Désert d'Uyuni et Sud Lipez

Pour la première fois depuis sa création (et son déplacement en Amérique du Sud en 2009), le Dakar est passé par la Bolivie en 2014. Cette incursion dans l'Altiplano traverse les superbes paysages du Salar et du sud Lipez avec bivouac géant à Uyuni. Pour fêter le passage du Dakar, la petite ville de 16 000 habitants a été littéralement prise d'assaut par plus de 300 000 fans boliviens enthousiastes et passionnés de sports mécaniques, venus des quatre coins du pays. Le Président Evo Morales présent à l'arrivée de la caravane, a salué « une journée où la Bolivie était au centre du monde ». Et pour cause, le pays a même financé le passage du Dakar dans le pays en misant sur cette compétition pour faire connaître au monde entier les beautés du Salar et du Lipez.
La plus grande réserve de lithium au monde
Le plus grand désert de sel du monde  présente des visages inoubliables : 10 000 km2 de sel à 3 646 m d’altitude, des îles d’un kilomètre de long, peuplées d’une faune de l’extrême.
Sous le Salar se trouve un trésor unique au monde : le plus gros gisement de lithium connu à l'heure actuelle. On estime qu'environ 100 millions de tonnes de lithium sont amassées sous la croûte de sel, diluées dans la saumure, soit entre 50 à 70 % des réserves mondiales. Un nouvel eldorado pour ce pays, l'un des plus pauvres du continent. Ce métal mou, doté d'un fort potentiel énergétique, sert à la fabrication des batteries de portables et des voitures électriques. Le marché explose et la tonne de lithium se négocie actuellement à 7000 US $. Ce trésor attire l’appétit de plusieurs investisseurs dont le français Bolloré, mais le gouvernement bolivien veut garder la main sur la transformation de ce précieux minerai. Contrairement aux autres ressources du pays vendues aux étrangers par le passé, le président Morales veut « des partenaires et pas de nouveaux patrons » pour l'exploiter. Créée en partenariat avec des Japonais, une usine pilote existe près d'Uyuni depuis 2011 et devrait produire malgré les retards 50 000 tonnes de lithium par an courant 2015.
Un périple de 3 jours inoubliables
Impossible de découvrir ces paysages sans passer par un tour opérateur… le salar et le désert sont parsemés des tombes des touristes qui s’y sont perdus… Nous partons dans une jeep avec un chauffeur-guide-cuisinier, et Juan Luis, un trentenaire globe trotter mexicain vivant à Toronto et parlant (entre autres) le français vient compléter notre équipée. Dans ce paysage somptueux, nous sommes seuls au monde. A chaque halte, chaque étape, chaque hébergement… notre  guide gare la jeep à côté de quelques dizaines d’autres… qui libèrent leur sizaine de touristes de toutes nationalités… Moyenne d’âge : entre 25 et 30 ans. Ambiance sportive ou festive, c'est selon. Et nos enfants sont les seuls de moins d’un mètre 20, qui suscitent systématiquement admiration et intérêt, et doivent désormais se retrouver en photo sur les réseaux sociaux du monde entier, et tout particulièrement de la Corée…
1er jour : visite de l’incroyable cimetière de trains d’Uyuni, puis visite de son salar et des îles Pescado ou Incahuasi… quand la saison le permet. Pour nous, les pluies ayant été abondantes ces derniers temps, l’accès aux îles était impossible, mais en revanche, nous avons eu le bonheur de pouvoir observer le salar couvert d’eau, reflétant le ciel en un miroir parfait… Arrivée à San Juan vers 19h30, et nuit dans un hébergement tout de sel construit. A San Juan, on cultive le quinoa real, une plante qui ressemble à une céréale, très nourrissante et plus protéique que le lait. C’est une plante halophyte, qui s’accommode bien du sel, d’où son importance dans la région. 
2e jour : départ à 7 heures pour arriver à la Laguna Colorada en milieu d’après-midi. L’entrée dans le sud Lípez constitue une apothéose. Après 10 minutes de trajet, l’alignement de volcans qui entoure le sud Lípez offre ses couleurs gris, argent, blanc et rouge, dans un panorama splendide. Le début du parcours passe par le désert de sel de Chiguana. Ce dernier a donné son nom à la caserne située parallèlement à une improbable voie ferrée qui mène à Ollagüe, là même où, dans un volcan, se trouve la mine la plus haute du monde… Justement, c’est la fumée du volcan que l’on aperçoit au lointain à partir de la vallée de lave fossilisée qui ressemble à la planète Mars. La demi-heure suivante vous amène à la première lagune, Cañapa, d’une couleur bleue éclatante et habitée par des flamants andins. La lagune est entourée de la montagne Cañapa et du cerro Corina (volcans en extinction ou endormis). Les 2 heures suivantes de trajet sont entrecoupées d’autres lagunes, très belles également, Honda et Hedionda, aux couleurs verdâtres. La lagune Hedionda est le spot des flamants roses. Suit une immense esplanade désertique d’une trentaine de kilomètres de long, entourée de montagnes aux teintes rouge et marron. Parmi elles, la montagne cerro Agua de Perdiz présente des tons bleus et verts au creux de sa formation rocheuse. Son nom signifie « montagne eau de perdrix », ce qui est aussi surréaliste que le décor. Tout d’un coup, du fond de l’horizon, surgit une montagne conique et, dans son creux, la Laguna colorada ! Il est midi passé, les couleurs sont éclatantes de beauté, nulle part ailleurs dans le monde, vous ne verrez une chose pareille ! Montez encore un peu plus haut avec votre Jeep pour avoir une perspective en contre-plongée de cette merveille de la nature où nidifie l’espèce de flamants roses James, la plus rare au monde… Ils sont nommés ainsi en l’honneur de l’expédition James de 1886, la toute première à identifier ces oiseaux et à cartographier la région (bien que, comme vous le voyiez sur les cartes au 1/50 000e, il reste encore des montagnes non cartographiées…). D’autres espèces partagent le site : les flamants andins, les flamants chiliens, des canards, des oiseaux. Le spectacle de la nature s’étale devant vous. Le bonheur malgré les conditions climatiques qui sont, finalement, le prix à payer pour avoir ce privilège. Traversée du désert de pierres et de sable de Siloli, où a été tourné le dernier James Bond.
3e jour : lever tôt à 4 heures. Après une heure de route dans un froid polaire (températures très largement négatives, ressenties plus froides encore à cause d'un vent violent) et sous un ciel très pur constellé de myriades d’étoiles,à un peu plus de 5 000 mètres d’altitude, on découvre les geysers Sol de Mañana. Ces geysers et cratères, très dangereux de par leur intense activité, offrent un spectacle lunaire de toute beauté. Nous regardons le soleil se lever à travers les vapeurs de souffre qui jaillissent bruyamment du ventre de la terre, découpant nos silhouètes d’ombres sur les premières lueurs de l'aube, écoutant les gargouillis et bulles de lave éclater à nos pieds en des matières telluriques ocres, rouges, jaunes, brunes.... Les enfants, gelés, acceptent courageusement de nous suivre entre les cratères éruptifs aux odeurs nauséabondes mais sont frigorifiés, et retournent vite se mettre à l’abri dans la jeep. Une heure plus tard environ, se découvre la splendide Laguna Challviri, où l'on se baigne à côté des flamants roses. Nous avons perdu quelques centaines de mètres d’altitude, il ne fait plus que zéro degré, il faut une certaine motivation pour se déshabiller, mais les eaux, chauffées à plus de 35° par l’activité volcanique, sont follement agréables, et se baigner ainsi à la hauteur du Mont Blanc, à 6h30 du matin, par ce froid et dans ce cadre, est une expérience unique.
Ensuite, nous avons encore le temps d’admirer la Laguna Blanca, au pied du volcan Licancabur, à la croisée de la Bolivie, de l’Argentine et du Chili, avant le passage de frontière le plus surréaliste qu'on ait jamais vécu. La jeep nous conduit à une cabane d’adobe posée au milieu de nulle part, où seul, le drapeau bolivien atteste de la présence de la migration. Un tampon de sortie du territoire, quelques photos sous le panneau “Chili”, et nous déchargeons nos sacs au milieu du désert pour grimper dans le mini bus qui nous amène à San Pedro de Atacama. 50 minutes plus tard, 1 900 mètres plus bas et 35° plus chaud, nous voici arrivés dans ce village chilien posé au milieu du désert d’Atacama… Mais ceci est l’histoire des jours qui arrivent…

 

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Commentaires: 5
  • #1

    vio (jeudi, 10 mars 2016 07:55)

    Salut grande soeur! Chaque jour est unique.. mais celui ci encore plus.. je pense à toi en ce 10 mars.. je te souhaite un anniversaire inoubliable.. c'est bien parti pour!
    bisous..chlorés!

  • #2

    vio (jeudi, 10 mars 2016 08:01)

    Ce matin temps gris et bas mais chose improbable: un magnifique arc en ciel fend ce ciel cotonneux de ses couleurs gaies! Pas de soleil, mais cet arc en ciel qui termine sa courbe presque dans notre jardin.. journée unique!

  • #3

    nicole Verot (jeudi, 10 mars 2016 09:31)

    Je me surprends à suivre chaque matin votre périple...
    En ce matin d'anniversaires (nous fêtons aussi celui d'Alain), je me décide à vous envoyer un message.
    J'ai dit très vite à ma soeur que contrairement à vous, je ne me sentais pas l'âme nomade. Mais j'adore lire le magazine GEO. Alors, votre blog, c'est pour moi comme un GEO familial, dont les photos me font particulièrement vibrer, et les commentaires personnalisés me parlent.
    Votre récit merveilleux du désert de sable, je l'attendais...et je ne suis pas déçue!
    Nicole

  • #4

    Papou, Mamou (jeudi, 10 mars 2016 10:00)

    Bon anniversaire Florence, je pense que tu te souviendras de celui-ci car il est exceptionnel, tu ne pouvais pas mieux rêver, "le salar de Uyuni" tant attendu. Merci pour les descriptions et commentaires. Nous constatons aussi que nos petits sont toujours la coqueluche du monde et se portent à merveille malgré le froid, l'altitude et le chaud.
    bisous à tous

  • #5

    mili (jeudi, 10 mars 2016 13:28)

    récit époustouflant avant, je l'espère un anniversaire époustouflant.BISOUS spéciaux