La Paz, capitale haut perchée

La Paz, capitale la plus haute du monde, impressionnante, colorée, intrigante, paradoxale, ne peut laisser indifférent : telle une cholita aux larges jupes, elle étale ses habitations depuis le "bas", à 3 650 mètres, jusqu'au plateau d'El Alto, à 4 000 mètres, que domine la chaîne de l'Illimani, du haut de ses 6 465 mètres. Il est dommage que la saison des pluies, qui ressemble en fait à une véritable mousson et provoque pas mal de dégâts dans tout le pays, ne nous permette pas d'en voir le sommet enneigé...

 

Le plaisir est immense, de se laisser aller à déambuler dans les rues de cette ville si vivante, si humaine, si vibrante. Une ville contrastée, la seule au monde dans laquelle les quartiers riches se trouvent au sud, où l'air est plus chaud et l'oxygène moins rare, la seule qui ait interdit les matchs de championnat de foot car un stade à 4 000 mètres d'altitude ne laisse aucune chance aux adversaires, la seule qui permettent aux golden boys de côtoyer quotidiennement les campesinos, venus vendre leur marchandise et le fruit de la Pachamama...

 

Les photos d'hier sont, pêle mêle, celles de l'église San Francisco, celles des charangos, ces petites guitares à 5 cordes doubles initialement creusées dans des carapaces de tapirs, celles du marché aux sorcières de la rue Sagarnaga et de ses multiples potions, onguents, produits à base de coca, poudres et élixirs, foetus de lama et "tables rituelles" (confiseries destinées à être données en offrande aux divinités andines), les échoppes d'artisanat (tissus, cuirs, bijoux d'argent incrustés de turquoise, d'émeraude, de lapis lazuli et de "bolivianite" sont ici merveilleusement travaillés), les portraits bariolés des Paceños, la cathédrale et la place Mujillo, avec le Palais Présidentiel et ses milliers de pigeons... Il est peu dire qu'on adore cette ville aux multiples visages...

 

Ce matin, visite du musée de la coca (depuis le temps qu'on en mastique et qu'on en boit en maté, il fallait que les enfants en comprennent les multiples usages, depuis la culture et la récolte, les offrandes andines rituelles et les usages magico-religieux jusqu'au raffinement de la cocaïne, en passant par le coca cola...). Puis on prend le téléphérique le plus haut du monde, une autre façon de tutoyer le ciel, hallucinant ouvrage qui nous élève au dessus de la ville... Plaisir de retrouver, au hasard des ruelles, Alice et Adrien, étudiants lyonnais croisés en Equateur, que leurs pas mènent un peu, 5 mois durant, sur les mêmes chemins que nous... Avec eux, nous sommes allés ce soir au colisée d'El Alto, applaudir les Titans du Ring : un combat show surréaliste, catch féminin, mille feuille de jupons bariolés, lutte des Cholitas symbolisant le refus de l'hégémonie machiste, et la volonté des femmes de se saisir de leurs vies... Ces filles, mères, tantes... venues de la campagne, pour arrondir leurs fins de mois, en tenue andine, montent sur le ring 2 fois par semaine, afin de se livrer aux combats les plus rudes...

 

Demain, visite du merveilleux site de Tiwanaku, avant de prendre un bus de nuit pour Sucre...

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Commentaires: 4
  • #1

    mili (vendredi, 26 février 2016 09:42)

    ça donne le vertige

  • #2

    Mamou (vendredi, 26 février 2016 09:58)

    attention à la coca, mais c'est utile pour l'altitude. Bon voyage pour Sucre, les enfants dormiront dans le car, vous aussi je pense.

  • #3

    Claire Martial (vendredi, 26 février 2016 19:06)

    magnifiques récits de vos rencontres et de vos découvertes et de votre modus vivendi tout en chemins...merci de les partager avec générosité, vos images peuplent mes pensées, vos émotions élèvent mon âme, vos analyses affinent ma connaissance politco/géographico/historico de ces contrées si lointaines, autre berceau de l'humanité, vous nous en donnez beaucoup, merci à tous les deux d'être là tout en voyageant, bonne route/ bon vent / affectueusement

  • #4

    Olivier Arnoux (vendredi, 26 février 2016 19:52)

    Et en plus, c'est joliment raconté !