La cascade de Tad Kuang Si, plus qu'une cascade

Tad signifie cascade en lao. Et ce dimanche, les laotiens sont venus en nombre pique niquer au pied de ces impressionnantes chutes d'une eau claire, fraîche et limpide, follement agréable dans la chaleur torride de la jungle environnante ! Sur plusieurs centaines de mètres, une succession de vasques naturelles se déversent les unes dans les autres, à grand renfort d'eaux bouillonnantes, de brumes irisées et d'un bruit fracassant. De chaque côté des premières chutes, déjà impressionnantes, une petite sente escarpée escalade la montagne jusqu'aux sources tumultueuses, faisant escale dans de nouvelles vasques où la baignade est ravigorante ! Le contraste entre la canicule de la forêt et la fraîcheur de l'eau, l'altitude prise progressivement à flanc de montagne, la vue qui s'offre dans les trouées vertes, entre bananiers et dense végétation tropicale, avec le serpent couleur boue du Mékong au fond de la vallée,  font de cet endroit une excursion idillyque. Après avoir gravi un long escalier aux marches de bois construit au milieu de la cascade, et forts du secret partagé avec Ben, nous continuons l'ascension jusqu'à un élargissement du cours d'eau, juste au dessus de sa première grande chute, qui forme comme un bassin verdoyant sous une voûte végétale, où le temps semble suspendre son vol... Nous nous enfonçons dans la boue et savourons un bain exceptionnel, qui n'est pas sans nous rappeler nos escapades amazonniennes... Merci cousin ! Aujourd'hui le sentier n'est plus aussi confidentiel, et nous n'étions pas les seuls à espérer la fraîcheur de l'eau après la boue du chemin...

 

Il est troublant de constater que l'environnement évoque pour nous, qui avons décidément besoin de nous référer à ce que nous connaissons, des paysages d'autres continents... L'habitat ici (maisons de bois sur pilotis, toits de palmes) ressemble fort à celui de certains groupes ethniques du Pacifique, les chamanes laos ne nous semblent pas tout à fait sans liens avec les chamanes d'Amazonie équatorienne, dans leur rapport aux esprits de la forêt et leur usage des plantes, les tissus traditionnels Hmongs sont brodés de motifs cosmogoniques que l'on jurerait avoir vus dans les Andes péruviennes, les bijoux d'argent des femmes Kamu ressemblent à s'y méprendre avec ceux des boliviennes... Le monde devient petit !

 

Elise et Thomas ont aussi partagé avec nous leur journée sur le plateau des Boloven, dans un village Katu, où un guide du village a passé plus de 5 heures à leur expliquer le mode de vie autarcique, les rituels funéraires et religieux (morts enterrés sous leur maison, cérémonie chaque année avec un os du défunt, pratiques animistes), les pratiques liées au mariage et aux naissances (village polygame, premier mariage vers 10 ou 11 ans, premier enfant peu après, chaque garçon (homme) vivant sous le même toit que toutes ses femmes et leur progéniture, une famille peut compter jusqu'à 70 personnes...), coutume de fumer la pipe de bambou dès la plus tendre enfance (comme la chicha, ou le narguilé), dialecte local... et ceci malgré les moyens de communication bien établis entre ce village, et le reste de la province... Au nord de Luang Prabang, d'autres ethnies sont implantées, que nous aurons peut-être l'occasion d'aller rencontrer... Comme les femmes girafes du nord de la Thaïlande... 

 

Nous avons aussi rencontré aujourd'hui des ours noirs, présents sur tout le territoire indochinois mais menacés d'extinction, des oiseaux étonnants, ainsi que toute une population d'insectes, moustiques (nous constatons avec plaisir que notre sang les intéresse de moins en moins, notre organisme se modifiant certainement durablement avec notre mode de vie et notre alimentation), araignées, fourmis, gros asticots, et de drôles d'escargots verts...

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Commentaires: 2
  • #1

    Mamou (dimanche, 07 août 2016 18:05)

    une partie de vos voyages se retrouve ici, chamanisme, végétation, artisanat, etc...
    comme dit Salomé les cascades sont très froides, après la montée et la boue, un bon bain était le bienvenu.
    bisous à tous

  • #2

    vio (lundi, 08 août 2016 08:08)

    On dirait que plus vous voyagez, plus le monde se rétrécit, mais pas négativement.
    D'ici, cela me parait être une véritable aventure, avec flore et faune allant avec..brrr les magnifiques ours noirs... et en même tps, j'imagine le bonheur de ces rencontres avec la nature et des animaux de ttes espèces qu'on a si rarement l'occasion d'observer dans leur milieu naturel.
    une volée d'embrassades aux explorateurs