A frog family au pays des kiwis

La rencontre avec Myles et Erin est de celles qui comptent. Facile et évidente. Simple et essentielle. Comme eux.

 

Grâce à eux, nous mesurons mieux la vie d'ici. Auroa n'est pas à proprement parler un village. Le long des quelques kilomètres d'Auroa Road à travers les prés et les troupeaux, une dizaine de maisons, des fermes essentiellement, et l'école. Pas d'église, de poste, de boulangerie ou de petit commerce de proximité. Le bus scolaire récupère les 200 enfants dans les villages alentours pour 9 heures du matin, et les redépose chez eux après 15 heures. Pour la "high school", de 13 à 18 ans environ, l'équivalent à la fois de notre collège et de notre lycée, il faudra aller plus loin, parfois en internat scolaire, parfois en faisant plus d'une heure de route chaque matin. 9 enfants sur 10 n'étudieront pas au delà, et travailleront dans la ferme familiale. La région est la plus grande productrice laitière du pays, et les usines de transformation agro-alimentaire emploient la majeure partie des Néo-Zélandais ici. Ils exportent leurs produits laitiers en Australie, aux États Unis, en Asie. Et de fait, les paysages sont scandés et sculptés par les vaches et les moutons,  entre le volcan Taranaki qui joue à cache cache avec les nuages du haut de ses 2 000 et quelques mètres, et les longues plages qui bordent la mer de Tasmanie, où les rouleaux sauvages font la joie des surfeurs... mais certains des élèves de Myles n'ont jamais vu la mer, qui déroule son sable noir et ses galets à 15 minutes de chez eux...

 

Dans chaque village, un mémorial de la première guerre mondiale, et un "fish and chips" ou un "take away". Cette île douce et accueillante nous offre ici un visage rural différent de l'effervescence d'Auckland, de la volcanique, vrombissante et touristique Rotorua, ou encore du paisible et historique Northland... Pourtant, ici comme ailleurs, l'espace est infini, et la douceur impose au regard son paysage ordonné, son rythme régulier, les alignements de son architecture de bois. Tout semble se passer comme s'il n'y avait de place que pour la quiétude et la tranquillité, la plénitude, la beauté ordonnée et la puissance tellurique maîtrisée. Ici, point de place pour le désordre ou le dérangement, l'inopiné ou l'imprévisible, le surgissement du vivant sous une forme inattendue, surprenante ou déconcertante. Ni même pour l'idée du mal, de l'incompréhensible ou du chaos... Pays d'abondance au sol prolifique et aux hommes vigoureux, pays de lait et de miel, de laine et de vin... L'herbe y est grasse toute l'année, la neige, exceptionnelle, n'embrasse que les sommets, et les températures hivernales descendent rarement en dessous de 12 degrés.

 

Avec le souci de rendre notre séjour riche et varié, Myles a sollicité des parents d'élèves, de ses voisins, pour nous initier aux travaux de la ferme, et en particulier à la traite mécanisée des vaches. Bottés de caoutchouc et habillés de bleu de la tête aux pieds, nous avons déambulé dans la stabulation entre deux rangées de croupes et eu l'occasion de nous essayer à la pose de la trayeuse mécanique... à peine plus facile que la traite manuelle, que nous avions testée au Costa Rica ! Si les 2 garçons ont moyennement apprécié les éclaboussures de bouses dont ils ont été gratifiés, cette visite restera un temps fort de notre séjour à Auroa, et est sans doute représentative de la vie de la majorité des familles des écoliers rencontrés.

 

Et puis, il y a aussi eu la visite du Pioneer Village, passionnante reconstitution d'un village anglais à l'heure des "pionniers", avec ses institutions (poste, police, hôpital, palais de justice, école, église...), ses échoppes et ses cottages...

 

Après un dernier repas avec Myles, Erin, Alex et Izzy, où les éclats de rire alternent avec les échanges plus sérieux, on se quitte avec effusion... et émotion. Ce qui reste dur dans le voyage, c'est de passer notre temps à quitter des gens à peine rencontrés, et dont on sent qu'on serait bien devenus rapidement amis ! Nous reprenons la route d'Auckland... Nous n'avons pas le temps d'aller à la rencontre du tourneur de Levin, mais en avons vu d'autres... Il nous reste 4 jours pour respirer la Nouvelle-Zélande à pleins poumons.

 

Borges et Bauchau ont raison : la route s'invente en marchant...

 

 

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Commentaires: 5
  • #1

    vio (vendredi, 13 mai 2016 08:06)

    Vous avez vu le volcan Tanaraki? Et peut être qu'il y a de petites fermes qui transforment leur lait sur place (en fromage ou autre), vous en avez vu?
    Je réalise que vous n'avez le temps de découvrir que l'Ile Nord, le temps file décidémment, même rempli de belles choses.. Ce que vous décrivez me fait une fois encore penser à un morceau de bout du monde..
    Enjoy.. see you.. love...

  • #2

    mili (vendredi, 13 mai 2016 09:47)

    Pas de photos de nos petits bouseux?

  • #3

    Mamou (vendredi, 13 mai 2016 09:52)

    Comme le temps passe vite, mais vous n'avez toujours pas répondu à ma question ; pourquoi portent-ils tous des ti-shirts orange ?
    Cela nous semble drôle quant vous dites que la plupart des enfants ne connaissent pas la mer en habitant à 15 minutes de la mer de Tasmanie.
    Donc les enfants ont participés à la traite des vaches
    encore 2 jours et un autre pays se profile à l'horizon
    bisous bisous

  • #4

    vio (vendredi, 13 mai 2016 13:17)

    Et le tournoi de rugby? Sympa?

  • #5

    jade picard (samedi, 14 mai 2016 12:52)

    Coucou . Trop bien leur école . Nous en France on a pas tout ça . Vous avez été des fermiers jusque au bout même pour supporter le plus compliqué à supporter . Quelle malheur que 9 enfants sur 10 n’étudient pas au delà de l'école primaire . Ça a du être bien beau le Pionner Village . Gros bisous .