Vientiane, aperçu d'une capitale en pleine évolution

Depuis l'ouverture du pays dans les années 90, le capitalisme semble vouloir rattraper les laotiens... Tout ce qui peut symboliser les grandes puissances et leurs richesses plaît ici, comme au Cambodge, où le kitch est plébiscité : ce qui scintille, clignote ou flashe a du succès... Dans les ruelles et sur les larges rues aérées de Vientiane, qui étire sur plusieurs dizaines de kilomètres le long du Mékong son agréable nonchalance, des bâtiments modernes et clinquants côtoient une architecture traditionnelle plusieurs fois centenaire, les femmes portent la jupe brodée aussi bien que le jean, les tuk tuk rafistolés croisent de gros 4/4 flambants neufs, en un métissage (et parfois un anachronisme) qui donne l'impression que le temps s'est pris à son propre piège... L'impression générale que dégage la ville est profondément humaine, à l'image de ses peuples mélangés...

 

Nous avons d'abord passé quelques heures dans une librairie française, plaisir immense de retrouver des références connues (de Tom Tom et Nana à Tintin, en passant par Astrapi et des contes), histoire de refaire le plein de romans papier pour les enfants, qui n'accrochent pas plus que ça (eux non plus) aux lectures électroniques...

 

Nous avons aussi visité encore quelques vats (temples), dont nous comprenons maintenant bien la construction : le temple principal au centre, 4 temples érigés dans les 4 angles, dont l'internat des novices, une bibliothèque et des salles de cours, des stupas (sortes de mausolées, monuments funéraires) disséminés partout, souvent de gros et vieux arbres faisant l'objet d'offrandes particulières, car considérés comme le lieu d'habitation de génies tutélaires, les laotiens mêlant syncrétiquement animisme, bouddhisme et hindouisme... Le temple ou la pagode, aussi nombreux que les églises en France, sont le coeur vivant du quartier ou de la rue, lieu de vie dans lequel on se réunit, on prie, on discute, on mange...

 

La visite du musée lao national, installé dans un bâtiment datant de 1920, nous a permis d'approcher différemment l'histoire de ce petit pays. De la préhistoire à nos jours, quelques grandes lignes sont contées là, parfois illustrées par des pièces archéologiques ou ethnographiques de toute beauté, mais non mises en valeur, faute de moyens... Manque de dates, de documents cartographiés, d'un éclairage suffisant... Concernant l'époque moderne, l'indépendance nationale est évoquée avec force photos, et il est troublant de déceler, dans les visages, groupes apprêtés, uniformes et poignées de mains échangées entre camarades sous les portraits d'Hô Chi Min ou de Lénine, une certaine proximité avec les périodes communistes d'autres pays et cultures. De l'idéal à l'idéologie, et de celle ci aux effets produits par le dogme, les photos m'ont semblé les mêmes que celles du musée d'Hanoï ou de Gdansk, en Pologne, sur l'histoire de Solidarnosc...

 

Ce soir, nous flânons dans le "night market", dont les stands dressés sous de petits chapiteaux de toile rouge égayent de couleur le bord du Mékong. "Chinoiseries" bon marché et véritables oeuvres d'art (pièces de tissu uniques, brodées à la main, et soies chatoyantes) s'y côtoient. Au coucher du soleil, nous assistons à de gigantesques cours de gym et de zumba en plein air, auxquels participent des dizaines de femmes, toutes générations confondues : t-shirt orange, elles montrent leur ticket au préposé qui passe dans les rangs, sans perdre le rythme soutenu auquel elle bougent leur corps... La sonorisation des différents cours se fait concurrence, qui hurle ses basses à tout vent...

 

Tandis que nous observons, des laotiennes à vélo serpentent sur l'esplanade du fleuve, venant nous proposer leurs services de manucure itinérante ou de massage, tandis que des familles entières viennent se photographier au soleil couchant... avec nos enfants, leur touchant le nez pour en apprécier la forme droite... D'ailleurs, les lieux touristiques ont publié un petit document sur "les choses à faire et celles à éviter " pour respecter les laotiens, parmi lesquelles figure le geste de toucher la tête des enfants. 

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