Le lac sacré

De retour de nos séjours iliens, on ne résiste pas au plaisir de faire découvrir encore une île différente et un peu mystérieuse aux enfants, celle des Uros. Sans doute l'authenticité que nous avons connue il y a bientôt 2 décennies a t elle été remplacée par une exploitation touristique à outrance, mais... nous verrons demain si le détour en valait la peine.

 

Voici quelques explications : 

 

Des Uros, on sait peu de chose, sinon qu’ils venaient sûrement du nord du Chili actuel, qu’ils étaient reliés aux Puquina dont ils partageaient une langue encore parlée en Bolivie, et qu’ils avaient du sang noir dans les veines. Les Uros se sont éteints complètement , vers 1950, abandonnant leur terre de roseaux aux indigènes Aymaras de Puno. Ces derniers – dont certains seraient issus d’un métissage avec les Uros – ont occupé les îles, y perpétuant les traditions tout en sachant profiter de l’attrait qu’exerce sur le visiteur un mode de peuplement unique au monde. Qu’on en juge : une quarantaine d’îles artificielles entièrement faites de totora (roseaux), amarrées à des piquets leur évitant la dérive, et dont la superficie varie de quelques dizaines à quelques centaines de mètres carrés. Chaque semaine, une nouvelle couche de roseaux est ajoutée pour remplacer celle qui a coulé ; et tous les dix ans, il faut déménager et construire une autre île. Les habitants vivent de pêche, d’artisanat, de chasse (ils utilisent le sang des cormorans pour soigner l’épilepsie) et de collecte d’œufs vendus à Puno qu’ils rejoignent sur leurs canots. Ils se nourrissent également de la partie blanche du roseau, qu'ils appellent "platano del lago", banane du lac.

 

Et puis, au risque de proposer une lecture fastidieuse, voici encore de quoi partager avec nous le côté sacré du lac...

 

Le lac Titicaca, comme le Machu Picchu, demeure, dans notre inconscient collectif, un toponyme teinté de magie. Fruit de la nature et donc des dieux pour les civilisations précolombiennes, on peut aisément comprendre l’émotion qui étreignit les premiers hommes à la vue de ce cadre grandiose, et la genèse magico-religieuse qui en découla. Carrefour des plus anciennes civilisations amérindiennes, le lac Titicaca a depuis toujours exercé une réelle fascination sur les voyageurs et les conquérants. De l’empire de Tiwanaku au clergé catholique, tous ont fait de ce joyau un de leurs hauts lieux religieux. Aujourd’hui encore, des milliers de pèlerins venus de toute la Bolivie se rendent en procession pour se recueillir devant la Vierge noire de Copacabana, à Pâques. Avec comme écrin la barrière infranchissable de la Cordillère royale, et ses sommets enneigés de plus de 6 000 mètres d’altitude, les eaux du lac fusionnent avec un ciel au bleu intense, bercées par le ballet des voiles colorées des bateaux de pêche. Sur l’île du Soleil, berceau de la mythologie inca, on découvrira de nombreux vestiges : le temple de Pilkokaina, le temple de l’Inca. Les croyances, ici, se mélangent aux légendes et il n’est pas rare de se faire conter l’une d’elles par l’un des sages du village de Kalahuta ou de Tiquira. Il faut néanmoins anticiper en haute saison ou lors d’événements religieux car la ville de Copacabana est prise d’assaut et tous les hébergements sont complets. 

 

Histoire 

« Du silence cosmique du lac Sacré des Andes, surgirent des dieux conduits par le dieu Wiracocha. Il créa le premier jour le soleil, la lune, les étoiles et des gigantesques créatures difformes. Après de nombreux essais décevants, Wiracocha réussit à modeler dans la boue du lac de véritables êtres humains, et non plus des géants incultes. » La légende veut que les grandes civilisations de l’Altiplano soient nées au Titicaca, connu sous le nom de « lac Sacré ». Une autre légende raconte qu’il y eut un déluge sur la région occupée par le lac. C’était une punition du dieu créateur du monde, connu sous le nom de Pachayachachic (seigneur invisible), parce que les hommes, en adorant les eaux et les montagnes, l’avaient offensé. Le dieu Pachayachachic punit cet affront en lançant des éclairs foudroyants. Sa colère était si grande qu’il envoya aussi des torrents d’eau sur la Terre. Tous les hommes périrent noyés à l’exception de quelques-uns, qui étaient innocents. Pachayachachic leur permit de se sauver en montant dans les arbres les plus hauts, puis de rejoindre les sommets des montagnes pour se réfugier dans des cavernes. Après le déluge, le soleil lança son premier rayon sur le lac Titicaca. Selon une autre légende, le dieu Soleil eut pitié des mortels qui vivaient comme des animaux. Il envoya un de ses enfants (Manko Kapak) et une de ses filles (Mama Okllo), pour qu’ils donnent aux hommes la connaissance des lois afin qu’ils puissent vivre comme des êtres raisonnables, dans des maisons et dans des endroits où ils jouiraient des fruits de la terre. Le Soleil déposa ses enfants sur une île (connue aujourd’hui sous le nom de l’île du Soleil) et leur donna un bâton en or. Il leur ordonna d’enfoncer ce bâton dans la terre, où qu’ils aillent. A l’endroit où le bâton s’enfonça et disparut (aujourd’hui la région du Cuzco), fut fondé un empire. Connu sous le nom d’Empire inca, son étendue était si grande qu’il occupait ce qui est aujourd’hui la Colombie, l’Equateur, le Pérou, la Bolivie, le nord de l’Argentine et la partie nord du Chili. Dans le passé, on pensait que le lac avait submergé une cité entière. En effet, un explorateur bolivien, Ramon Avellaneda, et un groupe de plongeurs y trouvèrent, à environ huit mètres de profondeur, des blocs gigantesques de pierre taillée et découvrirent des murailles régulièrement disposées à huit mètres sous le niveau d’eau. Le mythe d’une Atlantide lacustre était né. Quelques années plus tard, l’explorateur Jacques-Yves Cousteau emmena trente tonnes de matériel et deux sous-marins pour explorer le lac Titicaca. Son expédition descendit à deux cents mètres de profondeur, mais ne trouva pas trace de cette prétendue ancienne civilisation. L’archéologue bolivien, Carlos Ponce Sanginés sonda, lui aussi, les fonds du lac à la recherche de trésors enfouis ainsi que de cette mythique ville engloutie. S’il est vrai que l’on a pu remonter des objets du lac, provenant d’offrandes qui furent faites aux divinités aquatiques depuis les temps préhispaniques, on n’a jamais pu amener la moindre preuve à ces récits fantastiques. Aujourd’hui, on pense plutôt que ces murailles sont d’anciennes jetées datant de la fin du XIX e siècle. A cela une raison très simple : au fil des siècles, le niveau du lac Titicaca a baissé sans cesse. Comment, alors, aurait-on pu construire une ville sous l’eau ? Mais la prétendue ville engloutie continue à faire rêver… 

 

Géographie 

Quinze mille ans avant la fin de la période de glaciation, il y avait dans l’Altiplano deux mers intérieures profondes de soixante mètres, formées par l’accumulation de l’eau de pluie, l’Altiplano étant un bassin fermé. Au nord, incluant la région du Titicaca, se trouvait le lac Ballivian. Le lac Michin occupait la partie sud-ouest de la Bolivie (là où se trouvent aujourd’hui le salar de Coipasa et le salar de Uyuni). Alimentées par les eaux du dégel des neiges des montagnes et des glaciers qui les entouraient, ces deux mers étaient une riche source d’eau pour l’Altiplano. Lors de la période de glaciation, les sources se tarirent et, peu à peu, les deux mers s’asséchèrent et firent place au lac Titicaca, l’un des plus grands de l’Amérique latine. A 3 810 mètres d’altitude, il détient le titre du plus haut lac navigable du monde, depuis qu’en 1872 on assemblait sur le rivage un vapeur hissé dans la montagne, pièce par pièce, à dos de mulet. A 3 800 mètres d’altitude, le lac est divisé en deux parties quasi égales entre le Pérou et la Bolivie. Long de 180 kilomètres et large d’une soixantaine en moyenne, il est composé de deux bassins (majeur et mineur) séparés par un fin détroit. A l’est (côté bolivien), la Cordillère royale et ses sommets à plus de 6 000 mètres (Illampu, Ancohuma, Condoriri, Huayna Potosí, etc.). A l’ouest, le Pérou dont on distingue, la nuit, les lueurs des villes côtières. 

 

Climat 

Le lac jouit d’un microclimat permanent grâce à l’évaporation importante de ses eaux qui repousse les nuages sur les berges et au-delà. Le lac varie d'environ 60 cm entre la saison séche et la saison des pluies. Toute l’année, il fait généralement un grand beau temps et les nuits étoilées sont splendides. 

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