Petite chronique des scènes de rue javanaises

Musique : voici quelques images du gamelan, l'ensemble instrumental traditionnel que nous avons eu le plaisir d'entendre à plusieurs reprises. Ses décorations de bois sculpté sont rouge et or, et ses cuivres sont rutilants. Nous avons admiré la dextérité des hommes pour les astiquer...

Batik : pièce de coton ou de soie que portent tous les indonésiens, dont les couleurs sont obtenues à base de pigments naturels. Une seule pièce peut demander une semaine à un mois de travail, à raison de 3 heures par jour. Tout dépend de la finesse du dessin et du nombre de couleurs utilisées. Disons que l’œuvre sera formée de trois couleurs : rouge, bleu et jaune. L’artiste trace d’abord les contours du dessin, protégeant par de la cire chaude les tracés qui ne seront pas rouges. Une fois ce long travail achevé, il plonge le tissu dans un bain de couleur rouge. Une fois le tissu séché, il retire la cire, et en applique de nouveau sur les endroits maintenant rouges, ainsi que sur tout ce qui ne sera pas coloré par la seconde couleur, mettons le bleu. Il répète l’opération de teinture, puis encore une fois applique la cire pour terminer la dernière teinture, en jaune. Plus il y a de couleurs, plus le travail est long (imaginez répéter tout ce processus avec dix couleurs…). Donc, plus il y a de couleurs, plus le travail est long. Le matériau utilisé importe également ; la soie, qui donne de magnifiques pièces, est plus difficile à travailler car plus délicate. Sur le pas des portes, nous voyons les femmes faire fondre les pains de cire, et l'appliquer avec un petit instrument métallique pointu... Travail de patience !

Mosquée : ici, il nest pas rare qu'il y ait 3, voire 4 mosquées dans la même rue. Elles sont superbes, et leur architecture semble rivaliser d'originalité et de beauté : coupoles aux couleurs douces ou vives, minarets élancés et gracieux, salles de prière illuminées... Mais les appels à la prière, qui rythment la journée (... et la nuit !) viennent régulièrement de 2 mosquées à la fois, tant leur proximité est importante, et l'on ne sait plus, alors, où donner de l'oreille !

Langue : les indonésiens parlent tous au moins un dialecte (comme le balinais ou le javanais), les anciens parlent, écrivent et lisent encore le sanscrit... et des anglicismes s'invitent dans la langue au quotidien, orthographiés phonétiquement. C'est ainsi que l'on peut lire, dans la rue, taksi, sinema, presiden, dokter, waifai, parkir (parking)...

Croix gammée : swastika (à Bali) ou svastika (en Inde) est un terme qui vient du sanskrit "Su" (bien) et de "asti" (il est). Depuis que les nazis en ont détourné le sens dans leur projet criminel et raciste, l'Europe méconnaît la symbolique hindouiste  extrêmement importante, et pourtant bien antérieure. Les temples hindouistes, les tombes... sont ainsi décorés de croix gammées, et nos enfants se sont entraînés à en tracer dans le sable au pied de Prambanan, écoutant attentivement les explications de notre guide, sur leur sens spirituel et son détournement par le 3ème reich...

La croix gammée se retrouve tant chez les hindouistes 卐 que chez les bouddhistes 卍. Ce qui les différencie c'est l'orientation des branches mais l'une comme l'autre sont représentées "droites" selon un axe vertical. C'est un symbole d'équilibre. La croix gammée nazie a quant à elle été décalée de 45 degrés vers la droite... Elle se présente comme un X... l'équilibre se casse un peu la gueule, quoi !