Tout autour de Jaipur se dressent de rouges montagnes désertiques, sur lesquelles des forteresses ont été édifiées. Au coeur de la vieille ville fortifiée, à laquelle on accède en passant sous l'une des nombreuses doubles portes entre les remparts, le pouls de Jaipur bat avec intensité. Nous y avons croisé des chameaux tirant de petites carrioles et des éléphants peints conduits par leur mahout (cornak) au milieu des voitures, vélos et rickshaws... Les façades sont roses, les bazars débordent d'épices, de pierres précieuses et semi-précieuses, de bijoux rutilants, de tissus chatoyants aux petits miroirs incrustés, d'articles en cuir... Autrefois, chaque ruelle abritait une activité spécifique (tisserands, potiers, dinandiers…). A présent, cette particularité a pratiquement disparu, même si le textile reste très en vogue : saris luxueux ou simples vêtements de coton tissés de façon traditionnelle (khadi), soies lumineuses, douceur des pashminas (laine des chèvres du Cachemire), shatoosh (laine d’antilope himalayenne maintenant protégée).
Si Agra est une ville essentiellement musulmane, Jaipur voit ses communautés religieuses hindoue et musulmane se partager paisiblement la ville, ses lieux sacrés, son calendrier de fêtes et ses coutumes. L'ambiance s'en trouve sensiblement changée...
Entre les ruelles des bazars, coeur vibrant de la ville rose, se trouve le City Palace. Le Maharajah Bhawani Singh, ancien ambassadeur de la République indienne, et sa famille occupent encore toute une partie du palais, fermée au public. Dans la première cour s’élève le Mubarak Mahal, palais de la Bienvenue, construit sous Madho Singh II (règne de 1880 à 1922) pour accueillir les hôtes de marque. Ce gracieux pavillon abrite une collection de vêtements royaux, saris de soie filés d’or, écharpes en pashmina ou en shatoosh. Parmi les principales curiosités, l’imposante tunique du Maharajah Madho Singh Ier (règne de 1750 à 1768) dont le poids atteindrait plus de 200 kg ! Le pavillon expose également une collection d’instruments de musique joués à la cour (sitar, dilruba, percussions). Plus loin, le Maharani Mahal, Palais de la Reine, contient une belle collection d’armes, de sabres et poignards sertis de pierres précieuses, kattar (redoutables poignards tenus par une poigne et non par un manche) et fusils. Un petit canon provenant de la forteresse d’Amber compte parmi les premières pièces d’artillerie de toute l’Inde. La première cour donne sur la porte du Lion, Singh Pol, protégée par deux statues d’éléphant blanc et par des gardes en turban rouge arborant de superbes moustaches. Au centre de cette nouvelle cour bordée de façades aux fines jali (écrans ajourés) se dresse le Diwan-i-khas, hall des audiences privées où le souverain recevait ses visiteurs. Le Maharajah Madho Singh II fit façonner deux immenses jarres en argent avant de se rendre à Londres pour le couronnement d’Edouard VII, en 1901. Il les fit remplir d’eau du Gange et charger sur son navire… Il ne pouvait songer à effectuer ses ablutions rituelles dans l’eau impure de la Tamise ! Une porte ouvre sur le Pritam Niwas, cour du Bien-Aimé, décoré de paons sculptés faisant la roue. Au fond, le Chandra Mahal (palais de la Lune) est orné de délicats motifs floraux. Les étages supérieurs sont occupés par la famille royale. L’autre issue du Diwan-i-Khas mène au Diwan-i-Am, hall des audiences publiques ou darbar. Le Maharajah rassemblait sa cour dans cette immense salle, à présent transformée en un riche musée. Illuminé par de somptueux lustres en cristal de Bohême et agrémenté de bas-reliefs et de peintures murales, il expose de superbes collections de miniatures (dont une célèbre évocation de la Sainte Famille, sujet peu commun dans le contexte rajput du XVIIème siècle), manuscrits, howdah (nacelles pour monter à dos d’éléphant) et d’imposants tapis persans.
Les enfants ont pu manipuler les marionnettes à fil traditionnelles du Rajasthan, et jouer de la musique avec les musiciens du Maharajah... L'ensemble de la visite laisse une impression de faste et de merveilleux, et l'on se prend à trouver que le côté sublime de l'Inde surpasse son côté sordide...
Une école sans écoliers, en ces jours de vacances...
Hawa Mahal, le Palais des Vents, avec sa façade rouge, est l'une des merveilles de l'architecture rajput. Il se dresse sur cinq étages. Orné de 61 jharokha (loggias aérées de fenêtres en pierre ajourée), le palais fut bâti en 1799 pour permettre aux princesses du harem royal de contempler le spectacle de la rue et les défilés sans être vues. Hawa Mahal doit son nom à la brise rafraîchissante que laissent filtrer ses ingénieuses ouvertures.
Des vendeurs de grains pour nourrir les pigeons... Des cuiseurs de chapatis sur le trottoir... Un barbier officiant en plein air, sous un arbre... Des étals de fruits et légumes, de chapeaux, de brosses à dents... Des forgerons forgeant à même le trottoir, tandis que leur femme active le feu sur lequel rougit une barre de fer... Des machines à coudre piquant des selles de motos sous un arbre... Des marionnettistes jouant entre deux pas de porte, et nous parlant du Festival International de la Marionnette de Charleville Mézière... Des grappes d'enfants des rues nous suivant pour réclamer un bonbon ou une roupie... Les travaux de construction du métro en cours depuis 6 ans... Autant de scènes composant la vie colorée de Jaipur...
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kony (jeudi, 20 octobre 2016 07:47)
Avez vous vu aladdin ans le palais des flatulences?
Mamou (jeudi, 20 octobre 2016 11:12)
vraiment très belle archtecture, beaucoup de travail pour sculpter les ouvertures, on dirait des dentelles.
Les enfants ont pu toucher aux instruments de musique et aussi en jouer. Pour Salomé les marionnettes
Quant au maharadja qui a emporté avec lui pour son voyage en Angleterre une jarre d'eau du Gange pour faire ses ablutions (dans une eau non polluée dit-il ?) on est sceptique.
Prendrez-vous des photos des saris et autres vêtements incrustés de pierres précieuses ?
Bisous à vous 5
vio (vendredi, 21 octobre 2016 08:07)
Jouer de la musique avec les musiciens du maharajah? Trop chouette! Et la (le?) citar, vous avez essayé? En rentrant je montrerai la mienne aux enfants(offerte par les parents qd j'étais petite).
C'est incroyable le faste que vous décrivez, pourtant sur les photos je ne trouve rien de surchargé mais bien un agencement rèussi de tous ces riches matériaux, formant une alchimie de grâce et de couleurs de tte beauté.
Mille et une nuits, mille et une odeurs, mille et une saveurs, mille et une couleurs, mille et une émotions... il vous faudrait des mois en inde pour vous immerger encore dans ce vaste pays contrasté.. pê y reviendrons nous 1 jour ensemble!
Gros bisous de notre campagne aux belles couleurs d'automne