Après 10 jours sédentaires à Quito, reprendre la route nous a coûté...
Dimanche, nous avons voulu visiter le musée archéologique de la banque centrale, mais l'avons trouvé fermé pour cause de travaux d'aménagement. Nous sommes ensuite allés à la Capilla del Hombre, cette Chappelle de l'Homme pensée par le peintre équatorien Oswaldo Guayasamin, dont nous avions visité le chantier avec sa fille Berenice il y a 15 ans... fermée elle-aussi, en ce 3ème jour de l'année. Plus tard dans l'après-midi, nous sommes arrivés au Palais Présidentiel au moment où celui-ci fermait ses portes aux visiteurs... Décidément ! Enfin, nous avons réussi à visiter un musée privé d'archéologie précolombienne relativement récent, où des pièces de toute beauté sont présentées dans une splendide demeure coloniale rénovée. Dans la soirée, nous avons rejoint Nancy dans la famille à laquelle elle venait souhaiter une bonne année, avant d'aller ensemble, avec Mathias et Nathalie, au Panecillo, cette colline dominée par une immense statue de la Vierge terrassant un dragon. De son sommet, la vue sur Quito est impressionnante, et nous avons pu profiter du coucher du soleil et de l'embrasement de toutes les petites loupiotes de la ville, sans compter la crèche lumineuse géante, visible de toutes parts...
Lundi, donc, nous sommes repartis en laissant 2 sacs à Quito, pour la communauté Quechua Shiripuno, via Tena et Misahualli (2 bus et une pirogue à moteur, successivement). Cette communauté de femmes a développé un beau projet de tourisme communautaire et responsable : hébergement dans des chozas traditionnelles (cabanes écologiques ), journées en pirogue sur le fleuve Napo et ses affluents, en forêt (primaire et secondaire) avec un guide biologiste pour qui les plantes médicinales et leur usage n'ont plus aucun secret, baignade dans le rio et descente des rapides en bouée (grosse chambre à air), visite de réserves d'animaux sauvés du braconnage et de la contrebande pour être réintroduits dans leur milieu naturel, et participation à la vie quotidienne des femmes de la communauté : apprentissage de l'artisanat local (céramique, vannerie, tissage, poterie, élaboration de bijoux de perles, graines et plumes), tir à la sarbacane (Samuel est devenu un vrai chasseur !), fabrication de chocolat (depuis la cueillette de la cabosse de cacao jusqu'à l'assiette), danses traditionnelles, confection de chicha de yucca, cette boisson fermentée à base de manioc, visite du jardin botanique, etc...
Connu comme l'Amazonie, l'Oriente couvre tout l'est du pays, soit environ 48 % de sa superficie. Une immersion dans cette région, qui regroupe seulement 3 % de la population totale, permet de vivre une expérience unique. Ce vaste territoire tropical de 130 000 km 2 abrite des forêts profondes aux arbres entremêlés de lianes s'élevant parfois à plus de 50 mètres du sol, et une faune à la fois exceptionnelle, secrète et redoutable : oiseaux bariolés (toucan, perroquet macao, martin-pêcheur), animaux et insectes méconnus (grenouille fraise, araignée-scorpion, tarentule, fourmi conga, sauterelle-homard d'Amazonie), reptiles fascinants (boa, anaconda, caïman) et rares mammifères (tapir, dauphin d'eau douce d'Amazonie, piranha, Saïmiri ou « petit singe à tête de mort », singe laineux ou lagotriche gris, paresseux, puma). L'Amazonie compte plus de la moitié des 8 500 espèces d'oiseaux répertoriées sur la planète et environ 1 200 espèces de papillons. Au cœur de cette végétation, des communautés indigènes ayant su préserver leurs traditions vivent en harmonie avec la nature. Au nord de l'Oriente se trouve la réserve de Cuyabeno, l'un des coins les plus riches de la région en termes de biodiversité. Dans la forêt, on pourra séjourner dans un lodge, camp de base privilégié pour observer la flore et la faune. A bord d'une pirogue, on remontera les affluents des grands fleuves, dont les eaux parfois tumultueuses sont les seules voies de communication permettant d'atteindre certaines communautés reculées et d'explorer les lagunes. En compagnie d'un guide chevronné, on sillonnera la forêt à la découverte de ses espèces végétales et animales. Ici, les animaux sont rois. L'Amazonie est aussi le berceau de communautés indigènes de différentes nationalités – Shuar, Achuar, Secoya, Siona, Zapara, Cofán, Huaorani et Quichua – qui ont appris à vivre dans un territoire a priori hostile, et ce depuis plus de 10 000 ans. Traditionnellement nomades, elles se sont aujourd'hui sédentarisées. Les plus structurées sont les Shuar (ou Jivaro), des guerriers indomptables, connus comme les réducteurs de têtes, qui ont donné du fil à retordre aux Incas, puis aux Espagnols. Ils sont parvenus à garder leur identité tout en s'adaptant au monde moderne. Parmi les habitants de l'Amazonie, il faut enfin citer colons, agriculteurs, éleveurs et commerçants venus tirer profit des ressources de ces terres vierges. L'Oriente se divise en 6 provinces : Sucumbios, Orellana, Napo, Pastaza, Morena Santiago et Zamora Chinchipe. Sucumbios, au nord, est la province limitrophe avec la Colombie. Sa capitale est Lago Agrio (ou Nueva Loja), créée en février 1989. Sa superficie est de 18 612 km 2 , elle abrite environ 145 000 personnes. C'est la terre des Sionas, Cofanes et Secoyas, puis les Quichuas venus des hauts plateaux s'y sont installés avant la dernière migration de colons venus principalement de la côte Pacifique du pays. Cette migration s'étend à toutes les provinces amazoniennes. Entre montagnes et forêt, le paysage de la province est contrasté. L'Aguarico, le San Miguel et le Putumayo sont les trois grands fleuves qui permettent d'assurer des liaisons fluviales entre les villages. Sur 655 781 ha, la réserve de Cuyabeno protège de nombreuses espèces animales (singes, caïmans, oiseaux, dauphins d'eaux douces...) et végétales. Accessible en pirogue à moteur via les rivières Aguarico et/ou Cuyabeno. De nombreuses agences y organisent des excursions. Napo est la province orientale la plus proche de Quito. Elle abrite les Quichuas d'Amazonie. Là, vous pourrez découvrir les plantes médicinales et l'artisanat, faire du rafting ou du kayak. Tena est la capitale de la province et non loin se trouve le village de Misahualli, point de départ d'excursions en Amazonie. Mais la colonisation, et dernièrement la recherche semi-industrielle d'or (dans le río Napo notamment), ont détérioré cette zone et fait fuir la faune. Orellana est la province la plus jeune du pays, sa superficie est de 20 652 km². Parmi ses ressources naturelles, en plus de fabuleux paysages, de sa flore et de sa faune, il faut citer le pétrole et le bois. Elle est délimitée au nord par Sucumbíos, au sud par Pastaza, à l'est par le Pérou et à l'ouest par la province du Napo. Les natifs sont majoritairement Huaorani, Schuar et Quichua. Son chef-lieu est la ville de Francisco de Orellana (El Coca), point de départ pour un tour dans la jungle en territoire Huaorani, dans le parc national Yasuni ou autour de la Laguna Pañacocha. Pastaza, connue à l'époque coloniale comme la province de la Cannelle, est accessible par le río Curaray. Autre porte d'entrée de l'Amazonie, sa capitale est Puyo. Depuis Quito, on y accède par la route (environ 6 heures). La province est traversée par trois fleuves importants : le Pastaza, le Cururay et le Tigre. 90 % de sa surface est constituée de forêts humides de type vierge. 40 % des 60 000 habitants sont indigènes. Morena Santiago s'étend sur environ 24 000 km 2 et compte 145 000 habitants. Cette zone essentiellement agricole, créée en 1953, renferme le parc national Sangay et son volcan homonyme, les grottes de Los Tayos et la jungle. Capitale de la province, Macas (à 366 km au sud-est de Quito) est le siège de la communauté Shuar et Ashuar. On y accède soit par la route via Puyo (ou Cuenca) en 14 heures, soit par avion au départ d'une de ces villes. Des agences organisent des tours dans la région. Province la plus éloignée de la capitale, Zamora Chinchipe demeure encore méconnue des voyageurs. On y recense environ 16 000 habitants et parmi eux, les Shuars et les Saraguros. Facilement accessible par la route via Loja, la capitale, Zamora, se situe à 710 km de Quito. Le parc national du Podocarpus se trouve dans cette zone.
De la découverte de l'Amazonie à nos jours...
Depuis le XVI ème siècle et la découverte par Francisco de Orellana du fleuve Amazonas, cette région a sans cesse essuyé l'arrivée de nouveaux colons attirés par ses ressources naturelles (or et pétrole, notamment). Et les communautés indigènes, spoliées, ont sans cesse dû reculer un peu plus au cœur de la forêt pour vivre en paix. Après plusieurs expéditions de reconnaissance des conquistadores, des colonies s’établirent sur les rives des fleuves où était lavé le métal précieux. Les indigènes, soumis au rang d'esclaves, furent utilisés pour l’exploitation aurifère. C’est ainsi que naquirent bon nombre de villages. Certains, à peine créés, furent détruits par les Shuar ; d’autres ont survécu et se sont transformés en villes. A la fièvre de l’or succéda celle du caoutchouc, qui a donné naissance à des agglomérations comme Mendez, Gualaquiza, Puerto Napo. Aujourd’hui, c'est l'or noir qui est la cause principlale de l'exploitation de la forêt amazonienne (par la compagnie pétrolière américaine Texaco, depuis la fin des années 1960). Des sols imbibés de pétrole, des forêts dévastées, mettant en jeu la vie des communautés indigènes qui y vivent ; le pays fait face à une terrible catastrophe écologique. Communautés locales et associations de protection de l’environnement tentent de lutter contre ce fléau. Aujourd'hui, justice semble être rendue puisqu'en février 2011, la Cour équatorienne a condamné le groupe pétrolier américain Chevron – qui a fusionné avec Texaco en 2001 – à payer plus de 9 milliards de dollars pour les dégâts causés délibérément par les déchets toxiques versés pendant la période de son exploitation.
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Papou, Mamou (vendredi, 08 janvier 2016 19:37)
Après une première lecture de votre mail, je vais regarder sur la carte de votre 2 séjour quel circuit vous avez fait, la navigation sur le Napo, les toiles du peintre, l'affreux boa autour du cou de Flo, la flore etc.. je pense que les enfants doivent être très heureux, eux qui adorent les animaux. La balade en bateau sur le Napo va être un bon souvenir et le séjour chez les indiens aussi, que de choses à raconter au retour. La descente des rapides en groses bouée a du avoir du succès, même pas peur dirit Arthur , à voir ?
Nous attendons les photos et la suite du voyage, bisous
violaine (samedi, 09 janvier 2016 07:37)
Pareil que papou et mamou, ce contenu riche en explications nécessite en ce qui me concerne une vision plus concrète! Je vais visualiser plus précisémment vos parcours, grâce à vous je comble un peu mes lacunes géographiques.. Ici depuis qq jours on se croirait un peu à la mousson, la faune la plus visible de marchauveau se résume en ce moment à des vers de terre, limaces ou autres gastéropodes. Nous sommes à l'unisson avec vous dans l'humidité! J'avais envie de parler du temps, voilà qui est fait!! des bisouilles multipliées par 5.............................
Le Parrain (dimanche, 10 janvier 2016 10:47)
Joli le copier-coller !
Bon, et du coup, vous allez où ?
Marilyse (dimanche, 10 janvier 2016 10:48)
Bonne Année!!! Quel plaisir et quel émotion de continuer à suivre votre riche périple.. Je voyage à travers vous .. et mes enfants aussi!! Une grosse bise pour cette nouvelle année.
vio (dimanche, 10 janvier 2016 13:23)
Il y a 1 an nous explorions ensemble la forêt et les cascades... jurassiennes. Et pas sous la pluie mais sous la neige... je revois le bonhomme des enfants et notre soirée devant le poêle dans le chalet.. Tous les souvenirs que l'on se crée sont 1 bien précieux bagage! Auj est plus calme pr moi; repos en attendant kony, mais les nombreux appels des amis et famille en ce début d'année sont tout aussi précieux. Je vous embrasse depuis la faune (!) poitevine, sous un tps qu'on pourrait appeler bouillasse, mais avec le coeur plein de nos partages présents, passés, et futurs.... Hasta luego!