La visite des mines

Finalement nous sommes allés dans les mines. Les enfants ont hésité puis se sont décidés. Il y a bien eu encore quelques peurs ce matin lors de l'habillage mais qui se sont vite dissipées. Revêtus de vêtements de protection jaunes, nous sommes partis en direction de la montagne qui surplombe la ville de ses 4 824 mètres.  C'est au pied de la montagne ou dans "ses jupes", comme disent les gens ici, que nous entrerons dans la mine.

 

Auparavant, Elisabeth, la guide nous donnera quelques explications sur l'usage des feuilles de coca par les mineurs, sur la dynamite, et les offrandes faites au Tio. Pour que les feuilles de coca aient un effet à la fois nutritif et anesthésiant sur les corps des mineurs, ceux-ci la mâchent associée à  une pâte de "cendre de fruits" (qui a un goût de réglisse). C'est cette combinaison qui libère tous les effets de la feuille.

 

Les visites touristiques des mines ont commencé en 1994. Un groupe de touristes est venu et a demandé à descendre. Les mineurs ont d'abord refusé, puis ils ont accepté à la condition que les touristes leur fassent des cadeaux en échange. Ce sont alors des vêtements, du matériel, des lampes qui faisaient monnaie. Puis les choses ses sont instaurées, structurées. Certains mineurs ont organisé des tours dont les gains revenaient à la coopérative, jusqu'à arriver aujourd'hui aux agences touristiques "officielles" qui ne reversent rien aux coopératives. Lors de notre première visite en 1999, les guides étaient eux mêmes des mineurs. Ils avaient 14 ans et espéraient bien pouvoir devenir guide à temps plein. Aujourd'hui, le travail dans la mine est interdit avant 18 ans par la loi. Mais dans les faits des jeunes de 14 ans y travaillent encore. Ce sont 14 000 personnes qui vivent de cette activité. La descente est un travail masculin. Les femmes qui travaillent pour la coopérative restent à l'extérieur et se consacrent au tri du minerai avant qu'il ne soit envoyé en Europe et Amérique du nord. On ne trouve plus d'enfants de moins de 14 ans dans la mine depuis quelques années.

 

Le système d'exploitation est un mélange d'entreprenariat individuel et collectif.

Le collectif se trouve dans la coopérative. Il faut y adhérer, payer les droits pour pouvoir aller creuser. Mais une fois à l'intérieur, chacun est propriétaire de sa galerie et des veines qu'il trouve. Donc, plus l'on travaille, plus l'on creuse, plus l'on trouve de minerai, plus l'on gagne d'argent... et la coopérative aussi. Et inversement. Là dessus s'ajoutent les fluctuations des cours des minerais qui font que les mineurs parfois creusent à perte... ou ne creusent pas. Chacun est alors maitre de son travail... grâce à l'usage du bien collectif. C'est compliqué. Et concrètement, ça donne quoi pour la vie d'un mineur ? Ca donne que le salaire moyen en Bolivie est d'environ 1 600 bolivianos mensuels quand un mineur gagne jusqu'à 2 400 bolivianos, un contremaitre 6 000 et un responsable de site, 24 000. Alors oui, un mineur aujourd'hui gagne plus que la moyenne, mais son espérance de vie est de 45 ans. Et les responsables de site... et bien se sont tous d'anciens mineurs qui ont su utiliser ce système semi-privé semi-collectif, alors...

 

Dans la mine, de longs tuyaux parcourent les galeries pour amener de l'air comprimé au fond des galeries afin d'alimenter les marteaux piqueurs qui servent à forer les trous qui recevront la dynamite. La roche est volcanique, très dure et lorsque l'on trouve une veine, il faut entre 18 et 24 bâtons de dynamite pour faire sauter 2 tonnes de roche. Celles-ci sont ensuite chargées dans des wagonnets que 2 mineurs poussent jusqu'à l'extérieur pour le tri. Lorsque le wagon arrive à toute vitesse, profitant de l'inclinaison des rails, il vaut mieux se mettre de côté.

 

La montagne est un gruyère. Trouée de part en part. On lève la tête et on voit d'anciennes mines étayées, rebouchées qui arrivent par dessus, par dessous, sur les côtés. On se laisse guider sans aucun repère pour savoir où l'on se trouve. A la croisée des touristes, les mineurs demandent seulement si nous avons à boire, ils échangent quelques mots puis repartent. Les conversations sont simples, faciles, mais toujours brèves. L'idée est restée la même qu'en 1994. Les mineurs veulent que l'on sache ce qu'est leur travail et pour cela ils ne demandent qu'un échange qui nous parait bien menu : de la coca, des boissons... et respecter ce jeu.

 

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Commentaires: 4
  • #1

    vio (samedi, 05 mars 2016 11:16)

    Ca valait le coup de quitter Sucre finalement! C'est vraiment chouette que les enfants prennent de plus en plus part au voyage. Et aussi que vous puissiez parfois entrecouper votre périple de séances de jeux et de français avec d'autres voyageurs. Les enfants doivent être tout autant avides de jeux simples avec des enfants de leur âge que de belles découvertes comme celles que vous vivez. Et la vie en communauté? Pas trop dur d'être tous les 5 tout le temps ensemble? (il faudrait que je pose aux enfants la même question!) Il n'y a qu'une chose que je n'aime pas voir en photos, ce sont les museaux de vache ou autres squelettes d'animaux sur les marchés.. surtout que j'imagine aussi l'odeur..bref, j'observe chaque photo avec curiosité mais j'avoue que je passe bien plus vite sur les museaux que sur les magnifiques tissus! Bon vent les pigeons voyageurs, à trèèèès bientôt!

  • #2

    mamou (samedi, 05 mars 2016 18:31)

    qu'il sont mignons nos petits avec leurs bottes et veste jaune sans oublier le casque, ils auront beaucoup à nous raconter.Comme dit Violaine moi non plus je n'aime pas les museaux et la viande, nos yeux sont attirés par les magnifiques couleurs des tissus, laines.
    a bientôt, gros bisous

  • #3

    Oustric Familly (dimanche, 06 mars 2016 18:09)

    Quelle visite au centre de la terre !!! c'est impressionnant.
    habillés de jaune avec la frontale on dirait "les Mignons" du dessin animé du même nom ;).
    maintenant vous allez monter encore plus haut que le mont Blanc... wahou. belle balade andine et à tres vite pour des nouvelles.
    MArie, Thomas

  • #4

    F (dimanche, 06 mars 2016 23:28)

    Ha bas quand même ! j'attends votre colis :)