Hanoï est la capitale du Viêt Nam. Jusqu'au XIII ème siecle, elle s'est appelée le Village du Nombril du Dragon. Fébrile, trépidante, dynamique et active, elle se présente comme une capitale culturelle aux mille visages, et dont le nom a changé de nombreuses fois au cours des siècles. Au coeur de la région que les français appelaient le Tonkin, large région montagneuse du nord où vivent encore de très nombreuses ethnies, à environ 400 km de la frontière chinoise, ce creuset palpite d'un mille feuille historique impressionnant, qui inscrit son histoire le long du Fleuve Rouge.
Il est 22 heures et il fait enfin "frais", la température vient de descendre à 34 degrés... Mais ici le chant du muezzin ne retentit plus à toute heure du jour et de la nuit, on peut se mettre en short et montrer ses bras, et les vietnamiennes ne s'en privent pas...
Ce qui marque ici avant tout, ce sont les couleurs, et les odeurs. Partout des fruits, portés par les vendeurs ambulants sur les palanches, ces plateaux d'osier tressé reliés par un bâton en équilibre sur les épaules, ou sur les vélos aménagés. Et puis l'encens, qui brûle partout, à l'entrée des échoppes, sur les autels aux ancêtres, au coeur des noeuds de racines de banians... La densité de la circulation est hallucinante, la foule compacte. Y compris dans "le vieux quartier", ce centre historique au dédale de ruelles tortueuses.... L'urbanisation étant contrainte par une densité importante, les immeubles ne dépassent guère plus de 5 à 6 mètres de large, mais s'élèvent tout en hauteur, donnant un air particulier et vertigineux aux rues, et contraignant le visiteur à grimper de nombreuses marches jusqu'aux étages, et à vivre dans des pièces sans fenêtres... Les couleurs, se sont celles de la soie : vives et fraîches, lumineuses, éclatantes, mates ou moirées, unies ou imprimées, elles habillent la ville de douceur.
Et puis, nous avons découvert l'affection des vietnamiens pour les enfants, qui semble sans limite et se manifeste par un besoin irrépressible de contact physique : caresse des épaules, main dans les cheveux, joues pincées, baisers reçus... Pour l'instant, ils supportent, mais c'est envahissant... "they are so cute !"... Bon, mais dans la rue, on peut aussi goûter des boulettes de riz gluant frites et sucrées comme des friandises, observer les grenouilles, crevettes ou poissons vivants qu'on veut manger au déjeuner, choisir son tissu, son modèle, et se faire tailler un vêtement sur mesure, acheter de faux dollars en papier, de faux iphones, de fausses voitures.... et les brûler en offrande aux ancêtres, grimper sur la banquette rouge d'un cyclopousse pour une promenade romantique au coeur de la vieille ville coloniale, prendre des cours de gastronomie locale sur un bout de trottoir, ou de calligraphie vietnamienne, ou de taï chi, manger du chien, se faire masser, jouer au mah jong avec les locaux en buvant du thé...
PS : nous avons rajouté des photos sur les articles des enfants "zoo" et "un zoo superbe " (Jakarta), ainsi que sur "la Java du diable" (Karimunjawa).
Nous commençons notre journée par la découverte du coeur populaire de la ville, le lac Hoan Kiêm (lac de l'épée restituée), et flânons sur ses rives, dans l'espoir (déçu) de voir émerger la mythique tortue, celle qui, en 1448, permit de fonder la dynastie des Lê, en donnant à son premier empereur la victoire sur l'Empire du Milieu...
Au milieu du lac, le pagodon de l'îlot de la Tortue honore le génie du lac. Au nord du lac se trouve le temple Ngoc Son, temple de la montagne de Jade, construit au XIX ème siècle. Il est dédié au général Trân Hung Dao, vainqueur des Mongols au XIII ème siècle, ainsi qu'au précurseur de la médecine La To, au lettré Van Xuong De et au génie des arts martiaux, Trân Vu. A gauche du portique, ancrée sur un monticule de pierres, s'élève la tour du Pinceau qui porte trois caractères chinois signifiant « Ecrire sur l'azur du ciel ». On accède au temple par un pont laqué de rouge construit en 1875, et dont le nom, Thê Huc, signifie « Clarté de l'aurore ». Les Hanoiens adorent s'y faire photographier. De l'îlot, on a un point de vue original sur le lac, véritable cœur de la ville, et autour duquel gravitent des essaims de motocyclettes. L'intérieur de la pagode est impressionnant, rouge et or, avec des montagnes de fruits, gâteaux et fleurs en offrande, et des dizaines de personnes brûlant l'encens tout en effectuant, les mains jointes, de petits mouvements circulaires allant du front au menton...
Puis nous entrons dans la cathédrale St Joseph, héritage néogothique français de 1886, conçu sur les ruines d'une pagode.
Le théâtre de marionnettes sur l'eau, un authentique spectacle hanoien, plein de poésie et de magie, est d’une grande beauté, accompagné d’instruments de musique classiques ou folkloriques. Les marionnettes sur l’eau ont été inspirées par le paysage du delta du Bac Bo (le delta du fleuve Rouge), par les fleuves, les mares et les étangs qui jouent un rôle central dans la vie villageoise et paysanne. Des témoignages historiques montrent que des représentations de ce théâtre (rôi nuoc) avaient déjà lieu devant la cour royale au début du XI ème siècle. Mais c’est avant tout un art lié à la vie paysanne étroitement dépendante des conditions météorologiques et où l’eau joue un rôle primordial. Les marionnettes sont fabriquées à partir du bois de sung, un arbre de la famille des figuiers qui pousse à proximité des mares villageoises. L’artisan doit s’assurer que la marionnette est bien imperméable. Pour cela, il l’enduit d’une couche de sève brute de l’arbre à laque. Les personnages sont inspirés de la vie quotidienne : notables, lettrés, jeunes servantes, paysans, figures animales… Dans le rôi nuoc, le personnage de Têu se détache particulièrement. Sous l’apparence d’un jeune paysan, il joue le rôle du meneur de jeu, le critique des autres personnages et le lien entre acteurs et spectateurs. Il n’a cure des hiérarchies et s’apparente au bouffon du roi dont les remarques critiques mais pertinentes suscitent le rire.
A la séance de 17h30, il y avait autant d'enfants que d'adultes, et plus de vietnamiens que d'étrangers, pour s'émerveiller des facéties et prouesses des marionnettes colorées, manipulées par d'habiles artistes, dans l'eau jusqu'à la taille, et qui n'apparaissent sur scène que pour saluer. Dragons cracheurs de feu, ribambelles de canards, poissons se jouant du pêcheur, cueilleurs de riz, jeunes gens habillés pour la fête, tortue du lac... nous ont offert un éblouissant spectacle, au son d'instruments inconnus, et de voix fascinantes, aux sonorités si particulières pour nos oreilles occidentales...
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Mamou (mardi, 28 juin 2016 18:52)
le spectacle devait être merveilleux d'après ce que vous racontez,
de plus nous voyons que maintenant vous pouvez choisir des frits, des légumes pour manger, pas du chien bien sur, ni des drôles de bêtes genre insectes.
les photos restituent ben l'atmosphère écrit
A bientôt bsous je vais voir sur le blog des enfants
vio (mercredi, 29 juin 2016 07:58)
Vos photos sont très belles, comme vos descriptions. Encore 1 beau voyage par procuration grâce à vous.
Un arbre à laque pour l'imperméabilité décidément si l'homme est ingénieux la nature offre vraiment ttes les solutions!
bisous fois 5!