Premiers pas sous le toit du monde : le Durbar Square de Kathmandu

Nous sommes arrivés de nuit à Kathmandu, ville d'un million d'habitants, nichée à 1 337 mètres d'altitude sur les contreforts himalayens. Etrange sensation que celle d'arriver de nuit dans un lieu si longtemps rêvé, imaginé, attendu... Pour se différencier de son grand voisin indien, le Népal a 15 minutes de plus que lui, il avance ainsi de 5h45 sur l'heure GTM... nous n'avons donc plus que 3h45 de décalage horaire avec la France !

 

La situation du Népal, entre l'Inde et le Tibet, son isolement géographique, la diversité de ses groupes ethniques (au moins soixante) et de ses castes, ainsi que la multitude des langues parlées sur son territoire (plus d'une centaine) font de ce pays une mosaïque complexe de coutumes et de croyances, qui rend difficile toute généralisation.

 

En arrivant à Kathmandu, les yeux, le nez, les oreilles sont assaillis de toutes parts, qu’on se faufile en rickshaw dans le dédale de la vieille ville, qu’on s’émerveille devant les sanctuaires médiévaux de Durbar Square ou qu’on tente d’échapper aux rabatteurs et aux marchands ambulants du quartier touristique de Thamel. Tout contribue à rendre l’expérience exceptionnelle, enivrante, et... exténuante ! Si le séisme d'avril 2015 a endommagé certaines parties de la ville, notamment Durbar Square, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, d’autres en sont sorties indemnes, et la capitale a gardé son âme. Cette envoûtante cité mérite, si exaspérante soit-elle par moments, qu’on lui consacre du temps.

 

Notre première journée a été sublime, nous nous sommes grisés de ces rues non pavées où poussière et boue alternent selon les saisons, où l'air est plus sec, le soleil plus piquant, où la densité de population confine au grouillement, et où les stigmates du terrible tremblement de terre de l'année dernière, 16 mois après, sont visibles partout, et restent comme une béance inscrite au cœur de la ville... Nous avons longé les camps de fortune dans lesquels les habitants de Kathmandu, devenus sans abris, s'entassent, par milliers, aujourd'hui encore, sous les tentes kakis de l'armée... L'eau bien sûr, n'est pas potable (comme sur la moitié de la planète...), et des coupures de courant surviennent inopinément, jusqu'à 16 heures par jour, obligeant particuliers et institutions à recourir aux panneaux solaires et autres groupes électrogènes...

 

La journée était fériée, car les népalais célébraient la naissance de Krishna, et partout dans la ville, des processions, danses, chants et cérémonies ont émaillé le bleu du ciel de couleurs vives, de senteurs exquises... Ici le bouddhisme est visiblement différent de celui pratiqué en Asie du sud-est, les types physiques ne sont pas les mêmes non plus, on se croirait déjà en Inde, et avons quitté la zone d'influence chinoise...

Nous avons commencé notre visite par Durbar Square, le cœur historique, patrimonial, religieux, culturel de l'antique cité, classé par l'UNESCO, et où la profusion de temples, sanctuaires et palais d'époque médiévale (entre les XIIème et XVIIIème siècles), qui s'étend sur une superficie de 5 acres, n'a d'égal que l'émotion qui s'en dégage... Jamais encore, nous n'avions été saisis de cette façon devant les ruines de temples majestueux, réduits en tas de pierres et briques dès la première secousse, après avoir fièrement dressé vers le ciel leurs toits à étages durant des siècles... jamais les larmes ne nous avaient ainsi brouillé la vue, ni l'émotion noué la gorge et serré le ventre, comme devant le Palais Hanuman Dhoka Durbar, étayé par des poutres de bois, fissuré de toutes parts, son enduit blanc crevé laissant voir son ventre de brique rouge pour partie écroulé, malgré la protection du dieu singe à sa porte... ou encore dans sa cour, Chowk Nassal, à l'abri du tumulte de la rue, envahie de pigeons, et où les népalais s'affairent à sécuriser ce qui reste de leur héritage séculaire, à défaut d'en engager déjà la restauration...

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Commentaires: 4
  • #1

    Mamou, Papou (vendredi, 26 août 2016 11:39)

    Katmandou rêvé depuis longtemps enfin atteint après bien des péripéties. On constate les dégâts importants du séisme de 2015.
    bisous

  • #2

    Palenquin et Tartiflette (vendredi, 26 août 2016 13:39)

    Quel plaisir de lire vos émotions a travers votre récits! Le Népal va vous guérir de vos dernières désillusions...un très beau pays qui nous fait complètement rêver, le toit du monde, l anapurna et les sourires des habitants qui ont la réputation d etre les plus gentils!!regalez vous bien montrez nous en plein les yeux et tenez bon avec le visa indien sa va le faire!!des gros bisous!!

  • #3

    Renée Barel (dimanche, 28 août 2016 17:05)

    Que de mondes dans notre monde....croire en ces dieux ne vaut-il pas mieux que de n'honorer que le dieu argent? j'ai lu récemment un livre étonnant de Jean-Pierre Poinas: Népal, un jour de plus, drôle de personnage qui a expliqué sa démarche à une soirée à Raconte-moi la Terre....il part sans but précis, déambule pendant environ 6 mois dans un pays puis écrit en rentrant. Son témoignage est stupéfiant et correspond à ce que vous vivez ( il a fait son voyage avant le séisme). Continuez à vous remplir de toutes ces diversités et richesses. Effectivement j'ai fait le chemin des Huguenots avec Jean et 2 autres marcheurs. Riche semaine de découverte de cette terrible histoire qui se renouvelle sans cesse et beauté d'un Vercors aux mille visages avec une vie si riche. Je vous embrasse.

  • #4

    Beaurain (mardi, 06 septembre 2016 15:01)

    Bonjour la petite famille,
    Le temps passe à vive allure..nous n'avons pas l'impression que vous ètes partis il y a presque un an..! Pour vous, ça doit être autrement...vous avez
    vécu tant de moments forts...vous avez accumulé tant de souvenirs..!!
    Nous vous avons suivi en regardant des photos et en parcourant vos formidables récits...nous sommes admiratifs.!! Profitez bien de ces 8 semaines avant votre retour..! Nous vous embrassons Claudine et Joël