Passage de frontière...

Le texte écrit hier et publié au mauvais endroit est réédité ce soir, en date.... de demain !

post d'une nouvelle petite vidéo.

Journée de bus, longue et éreintante : 3 changements entre Gracias, la Esperanza, San Juan et Tegucigalpa, la capitale. Les enfants se sont bien entraînés à prononcer ce nom, affectueusement raccourci par les locaux en "Tegus". Ils se questionnent sur les capitales : ce qu'elles sont, ce qu'elles ont de particulier, voire d'exceptionnel (l'ascension de la tour Eiffel est encore toute fraîche...), pourquoi les continents n'en ont pas... Ils sont déçus de notre fuite en avant : Tegus n'est pas de celles qui donnent envie de s'attarder, nous y passons la nuit dans un hôtel aseptisé et impersonnel qui jouxte l'aéroport, en dehors du centre historique de la ville, car c'est le quartier d'où nous partirons demain pour le Nicaragua. Encore une dizaine d'heures d'un bus international qui devrait nous emmener à Léon, jolie ville coloniale à 18 km des plages du Pacifique. Définitivement, nous sommes plus attirés par les régions montagneuses et volcaniques, leurs lacs, la végétation dense et luxuriante des forêt tropicales et les hauts plateaux des cordillières que par les clichés des mers Caraïbes, plages de sable blanc, lagons turquoise (2ème barrière de corail au monde) et cocotiers... les peuples qui y vivent y sont sensiblement différents aussi...

Passer une frontière est toujours une aventure. Un peu excitante et un peu triste, parfois un peu stressante aussi, jamais anodine. Errer et itinérer. Habiter, le temps d'un instant, les pas d'un réfugié...

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Tranquillement

Le rythme hondurien commence à nous  rentrer dans la peau... Journée tout en douceur, en langueur même. .. Visite de la Casa Galeano, maison coloniale qui a joué son rôle à Gracias, bien que n'ayant rien à voir avec Edouardo Galeano, écrivain uruguayen... Approfondissement de la culture lenca... Puis jeux au petit parc, où nous désespérons de retrouver Sandi, mais où Jefferson nous attend, pour des parties de loup touche-touche endiablées... Pas de visite de finca donc, mais une après midi dans des eaux thermales au charme fou, à 6 km de la ville, dans la verdure, où divers bassins déversent une eau sortie entre 35 et 40 degrés de la terre... nous en sortons follement relaxés et détendus. 

Demain, 5 à 6 heures de route en direction de Tegucigalpa, la capitale.

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Hommes de boue...

« Hommes de boue »... disaient, chacun dans son champ, le peintre équatorien Oswaldo Guayasamín et le poète et écrivain français Henri Michaux...


Réveil en douceur et petit déjeuner ensoleillé. Qu'allons nous faire pour découvrir un peu plus le pays Lenca ? Nous voulions faire à nouveau du cheval avec les enfants. Après avoir pris quelques renseignements, on nous oriente vers une « ferreteria » (une quincaillerie) où nous pourrons sûrement trouver un homme qui avant faisait des promenade à cheval. Il va là bas régulièrement. Il fallait y penser. Nous voilà partis avec quelques pauses en chemin, puisque Salomé est toujours à la recherche d'un marchand de doudous... Et ici, il y a plein de peluches. Notre recherche de l'homme aux chevaux sera infructueuse pour aujourd'hui car il était déjà parti à notre arrivée... Peut-être demain ? « Puede ser », comme on dit par ici.

Finalement, nous allons attraper un bus pour le village de La Campa à une quinzaine de kilomètres de Gracias. La route fait rapidement place à une piste tortueuse. Le lent trajet se fait en douceur et le bus sera rempli juste ce qu'il faut. Nous traversons plusieurs rivières qui passent par dessus la route. Le paysage est très beau, la montagne s'étage de forêts de pins et d'amas rocheux qui dessinent par endroits quelques canyons. Nous arrivons sur le village qui occupe une aire dégagée au milieu des collines le long de la rivière et à l'embouchure d'une vallée. Le bus nous arrête devant une église immaculée sur un fond de verdure. Ici tout est calme, paisible. Le rythme semble encore plus lent. Nous flânons, au hasard des ruelles. Tout est sourire.

Le village connaît une activité d'« alfareria » (céramique) qui s'organise autour d'une coopérative de 350 femmes Lencas soutenues par la municipalité depuis peu. Le travail de la terre de potier est essentiellement féminin. La glaise se trouve dans les montagnes environnantes ainsi que la terre rouge pour les pigments, et le bois pour la cuisson au feu de bois. Les pièces sont façonnées aux doigts (sans tour à potier), séchées à l'ombre quelques jours, lissées avec un caillou puis pigmentées. Un deuxième séchage au soleil a lieu avant la cuisson. Les femmes produisent des pièces pendant un mois avant de faire une cuisson à l'air libre. Vaisselle, mobiles, four de table, bijoux, forment un artisanat simple et agréable qui se retrouve dans toute la région.

Nous visitons un magasin, puis successivement 2 ateliers de poterie. Le guide disait « des rencontres authentiques » en pays Lenca. Nous l'éprouvons aujourd'hui encore. L'accueil dans les ateliers est très chaleureux et les enfants pourront s'essayer à façonner la terre sans autre idée que le partage. De terre en bavardage, nous finissons par nous asseoir pour partager un café et des gâteaux. La discussion s'élargit. Nous « échangeons » une chanson en français contre l'hymne national en langue Lenca. Notre hôte nous propose de garder Arthur deux ans pour qu'il apprenne le métier... Il n'est pas contre ! Elle nous explique qu'elle souhaiterait ouvrir une école pour apprendre le métier aux jeunes mais n'a pas de soutien pour cela. Pour le moment, chacun apprend dans sa famille ou en venant chez elle pour quelques cours improvisés. L'après midi avance ainsi de manière agréable. Au moment de partir, nous souhaitons acheter une pièce et nous retrouvons à devoir insister pour payer. C'est d'une manière très symbolique que tout cela finira. Notre hôte va troquer les pièces de terre brute que les enfants ont façonnées contre des pièces de terre cuite qu'elle a fabriquées pour la vente.

La terre retourne à la terre. Et nous, nous retournons à nos vies.

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Gracias

J'ai en tête la merveilleuse chanson de Mercedès Sosa : « gracias a la vida »...

Une longue matinée dans 2 bus différents, et une super après-midi à jouer au parc municipal, où les enfants provoquent vite un attroupement. Samuel, timide, observe les autres sans oser les aborder. Arthur parle à tous en français, avec la même spontanéité que partout. Et Salomé, avec son avidité relationnelle, se pose des questions métaphysiques sur la façon d'entrer en relation avec les autres, et de se faire des copines sans parler la même langue... Rapidement, de petits groupes se dessinent, d'abord sur les balançoires, puis autour du banc où nous assurons la traduction. Des jeux de main, un loup... il y a des jeux presqu'internationaux ! Finalement, Jefferson nous quitte, tandis qu'Edison et sa grande sœur, accompagnés de leur jeune tante Sandi, nous guident jusqu'au Fort San Cristobal, vestige de la colonisation qui domine la ville. Nous passons 2 heures ensemble, le début d'une grande amitié. La famille de Sandi est propriétaire d'une finca, qui emploie en ce moment 80 personnes pour la cueillette du café, pendant 3 mois. De fil en aiguille, elle nous propose de nous y accueillir, mais comme la plantation (café, mais aussi maïs, manioc, fèves, haricots rouges) se trouve à Lempira, à 2 heures de route en 4x4, elle suggère d'organiser plutôt avec son frère, le père des enfants, une journée tous ensemble ce WE, dans une finca du coin qu'ils connaissent... Au programme : visite à cheval et cueillette du café « de l'ombre », de la variété qui pousse à l'ombre des grands arbres... une façon de passer encore du temps ensemble, et de partager un peu de nos vies respectives.... A voir, si cette belle perspective peut se réaliser samedi. Il est vrai que la route que nous avons faite ce matin est bordée de grandes plantations de bananes et de café, dont on voit les grains sécher au soleil sur des dizaines de mètres de chaussée...


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Au jour le jour

… comment passe le temps ? Vite ou lentement ? Je ne parviens pas à comprendre...

Demain, nous quittons Copan Ruinas, à seulement 13 km à la frontière du Guatemala. Finalement, nous n'irons pas au Belize, ni au Salvador, pourtant tout près... Direction la ville de Gracias, en passant par Santa Rosa de Copan : 5 heures de bus. Tant pis pour la perspective de visite d'haciendas, de plantations de café, des coopératives artisanales locales à cheval... Nous ne faisons qu'effleurer la vie authentique du Honduras rural, sans rien saisir des subtilités de son organisation sociale, politique... nous nous contentons d'observer, de sentir, de goûter, de nous laisser porter par les rencontres... Les nécessités basiques prennent beaucoup de place : savoir où l'on dormira cette nuit, où l'on mangera... cela prend du temps, revient souvent (les enfants ont faim toutes les 3 heures !!), et l'itinérance nous confronte à cette évidence, sans doute un peu moins prégnante dans une vie quotidienne sédentaire. Ce soir, ils réclament la France... Parfois, au décours d'une visite, sur un sentier de randonnée, ils s'absorbent dans des questions très éloignées de ce qui se vit dans l'instant, évoquant des souvenirs anciens ou se projetant à notre retour... Beaucoup de questions, bien peu de réponses... Ils évoquent tous ceux qui font nos vies quotidiennes en France... l'école... la gym... les anniversaires... Et puis, plus généralement... florilège : « qui est-ce qui a inventé toutes les langues qu'on parle sur terre » ? « par quoi ça a commencé, le monde » ? « la mythologie, t'y crois, toi » ? « les dieux grecs, les dieux mayas et Jésus, c'est pareil » ? "quel est le pays qui a existé en premier dans le monde entier" ?



Ce matin, sous une pluie battante, nous visitons une réserve d'oiseaux, où perroquets, aras et toucans se reproduisent en semi-liberté et sont étudiés avant d'être réintroduits dans leur habitat naturel, la forêt tropicale humide, de laquelle ils n'étaient pas loin d'avoir disparu. Normalement, la saison des pluies est terminée depuis fin octobre, mais il semble que nous bénéficiions de précipitations prolongées, qui haussent le cours des rivières et transforment toutes les rues en véritables torrents... chaleur et humidité se conjuguent (on a quand même perdu près de 20°, il faisait seulement 18 ce matin !). On fait donc comme les locaux : on attend que ça passe. Au Honduras rien ne presse, jamais, et c'est sans doute ce décalage qui nous confronte à une certaine fatigue, et surtout à une vraie différence de culture : la journée ne se mesure pas au nombre de choses qu'on y fait entrer, mais plutôt aux regards et sourires échangés... ici comme ailleurs, les indigents vont pieds nus mais téléphone portable à la main... Ici plus qu'ailleurs, police et militaires sont omni-présents, les uniformes ostentatoires et les mitraillettes se posent sur la table le temps du petit déjeuner...



Cet après-midi, on approfondit la visite du site archéologique de Copan par celle de Las Sepulturas : seuls sur le site et le sentier qui serpente sur plusieurs kilomètres entre des vestiges d'une incroyable beauté à la fois sauvage et très ordonnée, on se régale. Les enfants jouent aux explorateurs.



On achète des litchies, des citrons verts. Un signe, même si ce soir, notre tribu écourterait bien le voyage : tout le monde apprécie de plus en plus facilement la nourriture locale (qui est très fine), et même les oignons ne font plus grincer les dents de Samuel ! A ce propos, la canine d'Arthur bouge de plus en plus, il devrait bientôt pouvoir vérifier si la petite souris passe aussi en Amérique Centrale... Quant à Salomé, elle achèterait bien un doudou dans chaque pays traversé... Et puis, notre collection de graines, fleurs, coquillages, cailloux, noyaux de fruits... va grandissant, nos 30 kg de bagage n'y suffiront bientôt plus...



Pour le plaisir, quelques photos du site de Copan Ruinas, visité hier.

On se projette en Equateur avec une excitation grandissante. Dans un mois déjà, alors que nous sommes sur la route depuis 3 semaines... Je pense à l' « Antigone sur la route » d'Henri Bauchau... Il y a de l'appréhension aussi : nous ne retrouverons pas le pays que nous avons aimé il y a 17 ans... mais n'est-ce pas plutôt nous qui aurons changé ? Et si les enfants ne partageaient pas cet amour-là avec nous ? Et si, et si ??...


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Copan, au coeur des cités mayas

Bonheur de retrouver l'ambiance d'une cité coloniale au charme fou, après ces derniers jours... Nous avons encore longé ce matin des fincas et haciendas, des hectares de bananeraies et de plantations de palmiers à huile (plantes d'origine africaine, que nous avions également  vues au Mexique et en Egypte, qui défigurent les paysages endémiques, et pour la plantation desquelles de grandes compagnies internationales déforestent à tour de bras)... Toujours une grosse  chaleur, mais plus supportable, car plus sèche. Les enfants sont avides de jouer et de courir, le petit jardin fleuri de l'hôtel  s'y prête  à merveille. Nous visitons le musée d'archéologie maya, qui prépare notre visite de demain. Nous revisitons les sites mayas aujourd'hui mexicains, nous avons la chance d'en connaître  presqu'une dizaine  ! Et puis, il y a aussi dans le coin des plantations de café, de cacao et de tabac (les cigares honduriens ont l'air fameux...), des visites de fincas à cheval, des cascades et des sources thermales, des parcs d'orchidées, de papillons et d'oiseaux (perroquets, toucans...), des rivières sauvages et des coopératives d'artisanat (les femmes de village qui n'ont l'électricité que depuis 2004 confectionnent des poupées en feuilles de maïs que leurs enfants vendent)...

 

A première  vue, le Honduras ne présente pas le même  visage que son voisin, le Guatemala. Il parait d'emblée plus "institutionnalisé", mieux organisé : les terminaux routiers regroupent les bus par compagnies, les chauffeurs distribuent des tickets et des reçus, les maisons sont en dur et peintes (et non plus seulement de bois, tôle ondulée ou moellons bruts), tout semble plus formalisé. Le ressenti est différent, les hommes portent la moustache et un grand chapeau de paille blanche, des bottes en caoutchouc pour chevaucher, alors que les guatemaltèques sont rasés de près et portent l'habit traitionnel de leur région. Ce matin, lundi, d'interminables queues s'allongeaient devant les banques... Le Honduras est l'un des pays les plus pauvres du monde. En 1994, son économie commençait juste à se redresser quand l'ouragan Mitch l'a laissé exsangue, un chaos d'infrastructures réduites à néant, et des milliers de vies emportées. Le pays ne s'en est toujours pas remis, dont la société reste particulièrement inégalitaire. Si le Guatemala compte 29 ethnies (et autant de langues, de cultures et de pratiques différentes), le Honduras partage la même diversité  entre 3 régions bien marquées : la forêt tropicale humide d'altitude, la côte pacifique et la mer caraïbe. Nous n'aurons de tout cela qu'un bien mince aperçu, sans doute juste de quoi donner le goût de revenir ! Quoi qu'il en soit, l'accueil ne se dément pas, et l'hospitalité n'est pas un vain mot. A aucun moment, nous ne nous sommes sentis en insécurité jusqu'ici. Le gouvernement français met cependant en garde contre les vols et agressions dans certaines régions que nous traversons, déclinant toute responsabilité quant à ce qu'il pourrait arriver au voyageur averti... Pourtant, la ville mexicaine toute proche de Cancun, si courue par les américains et canadiens, est bien plus dangereuse, mais les intérêts  économiques  y sont tels qu'aucun gouvernement ne déconseille d'y séjourner...

 

Tout ceci est bien sûr très subjectif, et après seulement 24 heures sur le sol hondurien... Dans nos interminables trajets en bus, il me vient toujours l'envie brûlante d'écrire, ce qui est alors particulièrement compliqué, vu que nous partageons en général 3 sièges pour 5, les enfants sur les genoux, sans compter les mauvaises routes, l'état des véhicules, la musique hurlante... et le soir, quand les enfants sont couchés et que nous disposons de plus de temps, les préparatifs des jours suivants s'imposent... et la fatigue...

 

Et pourtant, on a rajouté un texte sur nos impressions du passage au Guatemala (tout en bas de la page projet), ainsi qu'une nouvelle vidéo.

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Arrivés au Honduras

Aujourd'hui...c'était du grand n'importe quoi !! 9 heures de bus, un trajet harassant de los Amates, où on a dormi après quelques péripéties hier, jusqu'à Juan Pedro Sula au Honduras. A peine débarqués du bus on en reprend un autre pour Copan, où on arrive de nuit, sans avoir réservé d'hôtel bien entendu ! Bon, notre objectif est Copan Ruinas, un site archéologique maya classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, mais on aura encore 2h de bus demain... on s'est mal débrouillé !! Et franchement, les enfants semblent mieux supporter que nous !! Samuel a passé 3 heures tout seul entre 2 honduriens, qui sourient souvent à voir ses grands yeux bleus et ses taches de rousseur, il nous demandait de temps en temps ce que voulait dire tel ou tel mot, et s'est même fait offrir un sachet de chips de bananes et de manioc ! Salomé quant à elle, n'a pas tardé à faire connaissance avec Natalia, qui s'obstinait à lui dire quelques mots d'anglais... c'est tout juste s'il n'y a pas eu de larmes quand on s'est séparé, et Natalia est revenue vers nous en tendant à Salomé un cadeau, un petit flacon de solution alcoolisée et parfumée pour les mains... Arthur a encore fait craquer la moitié du bus et est passé de genoux en genoux... Le passage de la frontière, sous une pluie battante, a été source de questions pour les enfants : une douane 10 km avant la frontière, une autre 10 km après, encore des tampons sur les passeports.

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