Charco verde et Ojo de Agua

Comment parler de cette belle île ? La vie y est tranquille, entre les bananeraies et les troupeaux de vaches, au pied des 2 volcans, et rythmée par les activités agricoles, lacustres et touristiques.

 

Le nom « Ometepetl » signifie en nahuátl « deux montagnes ». Et pour cause : il est difficile de ne pas voir les deux majestueux volcans qui s’y élèvent : Concepción (1 610 m) et Maderas (1 394 m), unis par l’isthme d’Istián (où se trouve la plage de Santo Domingo), un nom indigène signifiant très justement : « là où les deux eaux se rencontrent ». Les archéologues pensent que l’île est habitée depuis au moins 5 000 ans. En 1992, un spécialiste américain, après avoir étudié les céramiques locales, affirma qu’elles provenaient indiscutablement d’Amérique du Sud, preuve d’une migration de population vers le nord 1 500 ans avant J.-C. En effet, la céramique noire qu’on y produit évoque celle du Chili ! Cependant, on ne sait pas grand-chose des indigènes qui y vivaient au moment de la Conquête. D’après des chroniqueurs de la fin du XVIe siècle, la langue de ces habitants primitifs différait de celle du continent. Néanmoins, on a retrouvé dans l’île des statues en basalte, semblables à celles des Chorotegas sur l’archipel de Zapatera. D’après les études du médecin officier Bransford en 1872 (l’un des rares témoignages fiables sur l’île), les traits des actuels Ometepinos montraient une évidente parenté avec les Chorotegas… du moins dans la partie nord, plus civilisée. Autour du volcan Maderas, traditionnellement beaucoup plus rural, la ressemblance était beaucoup moins frappante : les individus y étant indiscutablement plus grands. Ometepe resta ensuite à l’écart des grands bouleversements du XXe siècle : les guerres intestines, les dictatures ou les révolutions n’y eurent que peu d’échos. Aujourd'hui, les principales activités locales sont liées à la production agricole : bananes, riz, haricots, fruits... L'élevage est également une source de revenus... et le tourisme, de plus en plus.

 

Si nous avons aimé cette île, ses légendes, ses volcans et ses habitants, l'expérience de « tourisme communautaire » est plus mitigée : nous pensions nous trouver dans une famille avec laquelle nous partagerions le quotidien, et qui compléterait ses revenus avec l'accueil d'étrangers. Finalement, il s'avère que Brenda n'a aucune autre activité que celle de cet accueil touristique. Nous logeons dans une grande chambre où tiennent 4 lits et une salle de bain privée, en face de la maison familiale, qui compte également 2 autres chambres à offrir. Luis, quant à lui, propose ses services de guide en plus, à la journée, et leurs 2 fils, de 14 et 19 ans, ont appris l'anglais pour pouvoir communiquer avec les touristes logés par leurs parents. La rencontre n'a pas vraiment eu lieu... L'accueil est cordial, mais on a quand même eu l'impression d'être à l'hôtel dans une famille : difficile de participer à quoi que ce soit, le repas se prend chez eux devant eux, mais pas ensemble... et finalement nous sommes déçus.

 

Tandis que Brenda, qui n'échappe pas à l'épidémie de chicungunya sévissant actuellement dans la région, souffre de douleurs articulaires et préfère rester chez elle, Luis nous fait aujourd'hui visiter « son » île. La réserve de Charco Verde, où nous verrons une végétation luxuriante et fleurie, des crapauds géants, des cafards énormes, des singes par dizaines, des moustiques par milliers... est superbe. Les eaux du lac et de la lagune y sont vertes et l'endroit est envoûtant. Un peu plus loin, nous nous arrêtons à « l'oeil de l'eau », où un bassin a été aménagé pour recueillir en une piscine naturelle, et sous une végétation très dense où les singes hurleurs viennent s'ébattre, le rio né du volcan Concepcion, et que son parcours de 7 km souterrains rafraîchit avant que nous ne puissions nous y baigner : un vrai régal.

 

Nous avons aussi le temps de visiter avec Brenda la plantation communautaire de fleurs de « Jamaïca » : nous sommes en pleine période de floraison et de cueillette de cette variété d’hibiscus dont nous avions déjà goûté, au Mexique et en Égypte, l'infusion, et dont apprenons ici qu'elle peut aussi se consommer en vin, en gâteau...

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Commentaires: 1
  • #1

    Fanny (mardi, 15 décembre 2015 12:58)

    C'est dommage pour votre famille d’accueil. Nous avions eu de vrais échanges avec Suzana et même si elle mangeait moins que nous, nous partagions les repas et elle restait à discuter après...