Hommes de boue...

« Hommes de boue »... disaient, chacun dans son champ, le peintre équatorien Oswaldo Guayasamín et le poète et écrivain français Henri Michaux...


Réveil en douceur et petit déjeuner ensoleillé. Qu'allons nous faire pour découvrir un peu plus le pays Lenca ? Nous voulions faire à nouveau du cheval avec les enfants. Après avoir pris quelques renseignements, on nous oriente vers une « ferreteria » (une quincaillerie) où nous pourrons sûrement trouver un homme qui avant faisait des promenade à cheval. Il va là bas régulièrement. Il fallait y penser. Nous voilà partis avec quelques pauses en chemin, puisque Salomé est toujours à la recherche d'un marchand de doudous... Et ici, il y a plein de peluches. Notre recherche de l'homme aux chevaux sera infructueuse pour aujourd'hui car il était déjà parti à notre arrivée... Peut-être demain ? « Puede ser », comme on dit par ici.

Finalement, nous allons attraper un bus pour le village de La Campa à une quinzaine de kilomètres de Gracias. La route fait rapidement place à une piste tortueuse. Le lent trajet se fait en douceur et le bus sera rempli juste ce qu'il faut. Nous traversons plusieurs rivières qui passent par dessus la route. Le paysage est très beau, la montagne s'étage de forêts de pins et d'amas rocheux qui dessinent par endroits quelques canyons. Nous arrivons sur le village qui occupe une aire dégagée au milieu des collines le long de la rivière et à l'embouchure d'une vallée. Le bus nous arrête devant une église immaculée sur un fond de verdure. Ici tout est calme, paisible. Le rythme semble encore plus lent. Nous flânons, au hasard des ruelles. Tout est sourire.

Le village connaît une activité d'« alfareria » (céramique) qui s'organise autour d'une coopérative de 350 femmes Lencas soutenues par la municipalité depuis peu. Le travail de la terre de potier est essentiellement féminin. La glaise se trouve dans les montagnes environnantes ainsi que la terre rouge pour les pigments, et le bois pour la cuisson au feu de bois. Les pièces sont façonnées aux doigts (sans tour à potier), séchées à l'ombre quelques jours, lissées avec un caillou puis pigmentées. Un deuxième séchage au soleil a lieu avant la cuisson. Les femmes produisent des pièces pendant un mois avant de faire une cuisson à l'air libre. Vaisselle, mobiles, four de table, bijoux, forment un artisanat simple et agréable qui se retrouve dans toute la région.

Nous visitons un magasin, puis successivement 2 ateliers de poterie. Le guide disait « des rencontres authentiques » en pays Lenca. Nous l'éprouvons aujourd'hui encore. L'accueil dans les ateliers est très chaleureux et les enfants pourront s'essayer à façonner la terre sans autre idée que le partage. De terre en bavardage, nous finissons par nous asseoir pour partager un café et des gâteaux. La discussion s'élargit. Nous « échangeons » une chanson en français contre l'hymne national en langue Lenca. Notre hôte nous propose de garder Arthur deux ans pour qu'il apprenne le métier... Il n'est pas contre ! Elle nous explique qu'elle souhaiterait ouvrir une école pour apprendre le métier aux jeunes mais n'a pas de soutien pour cela. Pour le moment, chacun apprend dans sa famille ou en venant chez elle pour quelques cours improvisés. L'après midi avance ainsi de manière agréable. Au moment de partir, nous souhaitons acheter une pièce et nous retrouvons à devoir insister pour payer. C'est d'une manière très symbolique que tout cela finira. Notre hôte va troquer les pièces de terre brute que les enfants ont façonnées contre des pièces de terre cuite qu'elle a fabriquées pour la vente.

La terre retourne à la terre. Et nous, nous retournons à nos vies.

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Commentaires: 2
  • #1

    mili (samedi, 28 novembre 2015 12:30)

    Les enfants garderont en eux, leur vie durant la capacité d'accueil et d'ouverture à l'autre qu'ils rencontrent ici. Tant mieux

  • #2

    Emmanuelle (samedi, 28 novembre 2015 16:45)

    Hola la familia, veo que todo anda bien, descubriendo un montón de cosas! bestias! Manue