Dasain, le plus grand festival hindou du Népal

 

Dans un mois, nous atterrirons sur le vieux continent... retour aux sources... Sentiments mélangés avec ce compte à rebours qui s'installe...

 

 

 

Pour l'heure, après la visite du centre de sauvegarde de éléphants hier, nous avons eu l'immense chance d'être invités par Surya, l'ami de nos hôtes à Pokhara, le guide avec lequel nous partirons demain explorer le parc national à la recherche d'animaux sauvages, en pirogue et à pied, à fêter dans sa famille le premier jour du festival Dasain... Grand festival hindou, haut en couleur... Nous acceptons l'invitation sans bien savoir à quoi nous attendre. A 7h, Surya nous salue, malgré ses maux de tête : il a trop bu hier soir, pour célébrer le début du festival... A 8h, nous nous engageons sur la piste poussiéreuse qui mène à son village, à 4 km de là. Il fait déjà une chaleur torride, nous avons la peau moite et bataillons contre les armées de moustiques qui nous attaquent... Les groupes ethniques de cette région sont les Tharu, dont l'habitat traditionnel, mêlé de maisons de béton, se compose de petites maisons de bambou chaulé, couvertes de terre, et au toit de tôle. Rien à voir avec l'architecture Newar de Kathmandu et de sa vallée, ou avec celle des Gurung et Tamang de Pokhara...

 

 

 

A notre arrivée, une longue procession est assemblée devant le temple, composée de musiciens, de femmes hindoues en saris rouges, d'un groupe de femmes Tharu aux robes blanches et bijoux rutilants, portant des offrandes... Des enfants, par grappes, animent le village assemblé là. Sitôt qu'elle s'ébranle, nous nous mêlons à la procession, qui déambule de village en village, des heures durant, chantant, dansant au son des voix et d'instruments étranges au son aigrelet. Nous avons le visage barbouillé de rouge et dégoulinons sous l'intense touffeur de la jungle, nous sommes les seuls étrangers au village, des hôtes d'honneur... Un caméraman de la télévision immortalise  le joyeux défilé et Salomé prend des photos, les gens posent complaisamment devant son objectif, avec leur plus beau sourire... ici, pas de scrupule à sortir l'objectif, pas de cliché volé... Sur le chemin, les villages traversés nous offrent leurs activités traditionnelles, enfants, femmes et hommes s'interrompent un instant sur le passage de notre joyeux cortège...

 

Nous quittons la poussière du chemin pour rejoindre la modeste maison de Surya, dont les enfants nous accueillent avec effusion. Sa femme est à Kathmandu, qui reviendra demain avec leur petit fils. D''ailleurs, nous sommes invités à revenir faire leur connaissance... A l'âge de 7 ans, l'une de leur fille a été mangée par un tigre alors qu'elle allait couper de l'herbe dans la forêt... A 20 ans, l'un de leurs fils est décédé dans l'armée gurkha... Sarita, leur fille, nous régale d'un savoureux daal bhaat, puis nous visitons le potager, les champs de riz familiaux... découvrons leur "fabrication" de gaz pour cuisiner, avec les bouses du buffle et une plante... Alors que nous nous demandons comment nous allons bien pouvoir remercier, Surya nous emmène au temple, où nous retrouvons une partie de l'assemblée du village, occupée en d'absorbantes tractations. Il nous explique qu'en ce jour spécial, chacun peut devenir bienfaiteur de la communauté, en faisant une offrande pour l'entretien du temple, comme nous observons d'ailleurs nombre de villageois le faire... Et c'est ainsi que nous nous retrouvons généreux donateurs d'un temple hindou, officiellement remerciés  par le représentant de la communauté, filmés et applaudis... nous comprenons que les retombées honorifiques de notre présence sous son toit sont importantes pour Surya, ce qui ne l'empêche pas de nous offrir une hospitalité généreuse et touchante.

 

Après le bain de foule matinal de la procession, dans lequel les enfants ont eu un peu de mal à se laisser flotter, ils goûtent avec davantage de plaisir aux jeux échangés avec Bibek, Sarita et leurs voisins, et même l'énorme mousson qui tambourine bruyamment sur le toit de tôle est une fête, sous laquelle ils vont jouer avec délices...

 

 

Quelques petites précisions sur Dasain

La plus grande fête du Népal célèbre sur 15 jours la victoire de la déesse Durga sur les forces du Mal, incarnées par le buffle-démon Mahisasura. Des centaines de milliers d’animaux sont abattus en l’honneur de Durga. Des portiques en bambou sont érigés à l’entrée des villages.

 

Fulpati (Phulpati) Fulpati (“fleurs sacrées”) marque le premier jour important de Dasain. Une jarre de fleurs symbolisant la déesse Taleju est transportée de Gorkha à Kathmandu, présentée au président sur le champ de manœuvres de Tundikhel, puis portée jusqu’à Durbar Square sur un palanquin.

 

Maha Astami

Le “grand 8ème jour” et Kala Ratri, la “nuit noire”, marquent le début des sacrifices à Durga. À minuit, dans la cour d’un temple près de Durbar Square, à Kathmandu, 8 buffles et 108 chèvres ont la tête tranchée d’un seul coup de lame.

 

Navami

Le lendemain, les sacrifices continuent sur Kot Square. On asperge de sang les roues des voitures et des avions de Nepal Airlines, et la chèvre figure à tous les menus.

 

Vijaya Dashami

Le 10ème jour de Dasain prend un caractère plus familial. On échange cartes et vœux, et les parents apposent un tika (point de pâte de santal) sur le front de leurs enfants. Processions et danses masquées commémorent la victoire du prince Rama sur le roi-démon Ravana, relatée dans le Ramayana.

 

Kartika Purnima

Le jour de la pleine lune de septembre-octobre, qui marque la fin de Dasain, est célébré dans de nombreuses maisons par des jeux de hasard, différents selon les régions. De jeunes enfants parient alors avec passion une ou deux petites pièces.

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