Bousculés par le temps

Nous nous en doutions en préparant ce tour du monde, mais aujourd'hui nous en avons la certitude, car nous l'éprouvons tous les jours : la notion de durée est essentielle dans notre démarche de voyage. On ne vit plus du tout les choses de la même façon qu'il y a quelques mois... nous apprenons à voyager, à nous laisser guider par le chemin, éblouir ou émouvoir par les rencontres, à accueillir l'inopiné, à cueillir le sel du jour... Les enfants en particulier évoluent dans cette aventure, se forgeant un voyage sur mesure, qui leur est propre... Et puis, une année entière, ça permet de vivre les choses bien différemment, inscrire la continuité au coeur même de la discontinuité inhérente au nomadisme et au changement, se recentrer sur l'essence de nos vies, le coeur de nos relations, oser quitter ce qui donne sens à nos quotidiens en France, la famille, la maison, les amis, le travail...

 

Mais en ce moment, rendre compte au jour le jour de ce qui fait nos vies ici me semble plus compliqué. Plus les journées sont denses, plus difficile m'apparaît la tâche d'en dire quelque chose par écrit, et en images... Sans doute parce que le Viêt Nam nous échappe, dans sa grande complexité et ses infinies nuances... Mais c'est aussi pour ce qui échappe que j'aime voyager. Je me rends compte alors que j'aurais envie d'être exhaustive, de ne rien perdre ou laisser filer, de multiplier les explications plutôt que de parler de ce qui m'habite, de multiplier les photos, avec le risque de chercher à illustrer... Sans doute aussi pour retenir encore un peu la petite lumière de la vie de mon grand père, en train de s'éteindre... 

 

Alors, je pourrais vous raconter les 5 heures passionnantes passées à s'étourdir de lumière et de couleurs dans le magnifique musée d'ethnographie d'Hanoï, les 53 ethnies minoritaires du pays, leurs rites religieux, matrimoniaux, funéraires, leurs coutumes, croyances, pratiques animistes, traditions, leur habitat, leur artisanat, leurs instruments de musique, leurs techniques agricoles, la riziculture inondée et la riziculture par brûlis, le tissage, la poterie, l'orfèvrerie, la céramique, l'estampe, la laque, le batik, la soie... Je pourrais aussi tenter de restituer l'ambiance si particulière de la ville avec des photos, prises en si grand nombre, à chaque instant de la journée... Ou encore partager les questions des enfants, leurs expressions, leurs fous rires... Mais ce soir, je me sens bousculée par le temps.

 

Demain, à l'aube, nous partons pour 2 jours attendus comme un temps fort du voyage : une croisière en jonque sur la baie d'Halong. Cette huitième merveille du monde, paysage maritime unique au monde, merveilleux et poétique, ayant donné lieu à des légendes mystérieuses, et dont je rêve depuis l'enfance, comme l'île de Pâques, le Macchu Pichu ou le Taj Mahal... malgré le développement d'un tourisme de masse, d'une urbanisation anarchique, d'une pollution galopante... Alors bien sûr, en mer de Chine, ou plutôt en mer d'Orient, dans la baie d'Halong, le temps va suspendre son vol...

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Commentaires: 3
  • #1

    Mamou (jeudi, 30 juin 2016 18:47)

    cette photo est magnifique, une peinture ??? un batik ??? ou autre
    courage Flo
    bisous bisous

  • #2

    vio (vendredi, 01 juillet 2016 07:39)

    Penses juste que tu vas réaliser un autre rêve de petite fille, mais ne penses pas trop.. Laisse toi happer par l'inconnu..
    bisous gde soeur

  • #3

    jade picard (samedi, 02 juillet 2016 09:53)

    Coucou . Flo ne te laisse pas trop bousculer par le temps , dis toi que vous avez de la chance de vivre ce que vous vivez . C'est vrai que le temps peut être très stressant , je le sais très bien car j'ai toujours peur de ne pas être à l'heure mais il faut que tu vive ce que tu vis sans te stresser et en profité à fond . Sinon pour nous cet été ( qui à déjà commencé ) on va aller au nord de l'Espagne au dessus du Portugal . Ça va être trop bien . Gros bisous .