D'ombre et de lumière

Hier, avec la visite du musée de Tuol Sleng, nous avons plongé au coeur de l'horreur... Les années sombres de l'histoire du Cambodge sont racontées dans ce lieu atroce avec beaucoup de sensibilité. Et de la sensibilité, il en faut, pour supporter la narration de ces 4 ans (1975-1979) de guerre civile, supporter la vue des visages des victimes, affichés par centaines sur les murs des cellules... Cet ancien lycée construit par les Français devint le centre de détention S21 de l’administration khmère rouge. Dans ces locaux désaffectés, beaucoup de cadres du régime communiste mais aussi des milliers de Cambodgiens ordinaires furent interrogés, torturés puis exécutés. On les estime entre 12 et 20 000. Les pièces sont quasiment vides mais l’impression ressentie est sinistre et les photos exposées des victimes sont évocatrices de souffrances sans nom. Le groupe de recherche sur l'histoire du pays, attaché au musée, a eu le souci de faire de ce lieu non seulement un témoignage de l'inhumanité de ce qui se vécut là, mais également un lieu de recueillement (un stupa y est présent, pour la prière bouddhiste, ainsi qu'un mémorial, un petit cimetière et une plaque de l'UNESCO, attestant de la valeur de ces épisodes atroces pour la mémoire de l'humanité toute entière), de recherche et d'exposition. On ne sort pas indemne de cette visite... qui nous a beaucoup rappelé celle de la Carcel 21, lieu de détention et de torture du régime sandiniste au Nicaragua... L'évocation des Killings Fields, ces champs où étaient ensuite conduits les prisonniers, qui ne devaient en aucun cas mourir durant leur détention sous peine de "rater leurs aveux écrits de culpabilité ",  pour y être exterminés et entassés dans des fosses communes, est à peine soutenable... Plus de 300 de ces charniers ont été recensés dans le pays, et d'autres ont été ensevelis par la jungle, qui ne seront sans doute jamais découverts...

En sortant de ce musée S21, il fallait bien tout le soleil du ciel cambodgien pour nous remettre l'âme en joie... nous avons fait la visite avec 2 autres familles françaises, qui voyagent également au long cours, avec leurs enfants. L'occasion d'une parenthèse conviviale, d'échanges d'expériences différentes quoique parfois ressemblantes, l'occasion de constater une fois de plus à quel point un voyage est subjectif, de partager aussi nos questions (est il judicieux de confronter les enfants aux horreurs et à la barbarie de cette guerre ?)... et, pour les enfants, l'avidité de retrouver des copains, des jeux avec d'autres, la possibilité de discuter en français... Deux jours ensemble, comme un précieux interlude, avant de tracer chacun une route différente.

 

Et l'après midi, luxe et magnificence du Palais Royal. Le Cambodge est une monarchie constitutionnelle, et le Souverain garde, aujourd'hui encore, une place essentielle dans la représentation de son pays aux yeux du monde, même s'il se doit d'être "impartial et apolitique". Au coeur de la ville, sur les berges du fleuve, au niveau de la confluence du Tonlé Sap et du Mékong, l'endroit inscrit sur le bleu du ciel les flèches élancées de ses toitures khmères, au milieu d'un parc arboré et de jardins splendides aux arbustes taillés, multipliant les bâtiments d'apparat : salle du couronnement, maison pour garder les attributs royaux, pagode personnelle du souverain, stupas des rois précédents, sortes de mausolées bouddiques, salle de réception diurne des délégations étrangères, salle de réception nocturne... Ce palais de bois et de bambou fut la première résidence du roi Norodom lorsque ce dernier choisit Phnom Penh pour capitale. Jugé trop modeste pour une demeure princière, il fut remplacé par un autre, en dur. Les travaux commencèrent en 1865 et furent achevés en 1870. De style khmer traditionnel et peint en jaune, la couleur royale, le palais est construit en maçonnerie et présente quelques similitudes avec le palais royal de Bangkok. Il a miraculeusement été épargné par la folie destructrice des khmers rouges, et, bien que les éléphants royaux n'aient pas survécu, eux, à la guerre civile, il dresse fièrement sa silhouette le long du fleuve, et offre au voyageur ébloui le luxe raffiné de ses toitures ouvragées, de ses peintures murales, de ses palanquins dorés à la feuille, ainsi que de ses statues de bouddhas et d'éléphant de pierres précieuses, d'or et d'argent. La pagode d'argent, après avoir été réservée à l'usage exclusif d'un souverain pratiquant à la fois le bouddhisme et le brahmanisme, est aujourd'hui, outre un lieu de culte et de prière, également un musée où s'expose la grandeur et la richesse de toute l'histoire moderne du Cambodge. Des centaines de statues et sculptures y ont trouvé place, autant d'offrandes aux dieux et aux rois anciens... Particulièrement remarquables, un bouddha d'émeraude et une statue grandeur nature du roi, 90 kg d'or pur et plusieurs milliers de diamants, y sont également exposés. 

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Commentaires: 1
  • #1

    vio (samedi, 16 juillet 2016)

    hello! La photo d'arthur sur l'éléphant me fait penser à celle prise sur le gorille à l'entrée de la vallée des singes! A quand à dos d'un vrai éléphant? Pê en inde?
    Mamou a raison: l'architecture tarabiscotée évoque pour moi des contrées lointaines et inconnues, mon imagination gambade surtout que je n'ai encore pas lu vos commentaires.. que je me réserve pour le retour du marché.
    A tt à l'heure les pic pic, gros bisous!