Après une matinée passée à l'ambassade d'Inde pour déposer nos demandes de visas, nous avons remis nos pas dans le cœur de l'antique cité, pour lui découvrir un visage bien différent. Dépouillée de ses fidèles en robe de fête, de ses musiciens de rue, de ses files de croyants faisant la queue pour honorer leur dieu, de ses familles sur leur trente et un venues célébrer le panthéon bouddhiste, de ses gamins jetant des poignées de grains de maïs aux pigeons, le lacis de ruelles tortueuses de Durbar Square change d'ambiance. Peu de touristes encore, la saison de trekking ne commencera qu'en septembre... Nous nous orientons mieux, découvrons des splendeurs architecturales hier dissimulées derrière les pèlerins, cachées à nos yeux éblouis, ébahis, incrédules, émerveillés, souffrons moins de l'hallucinante densité de population au mètre carré, de la poussière épaisse qui asphyxie, nous étonnons à peine en évitant les vaches sacrées au milieu de la circulation, les porteurs chargés de deux fois leur poids, les sâdhus à peine vêtus, les lampes à beurre de yack qui brûlent par centaines, les moulins à prière qui tournent, les cloches qui résonnent, les drapeaux de prière qui flottent au vent, l'émeraude, la turquoise et le lapis lazuli enchâssés dans le cuivre et l'argent...
Alors, juste pour le plaisir, nous empruntons des rues différentes, nous grisons de ces scènes de vie quotidienne dites "de rue", flânons dans une venelle, empruntons un passage digne des traboules lyonnaises, débouchons dans une cour pour y surprendre, avec ravissement, la joute d'un groupe d'hommes qui s'exerce à faire tenir en équilibre sur son front une perche de bambou d'au moins 7 à 8 mètres de haut, tournons dans un petit marché de potier, suivi d'étals de cuivre et de luthiers, traversons un campus universitaire, des boutiques fashion vendant le tilak sous plastic, ce point rouge que d'aucunes arborent au milieu du front comme le signe sacré du troisième œil, celui de la connaissance et de la foi, fait de pâte vermillon, de riz ou de pétales de fleurs...
Nous rêvons de prendre de l'altitude, au moins sur l'un de ces nombreux toits terrasses dominant la ville, au sommet des immeubles, entre citerne d'eau et plantes vertes en pot, pour entr'apercevoir quelque blanc sommet aux neiges éternelles tutoyer le ciel et respirer l'air frais des cimes... et retournons saluer Hanuman le dieu singe et son Palais, le Dhoka Square, pour nous élever au moins jusqu'aux dieux... Nous faisons la connaissance de Kaal Bhairav, énorme statue de pierre représentant la déesse Shiva dans sa manifestation destructrice, devant laquelle des dizaines de croyants viennent se prosterner...
Au hasard de nos pérégrinations, nous croisons l'UNICEF, l'hôpital, les scouts... et des dizaines de Royal Enfield poussiéreuses, la mythique moto indo-anglaise... L'irrésistible appel de la montagne nous titille, l'air des sommets nous happe, nous préparons nos premiers treks, les enfants sont hyper motivés, nous entamons la lecture de "Himalaya, l'enfance d'un chef"... Mais il nous reste quelques démarches à accomplir en ville, et nous ne pourrons récupérer nos passeports, avec les précieux visas indiens (on l'espère !), que le premier septembre...
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Mamou (samedi, 27 août 2016 10:57)
toutes ces photos rappelent le terrible tremblement de terre de 2015
vio (samedi, 27 août 2016 12:05)
Quand on voit le réseau électrique on comprend les coupures de courant... Les photos sont vraiment chouettes, on perçoit le grouillement des couleurs, des odeurs, le fourmillement des détails architecturaux, on preçoit bien aussi la pauvreté et les stigmates de dame nature. Et malgré tout l'impression de vie domine, plus colorée et plus forte que les aléas, touches de couleur au milieu des débris, renaissance continuelle digne d'un phénix..
Le népal semble avoir son identité propre, entre ses géants de voisins. Je suis sûre que les treks que vous préparez seront lourds d'émotions visuelles et humaines (pê physiques aussi!), et je me glisserais bien dans votre sac à dos (vous n'en êtes pas à qq dizaines de kilos prêt non?)...
Vos lectures sont vraiment adaptées; je me souviens des émotions qu'avaient provoqué chez moi par ex le tour du monde de philéas fog et himalaya enfance d'un chef; pour vous c'est presque de la lecture au vécu en direct...
A bientôt les pigeons voyageurs, et merci pour ces belles nouvelles du toit du monde, je vous souhaite de belles ascensions...
mili (samedi, 27 août 2016 12:20)
Qu'avez vous fait de Salomé ? Elle n'est sur aucune photo! Heureusement; elle écrit.
Bon courage pour vos trecks; soyez prudents et ce sera inoubliable.
Bises à tous
Mamou (samedi, 27 août 2016 15:36)
Eh bien Mili où sont vos lunettes ???? notre Salomé est sur plusieurs photos avec ses parents dans la dernière série et elle un grand sourire, et comme vous le dites en plus elle écrit