Autres visages de Sucre...

Un 29 février, on savoure cette journée offerte, une journée de voyage en plus !

 

Le ciel est enfin bleu sur les toits vernissés de la ville blanche, qui porte le nom du Général ayant en son temps oeuvré pour unifier la Grande Colombie.... et qui avait aussi donné son nom à la monnaie équatorienne, avant que celle-ci, en 1999, ne soit abandonnée au profit du dollar américain...

 

Hier soir, nous savourons le spectacle de "Origenes de Bolivia", 14 danseurs très pro présentant les danses des différentes régions du pays, à l'occasion des événements du calendrier (carnaval, chandeleur, fêtes votives, ...). Une réelle qualité d'interprétation, des costumes somptueux, une variété incroyable, encore plus beau que les ballets d'Equateur et du Pérou !

 

Mais ce matin, vue l'heure tardive du coucher, il a été dur d'émerger ! Heureusement qu'au MUSEF (Museo Etnologico y Folklorico) de Sucre, dans la superbe salle des masques, les enfants ont pu retrouver quelques unes de ces oeuvres d'art portées la veille par les danseurs... Nous gardons un souvenir ébloui de la visite du MUSEF de La Paz, qui n'a rien à envier au musée du quai Branly : salle des masques de toute beauté, salle des plumes (avec des réalisations très anciennes ou contemporaines, issues des différentes ethnies amazoniennes), salle des bonnets (cultures andines), arts plastiques contemporains boliviens, expo sur les oiseaux locaux, du colibri au condor, en passant par le ñandu (sorte d'autruche) et le perroquet, exposition temporaire sur... les poupées japonaises !

 

Repas de salteñas et de jus de fruits frais pris au marché. Les salteñas ressemblent aux empanadas, mais sont plus fines : petits chaussons, cuits au four ou frits selon les régions, fourrés de viande, poulet, oeuf, petits pois, olives, courgettes, oignons, fromage...

 

Samuel en profite pour améliorer son stand de vente d'artisanat : ses bracelets attirent l'oeil, son espagnol est devenu très bon, ses yeux bleus attendrissent les boliviens : il s'enhardit, joue le jeu de baisser ses prix de quelques dizaines de centimes... et vend beaucoup ! Aux enfants de la rue et mamitas elles mêmes vendeuses ambulantes, aux collégiennes en uniforme à la sortie des cours... et même aux touristes ! Cependant, Arthur, qui a aussi appris à faire les bracelets et en a même échangé un dans une boutique, contre un bracelet tissé aux couleurs du drapeau bolivien, a décidé de dessiner, et de vendre sa production. Après tout le bestiaire des Andes et de l'Amazonie, il s'est souvenu de la technique de "Monsieur Dubuffet" (merci Andrée !) et confectionne des portraits qu'il parsème ensuite de tâches, tandis que son grand frère lui vante la technique d'Andy Wharol (merci Lydie !)... Croyez moi si vous voulez, il a vendu une girafe, qu'une dame lui a demandé de lui signer... Bon, on passera peut être par l'Afrique, finalement... Salomé, quant à elle, n'est pas très à l'aise dans cette activité mercantile : elle accompagne ses frères et confectionne des chouettes en rouleaux de papier toilette, que nous collectionnons... Cette activité artistique débordante est l'occasion de débats infinis sur l'artisanat, la culture, la notion de l'argent, celle des routards...

 

Cet après-midi, visite du musée ASUR, de l'art et de la culture indigènes. Une bonne surprise : il a été encore enrichi et complété depuis notre dernier passage, et les tissus présentés, véritables oeuvres d'art des ethnies de la région de Tarabuco, sont sublimes... Les femmes tissent devant nous, les explications sont ludiques et très pédagogiques... On adore. Les enfants en profitent moins que nous : nous rencontrons dans le musée une famille suisse, qui parcourt le continent depuis octobre, et jusqu'en juillet... Basile, 7 ans, et Eliott, 8,5 ans, ont la même avidité que nos enfants de parler français d'une part, et d'être avec d'autres que leurs parents d'autre part... Un loup touche touche s'organise... très vivant !

 

Nous avions d'abord pensé quitter Sucre demain, pour Potosi. Mais nous sommes sous le charme de la ville la plus coloniale de Bolivie, qui a changé 3 fois de nom et été le théâtre de tant d'événements fondateurs pour le pays. "En Sucre nacio Bolivia"... et le berceau est beau ! La ville compte avec plusieurs dizaines d'églises et de couvents, tous plus richement décorés les uns que les autres ; des universités prestigieuses, dans les couloirs, patios et bibliothèques desquels nous nous sommes longuement promenés aujourd'hui ; des façades coloniales aux balcons de bois sculptés, des casonas aux patios frais et ombragés, des places animées... La vie nocturne y est aussi très développée, la vie culturelle et artistique semble riche. Et puis, nous sommes redescendus juste en dessous des 3 000 mètres, et on s'essouffle moins ! Mais Sucre est aussi une ville où la mendicité s'affiche, où les enfants travailleurs parcourent les rues à la recherche de pare brises à laver, de chaussures à cirer, de chewing gum à vendre à l'unité... Nous retrouvons les nuées de gamins sales et dépenaillés avec lesquels j'avais travaillé à Quito, et qui ont peu à peu disparu du centre des villes... Ces rencontres ne sont pas sans alimenter les discussions avec nos enfants...

 

Bref, nous profiterons encore demain du confort de la belle Sucre, où nous avons donné rendez vous à la famille suisse rencontrée aujourd'hui. Les échanges entre voyageurs sont sympas ; selon le sens de notre voyage, nous recroisons les mêmes personnes de site en site, ou bien échangeons des expériences et "bons plans" du nord au sud et du sud au nord... La plupart des routards utilise les réseaux sociaux, et prépare des itinéraires qui s'appuient aussi sur les échanges, ou bien encore se donne rendez vous d'un point à un autre... Avec notre seul blog, non référencé sur les moteurs de recherche, nous nous privons sans doute de tout un tas de relations et de "tuyaux" possibles, mais nous gagnons aussi en intimité et en autonomie, d'une certaine façon... Il semble aussi que la plupart des voyageurs utilise quotidiennement des services comme booking ou TripAdvisor pour réserver ses hébergements, et nous faisons un peu figure d'aventuriers quand on dit que nous arrivons généralement dans une ville sans avoir retenu de chambre... à part, bien sûr, quand notre séjour doit coïncider avec un événement qui attire les foules (marinera de Trujillo, carnaval de Cuzco...). "Et avec des enfants, en plus..." Mais les enfants, hormis une fatigue qui colle aux basques, et dont nous finissons par comprendre qu'elle est inhérente à la situation du voyage, sont en grande forme, et le voyage apprend à lâcher prise...

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