Stupa de Bodhnath, une après midi au Tibet

A l'Ouest de Kathmandu se trouve le stupa de Bodhnath, classé par l'UNESCO. Le premier stupa de Bodhnath fut construit peu de temps après l’an 600, lorsque le roi tibétain Songtsen Gampo se convertit au bouddhisme. Selon la légende, le souverain édifia ce monument en signe de contrition après avoir involontairement tué son père. Le stupa fut détruit par des envahisseurs moghols au XIVème siècle et l’édifice actuel fut donc construit à cette époque. Le stupa a subi relativement peu de dommages lors du séisme de 2015, mais les réparations étaient toujours en cours aujourd'hui...

 

Ce stupa, parmi les plus grands au monde, est d’une grâce et d’une pureté uniques. De son dôme blanchi à la chaux à sa tour dorée ornée des yeux du Bouddha qui voient tout, il répond à des proportions strictes. Cette construction hautement symbolique sert à rappeler, de manière tridimensionnelle, la voie du Bouddha vers l’Éveil. La base symbolise la terre, le kumbha (dôme) l’eau, l’harmika (tour carrée) le feu, la flèche l’air et l’ombrelle, tout en haut, le vide qui s’étend au-delà de l’espace. Les 13 niveaux de la flèche représentent les 13 stades par lesquels l’homme doit passer pour atteindre le nirvana. Les stupas étaient à l’origine construits pour abriter de saintes reliques. Selon certains, Bodhnath protégerait les reliques de Kashyapa, le Bouddha du passé, tandis que d’autres affirment qu’il recèlerait un os du squelette de Siddhartha Gautama, le Bouddha historique. Autour de la base du stupa, se trouvent 108 petites effigies d’Amithabha, l’un des cinq Dhyani Bouddhas – les Bouddhas de la méditation ou de la sagesse (108 est un nombre porte-bonheur dans la culture tibétaine) et des moulins à prières, disposés par groupes de quatre ou cinq dans 147 niches. En montant sur la partie supérieure du socle, face à l’entrée Nord du stupa, à côté d’un petit sanctuaire dédié à Ajima (Hariti), la déesse de la Variole, on peut observer le flot des pèlerins qui déferlent autour du monument, et la ferveur des fidèles qui se prosternent de tout leur long sur le sol de la cour, du côté Est du stupa.

 

A midi, lorsque nous arrivons, le monument est écrasé par une lumière verticale et seuls, quelques touristes affrontent le soleil et la chaleur... Nous nous immergeons en terre tibétaine le temps d'un repas à base de lentilles et de buffle d'eau, de visites d'ateliers d'artisans (joaillers du Bouthan, tisserands de tapis du Ladakh, ...), de la visite du Guru Lhakhang Gompa et du Shechen Gompa, très endommagé par le séisme, et d'une cérémonie dans un monastère. Cette fois, ce sont "seulement" 25 lamas qui officient, mais nous restons plus d'une heure et demie à observer les étranges rites accomplis scrupuleusement, les novices, comme des enfants de choeur, obéir à des gestes plusieurs fois centenaires, et les vieux moines les guider... Service du thé au beurre, prières chantées et psalmodiées, surgissement des gongs, cors, trompes et cymbales, balancements, encensoir, puis distribution d'une petite boule ressemblant à de la pâte à modeler, que chaque lama pétrit avant qu'elle ne soit collectée, et offerte à une statue déjà couverte d'encens et de riz... Une fois encore, nous sommes les seuls non initiés, les seuls occidentaux... Lorsque nous sommes rendus à l'agitation de la rue, légèrement hébétés, la lumière est moins vive, les ombres s'allongent doucement, et des centaines de tibétains, aux visages et vêtements très différents de ceux des népalais, tournent rituellement autour du stupa en actionnant les moulins à prières, animant la grande place d'une ferveur bourdonnante. 

 

Petit guide pour visiter les monastères tibétains... Tashi Delek ! Bonheur et santé...

 

Après l’intervention militaire chinoise au Tibet en 1959, des dizaines de nouveaux monastères furent construits à Bodhnath par les réfugiés. La plupart des monastères bouddhiques tibétains accueillent les visiteurs, et la découverte de ces lieux est un moment fort et émouvant. Durant les prières du matin et du soir, les lamas (moines bouddhistes tibétains de haut rang) et les novices se réunissent pour psalmodier des passages des textes bouddhiques, accompagnés du claquement des cymbales, du grondement des tambours et du son des trompes. Du Ladakh à Lhassa, tous les gompa (monastères) tibétains présentent un plan similaire. La principale salle de prière est toujours décorée de peintures murales représentant la vie du Bouddha, ainsi que les différents bodhisattvas et protecteurs, qui apparaissent aussi sur des tanka (peintures religieuses tibétaines) suspendus et sous forme de statues derrière l’autel principal. Il y a aussi, dans de nombreux gompa, des manuscrits des textes canoniques bouddhiques, connus sous le nom de Kangyur et Tengyur, enveloppés de tissus et placés dans des alcôves autour de l’autel, lequel est souvent couvert d’offrandes, de lampes à beurre et de sept bols d’eau. Le siège du chef de la communauté est habituellement entouré de photos de ses prédécesseurs et du dalaï-lama, chef spirituel du bouddhisme tibétain et représentation sur terre de Chenresig (Avalokitesvara), le dieu de la Compassion. En entrant dans un monastère, on voit des fresques représentant les quatre gardiens protecteurs (divinités à l’allure terrifiante qui chassent l’ignorance), ainsi que la Roue de la Vie ; ce diagramme très complexe symbolise la perception du Bouddha selon laquelle les humains sont enchaînés par leurs désirs au cycle sans fin des naissances, morts et renaissances. Devant le monastère, on voit aussi parfois d’immenses mani dungkhor, des moulins à prières remplis de milliers de copies du mantra "om mani padme hum" (“Salut au joyau dans le lotus”). Ce mantra apparaît également sur les petits moulins à prières placés autour de l’enceinte du monastère et sur les drapeaux de prière qui flottent dans le vent. Sur le toit du monastère, la statue de deux daims se tenant de chaque côté de la Roue de la loi symbolise le premier sermon du Bouddha, qu’il tint dans le parc aux daims de Sarnath.

 

En prenant un taxi pour rejoindre notre quartier, au centre de Kathmandu, nous avons le sentiment de quitter le Tibet, de passer une frontière... Alors ce soir, nous regardons avec les enfants le film de J.J. Annaud, "7 ans au Tibet".

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