... est le titre d'un livre d'Arundhati Roy, la chronique de jumeaux de 8 ans et de leur famille du Kerala dans les années 60 et 70, dont la vie va être marquée par un événement traumatique. La forte fièvre qui m'a tenue au lit m'a permis de commencer et terminer ce livre passionnant. D'approcher un peu plus cette Inde multiple, par l'intérieur et à travers l'histoire (les mouvements communistes entre l'Indépendance et la présidence de Nerhu), d'appréhender ces petits riens qui font nos vies... A 10 jours de notre retour en France, tomber malade ! Heureusement, la grande terrasse sur le toit de l'hôtel a permis aux enfants d'organiser leurs jeux tranquillement.
L'Albert Hall Muséum nous attend, dans son architecture grandiose de Palais du Rajasthan, avec les merveilles qu'il cache en ses galeries. Pour nous aider à comprendre un peu mieux les grands mouvements de l'histoire, ou comment les dynasties mogholes (musulmanes) et rajpoutes (hindoues) se sont succédé, parfois harmonieusement, parfois avec un radicalisme religieux n'ayant rien à envier aux actuels extrémistes, en ayant soin de détruire tous les temples pour les remplacer par des mosquées, ou inversement. Brouillant les témoignages historiques gravés dans la pierre, effaçant des siècles de tolérance religieuse et de développement architectural et artistique.
Aujourd'hui, nous découvrons le merveilleux fort d’Amber, qui apparaît au détour d’un virage, dressé à flanc de colline, dominant le petit lac Maota et le jardin à la moghole de Dilaram Bagh (« jardin du Cœur paisible»), aménagé au XVIème siècle pour accueillir l’empereur Akbar. La dynastie Kachhwaha occupa le site dès le XIIème siècle. Le Maharajah Duleh Raï s’en empara aux dépens de la tribu Meena et en fit sa capitale. Man Singh Ier agrandit le fort à la fin du XVIème siècle. Après la fondation de Jaipur, Amber perdit son statut de capitale, mais sa position sur la route venant de Delhi continua à lui assurer une importance stratégique considérable. De nos jours, des boutiques d'artisanat occupent les arcades qui bordent ses cours, des éléphants carapaçonnés arpentent ses rues pavées et passent majestueusement sous ses lourdes portes finement décorées, et un son et lumière anime ses façades à la nuit tombée...
Mais les petits riens, ce sont les cerfs-volants qui animent les toits de la ville, et les concours organisés (souvenir du livre : "le cerf-volant de Kaboul", de Khaled Hosseini), ce sont les préparatifs de Diwali, la fête des lumières hindoue qui illuminera bientôt la ville pour célébrer le retour de Rama dans son royaume Ayodhya après sa victoire sur le démon Ravana, les pétards et feux d'artifice qui claqueront pour éloigner les démons et mauvais esprits en leur faisant peur, ce sont les conversations avec les chauffeurs de rickshaws qui ne peuvent s'empêcher de pincer les joues des enfants, de leur ébouriffer les cheveux, c'est notre lutte pluriquotidienne contre les nuées de rabatteurs, petits vendeurs et autres mendiants qui nous accrochent dans la rue, c'est la joie dans l'œil des enfants quand nous croisons, sur la chaussée congestionnée par un trafic chaotique, un chameau ou un éléphant, c'est un collier d'œillets orangés autour du cou d'une statue de Ganesh ou de Shiva, un écureuil qui vient manger au creux de la main, le chatoiement d'un sari lumineux tout brodé de petits miroirs, un chapatis tout chaud qui croustille sous la dent, ou la saveur du gingembre finement rehaussée d'épices dans un plat de riz...
Écrire commentaire
mireille (dimanche, 23 octobre 2016 00:50)
Ai lu/ relu ces derniers articles... merci de tous ces écrits toujours aussi documentés et précis et des photos en live...
J'espère que la maladie va être brève ... les jours à venir seront riches en nouveautés et émotions.... d'un autre genre.
profitez , profitez encore ...
Bises à vous tous . Mireille