Réveil sous un soleil radieux... Malgré la tentation de remonter le sentier à cheval (le souffle est court à cette altitude !), les enfants ont bien cavalé, et apprécié les reflets des Illimizas et du Cotopaxi sur la surface sans cesse changeante de l'eau... Une telle rando à cette altitude, on est fiers d'eux ! Alentours, lamas et condors. Les enfants du village sortent de l'école quand nous reprenons le bus pour Latacunga, et jouent à sauter par dessus les flaques d'eau sans se mouiller les pieds... jeu universel. Partageable. De nouveau les motifs colorés des ponchos des femmes qui tranchent sur les champs gris, verts ou beiges, troupeaux de moutons, accompagnés ça et là d'un lama, d'un cochon noir ou brun, d'une vache, d'un âne. Et le patchwork des champs qui s'étagent en altitude, jusqu'à toucher le ciel. Zébré de quebradas, ces grandes cicatrices laissées dans la terre par le ravinement répété d'eaux tumultueuses, en saison. Quilotoa, Zumbahua, Latacunga, Ambato, Riobamba, Calpi, San Francisco. On perd un peu de hauteur, on change de cordillère, on joue à cache cache avec les sommets des volcans : Tungurahua, Antizana, Carihuarzo, Chimborazo. Sourires, ils sont timides, mais daignent sortir de leur voile de nuages pour se montrer, en majesté. Toujours vers le sud. Nous retrouvons les paysages que nous aimons, ces Andes mystérieuses et froides, belles et imposantes. Et les habitants de leurs jupes, franges colorées des indigènes (le terme "indiennes" a ici une connotation péjorative), chapeaux noirs des travailleurs de la terre, rangs de perles autour du cou et des poignets, bambins dans le dos.
Nous voici chez le Padre français Pierrick, dont nous soutenons l'association, Ahuana (www.ahuana.com) depuis plus de 10 ans... Accueil chaleureux par Susana, l'une des 80 femmes de la communauté, qui vit du développement de ce tourisme communautaire. Nous retrouvons Charlie et ses parents, arrivés hier. Effusions ! Et trois autres voyageurs français, de passage autour de cette grande table partagée. Pierrick plante le décor : il vit ici depuis 1999 (date à laquelle nous vivions aussi ici...) et a vu les choses changer : à l'époque, un million d'enfants travailleurs sur 13 millions d'habitants, et bien moins de 100 000 aujourd'hui. Un taux d'analphabétisme en très nette diminution, et la perte progressive de la langue quechua... une moyenne de 2 enfants par famille, au lieu des 12 naissances à l'époque, avec une mortalité infantile telle que seuls, 8 enfants survivaient... Et puis, depuis que la sécurité sociale existe, les équatoriens portent des lunettes ! Les institutions changent, durablement. L'éducation et la santé. Mais les villages des hauts plateaux andins restent sujets aux manipulations politisées : les évangélistes sont très présents et influents sur la structuration de la vie locale, qui se disent différents des catholiques parce qu'eux "savent chanter, et ne boivent pas"... La religion continue à organiser la vie communautaire et sociétale.
Bon, pas de wifi ici, et la connexion locale ne permet pas d'envoyer des photos... Il faudra donc attendre quelques jours pour partager avec vous en images cette expérience extraordinaire !
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Papou Mamou (dimanche, 17 janvier 2016 10:20)
Notre Salomé doit être ravie de retrouver sa copine Charlie, elle va pouvoir papoter en français, nous constatons que les enfants supportent bien l'altitude de la cordillère. Pour vous 15 ans après votre 2ème séjour vous avez pu constater les progrès faits auprès de la population, le travail des mineurs, la santé, mais comme vous dites la religion est toujours présente. Continuez vos excursions tranquillement, mettez vous en plein la vue comme on dirait, je pense que les enfants vont emmagaziner et raconter.
Ici le froid est arrivé avec le mistral (enfin), nous avons un ciel moins nuageux.
Bonne promenade
mili (dimanche, 17 janvier 2016 10:45)
Tant de changements si rapidement : Est-ce profond ou superficiel ? J'aimerais savoir
violaine (dimanche, 17 janvier 2016 11:59)
Ben nous on met les pulls dehors...et dedans, cette nuit la chaudiere a l'air d'avoir rendu l'âme... Ca me motive pour me réchauffer en répétant mes spectacles! Tout reste encore givré jusqu'en début d'après midi depuis cette semaine, mais il y a tjs ce soleil éclatant qui irradie la végétation gelée..troooop beau comme diraient les enfants! Je vais aller faire un petit tour tout à l'h pour voir à quoi ressemble l'énorme tronc-cabane de la forêt (les enfants sauront de quoi je parle). Je suis curieuse de le découvrir nimbé de son habit de givre. Hier soir, moment sympa à l'anniversaire d'un collègue dans un grand corps de ferme retapé par ses soins; il y a vraiment de belles demeures ici (bon c'est vrai qu'il vaut mieux être bricoleur!). Je suppose que salomette peut assouvir son envie de dialogue(s) avec sa copine charlie et ne s'en prive pas, et les garçons ne doivent pas être en reste non plus. C'est drôle de vous imaginer autour de cette table communautaire avec une poignée de français dans un petit point de l'équateur.. Et je suis impressionnée par la rapidité des changements que vous décrivez, dommage que dans le "progrès" il y ait tjs des laissés pour compte. Ces andes majestueuses que vous nous racontez titillent mon imagination: les photos c'est bien mais j'essaie d'imaginer les odeurs, le vent qui nous frôle en poussant les nuages, le souffle court (bon ça c'est moins dur, ça doit être comme quand je sors du 800 mètres à la piscine!) Et je trouve aussi les enfants supers de vous suivre physiquement du haut de leurs petites pattes et de leurs poumons touts neufs mais également d'apprécier ce qu'ils découvrent et de nous le relater avec tant d'enthousiasme. Continuez à profiter, et nous faire profiter!
vio (mardi, 19 janvier 2016 07:52)
Coucou! Chaudière ok et hier 1ère neige! La nature recouverte d'un fin et délicat drapé blanc c'était très beau. Ce matin à nouveau test avec du lait de chèvre en compagnie de ma petite stagière. La vie suit son court, fraichement mais sympathiquement! bisous!
Anne (jeudi, 21 janvier 2016 12:11)
Coucou les Picards !! Nous découvrons enfin votre Blog .... Avec 4 mois de retard !!!!! Grâce à Aurélie (merci !)
Je n'ai pas encore pris le temps de tout lire mais c'est super, des photos à couper le souffle... Magnifique !
Nous on est dans les starting block, on part mercredi ! On commence à remplir les valises et on dit au revoir à tout le monde (c'est finalement ce qui prend le plus de temps :-))
On vous donnera des nouvelles très vite... Bises les Boschetti