Nous pensions que c'était une destination confidentielle... et avons eu la surprise de croiser de nombreux routards, et particulièrement des français, venus chercher au nord du Laos des rencontres rurales authentiques... Notre petit groupe de 6 s'est donc étoffé avec la présence de Maryama, 12 ans, et Agnès, sa maman, toutes deux suissesses, ainsi qu'Odile et François, qui voyagent pour la première fois sans leurs grandes filles, étudiantes. Nous avons dit au revoir à Elise et Thomas, avec la promesse de se retrouver cet hiver en France...
Nong Khiaw, à environ 200 km au nord de Luang Prabang, au pied de la « Montagne de la Princesse qui dort », est un charmant village, qui bénéficie désormais de l'électricité tout le jour, et non plus seulement de 19h à 23h, ou sur groupe électrogène. La population locale est constituée de minorités des plaines, de khamu, de Lao Soung, de Thai Leu. Un grand pont en béton, construit par les chinois, enjambe la Nam Ou à cet endroit. Le village de Nong Khiaw est traversé par une rue centrale en terre qui descend depuis la route venant de Luang Prabang jusqu’au débarcadère…
Nous louons des vélos pour aller à la grotte de Tham Patok, à travers rizières et pains de sucre karstiques creusés par le ruissellement des eaux... Nous sommes en période de mousson, le chemin est boueux, et en sortant de l'ombre fraîche de l'immense grotte de calcaire dans laquelle, outillés de lampes de poche, nous avons joué aux spéléologues avec jubilation, nous avons la joie de partager le bain d'enfants laotiens dans la rivière... Il n'y a pas d'adduction d'eau au village, et nous croiserons souvent des familles entières en train de faire leurs abblutions dans les ruisseaux, au bord des chemins... des mères savonner leurs enfants, puis les frotter avec des pierres, pour un gommage 100% naturel ! Ces bains, dans une eau littéralement courante, sont l'occasion de jeux sonores, de grands éclats de rire, d'éclaboussures, de grandes gerbes irisées... auxquels nous nous mêlons avec bonheur, entourés de myriades de papillons soyeux et multicolores.
A 1h30 de pirogue de Nong Khiaw, uniquement accessible par la rivière, Muang Ngoï Neua est un village pittoresque niché dans un méandre de la Nam Ou, affluent du Mékong, encadré par trois pitons abrupts recouverts d’une végétation luxuriante : Pha Boum, Pha Pe et Pha Kao. Ce cadre naturel splendide se prête à la méditation, entre dense forêt tropicale, pics rocheux escarpés et rivière chocolat. La population locale regroupe des Lao des plaines, parmi lesquels les Khamu et les Hmong. Une randonnée nous emmène jusqu'à un pont de bambou suspendu, qui marque l'entrée de la grotte de Tham Kang, ayant aussi servi de cachette aux laotiens pendant la guerre secrète, ainsi qu'on appelait ici la guerre du Viêt Nam. Le village a d'ailleurs été entièrement pulvérisé par les bombes américaines puis reconstruit, dont les fragments décorent aujourd'hui l'unique rue de terre, dans une tentative de symbolisation par le détournement d'objets. Une longue balade à travers rizières et et végétation inextricable, sous une intense chaleur humide, nous conduit au village Hmong de Ban Na. Des petites maisons de bambou tressé sur pilotis sortent des grappes d'enfants qui nous escortent, poussant devant eux sur l'unique chemin du village des hordes de poules et canards caquetant. Passée la première excitation, la curiosité mutuelle, nous faisons l'expérience d'une rencontre universelle, où rondes, jeux chantés et éclats de rire forment un langage partagé, avec complicité et un plaisir immense. Les garçons, d'abord, n'osent pas se joindre aux filles, malgré les encouragements et le soutien, de la voix et du regard, d'une villageoise. Certaines fillettes restent également un peu à l'écart, qui portent un bébé en écharpe sur la hanche... Les ombres s'allongent sur les rizières, la lumière s'adoucit, les rires fusent, nous avons du mal à nous quitter, et ferons le chemin du retour à la frontale, sous un ciel étoilé et au son des grillons et autres grenouilles... De chaque côté de l'unique rue de Muang Ngoï Neua, petits restaus et modestes bungalows de bois et bambou tressé attendent le visiteur. Les pilotis du nôtre plongent directement dans la Nâm Ou, et nous goûtons avec délices le plaisir d'une nuit étoilée sous la moustiquaire, après celui d'une soirée bercée par le hamac...
Nous avions d'abord pensé rejoindre Luang Prabang aujourd'hui, mais le charme et la douceur se dégageant de ces lieux nous a amenés à y rester un jour de plus... Nous voilà donc partis, en pirogue, jusqu'au village Hmong de tisserandes et de pêcheurs de Ban Sapcham. La promenade d'une heure en pirogue est pittoresque, dans un décor sublime. Le ciel est gris et chargé, presque noir, et nous protège de l'intense ardeur du soleil, accrochant des écharpes de brume autour des pains de sucre et pitons abrupts, à peine déchirés par le vert dense de la forêt. Nous déambulons dans le village, admirons les femmes en train de tisser et de filer, les hommes en train d'empeser leurs filets, jouons avec les enfants à une marelle tracée dans la boue du chemin avec un bâton, puis saluons tout le monde, et prenons des canoës pour redescendre la rivière... Deux heures d'une descente au fil de l'eau brune, avec, pour seuls compagnons, les bruits d'une nature vierge, les pêcheurs relevant leurs nasses et filets, et les nuages noirs, qui attendront qu'on arrive aux bungalows pour éclater en une violente averse...
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mili (vendredi, 12 août 2016 18:13)
Quel rève ! je comprends qu'il soit difficile de le quitter!
Mamou (vendredi, 12 août 2016 20:03)
Nous essayons de vous suivre mais c'est assez difficile malgré la carte du Laos que nous avons trouvé sur internet. Pouvez-vous nous donner un peu plus d'explication . Où se trouve Ban Sapcham ? Nam ou ???
Bisous