Le Palais Royal, entre royaume de Siam traditionnel et Thaïlande contemporaine

Après la Galerie Nationale d'Art hier, nous visitons aujourd'hui le Palais Royal de Bangkok... Le ciel est gris, il fait très lourd, nous cherchons l'air et nous mêlons à l'énorme masse de touristes coréens, japonais et chinois qui ont fait le même choix que nous, justement aujourd'hui... Le lieu est vertigineux, l'immense enceinte abrite tellement de palais, temples, pagodes et petits bijoux architecturaux de toutes époques et de tous styles qu'il est difficile de s'y retrouver, chaque souverain ayant eu à coeur de construire mieux que son prédécesseur... Impossible d'obtenir une visite guidée en français, nous nous laissons donc happer par le flux incessant, au gré du brillant des statues, mosaïques et céramiques, au fil du pointu des toits, de la précision des fresques peintes, de la magnificence des Bouddhas sertis de pierres précieuses... Nous renonçons à comprendre l'usage des bâtiments, leur époque de construction, le nom de leur architecte... pour mieux apprécier l'hallucinant étalage de luxe et de raffinement, nous laisser saisir par ce déploiement baroque de dorures rutilantes si peu habituel à nos yeux d'occidentaux, l'éclat de ces couleurs, l'emphase de ces formes, la hardiesse de ces lignes... Tout cela convoque en moi, quoique de façon bien anachronique, les descriptions des Halles du Paris du XIXème siècle, sous la plume de Zola, dans "Le ventre de Paris"... Je suis grisée, ne parviens plus vraiment à savoir si j'aime ou non ce "ventre de Bangkok", ni ce qu'il m'en restera dans quelques temps, hormis l'abondance d'or et la générosité du luxe siamois...

 

Malgré tout, voici quelques tentatives d'apprivoisement. D’inspiration occidentale, seule une partie du palais se visite. Le roi résidant désormais au nord de Bangkok au palais Chitralada, le Grand Palais n’accueille plus que certaines cérémonies royales. Ce qu’on appelle le Grand Palais est le Chakri Maha Prasat, construit sous le règne du roi Chulalongkorn, de 1876 à 1882, par des architectes anglais, ce qui explique son style européen. On peut visiter la salle du trône Amari Vinichai où le roi fait toujours son discours d’anniversaire ainsi que le petit musée des armes.

 

Juste à côté se trouve le Wat Phra Kaew, dont la construction fut terminée en 1784, soit deux ans après que la capitale ait été déplacée de Thonburi à Rattanakosin. Le temple qui occupe le Nord-Est du Grand Palais est probablement l'un des sanctuaires les plus sacrés de Thaïlande. 

 

Le Bouddha d’Emeraude : c’est à lui que le Wat Phra Kaew doit sa célébrité. La statue la plus vénérée de Thaïlande, le célèbre Bouddha d’Emeraude, a une origine difficile à retracer. Il est admis qu’elle fut trouvée dans un temple de Chiang Raï, vers 1431. Elle était alors recouverte à la feuille d’or. Plus tard, le stuc sous la feuille d’or s’effrita, et la pierre verte apparut. On prétendit ensuite que c’était une statue d’émeraude (en réalité de jaspe) et elle fut aussitôt considérée comme sacrée. Le gouverneur de Chiang Raï en parla au roi de Chiang Mai, qui désira l’obtenir. Des éléphants furent envoyés pour la rapporter, mais sur le chemin du retour, ils se dirigèrent en direction de Lampang et non vers Chiang Mai. Le roi y vit un présage divin et permit à cette ville de conserver la statue. En 1468, le nouveau roi de Chiang Mai fit venir la statue dans sa capitale. L’un de ses successeurs partit, en 1552, combattre les rebelles à Luang Prabang et emporta le Bouddha d’Emeraude avec lui. Il s’établit par la suite à Vientiane et le conserva dans cette ville. En 1778, le roi Rama Ier, alors général, prit Vientiane et ramena le Bouddha d’Emeraude à Thonburi. Après sa montée sur le trône, il fit construire le Wat Pra Kaew, qui accueillit la fameuse statue. Le Bouddha d’Emeraude mesure 75 cm de haut et 45 cm de large. Il repose sur un piédestal d’or au sommet d’un autel doré de 11 m et sous un parasol de 9 étages. Il change de vêtements selon les saisons : en été, il porte une tunique d’or émaillée, ornée de pierres précieuses ; pendant la saison des pluies, une toge de bronze émaillée de bleu ; en hiver, c’est une robe de mailles en or qui le couvre de la tête aux pieds. 

 

La visite. Dans l’axe de la porte d’entrée, une plate-forme de marbre sert de socle au Panthéon royal. Les statues grandeur nature des huit rois y sont gardées. Le panthéon n’est ouvert qu’un jour par an, le 6 avril, jour de la commémoration de la dynastie Chakri. Derrière, se trouve la bibliothèque (mondop) où un très beau cabinet de nacre contient les manuscrits sacrés. Le plancher est recouvert de nattes d’argent. A droite, on remarque une reproduction miniature d’Angkor Wat. Enfin, aux quatre coins, se tiennent quatre statues de Bouddha, de style javanais, des XIVème et XVème siècles. Derrière la bibliothèque s’élève la flèche dorée du grand chedi Pra Si Ratana, qui fut édifiée par le roi Rama IV. Des reliques de Bouddha sont conservées à l’intérieur, d’où le respect dû à ces lieux. Les fresques du cloître racontent le Ramakien. Ce temple est gardé par des Yakças de 6 mètres de haut, armés d’une épée, au visage de différentes couleurs. Partout également, des Kinnaris et des Nagas. Enfin, les huit prang alignés sur le côté oriental, revêtus de faïence et de mosaïques, sont dédiés à La Trinité bouddhiste : le Bouddha, la Loi et la Communauté des bonzes, ainsi qu’à certains disciples dont les cendres sont conservées là. En 2013, le musée des textiles de la reine Sirikit voit le jour. Un voyage à travers le temps grâce aux robes de la reine des années 1960 à nos jours.

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Commentaires: 2
  • #1

    mili (samedi, 20 août 2016 18:55)

    oui il y a de quoi donner le tournis et se mélanger les pinceaux mais les photos parlent d'elles meme

  • #2

    vio (lundi, 22 août 2016 07:48)

    Hello!
    Ben moi j'ai qd même du mal avec cette architecture et ces décorations: bien trop chargé pour moi, overdose de dorures et autres pierres précieuses. Même si j'apprécie la découverte et le travail titanesque, artistiquement ça me touche moins. C'est qu'on devient difficile! C'est rigolo que le bouddha d'émeraude change de tenue selon les saisons!
    a bientôt picard family!