Ngayogyakarta Hadiningrat est le nom officiel de Yogyakarta en javanais. C’est, avec Bali, le « clou » du voyage pour la plupart des visiteurs. Tout y est raffiné : la majesté des volcans, la noblesse des personnages, la délicatesse des gestes et des postures. La nonchalance ou l'insouciance apparente des habitants tranchent avec la mélancolie ou l'affliction sundanaise. Yogyakarta est sans conteste le meilleur endroit où séjourner pour visiter les environs, notamment les temples de Borobudur et de Prambanan (patrimoine de l'Humanité), qui dressent leur architecture millénaire et imposent la finesse de leurs sculptures. L’histoire a vu tous les drames épiques et historiques se jouer ici...
Yogya (on prononce Jogya), comme on l’appelle familièrement, jouit d’une réputation glorieuse et prestigieuse. Coincé entre le redoutable mont Merapi et l’océan Indien, antre de Loro Kidul, la Reine des mers du Sud, c'est le centre culturel le plus actif d’Indonésie, une ville culturelle et estudiantine. Mais Malioboro est envahi d'angkots et autres engins motorisés polluants ; les embouteillages encombrent le centre-ville. Ce gros bourg compte plus de 500 000 habitants. Mais son charme réside ailleurs et comme pour toutes les villes indonésiennes, il faut du temps avant de vraiment se sentir un peu chez soi. En fait, la ville a gardé des dimensions humaines et elle possède le parfum suranné des anciennes capitales un peu endormies, qui semblent sommeiller, mais qui bouillonnent et rêvent de reconquérir leur gloire passée. La culture javanaise a acquis ici ses lettres de noblesse et le raffinement a tellement imprégné l’atmosphère de la ville que les Indonésiens comme les étrangers lui vouent une solide passion. Il y règne une ambiance très particulière.
Histoire
A son effondrement, l’empire de Mataram se scinda en deux sultanats : celui de Surakarta (Solo) et celui de Yogyakarta. Depuis cette époque, le sultanat incarne la résistance à l’envahisseur, hollandais principalement. C’est à Yogyakarta, qui fut la première capitale de la République en devenir, que la résistance indonésienne essaya, mais en vain, de négocier l’indépendance. En 1948, les Hollandais passaient à l’offensive, bombardant la ville et lâchant des paras. Yogyakarta allait tomber avec les principaux leaders. Certains s’enfuirent et poursuivirent la lutte dans le maquis. La victoire militaire était au bout du fusil pour les Pays-Bas, mais il fallut des pressions politiques pour qu’en décembre 1949, les Hollandais acceptent finalement de reconnaître la nouvelle République. S’ils ne l’avaient pas fait, les Américains auraient coupé le robinet du plan Marshall qui finançait la reconstruction des Pays-Bas ravagés par la guerre. A l’Indépendance, le sultan de Solo, qui avait collaboré avec l’ancienne puissance coloniale, fut destitué. Celui de Yogya, le sultan Hamengkubuwono IX, ancien étudiant à Leiden aux Pays-Bas, avait, quant à lui, pris parti pour l’indépendance. Allié fidèle de la résistance (il avait dirigé les opérations avec Sukarno), il entra dans le gouvernement de la République en 1946. Aujourd’hui encore, le sultan reste très respecté, et a un très grand rôle moral. Il tire ses revenus du tourisme (visite du palais), et de sa florissante marque de cigarettes « Kraton » ! Après le tsunami qui a frappé l’Indonésie en décembre 2004, le sultan a prévenu les habitants d’un risque de fort orage qui pourrait détruire Yogyakarta. De nombreux habitants, paniqués, ont fui sur les hauteurs et lorsque l’orage n’est pas arrivé, ces mêmes personnes ont remercié le sultan qui, en avertissant du danger, avait en fait réussi à contrer les forces maléfiques qui avaient ordonné la destruction de la ville… Le 27 mai 2006, un séisme de 6,2 sur l'échelle de Richter a causé de nombreux dégâts : pas moins de 200 000 maisons endommagées (le quartier de Prariwotaman a été l'un des plus touchés), 6 000 morts et 40 000 blessés. Les ruines de Prambanan et le Taman Sari ont aussi beaucoup souffert. Les volcans, actifs autour de la ville, laissent craindre une éruption importante à venir très prochainement. Le mont Kelud, en février 2014, est venu rappeler à son bon souvenir. 200 000 personnes vivant dans un rayon de 10 km autour du volcan ont été affectées par les retombées de l'éruption.
La ville aujourd'hui
On se promène dans une ville grouillante de monde, mais en même temps, le silence des becaks et la nonchalance des habitants donnent un air enchanteur aux rues et aux venelles. On ressent parfois dans la ville une impression curieuse de solitude alors qu’elle se situe dans l’une des régions les plus peuplées du monde. Yogya est aussi une ville universitaire avec plus de 40 académies qui attirent les étudiants de tout l’archipel vers l’université Gajah Mada. Yogyakarta est la capitale touristique, artisanale et artistique de Java. Ses nombreuses écoles accueillent les étrangers qui veulent s’initier aux techniques artisanales et musicales (gamelan) de l’île. Les festivals et spectacles qui s’y déroulent à longueur d’année, rendent sa vie nocturne particulièrement animée.
Yogyakarta ne fait pas partie de la région de Java-Central : il s'agit en fait d'une région autonome (Daerah Istimewa Yogyakarta), l'une des deux seules d'Indonésie avec Aceh. Ce statut particulier remonte au sultanat de Hamengkubuwono, au pouvoir depuis 1749. L'actuel sultan de Yogya est aussi le gouverneur de cette région autonome : autant dire que son aura est immense auprès du peuple.
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