Pâques... sur l'île de Pâques

6 heures de vol et 2 fuseaux horaire en moins, nous découvrirons demain la mystérieuse île perdue au milieu du Pacifique... un rêve...

Nous allons avoir une semaine entière pour la découvrir,  l'explorer, l'arpenter, sonder ses mystérieux et troublants Moai... 

Une semaine de camping pour nous imprégner de cette culture métissée.

En voici une rapide présentation.

 

Destination mythique pour tout voyageur, l’île de Pâques fascine par ses Moais, géants de basalte dressés vers le ciel, sa riche histoire et sa culture millénaire, son isolement dramatique au milieu de l’océan Pacifique… et plus encore. Rapa Nui est une vraie légende flottant sur les ondes. Pourtant, bien peu sauraient dire de prime abord où elle se situe exactement… et encore moins pourraient affirmer que cette île est chilienne ! Aujourd’hui beaucoup plus accessible (un vol par jour depuis Santiago), l’île de Pâques attire chaque année davantage de touristes, ce qui la rend peut-être moins mystérieuse… Toutefois, on en repart bien souvent enchanté : rencontre de la Polynésie tropicale et du Chili latino-américain, c’est une destination atypique, qui mérite au moins quatre jours pour en découvrir les principaux sites. L’île de Pâques (Rapa Nui) appartient géographiquement à la Polynésie, soit le triangleimaginaire regroupant les îles situées entre la Nouvelle-Zélande, Hawaï et Rapa Nui. Rappelons que l’Océanie est divisée en trois zones principales : la Mélanésie (ainsi nommée à cause de la peau foncée de ses habitants), la Micronésie (en raison de la petitesse de ses îles) et la Polynésie (qui signifie : beaucoup d’îles). Rapa Nui est l’endroit le plus isolé du monde puisque l’île polynésienne la plus proche est celle de Pitcairn, située à 1 900 km, et que la côte chilienne est, elle, à près de 3 700 km ! Une situation qui évoluera inexorablement dans les siècles et millénaires à venir, puisque le mouvement tectonique de la microplaque de Pâques la rapproche de l’Amérique du Sud à raison de 6,5 cm par an. Cet isolement a souvent accrédité la thèse que l’île était le centre et même « le nombril du monde » (ou plutôt de leur monde connu, c’est-à-dire de la Polynésie), au point que les Pascuans l’auraient nommée « Te Pito o Te Henua ». Les Pascuans l’appellent également « Rapa Nui » (la grande Rapa) du fait de sa ressemblance avec Rapa, une île de la Polynésie française, mais aussi parce que cette dernière est située plus ou moins à la même latitude (27°). Il est vrai que cette île présente la caractéristique d’être quasiment un triangle isocèle. Cette forme est due à son origine volcanique et à la présence de trois volcans marquant chacun de ses angles : le Rano Kau au sud (vieux d’environ 1,5 million d’années), le Poiké à l’est (3 millions d’années) et le Maunga Terevaka qui culmine à près de 510 m (plus récent, environ 370 000 ans). Mais ces volcans ne sont pas les seuls de l’île, qui en comporte près de 70, tous éteints. Cette origine volcanique pourrait expliquer la rareté des arbres et des paysages, qui ressemblent parfois aux terres irlandaises, mais nous verrons plus loin qu’il n’en est rien. En réalité, certains voyageurs avertis pourraient surprendre quelques similitudes entre Rapa Nui et les Açores (les calderas de Corvo ou de Faial, par exemple), îles portugaises d’origine volcanique également… La côte de l’île est rocheuse et sans baie abritée. Il existe seulement deux plages : Anakena et Ovahe, situées sur la côte nord de l’île, ainsi qu’une petite plage bien rafraîchissante dans le village même d’Hanga Roa, sur la route du cimetière et du musée. Trois îlots, Motu Iti, Motu Nui et Motu Kao, se situent non loin de la pointe sud de l’île : c’est ici que se célébrait le culte de l’homme-oiseau. La cérémonie religieuse avait lieu tous les ans à Orongo entre les chefs des différentes tribus. Le premier qui ramenait un œuf de manutara de l’îlot Motu Nui, était sacré chef dirigeant de l’île pendant une année entière.

 

Le cérémonial de l'homme-oiseau 

 

Il concerne sans doute la fête religieuse la plus importante de l’île, aux XVIII e et XIX e siècles (pas auparavant). Les Pascuans choisirent le site d’Orongo parce qu’il faisait face aux îlots de Motu Iti, Motu Kao et surtout Motu Nui où venaient pondre les oiseaux de mer, dont la mouette pascuane, la manutara sacrée. Chaque année, devant le roi et les principaux prêtres de l’île, les mata-toa, chefs de guerre, briguaient le titre d’homme-oiseau. La cérémonie commençait d’abord au flanc du Rano-Kau, à Mataveri, où les pèlerins dressaient des tentes et répétaient leurs danses rituelles. Puis, en juillet, ces pèlerins, coiffés de diadèmes de plumes, montaient à Orongo accompagnés de leurs serviteurs, les hopu, qui étaient chargés d’aller chercher un œuf de manutara sur Motu-Nui. En général, les premiers œufs étaient pondus un mois plus tard. Aussi le serviteur, quand il s’élançait de la falaise vers les flots, emportait dans ses dériveurs en balsa quelques victuailles. La traversée était très périlleuse du fait de courants extrêmement forts et de la présence de nombreux requins. Les hopu attendaient alors patiemment, observant le manège des manutara luttant contre la faim sur leur îlot désert. Le premier à trouver un œuf de manutara (souvent en septembre) grimpait alors sur le rocher Tangi te Manu ( « le cri de l’oiseau ») et criait à son chef de se raser la tête. Le hopu trempait ensuite l’œuf dans la mer et l’attachait à son front, puis regagnait l’île. Il était en général accompagné de tous les autres hopu bredouilles car le pouvoir sacré de l’œuf était censé les protéger du danger des requins. Arrivé à Orongo, le hopu tendait l’œuf à son chef, complètement rasé, le visage couvert de peintures rouges et noires et un oiseau en bois accroché dans le dos. Le chef brandissait l’œuf d’une main aussitôt recouverte de tapa rouge et prenait la tête d’une procession venue pour son avènement et qu’il conduisait à Mataveri. Là, un cérémonial fait de danses et de banquets parfois cannibales fêtait ce nouvel homme-oiseau, véritable représentant du pouvoir divin sur l’île. Ensuite, pendant un an, l’homme-oiseau devenait le personnage le plus important de l’île, avec le roi, mais il était entouré de nombreux tabous. Il se retirait dans une hutte près du Rano-Kau ou d’Anakena, il n’avait pas le droit de se baigner dans la mer, ni de se laver les cheveux et les ongles, toute relation sexuelle lui était interdite, les aliments lui étaient préparés par un serviteur spécial et il n’avait pas le droit de les toucher de la main qui avait brandi l’œuf. Le hopu qui avait trouvé l’œuf était également entouré de certains tabous. Les recherches n’ont pas réussi à prouver tous les pouvoirs qui étaient attribués à l’homme-oiseau mais la convoitise que suscitait ce titre laisse à supposer que lui et son clan bénéficiaient de nombreux avantages. L’homme-oiseau jouissait d’une aura religieuse et faisait en quelque sorte partie des « élus », assurant un lien entre le divin et les hommes. Il est probable que ce titre lui conférait une autorité politique dont il pouvait se prévaloir toute sa vie. Se créait ainsi une véritable élite d’hommes-oiseaux et quand l’un d’entre eux venait à mourir, tous ses « confrères » se rendaient à son enterrement. On attachait alors à chaque doigt de pied du mort un poulet que seuls les autres hommes-oiseaux étaient autorisés à détacher à la fin de la cérémonie funéraire. Ils les donnaient ensuite aux fils du défunt pour lesquels les poulets devenaient également tabous. Ce culte de l’homme-oiseau a pris fin sous l’influence des missionnaires. Sur le site, les groupes de rochers de Mata Ngarau portent plus d’une centaine de pétroglyphes représentant le dieu Make Make et de nombreux hommes oiseaux tenant l’œuf sacré à la main, témoins de la vitalité du mysticisme de l’île.

 

Les neru

 

On connaît peu le destin de ces filles de chef, si truculent selon nos codes et notre morale actuels. Au cours de leur puberté, vers l’âge de 12 ans environ, elles devaient suivre un véritable rite d’initiation. On les enfermait ensemble dans une caverne, dans la zone du volcan Poike, pendant six lunes (environ 5 mois et demi !). Elles devaient rester entièrement nues, afin que leur peau blanchisse : symbole d’aristocratie. Leurs cheveux devaient être très longs (la tête étant le siège du mana), les ongles également, et elles devaient être vierges. Dans leur antre, on les initiait aux prières pour le dieu Make Make ; de premiers grands tatouages étaient aussi pratiqués sur leur corps à peine nubile. Evidemment, on les nourrissait tout au long de leur sombre séjour. Toutes ces cérémonies n’étaient pas fortuites. Depuis leur plus tendre enfance, en fait, on leur étirait les lèvres du sexe à la main, par massage. Les filles de chef devaient en effet procurer du plaisir, selon la tradition, tant pour elles-mêmes que pour leur futur partenaire. Les six lunes passées, ces gentes demoiselles sortaient de la caverne, à moitié aveuglées par la semi-obscurité. On les portait dans des sortes de palanquins ou filanzanes jusqu’au lieu de cérémonie à Orongo, tandis que le vainqueur était consacré. Ensuite, elles prenaient place, les jambes écartées et légèrement surélevées, sur le rocher qui existe encore de nos jours (site des pétroglyphes, et notamment celui des deux mains, là où précisément elles prenaient appui). Un prêtre se tenait au-dessous d’elles, et mesurait la longueur des lèvres (qui atteignaient 7 à 8 cm environ). Celle qui possédait lakomari (la vulve) la plus longue était jugée la plus belle, et choisie pour être la femme de l’homme-oiseau. Aussitôt, elle était déflorée en public, dans un recueillement on imagine respectable. Point d’attouchements privés par la suite, puisqu’on la séparait de nouveau de son mari pendant cinq nouveaux mois, avant de pouvoir enfin le retrouver, une bonne fois pour toute. La dernière femme qui a subi cette pratique, coutumière jusqu’à l’évangélisation de l’île en 1868, est morte en 1946.

 

Moai

 

Ce sont eux qui ont fait de l’île une terre de légende. Pourquoi un tel gigantisme sur une petite île dépourvue de tout ? Qu’essayent de nous dire ces blocs de basalte qui ont l’air si humain et qui semblent disserter entre eux sur des mystères qui nous échappent ? Ces statues, dont on a eu du mal à trouver la signification (les explications oscillant entre divinités ou monuments funéraires), sembleraient, comme dans les îles Marquises, représenter des chefs ou des prêtres dont les esprits seraient passés au rang de divinités. Mais le bloc de pierre en soi n’était pas une divinité, il fallait l’intervention d’un prêtre pour que son esprit apparaisse. Au temps de leur splendeur, les statues étaient peintes en rouge et blanc, à la manière des tatouages, symbole de pouvoir (le roi avait le plus grand), qu’arboraient les Pascuans. De plus, de leurs yeux en corail et obsidienne se diffusait leur énergie, leur mana, qu’elles transmettaient aux grands chefs. Enfin, certaines d’entre elles étaient coiffées d’un pukao, un couvre-chef circulaire rouge figurant le chignon des grands chefs. Les moai reposent en général sur un Ahu, mais certaines statues disséminées sur l’île étaient posées à même le sol et des recherches ont pu prouver que ce n’était pas parce qu’elles avaient été abandonnées en cours de route. 272 Ahu et plus de 1000 moai sont présents sur l’île. Même si certaines d’entre elles ont des traits plus fins, du fait d’une plus grande dextérité du sculpteur, ces statues montrent toutes une finition exemplaire. Alfred Métraux note qu’elles sont douces au toucher, témoignage d’un ponçage appliqué. C’est la matière dans laquelle elles ont été fabriquées, le tuf volcanique, qui a permis ce travail, avec, en contrepartie, une grande fragilité, ce qui rend leur transport périlleux.

 

 

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Commentaires: 5
  • #1

    Papou, Mamou (lundi, 28 mars 2016 12:18)

    Merci pour les commentaires et descriptions sur l'Ile de Pâques très intéressant, on s'y croirait presque.
    Je pense que nos petits baroudeurs en herbe vont apprécier ces moats,.
    Bisous à vous 5

  • #2

    vio (mercredi, 30 mars 2016 17:30)

    l'ile de pâques et ses mystérieuses statues... Après l'approche historique (très intéressante) je veux vos ressentis!!
    bisous multipliés par 5

  • #3

    Le Parrain (jeudi, 31 mars 2016 22:22)

    Salut les voyageurs.
    Ici, le temps file aussi vite qu'ailleurs, les journées sont bien pleines et le temps manque pour venir prendre de vos nouvelles sur le chemin.
    Félicie pousse joliment, les grands grandissent de même et tout le monde vous embrasse fort, nos chères cloches de Pâques.

  • #4

    vio et kony (lundi, 04 avril 2016 07:48)

    Si je ne m'embrouille pas trop les pinceaux vous devez être sur le point de décoller pour thaiti? Où est ce déjà fait? En tous cas ici à marchaveau 2 personnes pensent à vous très fort..... devinez qui?....... bisous les pigeons voyageurs!

  • #5

    Cecile chevat (lundi, 09 mai 2016 14:13)

    Débordée par la vie inintéressante de brindas j'avais décroché de votre sublime tour du monde!!!
    Je viens de lire tout sur île de Pâques et les articles plus récents
    Bravo
    Tout est juste sublime
    Quelle chance
    Ici nos cm2 sont partis vers les écrins!!!