Vârânasî-Bénarès, la ville sainte sise au bord du Gange éternel

Voir Vârânasî et mourir... Ville sacrée entre toutes pour les hindous, c'est ici que les croyants viennent achever leur vie, afin que leurs cendres soient dispersées dans le fleuve sacré... Mourir au bord du Gange, c'est éviter l'éternel cycle de recommencement de la vie, et accéder directement au nirvana...

 

Le Gange prend sa source en Himalaya, traverse la plaine du nord et parcourt 3 000 kilomètres avant de se jeter dans le golfe du Bengale. Considéré comme l'ultime vérité spirituelle, sa source serait le chignon de Shiva...

 

Il en résulte que l'atmosphère de la vieille ville de Vârânasî est très particulière, empreinte de mysticisme et de spiritualité, véritable creuset de cultures et de religions, et qu'il fait particulièrement bon se perdre dans le lacis de petites ruelles à la circulation chaotique, où rickshaws, cyclopousses, motos, vélos, vaches en pleine rumination, buffles en plein désoeuvrement, macaques chapardeurs et piétons se côtoient au coude à coude... enfin, façon de parler ! Sur la rive Ouest du Gange, se concentrent temples, anciens palais de maharadjas et ghats, ces marches donnant accès, en contrebas, au fleuve majestueux...

 

Hier soir, sur le ghat principal, nous avons assisté à une puja, cette cérémonie haute en couleurs, véritable expérience sensorielle à laquelle participent pèlerins, fidèles, hindous, sadhus, touristes et curieux mêlés, au son des voix et coquillages, devant les centaines de bougies flottant sur le fleuve éternel comme autant de prières, dans les effluves de santal et de cardamome, pour honorer le Gange et psalmodier des incantations... Indescriptible subtilité de rituels indéchiffrables et étranges pour les non initiés, véritable spectacle vivant, moment de ferveur palpable, atmosphère pénétrante de spiritualité à la tombée de la nuit, dans les rumeurs de la ville, le chant du muezzin, les cris des vendeurs ambulants, les odeurs des chapatis en train de cuire, celles des chairs calcinées par les bûchers funéraires du ghat voisin...

 

Si le train était aussi plein mercredi, c'est que nous sommes entrés dans la plus sacrée des sept villes saintes hindoues la veille d'un important festival, le Durga Puja, qui a donc débuté hier, par l'adoration des images de la déesse Durga, un avatar de Pârvatî, épouse de Shiva. À Varanasi, ces images sont immergées dans le Gange, en grande pompe, au Dasashwamedh Ghat principalement, mais également sur les autres ghats, après avoir été, 15 jours durant, vénérées sous des tentes de bambou et de tissu qui rivalisent d'ingéniosité pour représenter des lieux célèbres ou des événements : la Maison Blanche, les pyramides de Giseh, la Tour Eiffel... En ce mois d'octobre, tout le pays est en effervescence, un bouillonnement permanent de fêtes et festivals s'enchaînent, amenant les indiens à voyager pour célébrer en famille ces événements capitaux du calendrier hindou...     

 

Et ce matin, nous nous sommes déchaussés pour pénétrer le temple rouge Durga, se reflétant sur une pièce d'eau carrée nauséabonde. Dans le vacarme des cloches qu'ils actionnent et les nuages d'encens, les fidèles baisent les marches et les lingams, ces représentations phalliques de la moitié des principes qui régissent le monde, ensevelissent les statues de leurs déités sous d'énormes épaisseurs de pâte vermillon (même les vaches et les chiens, ici, portent au milieu du front le tika, ce point rouge référé au troisième oeil), baignent leurs dieux d'eaux lustrales, chantent, psalmodient, allument de l'encens et du santal, éparpillent des pétales de fleur et du riz, répètent des séries de gestes complexes et très codifiés aux 4 points cardinaux...

 

Il est touchant, parfois drôle, toujours surprenant d'aller à la rencontre des petits métiers de Vârânasî. Au fil des venelles, on peut observer les rémouleurs, charpentiers, ferrailleurs, recycleurs de tous poil, cordonniers, vendeurs de colliers de fleurs et autres offrandes aux portes des temples, cuiseurs de chapatis et de rôtis, barrateurs de yaourts pour obtenir le lassi, mélangeurs d'épices pour préparer le masala des currys, fabricants de vaisselle éphémère en feuilles de palmier... Et puis, sur les berges du fleuve en majesté, les repasseurs repassent, au fer à charbon de nos grands-mères, le linge lavé dans le Gange, battu, frappé énergiquement, et redistribué dans les foyers comme dans les Guest House.....

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Commentaires: 3
  • #1

    mili (samedi, 08 octobre 2016 10:30)

    j'espère que ce n'est pas dans les eaux engageantes du Gange,que nos petits faisaient la lessive !mais c'est bien l'école de la vie!
    il y a de tout petits cyclamens dans le jardin de Vio! magnifique!
    profitez bien de vos 3 dernieres semaines: on vous attend de pied ferme!

  • #2

    Mamou (samedi, 08 octobre 2016 10:43)

    Colle dit Mili on vous attend de pied ferme, les tortues ont commencé à s'enterrer, le froid arrive petit à petit.
    bisous

  • #3

    Renée (samedi, 08 octobre 2016 13:04)

    Fin de voyage mystique et magique....que pouvons-nous comprendre d'une telle civilisation?
    probablement pas grand chose mais vous vous baignez dans ces mystères qui marqueront à jamais votre vie....avoir plusieurs yeux pour mieux voir et comprendre. Vous allez nous revenir plein d'enthousiasme et de sagesse....c'est pour bientôt. Profitez au maximum de ces derniers jours pour encore faire provision de cet au-delà du miroir qui fait vivre tant d'humains
    .
    Nous vous attendons avec impatience...plein de bises amicales.