Rentrée scolaire des vacances de Pâques, lundi, 7h30. Nous accompagnons Margot et Zoé à l'école avec leurs parents et nos enfants... sous le préau qui se trouve au centre des bâtiments colorés au toit de tôle, les enfants se retrouvent. Certains sont pieds nus, les filles ont une fleur à l'oreille, chacun a sa bouteille d'eau dans le cartable, les "r" roulent dans la bouche... Ia orana ! Bonjour ! Maeva ! Bienvenue! La directrice nous accueille, et a tôt fait de répartir les enfants dans leurs classes d'âge. Samuel panique, refuse d'y aller, demande ce que nousferons "entre adultes" (après 5 mois passés ensemble jour et nuit)...et va s'installer dans la classe des CM1, pas trop fier quand même, mais Zoé lui a dit que Wayan et Hina Tea étaient très belles... Le soir, emballé et fier d'avoir montré à sa classe notre blog de voyage, il prépare un exposé pour la fin de la semaine, et affirme aussi que les règles polynésiennes des échecs ne sont pas les mêmes qu'en France !!! Salomé devient silencieuse, serre très fort ma main... et reviendra, le soir, en disant : "c'est bizarre, dans maclasse (notez le possessif), ils savent pas ce qu'est un poème ou une poésie, mais eux, ils ont déjà appris les multiplications..." Quant à Arthur, tranquillement, il intègre une classe avec le sourire, et nous montrera le soir son impressionnante production artistique, parlant des pyramides mayas de Tikal, et des ateliers pyramides qu'il a ainsi initiés dans sa classe. La cantine est un grand moment de partage et de découverte aussi, et à 15h, ce sont 3 enfants ravis que nous récupérons...
Pendant ce temps, nous avons exploré la moitié du littoral de cette petite île calme et verdoyante, ses 2 baies aux eaux pures et limpides (baie de Cook et baie de Opunohu), la plantation d'ananas qui s'étage après le lycée agricole, la fabrique et distillerie de jus d'ananas, les petites églises coloniales construites sur les emplacements religieux ancestraux des iliens, les sites archéologiques de la vallée d'Opunohu, avec ses "maraes" et ses "ahus", plateformes cérémonielles, le belvédère, situé un peu en hauteur, dans une végétation tropicale dense et prolifique, les bungalows de l'hôtel Sofitel, dont les pilotis plongent directement dans l'eau turquoise du lagon, les trous des tupus, crabes des cocos qui creusent des trous énormes dans les jardins et les cocoteraies, grouillent sous les pas, meurent écrasés sous les pneus des voitures comme les grenouilles en France, les geckos que nous retrouvons, et qui se nourrissent parfois des énormes cafards et blattes volants qui pullulent sur l'île, ses goyaves, ses mangues, ses fleurs de tiaré, ses mape (sorte de châtaignes), sesurus, sa vanille, les colliers de fleurs pour l'accueil, les colliers de coquillages pour les adieux, les couronnes de fleurs pour les événements importants, les youcoulélés...
Et ce matin, avec Audrey, nous partons en rando au col des 3 cocotiers. Les cyclones successifs ont depuis longtemps déraciné lesdits cocotiers, mais les 4h30 de marche, entre montagne et mer, sont sublimes. Nous devenons liquides, pataugeons dans la boue, l'écrasante chaleur exacerbe les odeurs des fruits et des fleurs, parfois violente, les fougères arborescentes s'étagent sous les mape et les hibiscus, les fleurs amazoniennes trouvent ici leur version pacifique, le temps est couvert, les nuages s'accrochent aux pics déchiquetés et vertigineux qui composent le paysage volcanique de l'île, la caldeira disparaît sous une intense végétation, généreuse et prolifique, et, quand le regard s'échappe des bras verts, il s'éblouit sur la ceinture lagunaire de Moorea, s'accroche aux vagues écumeuses qui se brisent sur le récif corallien, se noit dans l'intensité du bleu de l'horizon... Au retour, nous sommes pétris de boue, faisons corps avec cette nature à la fois tellurique et toute d'eau faite, sensuelle et extrême...
Retour d'école. Les enfants dévorent sur la grande terrasse abritée, devant le lagon que les nuages ont peint en gris. La pluie tambourine sur le toit de tôle, les petits voisins appellent, ils ont péché une murène, il y a aussi des 100 pieds (et non des 1000pattes) dans le jardin, et leur piqûre est douloureuse... Une brochette d'enfants crapahute d'une maison à l'autre, du hamac à la terrasse, de l'herbe à la sac line, de la pirogue à balancier aux cocotiers... ils pêchent, font de l'équilibre, jouent à cache cache, préparent un spectacle de danse tahitienne... finalement, seule, Zoé dansera pour nous ce soir, en brassière et paréo, coquillages autour du cou et fleurs dans les cheveux... pétillante et lumineuse, merci Zoé !
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Papou, Mamou (mercredi, 13 avril 2016 16:44)
Une première journée bien remplie, nous sommes très heureux de voir que Samuel ait montré son blog de voyage, quant à Salomé et Arthur pas de problème.
Profitez qu'ils soient à l'école pour faire des excursions avec vos amis.
bisous
vio (jeudi, 14 avril 2016 08:05)
J'ai l'impression que votre voyage prend encore un autre tournant.. Les enfants sont de chouettes témoins de cette aventure et le fait de vous séparer un peu, une fois l inquiétude passée, doit donner lieu à des retrouvailles animées en fin de journée, et à une montagne d'emplications pr chacun, chouette! bonne journée les picard, euh non bonne nuit!