Dernier jour au bord du lac...

La lancha nous a déposés, ce matin, à Santiago, grosse bourgade très vivante où le syncrétisme se mâtine de pratiques quotidiennes restées authentiques malgré l'afflux des touristes. Quoi que, nous avons de la chance, il n'y a pas foule. C'est le 3ème grand village Tzutuhil d'Atitlan, construit sur une colline dominant une magnifique baie, dominée par les volcans Atitlan, San pedro et Toliman. Il se parle ici une multitude de dialectes et il se porte une multitude de vêtements traditionnels différents... mais l'histoire de ce village est aussi marquée par la guerre civile, et sa place centrale fut le théâtre tragique de scènes de luttes mortelles des villageois contre le pouvoir militaire. Nous assistons aux cérémonies dédiées à Maximon, mi-homme mi-dieu (ou démon, c'est selon), statue de bois à laquelle les habitants de Santiago accordent de grands pouvoirs. Chaque année, durant la semaine sainte, il est porté en procession à travers les rues du village jusqu'à l'église, où sa chapelle reste ensuite vide le reste de l'année : le chamane désigne l'une des 9 maisons qui aura l'honneur d'héberger la statue et le défilé de fidèles venue lui offrir maïs, cierges, cigarettes et libations. Dans une ambiance de grand recueillement, les touristes, pour 2 quetzales, peuvent assister aux demandes adressées à Maximon au milieu de la lueur des bougies et de l'odeur de l'encens. Chaque soir, la statue est couchée, et levée chaque matin. Cela ressemble à San Juan de Chamulas, au Chiapas, Mexique, dont nous gardons un souvenir ému et impressionné. Puis, visite d'une petite coopérative de femmes tisserandes, où nous avons pu apprendre à reconnaître les différents costumes traditionnels, en fonction des ethnies, des villages et des époques, ainsi que les techniques de tissage et la symbolique des motifs. Salomé et Samuel se sont même essayés au tissage, et ont constaté que ça ne s'improvise pas...


Nous continuons à avoir un rythme très décalé, 2 repas par jour, et des enfants très volontaires le matin, mais rapidement épuisés ! Nous continuons aussi à découvrir la gastronomie locale, en prenant soin d'alterner chili con carne et pizzas, soupes et hamburgers, poissons du lac et spaghettis... histoire que tout ne soit pas nouveau en même temps ! Car il reste finalement peu de repères de notre quotidien, tout est si différent ici ! Et c'est par l'alimentation que les enfants nous rappellent qu'ils sont (trop) loin de chez eux... Ce soir, repas dans la rue, comme nous adorons le faire : nous achetons 5 maïs grillés qu'une toute jeune fille fait cuire sur un barbecue à roulettes, et qu'elle frotte ensuite de citron vert avant de les enduire de sel. Franc succès ! En Equateur, c'est avec du fromage que se déguste le maïs grillé...


Le ciel ici est magique, nous avons les constellations des deux hémisphères en même temps.


Nous nous apercevons que nous avons peu préparé ce voyage, en traçant juste les grandes lignes, et laissant volontairement beaucoup de place à l'improvisation. Nous souhaitions rejoindre la région du Quiche par Chichicastenango avant d'aborder le Péten par Florès en direction de Tikal sans repasser par Antigua, mais nous devons nous rendre à l'évidence : si tous les tours repassent par la belle ville coloniale, c'est qu'il doit y avoir une raison... et les longs trajets en bus, s'ils ont en soi un intérêt pour nous adultes, ne sont pas du tout une perspective réjouissante pour les enfants... Nous renonçons donc à la route initialement pensée, pour passer des hautes terres montagneuses et volcaniques d'Atitlan à la forêt tropicale du Péten par Antigua. Nous quitterons demain les couleurs éclatantes des marchés indiens, les champs de maïs et d'avocats, pour la forêt vierge du Péten, sa jungle humide et exubérante, ses papillons bleus et ses jaguars, son biotope unique au monde, ses milliers d'orchidées, ses antiques ruines archéologiques encore enfouies sous leur manteau forestier. Ensuite, avant de passer la frontière avec le Honduras (et peut-être un saut de puce au Belize ?), ce sera la côte caraïbe, ses hamacs sous les cocotiers, ses plages de sable blanc ou noir, et ses peuples descendants d'esclaves africains. Comme l'Equateur, le Guatemala est un pays tout en contrastes, et nous aimons ça... Tant de différences en un si petit territoire, quelle richesse !


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Commentaires: 3
  • #1

    Papou Mamou (mercredi, 11 novembre 2015 19:29)

    Dites vous bien qu'un tel voyage avec 3 enfants va avoir des aléas, des changements, on ne peut pas toujours faire avec des enfants les itinéraires prévus mais on voit autre chose aussi intéressante. Pensez aux petits.
    Bisous

  • #2

    famille reiter (mercredi, 11 novembre 2015 19:58)

    Dixit maxime:" merci pour le texte et les photos". Aujourd'hui on a chante pour le 11 novembre, dans la salle des fêtes, avec Olivier, le petit bleuet et la croisade des enfants"
    Ça doit être bien la bas? "
    Maxime.

  • #3

    Tonton et tatan (mercredi, 11 novembre 2015 20:06)

    Depuis 1 semaine, vous êtes dans des découvertes en tous genres, cela fait beaucoup d'émotion et d'énergie pour ingurgiter toutes ces nouveautés. Sans compter qu'il faut s'adapter à de nouveaux plats, fruits...., heureusement que vous pouvez panacher alimentations locales et spaghettis bien de chez nous!!! Et les enfants s'y retrouvent. C'est court 1 semaine pour qu'ils se fassent à tout ce chambardement. Et puis ils ne peuvent peut-être pas récupérer comme chez vous. Mais tout le plaisir de ce voyage l'emportera quand vous aurez trouvé ensemble le bon tempo et les bons moyens de transport pour limiter le mal de coeur, tatan connaît bien ça et compatit beaucoup!!!!!
    Bonne continuation à vous. Bises de nous deux à tous les cinq.