Amantani y Ticonata, donde el diablo perdio su poncho

C'est une expression chilienne : "où le diable perdit son poncho" désigne un endroit perdu au milieu de nulle part... Pour faire découvrir le lac aux enfants nous sommes allés 2 jours sur les îles proches de Puno. D'abord Amantani où chacune des10 communautés accueille les visiteurs dans les familles. Balade au sommet de l'île, foot, jeux de carte, cusine avec Ivan, Flavia et leurs 2 enfants. Le temps s'ecoule lentememt sur Amantani. L'agriculture est vivrière et la production artisanale dédiée au tourisme. Nous avons pourtant l'impression d'être les seuls non péruviens... L'organisation municipale cohabite avec les hiérarchies communautaires. Dans l'après-midi, nous prenons le chemin des 2 temples pré incas qui dominent les cultures en terrasse depuis le point culminant de l'île, à plus de 4 000 mètres d'altitude. Peu à peu, avec la promesse d'un inoubliable coucher de soleil sur le lac sacré, surgissent d'autres étrangers, qui se dirigent tous vers les temples de la Pacha Mama et du Pacha Tata, à travers les champs de fèves, d'orge, de quinoa, de blé, d'avoine. Les Mamitas grimpent aussi, portant sur leur dos, dans de larges tissus colorés, les lainages et tissages qu'elles proposent à la vente : gants, bonnets, ponchos, pulls de laine de mouton et d'alpaga... Des temples, la vue est superbe : les sommets enneigés culminent à plus de 6 000 mètres, tant du côté péruvien que du côté bolivien. Les eaux du lac passent du bleu très profond, sous l'ardent soleil de l'après midi, au gris plomb, sous le ciel d'orage impétueux qui se dessine dans la soirée. Les étoiles, promises si proches de par l'altitude et l'absence de pollution visuelle, se cachent... L'orage est si violent que nous devons renoncer à dormir dans notre chambre, pour venir tenir compagnie aux enfants... Pour la première fois depuis le début du voyage, nos hôtes nous questionnent sur nos professions, et Flavia aussitôt, me demande pourquoi elle est si nerveuse, si timide, et sujette à des crises d'angoisse...

 

Le lendemain, nous quittons la famille pour reprendre le bateau dans l'autre sens : de nouveau, on arrive sur le petit port à notre rythme, et on attend que le bateau soit plein pour que son capitaine lève l'ancre... après avoir aidé à charger les paquets les plus divers. Ivan demande au capitaine de nous débarquer sur Ticonata, nous sommes les seuls passagers à y descendre... et nous comprenons pourquoi en arrivant ! Seules, 5 familles sont sensées vivre sur cette adorable îlot, dont on fait le tour en un quart d'heure. Mais nous avons du mal à comprendre l'organisation de la vie communautaire : une fillette de 11 ans nous accueille, puis son père, qui semblent les seuls habitants de l'île. Nous sommes logés dans des sortes de petites cases de terre ocre, rondes, au toit de chaume, et qui, groupées autour d'une placette centrale, dessinent le ventre d'un village fantôme. Tout est pensé pour nous recevoir, mais nous habitons un décor de film, un village désaffecté. Anali nous guide au lieu de rituels qui domine l'île, belvédère superbe où elle nous explique que les habitants ont découvert des momies au fond d'une grotte. Celles ci, de toute beauté, datent de l'époque pré inca et sont dans un état de conservation impressionnant. Elles font aujourd'hui l'objet d'un petit musée fort bien documenté. On nous explique que les habitants n'ont pas l'autorisation du ministère de la culture de continuer les fouilles, mais que l'île regorge assurément de trésors enfouis... Anali nous guide sur la plage, nous montre les oiseaux dont elle va récolter les oeufs avec son frère (elle est issue d'une fratrie de 11...) pour les manger, nous enseigne les nids de colibris, dans lesquels nous découvrons de minuscules oisillons aux becs grand ouverts, les cantutas, fleurs nationales du Pérou, dont se régalent les colibris, les fruits comestibles d'un cactus qu'elle nous apprend à reconnaitre... La journée serait charmante si nous n'avions pas l'impression d'être seuls robinsons sur cette île, au lieu de partager la vie des locaux...

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