Bhaktapur

Pour couvrir la quinzaine de kilomètres qui sépare Kathmandu de Bhaktapur, tout le monde nous avait conseillé de prendre un taxi... comme pour Patan et Dhulikhel, "no tourist bus, only nepali bus, and with the children..." Mais comment font donc les népalais pour se déplacer ? Partant du principe que nous préférons partager avec les habitants le plus possible de ce qui fait leurs vies, nous avons, encore une fois, tenté l'aventure... Et il aurait été dommage de se priver d'une telle expérience ! Il ne faut pas être pressé, ne craindre ni la promiscuité ni les nids de poule ni les décibels de musique qui se déversent dans nos oreilles, savoir s'orienter est un plus quand le bus traverse toutes les petites bourgades environnantes, et il faut supporter les regards des locaux qui semblent n'avoir jamais vu de blancs, en tout cas jamais dans le bus !! Mais bon, comme pour Patan et Dhulikhel, nous avons apprécié...

 

Aujourd'hui, la mousson moussonne...

 

Troisième des cités-États médiévales de la vallée de Kathmandu, Bhaktapur a toujours été décrite comme la mieux préservée. Hélas, le séisme de 2015 a fait de terribles dégâts, et des rues entières bordées de maisons traditionnelles ont disparu dans la catastrophe. Quelques temples seulement ont été détruits, mais beaucoup de bâtiments qui ont survécu au séisme ont été déclarés inhabitables et sont en cours de démolition. Les traces du désastre sont encore bien visibles, et il faudra des années à la cité pour s’en remettre complètement. Nombre de Népalais continuent d’utiliser l’ancien nom de la ville, Bhadgaon, ou encore Khwopa, qui signifie “cité des Dévôts” en newari, un nom qui convient parfaitement à Bhaktapur, car la ville possède non pas une mais trois grand-places bordées de hauts temples qui comptent parmi les plus beaux du pays, des places médiévales entourées de temples, des ruelles tortueuses bordées de maisons de brique rouge et des placettes cachées ornées de temples, de statues, de citernes et de puits. De plus, Bhaktapur reste agréablement dépourvue de la circulation et de la pollution de Kathmandu et de Patan, même si de plus en plus de motos et de voitures commencent à menacer ses charmes piétonniers. La ville préserve fièrement son patrimoine culturel. Les artisans tissent des étoffes et cisèlent le bois le long des rues ; les places débordent de poteries en train de sécher et de fours à céramique, tandis que les habitants se réunissent dans des cours communes pour prendre un bain, se ravitailler en eau et bavarder, souvent autour d’une partie de cartes acharnée. 

 

Dès notre arrivée, les enfants sont invités à filer avec des mamies, assises sous le porche d'une somptueuse maison newari aux fenêtres de dentelle de bois sculpté, les mèches des lampes à beurre... Elles tournent la quenouille et étirent le fil, tandis que les enfants activent le rouet, très fiers... Bien sûr, une obole de quelques roupies rétribue cet échange pourtant chaleureux. Sous le porche d'en face, des hommes fument, tandis que dans la cour, les piments sèchent au soleil revenu... Un peu plus loin, ce sont des potiers que nous admirons dans leur ouvrage, les centaines de pots et vases séchant devant les maisons, des hommes nourrissant une machine de mottes de glaise qu'elle recrache en colombins, d'autres activant le tour, d'autres encore plaçant les réalisations sous des couches alternées de paille et de cendre, préparant le four... Là encore, les enfants ont l'occasion de s'exercer au tour, et la fierté de voir surgir de leurs petits doigts une laborieuse coupelle, tandis qu'un petit attroupement se forme devant eux, qui les regarde faire en souriant... Plus tard, nous goûtons au yaourt à base de lait de yak, un délice ! Et puis, nous croisons plusieurs processions avec orchestre ambulant et offrandes, que nous suivons au hasard des ruelles.

 

Et plus loin, nous avons la chance de nous trouver sur l'incroyable Durbar Square juste au moment où se tourne une séquence de film, avec un groupe de danseurs newari en costumes traditionnels... L'occasion de nous mêler à la foule de curieux népalais qui observe et apprécie, avant la visite de la galerie d'art nationale, de ses objets votifs de pierre, bois et métal, de sa riche collection de peintures tantriques, de ses manuscrits sur feuilles de palme, de ses représentations du Kamasutra... La ville, au temps de son apogée, comptait pas moins de 172 temples et monastères, 77 bassins, 172 auberges de pèlerins et 152 puits. Sa richesse architecturale, aujourd'hui encore, est vertigineuse...

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Commentaires: 3
  • #1

    mili (samedi, 03 septembre 2016 20:40)

    On a l"impression que vous etes sur une autre planète, dans un autre temps !
    Les enfants vont se découvrir la peau toute douce après avoir travaillé la glaise...

  • #2

    Palenquin et Tartiflette (dimanche, 04 septembre 2016 13:22)

    Waouh super les poteries des enfants!!tres belles photos et super récits, on a l impression de vivre le Népal avec vous!et pas le nez pale!

  • #3

    Mamou (dimanche, 04 septembre 2016 13:32)

    superbes poteries, bel apprentissage de tournage de la terre glaise.
    je me permets de demander qui sont Palenquin et Tartiflette afin de mettre un nom sur vous, mais vous n'êtes pas obligés de me répondre.
    Jacqueline