plus chaud, nous voici arrivés dans ce village chilien posé au milieu du désert d’Atacama… Mais ceci est l’histoire des jours qui arrivent…

 

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Déserts et hauts plateaux andins entre Potosi et Uyuni

Les 4 heures de route entre Potosi et Uyuni nous mènent au travers de paysages surréalistes,  d'une beauté époustouflante. Déserts arides rouges, ocres, jaunes et gris, formations rocheuses extravagantes, hauts sommets dominant des plaines où alpagas et vigognes se comptent par milliers...

 

Ce matin, nous partons pour 3 jours entre salar, lagunes, geysers, désert et glaciers de l'Altiplano. Sans connexion !

 

Pardon pour le copié collé, mais voici encore quelques lignes sur les lieux que nous allons explorer dans les jours qui arrivent... avant de vous parler de ce désert de sel, unique au monde.

 

Depuis 1992, Uyuni est devenue le rendez-vous sacré de ceux qu’ont envoûtés le salar de Uyuni et le désert du sud Lípez. Uyuni est une cité étrange, créée en plein milieu de nulle part par le président Aniceto Arce, il y a un peu plus d’un siècle. Actionnaire de la Compania Minera Huanchaca, à capitaux chiliens et boliviens, il avait voulu doter cette partie de la Bolivie d’un carrefour ferroviaire d’où partiraient les trains en direction du Chili et de l’Argentine. C’est après la guerre du Pacifique (dans laquelle cette compagnie, forte de son autorité sur le pouvoir politique bolivien a laissé faire l’envahisseur chilien), que Arce et ses collègues ont décidé de doter les Andes d’un beau réseau ferroviaire. La finalité était lucrative et non pas le développement de la Bolivie. Ainsi, le village minier de Pulacayo, à 40 km de Uyuni, sur la route de Potosí, et propriété à l’époque de la Huanchaca Co, est directement lié à la voie ferrée qui conduit au Chili. Triste sort de cette Bolivie à qui la route de l’argent n’a pas ouvert le chemin du paradis. L’objectif était la construction d’une voie de communication entre la Bolivie et le littoral chilien, même si le fait de devoir utiliser le territoire chilien a toujours été douloureux pour les Boliviens. Dix-huit ans de négociations, de coups du sort, de combines politiques furent nécessaires pour entamer les travaux rendus difficiles par les rudes conditions climatiques de cette région et son isolement. Sans oublier le terrible tremblement de terre de 1877 qui détruisit une partie du matériel. Pendant ce temps-là, Uyuni était née. Avec ses avenues poussiéreuses, ses rues immenses balayées par les vents de l’Altiplano et ses quelques 20 000 habitants, elle est le fleuron du surréalisme villageois bolivien. Une caserne sur l’avenue principale, une gare fière comme Artaban qui voit passer trois ou quatre trains par semaine, un bureau de poste tout droit sorti de l'Equipée du Poney Express, deux ou trois fous qui errent dans la rue, des chiens errants faméliques, des couchers de soleil d’apothéose ; quelques aventuriers venus monter leur affaire, soit un bar, ou une agence de voyages, soit un hôtel et, surtout, le plus beau monument de cette route de l’argent, le cimetière des vieux trains. Ceux-là mêmes qui autrefois transportaient le minerai brillant et qui, maintenant, accompagnent les âmes d’Aniceto Arce et d’autres patriarches de l’argent, dans l’enfer… Bienvenue dans le Far West glacial de Bolivie...

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Visite de la ville aux entrailles d'argent

Sous un ciel bleu éclatant, nous sommes allés à la rencontre du patrimoine de la ville... sous la forme de la visite d'une expo de peinture et de 2 musées passionnants, mais épuisants pour les enfants !

La Casa de la Moneda ce matin, bâtiment incroyable de 12 000 m carrés où ont été frappées les monnaies boliviennes pendant 3 siècles, avec ses salles des machines, laminoirs, fours où était fondu le minerai extrait du ventre du Cerro Rico... Ce musée est le plus grand de Bolivie, et le mieux documenté. Nous gardions de ce lieu un souvenir riche et passionnant, et avons été déçus de la médiocrité de la guide, qui nous a fait courir d'une salle à l'autre en groupe de 30, et a refusé de nous ouvrir les très nombreuses salles de peinture, en particulier celles du peintre Melchior Holguín, qui a fondé l'école de Potosi, au XVIIème siècle...

Cet après-midi, visite des 30 salles du couvent Santa Teresa : passionnant, mais... il a fallu porter Arthur pendant plus de la moitié du parcours, qui a duré... 2h45 !! Nous sommes incollables sur la vie cloîtrée des carmélites qui entraient là à 15 ans, et ne ressortaient pas de ces murs certes fort beaux, mais... Impressionnante collection d'art colonial, constitué des dots des riches familles qui faisaient entrer leur 2ème fille au couvent, après avoir marié leur aîné(e), et qui destinaient leur 3ème à l'armée...

Demain, nous allons à Uyuni, d'où nous partirons en expédition pour 3 jours dans l'un des plus beaux paysages de la planète : le salar d'Uyuni, son immensité blanche et plate, ses paysages hallucinants de bout du monde, ses hauts plateaux andins et ses cols à plus de 5 000 mètres d'altitude, dominés par des volcans à plus de 6 000 mètres, ses formations géologiques uniques au monde, ses lagunes rouge, blanche, colorée, où vivent des troupeaux de vigognes et des colonies de flamants roses... La traversée de ces étendues désertiques, en jeep, s'est organisée bien différemment que lorsque nous l'avions faite, en 1999... Pouvoir le vivre tous les 5 est une chance immense, nous vous raconterons !

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La visite des mines

Finalement nous sommes allés dans les mines. Les enfants ont hésité puis se sont décidés. Il y a bien eu encore quelques peurs ce matin lors de l'habillage mais qui se sont vite dissipées. Revêtus de vêtements de protection jaunes, nous sommes partis en direction de la montagne qui surplombe la ville de ses 4 824 mètres.  C'est au pied de la montagne ou dans "ses jupes", comme disent les gens ici, que nous entrerons dans la mine.

 

Auparavant, Elisabeth, la guide nous donnera quelques explications sur l'usage des feuilles de coca par les mineurs, sur la dynamite, et les offrandes faites au Tio. Pour que les feuilles de coca aient un effet à la fois nutritif et anesthésiant sur les corps des mineurs, ceux-ci la mâchent associée à  une pâte de "cendre de fruits" (qui a un goût de réglisse). C'est cette combinaison qui libère tous les effets de la feuille.

 

Les visites touristiques des mines ont commencé en 1994. Un groupe de touristes est venu et a demandé à descendre. Les mineurs ont d'abord refusé, puis ils ont accepté à la condition que les touristes leur fassent des cadeaux en échange. Ce sont alors des vêtements, du matériel, des lampes qui faisaient monnaie. Puis les choses ses sont instaurées, structurées. Certains mineurs ont organisé des tours dont les gains revenaient à la coopérative, jusqu'à arriver aujourd'hui aux agences touristiques "officielles" qui ne reversent rien aux coopératives. Lors de notre première visite en 1999, les guides étaient eux mêmes des mineurs. Ils avaient 14 ans et espéraient bien pouvoir devenir guide à temps plein. Aujourd'hui, le travail dans la mine est interdit avant 18 ans par la loi. Mais dans les faits des jeunes de 14 ans y travaillent encore. Ce sont 14 000 personnes qui vivent de cette activité. La descente est un travail masculin. Les femmes qui travaillent pour la coopérative restent à l'extérieur et se consacrent au tri du minerai avant qu'il ne soit envoyé en Europe et Amérique du nord. On ne trouve plus d'enfants de moins de 14 ans dans la mine depuis quelques années.

 

Le système d'exploitation est un mélange d'entreprenariat individuel et collectif.

Le collectif se trouve dans la coopérative. Il faut y adhérer, payer les droits pour pouvoir aller creuser. Mais une fois à l'intérieur, chacun est propriétaire de sa galerie et des veines qu'il trouve. Donc, plus l'on travaille, plus l'on creuse, plus l'on trouve de minerai, plus l'on gagne d'argent... et la coopérative aussi. Et inversement. Là dessus s'ajoutent les fluctuations des cours des minerais qui font que les mineurs parfois creusent à perte... ou ne creusent pas. Chacun est alors maitre de son travail... grâce à l'usage du bien collectif. C'est compliqué. Et concrètement, ça donne quoi pour la vie d'un mineur ? Ca donne que le salaire moyen en Bolivie est d'environ 1 600 bolivianos mensuels quand un mineur gagne jusqu'à 2 400 bolivianos, un contremaitre 6 000 et un responsable de site, 24 000. Alors oui, un mineur aujourd'hui gagne plus que la moyenne, mais son espérance de vie est de 45 ans. Et les responsables de site... et bien se sont tous d'anciens mineurs qui ont su utiliser ce système semi-privé semi-collectif, alors...

 

Dans la mine, de longs tuyaux parcourent les galeries pour amener de l'air comprimé au fond des galeries afin d'alimenter les marteaux piqueurs qui servent à forer les trous qui recevront la dynamite. La roche est volcanique, très dure et lorsque l'on trouve une veine, il faut entre 18 et 24 bâtons de dynamite pour faire sauter 2 tonnes de roche. Celles-ci sont ensuite chargées dans des wagonnets que 2 mineurs poussent jusqu'à l'extérieur pour le tri. Lorsque le wagon arrive à toute vitesse, profitant de l'inclinaison des rails, il vaut mieux se mettre de côté.

 

La montagne est un gruyère. Trouée de part en part. On lève la tête et on voit d'anciennes mines étayées, rebouchées qui arrivent par dessus, par dessous, sur les côtés. On se laisse guider sans aucun repère pour savoir où l'on se trouve. A la croisée des touristes, les mineurs demandent seulement si nous avons à boire, ils échangent quelques mots puis repartent. Les conversations sont simples, faciles, mais toujours brèves. L'idée est restée la même qu'en 1994. Les mineurs veulent que l'on sache ce qu'est leur travail et pour cela ils ne demandent qu'un échange qui nous parait bien menu : de la coca, des boissons... et respecter ce jeu.

 

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Prière du mineur...

A marcher le nez en l'air, on trouve des pancartes rigolotes !! Merci à Sophie pour la photo...

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Potosi, ou le ventre de la terre

Nous voici arrivés à Potosi, au pied de la montagne rouge, à 4 300 mètres d'altitude... Visite de l'incroyable couvent San Francisco... Nous sommes d'ailleurs logés dans un ancien couvent, mais l'ambiance de ce modeste hospedaje n'a rien de monastique... En attendant, demain, de vous narrer la visite des mines, voici une littérature qui n'est pas la nôtre, mais qui permet de comprendre notre émotion à remettre nos pas en ces lieux...
A plus de 4 000 m d’altitude, frappée par le blizzard des Andes et son soleil si proche, s’étage la ville impériale de Potosí, la huitième merveille du monde selon le chroniqueur espagnol du XVIIème siècle, Don Diego de Ocana. Après trois siècles de faste, cet ancien centre du Nouveau Monde est aujourd’hui une ville endormie gisant au pied de ce qui fut à l’origine de sa gloire, le Cerro Rico. Les trente-trois églises et couvents, les impressionnantes maisons coloniales et la fabuleuse casa de la Moneda sont restées figés, comme un décor de théâtre immuable. Parfois, cependant, l’émerveillement cède à la tristesse. Comment oublier que cette région de la Bolivie détient le triste record du P.I.B. le plus bas par habitant des neuf départements du pays ? C’est en 1987, un peu tardivement peut-être, que l’Unesco décerna le titre de patrimoine de l’humanité à Potosí. Pourtant, le visiteur, séduit par ce concentré d’art baroque qui a survécu à la chute de l’argent et aux pillages criminels, n’oubliera pas que l’histoire est un éternel recommencement, et que le remède à cette détresse existe toujours : on évalue à trente milliards de dollars les richesses qui dorment encore dans les entrailles du Cerro Rico. En d’autres termes, la montagne abriterait environ six années du produit intérieur brut de la Bolivie ! Mais toute solution radicale a un prix à payer, et celui-là est particulièrement élevé puisqu’il faudrait exploiter le minerai à ciel ouvert et démolir le vestige le plus singulier de la construction de l’économie mondiale. Les années passent, le vent continue à souffler comme à l’époque des conquistadores. Aujourd’hui, le capitalisme n’est plus dans son adolescence et malgré la souffrance, la détresse et l’exploitation, comme disait Miguel de Cervantès : « La ville impériale vaut toujours un Potosí ! » 
Histoire
 C’était l’el dorado. Pendant quatre siècles, Potosí fut le nombril de l’Espagne coloniale comme Cuzco, l’espace d’un siècle, fut celui de l’Empire inca. Des centaines de caravanes de lamas apportaient les produits les plus extravagants à la ville impériale, et ces mêmes caravanes repartant vers les ports de Buenos Aires ou d’Arica, chargées de milliers de lingots d’argent. L’Europe de la Renaissance et du mercantilisme n’aurait pas connu toutes ses avancées sans l’argent de Potosí, plus grand complexe industriel du Nouveau Monde. Les historiens estiment que l’Europe reçut depuis 1545 et jusqu’à l’indépendance de l’Amérique du Sud, quelque 50 milliards de dollars en lingots et makukinas (les pièces frappées à la casa de la Moneda). Ce butin, qui provenait de la riche colonie, était chargé à bord des galions espagnols. Encore ne tient-on pas compte de l’argent qui était distribué tous les ans à Lima, Buenos Aires ou Santiago, ou qui circulait entre les mains des commerçants. A son apogée, Potosí était un paradis de plaisirs et de luxes démesurés, où se déroulaient d’éternelles bacchanales. Le sang argenté des mines permit de réaliser les projets les plus prestigieux, entre autres celui de doter la ville de sa propre école d’art. A la tête de celle-ci se trouvait le peintre Melchor Perez de Holguin, qui apparaît sur les billets de 10 bolivianos. Selon l’explorateur Alexandre von Humboldt, entre 1545 et 1802, la production atteignit mille millions d’onces de métal. Soit 40 000 tonnes d’argent. Cette première estimation donne une idée du flux qui put irriguer l’économie mercantiliste de l’Europe à cette époque. Et nous ne parlons pas seulement de l’Espagne. Il est vrai que les rois espagnols purent édifier le palais de l’Escorial, près de Madrid, grâce à cette manne. Il est vrai aussi que Séville, où se situait la casa de Contratacion, octroi des comptoirs des Indes, sut tirer profit de cette richesse démesurée. Mais l’Espagne ou le Portugal, comme toute nation vivant d’une rente de matières premières, se sont progressivement appauvris au lieu de s’enrichir. L’effet conjugué de l’Inquisition espagnole, fruit de la Contre-Réforme, et de cette politique économique suicidaire, fut la prolongation artificielle du Moyen Age dans la péninsule Ibérique. Les vrais bénéficiaires de Potosí auront été les nations mercantilistes et marchandes de l’Europe, fournisseurs de la couronne espagnole : l’Angleterre, la Suisse, la France, la Belgique et les Pays-Bas. Tandis que l’Espagne dopait les exportations de ces pays, sa balance commerciale s’effondrait et son endettement ne cessait d’augmenter. Potosí, qui pavait le chemin du capitalisme, faisait sombrer l’Espagne et ses gouvernants insouciants, les Habsbourg et les Bourbons, dans le sous-développement. Cette succession de phénomènes économiques explique en partie le sous-développement de la Bolivie, qui n’a pu se libérer de son destin de producteur de richesses pour le reste du monde. Sort douloureux qui consistait à regarder s’échapper l’espoir dans le ventre des galions espagnols tout en restant les mains vides. « La très célèbre, illustre, auguste, magnanime, noble et riche ville de Potosí, le monde en miniature ; honneur et gloire de l’Amérique ; centre du Pérou ; impératrice des peuples et villes du Nouveau Monde ; reine de son opulente province, princesse des terres indigènes, patronne de trésors et fortunes, mère bénigne et accueillante des fils venus d’ailleurs. » (Histoire de la ville impériale de Potosí , Bartolomé Arzans Orsua y Vela, 1705) 
La ville aujourd’hui 
Peuplée de 241 000 habitants, Potosí est une bourgade qui paraît reléguée très loin hors du temps. Les Européens sont loin d’imaginer qu’une partie de leur histoire s’est forgée dans les mines potosínas. Sait-on que si Miguel de Cervantès usa de l’expression « Vale un Potosí ! », le summum en langue espagnole pour qualifier un objet de valeur unique, c’est parce qu’il voulait s’y rendre pour faire fortune. Un ami proche avait réussi à le faire nommer maire de la ville de La Paz. En vain ! Comme don Quichotte se serait indigné de la mort de millions de mitayos, ces mineurs de la riche montagne sacrifiés à l’ambition carnassière des conquérants ! Les mineurs mangeaient la montagne et la montagne mangeait les mineurs. Ils n’étaient pas à proprement parler des esclaves, mais les conditions de travail et le coût de la vie (le plus haut de l’histoire de l’humanité) ne leur laissaient qu’une courte espérance de vie. En 1990, la ville a été déclarée capitale de la dignité nationale, proclamation assurant que plus jamais le peuple de Potosí ne permettra le pillage de ses ressources naturelles. Pourtant, une visite des mines montrera les conditions actuelles de travail et de vie des mineurs, de plus en plus nombreux à reprendre le chemin des galeries obscures. Près d’un siècle et demi après l’écriture de Germinal , l’histoire semble s’écrire sur un même parchemin ! « Un jour le monde devra demander pardon à Potosí. » Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l’Amérique latine.
Potosi, patrimoine mondial en péril. 
La ville de Potosi, inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1987 a été déclarée, en juin 2014, en péril. En cause, les activités minières incessantes et incontrôlées dans la montagne du Cerro Rico, qui risque de s'effondrer et de dégrader la cité coloniale du XVIème siècle. Près de 100 km de souterrains, secoués quotidiennement par des explosions de dynamites, sont creusés dans le Cerro Rico et les effondrements de galeries sont légion. Seule ressource de la région, la mine n'est pas prête de fermer et le risque d'accident ne cesse de s'accroître. 

 

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Sucre, berceau de l'indépendance de la Bolivie

J'écris depuis l'Alliance Française... on vient de se rendre compte qu'elle occupait l'adorable petit patio qui jouxte notre hôtel ! Malheureusement, la possibilité d'échanger des livres est limitée, elle concerne essentiellement les guides de voyage, des revues et des romans adultes, rien pour les enfants. Tant pis, nous allons garder les nôtres, mais ils profitent de la bibliothèque, et sont plongés tous les 3 dans des BD. C'est bien... il faut dire que la partie scolaire est difficile, alors une lecture offerte, c'est du plaisir partagé...

 

Journée musées aujourd'hui : ce matin, on a bénéficié d'une visite en français, et seulement pour nous, de la superbe Casa de la Libertad : c'est le magnifique lieu où a été signée l'indépendance de la Bolivie le 6 août 1825, splendide édifice qui fut la première université du pays, alors Grand Pérou, vice royauté espagnole, et également berceau des idées révolutionnaires, en partie héritées de la Révolution Française. Depuis les 2% de la population bolivienne noire, issue de l'esclavage, jusqu'à la guerre avec le Pérou et contre le Chili, qui priva les boliviens de leur accès au littoral pacifique, en passant par la symbolique du drapeau, l'implantation des missions jésuites sur l'actuel territoire, (clavecin, secrétaire marqueté aux motifs syncrétiques, porcelaine de Limoges...) et à la déclaration d'Evo Morales, en 2009, de son pays comme l' "état plurinational de Bolivie", intégrant ainsi les 36 ethnies indigènes qui composent le patchwork de ce pays aux visages si diversifiés, la visite est passionnante, et les enfants, pierre à pierre, construisent un savoir sur ces contrées tantôt aymaras, tantôt quechuas... et un intérêt prononcé ! Ils questionnent l'indépendance, la colonisation, les liens entre les églises et les états, remarquent qu'il y a eu 65 présidents entre Simon Bolivar et Evo Morales, dont une femme, seulement... 9 mois !

 

Cet après midi, plaisir d'entrer dans un hôtel fabuleux, ancien siège de la Real Audiencia : un palais sompueux, ses 4 patios en enfilade, ses chambres de toute beauté auxquelles il est possible d'accéder comme si l'on visitait un musée, ornées de meubles, tentures et objets de plusieurs siècles, pierre, bois, fer forgé, cuirs patinés et terres cuites, tissus... le tout harmonieusement marié avec le spa, la salle de sport, le "business center"...Puis le musée Charquas, avec sa salle d'art contemporain et ses salles anthropologique, ethnographique et folklorique : momies et crânes allongés ou trépanés, instruments de musique, masques, vêtements,  céramiques...

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Prolongations

Voilà deux jours que nous repoussons notre départ pour Potosi, la ville blanche ne nous a décidément pas livré tous ses secrets ! Hier, parc Bolivar avec les amis suisses... comme il y a, à 5 km d'ici, des traces de dinosaures, c'est le crétacé qui est le thème du parc infantile où nous passons des heures après le pique-nique, les enfants à jouer, et nous à discuter...

Et aujourd'hui, visite de la casa de la Libertad, du musée d'anthropologie, de l'église de la Recoleta... sous la pluie...

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Autres visages de Sucre...

Un 29 février, on savoure cette journée offerte, une journée de voyage en plus !

 

Le ciel est enfin bleu sur les toits vernissés de la ville blanche, qui porte le nom du Général ayant en son temps oeuvré pour unifier la Grande Colombie.... et qui avait aussi donné son nom à la monnaie équatorienne, avant que celle-ci, en 1999, ne soit abandonnée au profit du dollar américain...

 

Hier soir, nous savourons le spectacle de "Origenes de Bolivia", 14 danseurs très pro présentant les danses des différentes régions du pays, à l'occasion des événements du calendrier (carnaval, chandeleur, fêtes votives, ...). Une réelle qualité d'interprétation, des costumes somptueux, une variété incroyable, encore plus beau que les ballets d'Equateur et du Pérou !

 

Mais ce matin, vue l'heure tardive du coucher, il a été dur d'émerger ! Heureusement qu'au MUSEF (Museo Etnologico y Folklorico) de Sucre, dans la superbe salle des masques, les enfants ont pu retrouver quelques unes de ces oeuvres d'art portées la veille par les danseurs... Nous gardons un souvenir ébloui de la visite du MUSEF de La Paz, qui n'a rien à envier au musée du quai Branly : salle des masques de toute beauté, salle des plumes (avec des réalisations très anciennes ou contemporaines, issues des différentes ethnies amazoniennes), salle des bonnets (cultures andines), arts plastiques contemporains boliviens, expo sur les oiseaux locaux, du colibri au condor, en passant par le ñandu (sorte d'autruche) et le perroquet, exposition temporaire sur... les poupées japonaises !

 

Repas de salteñas et de jus de fruits frais pris au marché. Les salteñas ressemblent aux empanadas, mais sont plus fines : petits chaussons, cuits au four ou frits selon les régions, fourrés de viande, poulet, oeuf, petits pois, olives, courgettes, oignons, fromage...

 

Samuel en profite pour améliorer son stand de vente d'artisanat : ses bracelets attirent l'oeil, son espagnol est devenu très bon, ses yeux bleus attendrissent les boliviens : il s'enhardit, joue le jeu de baisser ses prix de quelques dizaines de centimes... et vend beaucoup ! Aux enfants de la rue et mamitas elles mêmes vendeuses ambulantes, aux collégiennes en uniforme à la sortie des cours... et même aux touristes ! Cependant, Arthur, qui a aussi appris à faire les bracelets et en a même échangé un dans une boutique, contre un bracelet tissé aux couleurs du drapeau bolivien, a décidé de dessiner, et de vendre sa production. Après tout le bestiaire des Andes et de l'Amazonie, il s'est souvenu de la technique de "Monsieur Dubuffet" (merci Andrée !) et confectionne des portraits qu'il parsème ensuite de tâches, tandis que son grand frère lui vante la technique d'Andy Wharol (merci Lydie !)... Croyez moi si vous voulez, il a vendu une girafe, qu'une dame lui a demandé de lui signer... Bon, on passera peut être par l'Afrique, finalement... Salomé, quant à elle, n'est pas très à l'aise dans cette activité mercantile : elle accompagne ses frères et confectionne des chouettes en rouleaux de papier toilette, que nous collectionnons... Cette activité artistique débordante est l'occasion de débats infinis sur l'artisanat, la culture, la notion de l'argent, celle des routards...

 

Cet après-midi, visite du musée ASUR, de l'art et de la culture indigènes. Une bonne surprise : il a été encore enrichi et complété depuis notre dernier passage, et les tissus présentés, véritables oeuvres d'art des ethnies de la région de Tarabuco, sont sublimes... Les femmes tissent devant nous, les explications sont ludiques et très pédagogiques... On adore. Les enfants en profitent moins que nous : nous rencontrons dans le musée une famille suisse, qui parcourt le continent depuis octobre, et jusqu'en juillet... Basile, 7 ans, et Eliott, 8,5 ans, ont la même avidité que nos enfants de parler français d'une part, et d'être avec d'autres que leurs parents d'autre part... Un loup touche touche s'organise... très vivant !

 

Nous avions d'abord pensé quitter Sucre demain, pour Potosi. Mais nous sommes sous le charme de la ville la plus coloniale de Bolivie, qui a changé 3 fois de nom et été le théâtre de tant d'événements fondateurs pour le pays. "En Sucre nacio Bolivia"... et le berceau est beau ! La ville compte avec plusieurs dizaines d'églises et de couvents, tous plus richement décorés les uns que les autres ; des universités prestigieuses, dans les couloirs, patios et bibliothèques desquels nous nous sommes longuement promenés aujourd'hui ; des façades coloniales aux balcons de bois sculptés, des casonas aux patios frais et ombragés, des places animées... La vie nocturne y est aussi très développée, la vie culturelle et artistique semble riche. Et puis, nous sommes redescendus juste en dessous des 3 000 mètres, et on s'essouffle moins ! Mais Sucre est aussi une ville où la mendicité s'affiche, où les enfants travailleurs parcourent les rues à la recherche de pare brises à laver, de chaussures à cirer, de chewing gum à vendre à l'unité... Nous retrouvons les nuées de gamins sales et dépenaillés avec lesquels j'avais travaillé à Quito, et qui ont peu à peu disparu du centre des villes... Ces rencontres ne sont pas sans alimenter les discussions avec nos enfants...

 

Bref, nous profiterons encore demain du confort de la belle Sucre, où nous avons donné rendez vous à la famille suisse rencontrée aujourd'hui. Les échanges entre voyageurs sont sympas ; selon le sens de notre voyage, nous recroisons les mêmes personnes de site en site, ou bien échangeons des expériences et "bons plans" du nord au sud et du sud au nord... La plupart des routards utilise les réseaux sociaux, et prépare des itinéraires qui s'appuient aussi sur les échanges, ou bien encore se donne rendez vous d'un point à un autre... Avec notre seul blog, non référencé sur les moteurs de recherche, nous nous privons sans doute de tout un tas de relations et de "tuyaux" possibles, mais nous gagnons aussi en intimité et en autonomie, d'une certaine façon... Il semble aussi que la plupart des voyageurs utilise quotidiennement des services comme booking ou TripAdvisor pour réserver ses hébergements, et nous faisons un peu figure d'aventuriers quand on dit que nous arrivons généralement dans une ville sans avoir retenu de chambre... à part, bien sûr, quand notre séjour doit coïncider avec un événement qui attire les foules (marinera de Trujillo, carnaval de Cuzco...). "Et avec des enfants, en plus..." Mais les enfants, hormis une fatigue qui colle aux basques, et dont nous finissons par comprendre qu'elle est inhérente à la situation du voyage, sont en grande forme, et le voyage apprend à lâcher prise...

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Tarabuco

Un marché comme on les aime... Les plus beaux tissus d'Amérique latine... Les femmes tissent les ponchos, les mantas (carrés de tissu qu'elles jettent sur les épaules, ou dans lesquels elles portent un bébé, ou toute autre charge), les tapisseries... et les hommes tissent l'harnachement du cheval. Chapeaux, bonnets, nappes et couvertures... plusieurs mois de travail pour un seul tissu, laine de mouton, de lama ou d'alpaca, sur lequel les motifs de la vie quotidienne s'épanouissent en couleurs vives, parfois répétitifs et symétriques, parfois uniques, toujours sublimes... des tissus qui racontent l'histoire d'une vie, d'une communauté, d'une cosmovision, et se lisent comme un livre... les dieux andins, les fêtes villageoises, la vie quotidienne, les animaux et les pratiques rituelles s'y trouvent représentés... même au Guatemala nous n'avions pas craqué, mais aujourd'hui, nous avons vidé nos poches !

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Sucre, capitale consitutionnelle

Nous avons quitté La Paz pour Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie. C'est ici que fut fondé l'Etat indépendant de Bolivie. La Paz, gigantesque, métissée, criante, enivrante a laissé la place à Sucre, ville au cœur blanc entourée des couleurs des tisserands.

Après un trajet en bus de nuit de 15 heures, nous montons le campement dans l'hôtel où est passé Che Guevara quelques décennies plus tôt, fruit du hasard d'une rencontre à La Paz avec des voyageurs qui nous conseilleront cette adresse. On pourrait penser que ce détail serait exploité à toute fin touristique... mais non, seule une plaque devant la chambre l'indique et pas un mot de plus. Bon, en même temps, la Bolivie et Che Guevara, c'est une histoire compliquée !

La ville est belle, Espagnole, indienne et métissée. Le marché nous fait retrouver le plaisir de boire un jus dans les petites échoppes.

Demain, nous irons au village de Tarabuco pour y apprécier l'ambiance du marché dominical et admirer le festival de couleurs que livrent les tissus des habitants des environs.

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La Paz, capitale haut perchée

La Paz, capitale la plus haute du monde, impressionnante, colorée, intrigante, paradoxale, ne peut laisser indifférent : telle une cholita aux larges jupes, elle étale ses habitations depuis le "bas", à 3 650 mètres, jusqu'au plateau d'El Alto, à 4 000 mètres, que domine la chaîne de l'Illimani, du haut de ses 6 465 mètres. Il est dommage que la saison des pluies, qui ressemble en fait à une véritable mousson et provoque pas mal de dégâts dans tout le pays, ne nous permette pas d'en voir le sommet enneigé...

 

Le plaisir est immense, de se laisser aller à déambuler dans les rues de cette ville si vivante, si humaine, si vibrante. Une ville contrastée, la seule au monde dans laquelle les quartiers riches se trouvent au sud, où l'air est plus chaud et l'oxygène moins rare, la seule qui ait interdit les matchs de championnat de foot car un stade à 4 000 mètres d'altitude ne laisse aucune chance aux adversaires, la seule qui permettent aux golden boys de côtoyer quotidiennement les campesinos, venus vendre leur marchandise et le fruit de la Pachamama...

 

Les photos d'hier sont, pêle mêle, celles de l'église San Francisco, celles des charangos, ces petites guitares à 5 cordes doubles initialement creusées dans des carapaces de tapirs, celles du marché aux sorcières de la rue Sagarnaga et de ses multiples potions, onguents, produits à base de coca, poudres et élixirs, foetus de lama et "tables rituelles" (confiseries destinées à être données en offrande aux divinités andines), les échoppes d'artisanat (tissus, cuirs, bijoux d'argent incrustés de turquoise, d'émeraude, de lapis lazuli et de "bolivianite" sont ici merveilleusement travaillés), les portraits bariolés des Paceños, la cathédrale et la place Mujillo, avec le Palais Présidentiel et ses milliers de pigeons... Il est peu dire qu'on adore cette ville aux multiples visages...

 

Ce matin, visite du musée de la coca (depuis le temps qu'on en mastique et qu'on en boit en maté, il fallait que les enfants en comprennent les multiples usages, depuis la culture et la récolte, les offrandes andines rituelles et les usages magico-religieux jusqu'au raffinement de la cocaïne, en passant par le coca cola...). Puis on prend le téléphérique le plus haut du monde, une autre façon de tutoyer le ciel, hallucinant ouvrage qui nous élève au dessus de la ville... Plaisir de retrouver, au hasard des ruelles, Alice et Adrien, étudiants lyonnais croisés en Equateur, que leurs pas mènent un peu, 5 mois durant, sur les mêmes chemins que nous... Avec eux, nous sommes allés ce soir au colisée d'El Alto, applaudir les Titans du Ring : un combat show surréaliste, catch féminin, mille feuille de jupons bariolés, lutte des Cholitas symbolisant le refus de l'hégémonie machiste, et la volonté des femmes de se saisir de leurs vies... Ces filles, mères, tantes... venues de la campagne, pour arrondir leurs fins de mois, en tenue andine, montent sur le ring 2 fois par semaine, afin de se livrer aux combats les plus rudes...

 

Demain, visite du merveilleux site de Tiwanaku, avant de prendre un bus de nuit pour Sucre...

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La Paz, ville monde

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L'île du soleil... sous la pluie

Toujours plus près du ciel, ces civilisations pré-incas et incas ! Quant à nous, nous avons pris le bateau lundi matin sous une pluie battante, et sans les amis français, car Eliott était malade... Deux heures de bateau avant de débarquer à Chalapampa, où se trouvent le principaux vestiges archéologiques : le temple des Vierges du soleil, ou Chinkana, la table sacrificielle, la roche sacrée... Selon la tradition orale, c'est ici que le dieu Soleil s'est réfugié lors du Chamaj Pacha, le temps du déluge et de l'obscurité. Ses enfants, Manko Kapak et Mama Okllo, commencèrent ici le périple qui les amena ensuite à fonder Cuzco. Aucun véhicule ne circule sur cette île sacrée, la plus importante du lac. Après la visite guidée de ces lieux, nous entamons, sous un temps mitigé, sans cesse changeant mais jamais pluvieux (à 4 000 mètres d'altitude, on passe rapidement d'une forte chaleur à un froid vif et piquant), le trek de 8 km qui nous mène, en suivant es crêtes, au village de Yumani, au sud de l'île. Un paysage somptueux, un ciel à portée de main, terre et eau mêlées... Quelques bergers sur les pierres du chemin, seulement... Au village, nous trouvons un petit hébergement adorable, et savourons à 4 heures de l'après-midi truites et perches du lac sacré... Les enfants sont fascinés par le récit des plongées du Commandant Cousteau dans les eaux froides où la légende assure que se trouve l'Atlantide, du fait des ruines pré-incas mises au jour en 1968... Hier matin, la redescente au port se fait en empruntant l'escalier sacré des incas, qui mène à la fontaine de jouvence... Nous ne connaissions que ce côté de l'île, à l'époque nous n'y avions pas dormi, n'étions pas allés au nord, mais nous gardions un souvenir suffisamment épuisant de cet escalier monumental pour avoir plutôt envie de le descendre que de le grimper !

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Copacabana

Dimanche soir, j'ai pris plus d'une heure pour écrire un long message circonstancié sur Copacabana, cette journée particulière de référendum, nos projets pour les jours à venir, les changements des enfants vis à vis du voyage... et, le gérant de l'hôtel ayant débranché le wifi sans que je m'en aperçoive, j'ai tout perdu. Ce soir, après un séjour sur l'île du soleil et une difficile séparation avec le lac sacré, nous voici à La Paz. Pour la première fois du voyage, nous avons choisi un hôtel de standing européen, qui nous assure l'eau chaude, nous dispense de vérifier la propreté des draps, et nous fournit même le haut débit ! Je vais donc tenter de reprendre le fil de mon récit...

 

Dimanche donc, ce que nous avons d'abord pris pour des élections présidentielles était en fait un référendum, qui visait à consulter les boliviens sur la possibilité de modifier la constitution afin dautoriser Evo Morales, le président socialiste élu en 2005, à se présenter pour un 4 ème mandat en 2019. Jusqu'à présent, sa popularité ne s'était pas démentie. D'origine aymara, cet homme au fort charisme s'est inscrit dans le mouvement des gauches latino américaines de ces dernières décennies, et a largement contribué à faire son pays une république plurinationale aux identités multiples, creuset culturel en passe de réussir l'intégration d'origines pluriethniques et riche de différences très affirmées. Mais ces derniers temps, des scandales de corruption ont entaché sa popularité, et si aujourd'hui les résultats définitifs ne sont pas encore connus, il semble que le non l'emporte, bien que de très peu, sur la volonté d'accéder à ce changement constitutionnel. Quoi qu'il en soit, cet événement particulier, qui a paralysé tout le pays (plus aucun service ne fonctionnait), a pour nous été l'occasion d'échanger avec les boliviens non seulement sur leur sentiment, mais encore sur la perception qu'avaient les français de leur président et de sa politique.

 

Nous avons profité de ce jour sans possibilité de déplacement pour faire l'ascension du Calvaire, cette montagne qui domine la ville et la baie du lac. Balisée par les étapes d'un chemin de croix qui, à cette altitude, est en soi un acte de pénitence, cette ascension est le lieu d'un pèlerinage annuel qui déplace des milliers de boliviens, portant en procession la Vierge Noire, unique vierge aux traits indigènes. A mi chemin, soit à la 6ème croix, des prêtres chamanes proposent de "bénir" les miniatures de maisons, voitures et billets de banque que les pèlerins ont achetés à cet effet, afin de s'en garantir la possession dans l'année... Bel exemple du catholicisme andin, et du syncrétisme opéré par les civilisations post coloniales... La Vierge Marie cohabite très bien avec la Pachamama ! D'ailleurs, nous avons aussi pu assister, en la très belle cathédrale de Copacabana, à des mariages aymaras, ainsi qu'à la bénédiction des voitures, fleuries et décorées, de couples endimanchés...

 

Depuis quelques semaines, les enfants sont davantage partie prenante du voyage, plus acteurs de ce chemin et de cette démarche. Bien sûr, les coups de blues demeurent, et et le manque aigu de "ceux que nous avons laissés en France", mais ils se montrent dorénavant à l'initiative de certains itinéraires, curieux de la suite, actifs dans les préparatifs, capables de se positionner sur l'intérêt plus ou moins important de certaines visites, et c'est très agréable... Ce changement s'accompagne d'intenses rêveries sur leur vie quotidienne à la maison, et de nombreux projets plus ou moins réalistes à réaliser à notre retour ! Nous prenons conscience de leur attachement à cette vie qui est la nôtre et que nous avons mise entre parenthèses, nous mesurons le renoncement auquel nous les avons confrontés, et apprécions d'autant plus leur participation active à l'invention quotidienne de ce voyage !

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Au pays des cholitas

Ce matin, nous sommes passés en Bolivie. Après avoir longé une partie du lac Titicaca et franchi quelques passes montagneuses, le bus nous a tranquillement amené au village frontière de Kasani. Après les habituels "tramites" de sortie du Pérou, c'est à pied que nous rejoignons la Bolivie 200 mètres plus loin. Nous sommes accueillis par la pluie. Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons dans la ville de Copacabana. Le lac est toujours là, le prêtre continue à bénir les voitures qui se pressent devant la cathédrale, toutes décorées de fleurs, le marché est bien vivant et l'artisanat Bolivien de partout.

 

Nous retrouvons une famille de Limoges qui voyage avec ses deux enfants de 8 et 11 ans, et que nous avions déjà croisée dans un bus. Avec Elliot, les 2 garçons font du pédalo, tandis que Salomé et Janis testent sur les eaux du lac Titicaca ces grosses bouées gonflables tirées par un bateau. Dans les jours qui viennent, se profilent quelques randonnées ensemble, entre Copacabana et l'ile du Soleil où nous irons lundi. Demain est jour d'élections présidentielles, et tout semble paralysé : aucun transport, aucun service ne fonctionne. Bon, on pourrait tomber plus mal comme environnement !

 

On aurait bien mis quelques photos mais encore une fois la connexion internet n'est pas suffisante. On se rattrapera.

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Ce n'étaient pas des élections présidentielles aujourd'hui, mais un référendum proposant aux boliviens de se prononcer sur une modification constitutionnelle autorisant Evo Morales à se présenter, en 2019, pour un 4 ème mandat... Elu en 2005, le Président socialiste d'origine amayra a considérablement contribué à faire évoluer la Bolivie dans le sens d'une construction identitaire pluriethnique, et de l'intégration, en un creuset commun, de valeurs communes, issues d'une multitude d'origines différentes. Les résultats ne sont encore que partiels, mais semblent avoir opposé au Président une fin de non recevoir... Il faut dire qu'après 10 années de grande popularité,  sa réputation a dernièrement été entachée par des scandales de corruption... Quoi qu'il en soit, cette journée particulière aura été pour nous l'occasion d'échanges avec les péruviens sur la façon dont sont perçus leur pays et ses dirigeants en France, et sur les mouvements de gauche initiés dans toute l'Amérique latine il y a quelques décennies... Echanges passionnants. 


Et puis, une petite grimpette au Calvaire, cette montagne dominant la ville de Copacabana,  nous a permis d'en admirer l'étendue le long de la côte bleue de ce lac que décidément,  nous aimons... La lumière y est très particulière, les étoiles semblent toutes proches. On y tutoie le ciel... et le ciel, tout le long du jour, est très changeant, variant d'un bleu intense au soleil vif et piquant, à un froid saisissant, qui grise le lac et le ride de mille dessins sous la caresse du vent... Le calvaire est le lieu de pèlerinage annuel le plus important de la Bolivie, car la Vierge noire de la cathédrale y est amenée en procession, mais il faut mériter son sommet ! Son accès est ponctué d'un chemin de croix aux 12 stations, et les pèlerins, chrétiens convaincus,  ne manquent pas d'y monter avec des reproductions miniatures de maisons, voitures ou billets de banque, qu'ils font "bénir" par un chamane au pied de la croix, avec l'espoir que l'année en cours les pourvoiera généreusement ! Un tel syncrétisme,  une telle accomodation des pratiques andines ancestrales et de celles, catholiques,  des conquistadors, est un beau reflet de la Bolivie. Et d'ailleurs,  la Vierge Marie et la Pachamama semblent faire bon ménage ! 


Pour notre part, nous partirons demain sur l'île du soleil, afin d'en (re)découvrir les vestiges pré incas, d'en explorer les petits villages, et de faire le trek qui permet de rejoindre le village du nord et celui du sud par la route des crêtes, avec une vue imprenable sur le lac... Nous y dormirons aussi, avant de continuer vers la Paz, mercredi matin.


Les enfants appréhendent différemment le voyage depuis quelques semaines,  se l'approprient davantage, en sont plus volontiers acteurs, et c'est tant mieux ! Cela n'empêche pas les coups de blues récurrents, le manque aigu de "ceux qui sont restés ", les rêveries et les projets pour notre retour, mais au moins participent ils activement à la construction de notre chemin ici, et ça change tout !