Chitwan National Park

Et voilà ! Ce matin dès l'aurore, après pratiquement 3 semaines passées là, nous avons quitté Pokhara et la chaîne de l'Himalaya pour rejoindre, quelques 200 km au sud (et 8h d'un trajet de bus encore plus terrible que de Kathmandu à Pokhara, sur une piste chaotique à flanc de montagne et au bord du gouffre ouvert par la rivière) le Teraï et la chaîne du Mahabharat, où nous retrouvons avec plaisir la jungle, ses bruits mystérieux d'oiseaux et d'insectes, sa végétation incroyable et sa moiteur... Nous disposons de quelques jours pour explorer les merveilles de sa faune et de sa flore... petite mise en bouche.

 

Le Chitwan National Park est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette réserve englobe plus de 932 km 2 de forêts, de marécages et de prairies ondulantes, ainsi qu’une importante faune sauvage. Le Chitwan, qui signifie “cœur de la jungle”, est réputé être l’un des meilleurs parcs nationaux d’Asie pour observer la faune : les visiteurs pourront apercevoir des rhinocéros unicornes, des cervidés, des singes et 544 espèces d’oiseaux. Les plus chanceux verront peut-être des léopards, des éléphants sauvages et des ours lippus, mais le rêve de chacun est d’apercevoir le majestueux tigre du Bengale, un fantasme qui attire des foules de visiteurs. Durant les dix ans de l’insurrection maoïste, le Chitwan a perdu de nombreux animaux. Le conflit était trop important pour que l’armée népalaise fournisse une protection adéquate contre les braconniers. Toutefois, les recensements récents font apparaître une hausse significative du nombre de rhinocéros (503 individus en 2011) et une augmentation régulière de la population de tigres (environ 120 adultes en 2013).

 

LES CINQ ESPÈCES EMBLÉMATIQUES DU CHITWAN

 

Parmi les nombreuses espèces qui vivent dans le Chitwan National Park, se trouvent celles-ci :

 

Rhinocéros unicorne indien

Le Chitwan constitue l’un des derniers refuges du rare rhinocéros unicorne indien ( gaida en népali), l’un des animaux les plus fréquemment aperçus lors de safaris à dos d’éléphant dans le parc. Il n’en reste que 3 000 dans le monde et la plupart vivent au Chitwan et dans le Kaziranga National Park, en Assam (Inde). Malheureusement, le braconnage a considérablement réduit la population de rhinocéros du parc pendant l’insurrection maoïste. Cela dit, des recensements récents ont confirmé une nouvelle augmentation du nombre d’individus.

 

Éléphant d’Asie

L’éléphant d’Asie (hathi) est le second plus gros mammifère terrestre du monde, après son cousin d’Afrique. Les éléphants que l'on croise au Chitwan sont les éléphants domestiques qui promènent les visiteurs dans les safaris sur les traces des animaux. Cependant, outre quelques éléphants sauvages venus du Valmiki National Park au Bihar, quelque 25 à 30 individus vivent aussi dans la Parsa Wildlife Reserve voisine.

 

Tigre du Bengale

Splendide machine à tuer, le tigre est le premier prédateur des jungles du Népal. L’intelligence et la force du tigre du Bengale (bagh) en font l’un des animaux les plus redoutés du sous-continent. Avant de participer à une promenade à pied guidée, sachez que des tigres ont déjà attaqué des visiteurs et des habitants, même si cela reste rare. Actuellement, 120 tigres environ vivent au Chitwan. On les aperçoit rarement, car ils se cachent dans la journée. Mais on dit qu’ils ont cent fois plus de chances de nous repérer que l’inverse…

 

Gavial

Le gavial est un crocodile piscivore d’allure étrange, au museau long et fin surmonté à son extrémité d’une protubérance et aux dents mal plantées. Il ressemble à un ghara (pot local), d’où son nom. Sa morphologie est particulièrement bien adaptée pour attraper les poissons – des fossiles vieux de 110 millions d’années et présentant une morphologie identique ont été mis au jour. Le gavial est une espèce menacée mais des programmes d’élevage ont permis de réintroduire des jeunes dans de nombreuses rivières du Teraï.

 

Ours lippu

Cet ours noir au poil hirsute (bhalu), de la taille d’un grand chien, est l’animal le plus redouté (plus que le tigre) des Népalais. Il doit son nom au fait qu’au XIXème siècle, on le confondait avec le paresseux en raison de ses longues griffes et de sa capacité à grimper aux arbres. Les termites et les fourmis constituent la base de son alimentation. Il utilise son long museau pour les aspirer grâce à un trou entre ses dents, en produisant un bruit que l’on peut entendre à 100 m à la ronde.

 

Histoire

À la création du Chitwan National Park, en 1973, la zone était déjà protégée depuis le XIXème siècle comme réserve de chasse. Au cours d’un safari sanglant en 1911, le roi d’Angleterre George V et son fils, le prince de Galles, futur Édouard VIII, tuèrent 39 tigres et 18 rhinocéros. Mais malgré le passage des chasseurs, le titre de réserve de chasse a sans doute protégé davantage d’animaux qu’il n’en a condamnés. Jusqu’à la fin des années 1950, la population de la vallée de Chitwan se limitait à quelques petites communautés de villageois tharu, qui présentaient naturellement une bonne résistance au paludisme. Après la disparition de ce fléau grâce à des pulvérisations massives de DDT en 1954, les paysans sans terre des montagnes s’installèrent dans la région et d’immenses étendues de forêts furent détruites pour laisser la place à l’agriculture. Les tigres et les rhinocéros disparurent au même rythme que leur habitat. Au milieu des années 1960, il restait moins de 100 rhinocéros et 20 tigres. Alerté par ce déclin spectaculaire, le roi Mahendra fit alors de la zone une réserve royale, laquelle devint un parc national en 1973. Quelques 22 000 paysans furent déplacés hors du parc. Mais le nombre d’animaux ne recommença à croître qu’après l’introduction de patrouilles armées pour empêcher le braconnage. Le Chitwan est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1984. Si le nombre d’animaux a augmenté de façon significative depuis, la faune du Chitwan a payé un lourd tribut à la rébellion maoïste. Les braconniers ont réduit d’un quart les populations de rhinocéros et de tigres, dont les différentes parties sont vendues à des trafiquants chinois et tibétains. Heureusement, grâce à l’instauration de patrouilles militaires régulières et à plusieurs gros coups de filet, le parc est désormais mieux protégé et le nombre d’animaux a recommencé à croître.

 

Géographie

Aux 932 km 2 du Chitwan National Park s’ajoutent les 499 km 2 de la Parsa Wildlife Reserve (réserve naturelle de Parsa), à l’est du parc, et des zones protégées, destinées à plusieurs usages, dans les communautés forestières de Baghmara, de Chitrasen, de Jankauli et de Kumrose où des arbres ont été plantés pour fournir aux villages une source de bois et de fourrage. En raison de la topographie, la plupart des activités touristiques se limitent aux plaines inondables traversées par la Rapti. Parmi les nombreux tal (lacs) qui parsèment la forêt, les plus intéressants, notamment pour l’observation des oiseaux, sont le Devi Tal , près du Tiger Tops Jungle Lodge, et le Lami Tal , proche de Kasara. Un autre ensemble de lacs et d’étangs, collectivement appelés Bis Hajaar Tal (littéralement, les “20 000 lacs”), est situé juste à la lisière extérieure du parc.

 

Flore

Le parc national est couvert à 70 % de forêts de sals ( Shorea ribusta ), un arbre aux larges feuilles, principale essence à bois dur du Teraï, couramment employée pour les meubles et la construction de bateaux. On trouve aussi de vastes étendues de phanta (herbes à éléphant), notamment près des berges de la Rapti et de la Narayani. Atteignant 8 m de hauteur, ces herbes offrent un excellent camouflage aux rhinocéros et aux tigres, et permettent aux éléphants de se nourrir. Durant les randonnées ou les promenades à dos d’éléphant dans la forêt, vous pourrez voir des shisham (une essence de bois très précieuse), d’immenses kapokiers, des figuiers étrangleurs et des kaloupilés au goût acre.

 

Faune

Le Chitwan abrite 68 races de mammifères, dont des rhinocéros, des tigres, des cerfs, des singes, des éléphants, des léopards, des ours lippus, des sangliers et des hyènes. Les amoureux des oiseaux pourront observer 544 espèces et les amateurs de papillons en découvriront au moins 67, dont certains grands comme la main. Vous aurez de bonnes chances de voir un rhinocéros indien unicorne, animal emblématique du parc national, lors d’un safari à dos d’éléphant. Le parc abrite également des gavials (crocodiles piscivores). Outre ces espèces très en vue, vous apercevrez peut-être dans les sous-bois des cerfs aboyeurs, des daims tachetés, des cerfs-cochons, des jarayo (sambars) ou encore d’imposants gaurs (bisons indiens). Il n’est pas rare de voir le robuste macaque rhésus, ainsi que l’entelle gris, un singe plus gros et plus élégant. Les daims tachetés suivent parfois les entelles, pour profiter de leur manie de jeter généreusement une bonne partie de leur nourriture. Ces deux espèces coopèrent également en se prévenant mutuellement lorsque des prédateurs se trouvent dans les environs : leurs cris peuvent donc indiquer que vous devez ouvrir grands vos yeux pour, peut-être, apercevoir un tigre qui rôde. Parmi les oiseaux repérés au Chitwan, citons le bulbul, le martin triste, l’aigrette, la perruche, le coq bankiva, le paon, le martin-pêcheur, l’oriole et différents drongos. Les amateurs d’oiseaux doivent ouvrir l’œil pour tenter d’apercevoir des volatiles plus rares, comme le souimanga à joues rubis, la colombine turvert, la chevêchette de jungle ou le calao de Gingi.

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