Au jour le jour

… comment passe le temps ? Vite ou lentement ? Je ne parviens pas à comprendre...

Demain, nous quittons Copan Ruinas, à seulement 13 km à la frontière du Guatemala. Finalement, nous n'irons pas au Belize, ni au Salvador, pourtant tout près... Direction la ville de Gracias, en passant par Santa Rosa de Copan : 5 heures de bus. Tant pis pour la perspective de visite d'haciendas, de plantations de café, des coopératives artisanales locales à cheval... Nous ne faisons qu'effleurer la vie authentique du Honduras rural, sans rien saisir des subtilités de son organisation sociale, politique... nous nous contentons d'observer, de sentir, de goûter, de nous laisser porter par les rencontres... Les nécessités basiques prennent beaucoup de place : savoir où l'on dormira cette nuit, où l'on mangera... cela prend du temps, revient souvent (les enfants ont faim toutes les 3 heures !!), et l'itinérance nous confronte à cette évidence, sans doute un peu moins prégnante dans une vie quotidienne sédentaire. Ce soir, ils réclament la France... Parfois, au décours d'une visite, sur un sentier de randonnée, ils s'absorbent dans des questions très éloignées de ce qui se vit dans l'instant, évoquant des souvenirs anciens ou se projetant à notre retour... Beaucoup de questions, bien peu de réponses... Ils évoquent tous ceux qui font nos vies quotidiennes en France... l'école... la gym... les anniversaires... Et puis, plus généralement... florilège : « qui est-ce qui a inventé toutes les langues qu'on parle sur terre » ? « par quoi ça a commencé, le monde » ? « la mythologie, t'y crois, toi » ? « les dieux grecs, les dieux mayas et Jésus, c'est pareil » ? "quel est le pays qui a existé en premier dans le monde entier" ?



Ce matin, sous une pluie battante, nous visitons une réserve d'oiseaux, où perroquets, aras et toucans se reproduisent en semi-liberté et sont étudiés avant d'être réintroduits dans leur habitat naturel, la forêt tropicale humide, de laquelle ils n'étaient pas loin d'avoir disparu. Normalement, la saison des pluies est terminée depuis fin octobre, mais il semble que nous bénéficiions de précipitations prolongées, qui haussent le cours des rivières et transforment toutes les rues en véritables torrents... chaleur et humidité se conjuguent (on a quand même perdu près de 20°, il faisait seulement 18 ce matin !). On fait donc comme les locaux : on attend que ça passe. Au Honduras rien ne presse, jamais, et c'est sans doute ce décalage qui nous confronte à une certaine fatigue, et surtout à une vraie différence de culture : la journée ne se mesure pas au nombre de choses qu'on y fait entrer, mais plutôt aux regards et sourires échangés... ici comme ailleurs, les indigents vont pieds nus mais téléphone portable à la main... Ici plus qu'ailleurs, police et militaires sont omni-présents, les uniformes ostentatoires et les mitraillettes se posent sur la table le temps du petit déjeuner...



Cet après-midi, on approfondit la visite du site archéologique de Copan par celle de Las Sepulturas : seuls sur le site et le sentier qui serpente sur plusieurs kilomètres entre des vestiges d'une incroyable beauté à la fois sauvage et très ordonnée, on se régale. Les enfants jouent aux explorateurs.



On achète des litchies, des citrons verts. Un signe, même si ce soir, notre tribu écourterait bien le voyage : tout le monde apprécie de plus en plus facilement la nourriture locale (qui est très fine), et même les oignons ne font plus grincer les dents de Samuel ! A ce propos, la canine d'Arthur bouge de plus en plus, il devrait bientôt pouvoir vérifier si la petite souris passe aussi en Amérique Centrale... Quant à Salomé, elle achèterait bien un doudou dans chaque pays traversé... Et puis, notre collection de graines, fleurs, coquillages, cailloux, noyaux de fruits... va grandissant, nos 30 kg de bagage n'y suffiront bientôt plus...



Pour le plaisir, quelques photos du site de Copan Ruinas, visité hier.

On se projette en Equateur avec une excitation grandissante. Dans un mois déjà, alors que nous sommes sur la route depuis 3 semaines... Je pense à l' « Antigone sur la route » d'Henri Bauchau... Il y a de l'appréhension aussi : nous ne retrouverons pas le pays que nous avons aimé il y a 17 ans... mais n'est-ce pas plutôt nous qui aurons changé ? Et si les enfants ne partageaient pas cet amour-là avec nous ? Et si, et si ??...


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Commentaires: 3
  • #1

    Gyslaine TAVERNIER (vendredi, 27 novembre 2015 16:48)

    Bonsoir à toute la tribu ! Je suis toujours votre beau voyage et vous me faites rêver ... Les enfants doivent être heureux ... Vous leur offrez quelque chose de magnifique, j'espère qu'ils apprécient ou apprécieront plus tard.
    Bonne continuation à tous.
    Bises.

  • #2

    Maud (vendredi, 27 novembre 2015 21:43)

    Bonjour Marraine
    Nous allons à Paris faire la fête. Je suis contante d'aller à Paris mais j'ai un peu peur.
    Bisousssss Marraine!!!!!!!

  • #3

    Tonton, tatan (vendredi, 27 novembre 2015 22:11)

    C'est sûr le temps passe vite, et à vous cinq vous avez un niveau d'intendance qui vous occupe bien. Et vous ne parlez pas du temps que vous consacrez à nous régaler de vos récits de voyage!!! Vous savez combien c'est apprécié.
    Pour ce qui semble être le mal du pays, c'est peut-être lié aux moments où vous pataugez sous la pluie, devez renoncer à telle ou telle visite because la météo, ou trop de temps à passer en transport...., mais demain il fera un grand soleil et le moral des troupes repartira. Et puis si votre petite tribu a faim toutes les 3 heures, prévoir de grosses galettes le matin car leur cerveau tout neuf, à force de "phosphorer", consume toute leur énergie. Conclusion il leur faut un carburant consistant!!!!
    Bonne continuation sous des cieux cléments et bisous bien forts de nous deux.