Décalage

Bon... nous allions vous raconter notre journée trépidante quand tous les routards de l'hôtel sont venus nous demander ce qui se passait à Paris... « vous êtes français, non ? » Entre les bouts d'infos qui nous parviennent en 3 ou 4 langues différentes, le temps nécessaire pour se connecter et lire en ligne... l'horreur. Les enfants sont là, qui deviennent tout pâles, questionnent, s'inquiètent. Déjà, en traversant une foule indienne qui manifestait dans la rue en psalmodiant la bible (processions adventistes et évangéliques) à la tombée de la nuit, Salomé avait dit : «  ça me rappelle la marche silencieuse pour Charlie Hedbo »... Comment expliquer l'inexplicable aux enfants ? « Pauvres Marie et Thomas, ils allaient justement visiter Paris ce WE, pour l'anniversaire de Marie !  Qu'est-ce qu'ils vont faire maintenant ?» Et puis : « à vous aussi ça vous fait peur ? » Oui, ça me fait peur que les hommes n'arrivent pas à se parler, qu'ils n'aient pas d'autres ressources que la violence pour faire passer des messages, qu'ils en arrivent à de telles extrémités pour s'exprimer, qu'ils considèrent la différence comme une source de peur et veulent réduire sa richesse à un uniforme...

D'ici sûrement ne sommes nous pas touchés avec autant de force qu'en France car nous ne nous sentons pas en danger. Mais le souvenir de janvier est proche. Nous pensons bien à vous tous et espérons que le quotidien des uns et des autres ne s'assombrira pas trop dans les temps à venir.


Ces événements nous ont procuré une rencontre surprenante et agréable avec Faustino, un Guatémaltèque venu se reposer dans l'hôtel entre deux journées de travail. C'est lui qui nous a interpellés. La conversation s'est engagée sur cette actualité difficile, s'est poursuivie en partageant un repas, et s'est nourrie en échangeant sur la vie des uns et des autres, sur la vie au Guatemala dans ses pires années, sur les enfants et petits enfants vivant en France, à Lyon et dans les Pyrénées, sur nos enfants, sur la culture des myrtilles (si, si...) et beaucoup d'autres choses. Une façon plus légère de partager la difficile fin de cette (malgré tout) belle journée.


Celle-ci nous avait amenés vers une réserve d'orchidées. Un endroit préservé de la forêt humide où sont protégées et cultivées ces magnifiques fleurs, 150 variétés dans le biotope local. La plupart sont si minuscules qu'elles s'observent à la loupe, accrochées aux écorces des arbres qui leur servent de «terreau». Les enfants suivent attentivement la visite (sauf Arthur, trop occupé à dépiauter un avocat pour en récupérer le noyau... son nouveau trésor!). Nous observons des oiseaux au plumage généreux et apprenons l'utilisation des plantes médicinales. Les fougères arborescentes atteignent parfois cinq mètres. Elles se développent comme des arbres. Les liquidambars dépassent les 15 mètres et n'ont pas grand chose à voir avec ceux que nous voyons en France. Le milieu ambiant procure un développement singulier à toute la végétation. Certains arbres indiquent trois saisons par le renouvellement de leurs feuilles lorsque d'autres plantes produisent deux fois par an leurs fruits. La pollinisation des orchidées n'a (presque) plus de secrets pour nous : la couleur des insectes, des papillons, les périodes, les conditions...

De retour à Coban, nous prenons un bus pour le village de San Juan de Chamelco et de là un autre pour Chalin, hameau perdu dans la forêt d'où sort un rivière souterraine. Malheureusement, nous n'avons pas pu accéder aux grottes que nous venions visiter là. Mais bon, le trajet jusque là valait le coup. D'abord on a appris que l'on pouvait tenir à 26 personnes dans un véhicule 12 places, et même ajouter 3 personnes accrochées à la galerie du toit. Ensuite on a fait le constat que la limitation de vitesse à 25 km/h n'est jamais dépassée dans ces conditions. Enfin, on a compris qu'on ne payait pas par personne dans un bus, mais par siège occupé. Donc on s'entasse les uns sur les autres. Mais quelles que soient les conditions, Arthur dort … Voilà : de fleurs en microbus, d'un village perdu à un autre (on n'a pas croisé un seul «gringo» sur ce coup là), de transport rocambolesque à une promenade à pieds, notre journée s'est écoulée paisiblement jusqu'à ce soir.


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Commentaires: 4
  • #1

    pili mili (samedi, 14 novembre 2015 11:57)

    Quelle bizarrerie;vous étiez au courant avant nous! Les 1° réactions malgré l'effroi sont dignes et de cohésion mais on se surprend à etre déja bien trop habitué!
    on vous embrasse fort au moins soulagés de vous savoir à l'abri, bien que touchés comme tout humain...

  • #2

    Tonton, tatan (samedi, 14 novembre 2015 16:07)

    Avec Internet on sait tout tout de suite ; les réseaux sociaux véhiculent le meilleur (votre blog par ex.) et le pire, la haine. C'est sûr on est bien heureux de vous savoir à l'abri de ces monstruosités. On a envie de pleurer, mais il faut faire comme d'habitude... C'est réconfortant de voir cette solidarité mondiale et les messages que vous venez de recevoir ont dû beaucoup vous toucher et nous avec. Pour notre part, on se dit que l'on a de la chance d'avoir des proches qui parcourent le monde pour rencontrer des gens différents, de cultures, de modes de vie différents....., voilà ce que l'on peut faire de sa vie quand on aime les autres.
    On vous embrasse très fort tous les cinq.

  • #3

    picard jade (samedi, 14 novembre 2015 18:45)

    Chez nous tout se passe bien . Ce week-end on à été dormir chez papou et mamou . Et la on a rejoint nos cousins chez notre mamie coline . Ca fait bizarre de se dire qu'il y a 7h de décalage entre vous et nous . Gros bisous .

  • #4

    Papou, Mamou (lundi, 16 novembre 2015 10:49)

    Merci pour ces jolis photos d'orchidées sauvages, Bisous